Ca se dessine

Ecrit par lelechu

Boris

6 mois se sont écoulés depuis les évènements qui ont bouleverser ma vie. 6 longs mois durant lesquelles, Jasmine et moi nous sommes vu presque tous les jours mais seulement pour le travail. 6 mois pendant lesquelles, je voyais son ventre poussé, son teint s’illuminer, son visage devenir encore plus radieux, son corps s’épanouir et mon amour pour elle devenir encore plus grand. Et 6 mois pendant lesquelles elle m’a ignoré royalement. Elle ne m’adresse pas la parole mais je sais tout de sa vie. J’ai des informateurs très efficaces, André en premier parce que contrairement à moi, lui il a gardé de très bonnes relations avec elle et chose incroyable Tacha aussi fait partie de mes informateurs. Bref ! il s’est passé énormément de choses durant ces 6 mois, mais une chose n’a pas changé, je ne connais toujours pas la vraie version de l’histoire d’Assane. Il est venu me voir quand il a su que Jasmine était enceinte. Il n’oubliera jamais le coup de poing qui l’a envoyé au tapis ce jour-là. Ce chien ! à cause de lui, j’ai encore perdu la femme de ma vie et il se ramène comme si de rien était pour verser encore de l’huile sur le feu. J’en ai eu marre de garder mon calme et j’ai mis toute ma frustration, toute ma rage, tout mon chagrin dans ce coup de poing. Il a perdu connaissance sur le champ. Les gardes l’ont trimballé dans la salle d’attente et lui ont asperger le visage d’eau pour qu’il reprenne connaissance. Je n’ai pas demandé s’il était mort ou vivant. En rentrant le soir, il n’était tout simplement plus là. Je l’ai raté. Je l’attends encore demain ! une autre bonne nouvelle dans tout ce chaos, c’est qu’enfin, mon divorce a été prononcé. Ce divorce que Jasmine et moi avons tant attendu pour enfin pouvoir nous marier est enfin effectif mais je n’ai plus de femme à épouser.

J’étais tellement perdu dans mes pensées que j’en ai oublié la lecture du rapport que j’ai reçu ce matin de mon nouveau Directeur Financier. Il semblerait qu’avant de partir, Claude ait essayer de me faire quelques coups foireux en falsifiant quelques signatures pour autoriser des sorties d’argent. Aucun trou n’a été remarqué dans la caisse mais nous menons des enquêtes pour voir jusqu’ou ces fausses signatures nous engagent. Malheureusement ces derniers temps, ma concentration est au plus bas, toutes mes pensées convergent toujours vers celle à qui mon cœur appartient. Je suis en apparence calme mais il ne se passe pas un jour sans que je ne cherche où se trouve la clé de cette énigme. Même si Jasmine ne me pardonnera jamais mon rejet et mon silence, je dois trouver une explication pour mon propre bien. Je n’en peux plus de cette torture. J’ai revu mon Psychologue. Il m’avait conseillé le dialogue. Selon lui, je dois me libérer et en parler à Jasmine mais je n’ai pas pu m’y résoudre. Je ne saurai dire pourquoi. Pris d’une envie soudaine, de me remémorer les moments heureux que j’ai passé avec elle, je ferme le clapet de mon ordinateur portable et prend mon téléphone. Je me déplace et m’assoie sur le canapé lit que j’ai fait installer dans mon bureau et me met à défiler nos selfies. Il y en a énormément. J’ai l’impression qu’on ne faisait que ça. De ce que je me souvienne pourtant, ni elle ni moi ne sommes des mordues de photos mais quand nous étions ensemble, toutes les occasions étaient bonnes pour en faire. Un sourire nostalgique vient adoucir mes traits pendant que je défile les photos. Nous 2 au resto, nous 2 au lit, au salon, prenant le petit déjeuner, moi en boxeur, moi lavant ma voiture, moi la portant sur mon dos, …, c’est dingue. Une vidéo retient particulièrement mon attention. Elle a été faite et envoyée par André quand nous étions en boite. On me voit clairement entrain de parler à Assane avec une rage déconcertante. Je me souviens de combien j’étais violent en ce temps. J’arrête la vidéo et veut continuer quand un détail me revient. Je remets la vidéo en marche et vais directement sur cette partie-là. Je regarde attentivement et à contrecœur, je vais sur la vidéo ‘’pornographique’’ qui m’a été envoyé par Assane. Ensuite, je retourne dans ma galerie photos et défile nerveusement les photos jusqu’à ce que je tombe sur la photo que je cherchais. Mes mains se mettent à trembler pendant que je réalise ce que ça implique. Ce que je viens de découvrir ne règle pas le problème mais c’est un élément clé. Au moins maintenant je sais avec conviction que la vidéo que cet imbécile m’a envoyé n’a pas été faite le jour de leur rupture. Il faut que je confronte ce salop ! Mais avant je dois avoir de quoi l’inciter à parler. Les personnes comme Assane sont difficiles a menacer ou à influencer, sa seule proche famille habite loin de lui et là encore, qui sait réellement si les rapports qu’ils ont sont bons. En plus, je n’ai pas envie de mêler des innocents a cette histoire même si c’est juste pour lui faire peur. Je ne suis pas ce genre de personnes. Une idée me vient en tête, une horrible mais judicieuse idée. Mais qui aura l’audace de se mettre avec moi sur le coup, il ne me faut au moins de personne au physique effrayant. KEVIN ! Je me souviens de ce jeune homme d’à peine 15 ans qui avait une fois essayer de cambrioler ma maison, il était tombé dans le piège du système de sécurité parfait de mon domicile. Mais au lieu de le dénoncer à la police, quelque chose en lui, m’avait touché et j’avais décidé de lui donner une chance de s’expliquer. Pour une raison inconnue, j’avais cru à la version de ces faits et décider de lui venir en aide. J’ai rencontré sa maman et découvert que cette dernière était malade et en quête d’argent urgemment pour ces soins. J’ai aidé comme j’ai pu et financer un petit projet a Kevin pour qu’à l’avenir il n’ait plus a se livrer à ce genre d’actes. Je n’ai pas gardé le contact avec eux, j’y suis juste retourné une fois ou 2 pour m’enquérir de l’état de santé de la vieille dame qui se remettait doucement de ses maux. A l’époque, j’étais moi-même un peu tète en l’air et trop occupé avec les entreprises de papa. Je l’ai revu 3 ans après et je me suis senti fier de l’homme qu’était devenu ce jeune homme. A 18 ans, il était propriétaire d’une salle de gym avec un standing non négligeable. Il lui restait certes encore beaucoup de progrès à faire mais son parcours était déjà admirable. Il m’avait cherché pendant toute une année pour me dire merci et me montrer sa gratitude. Il refusait catégoriquement que je l’aide davantage alors je me suis inscrit dans sa salle de gym et inscrit aussi quelques employés qui était intéressé. Emu aux larmes, il m’avait dit ce jour-là, que si jamais j’avais besoin de son aide, je pouvais le contacter. Ça va faire presqu’une année aujourd’hui. Je ne sais pas s’il est toujours disposé à me rendre service, ni s’il acceptera de se mettre ainsi en danger pour moi. Je ne sais même pas si sa ligne téléphonique est encore accessible mais c’est le seul que je connais qui possède le gabarit que je recherche pour ma mission alors je tente ma chance. Je sors mon téléphone et tape Kevin sans trouver le numéro que je cherche. Je défile ensuite tout mon répertoire du début à la fin en pensant l’avoir peut-être enregistré sous un autre nom ou surnom que j’aurai oublié mais rien toujours. Puis je me souviens que j’ai changé de téléphone il y a quelques mois. Je fouille frénétiquement mon tiroir et sors mon ancien téléphone de là. J’avais oublié que je l’avais toujours, je voulais justement l’offrir mais je voulais d’abord extraire tous les numéros importants que j’avais dedans avant de le faire et j’ai eu raison apparemment. J’essaie de l’allumer en vain. J’allais me décourager quand je me suis souvenu qu’il doit juste être déchargé peut-être. Je sors mon chargeur et branche en priant mentalement pour que le petit voyant lumineux s’allume. Au bout de quelques minutes, je vois la charge s’activer. Je saute presque de joie. Je n’attends pas et l’allume immédiatement pour chercher le numéro. Cette fois ci, j’ai plus de chance et trouve le numéro. Je le prends sur mon téléphone actuel et lance l’appel en espérant au moins que ça sonne. Au bout de la 3eme sonnerie, j’ai mon interlocuteur au bout du fil. Alors les éléments s’enchainent. Je le retrouve dans son gymnase 30 minutes plus tard et nous nous installons dans son bureau pour discuter de ce qui m’amène. Je me lance sans perdre de temps et quand je termine, j’attend sa réponse le cœur battant.

- Avant que tu ne me donne ta réponse, je voudrais que tu saches que c’est vraiment juste pour l’effrayer, tu n’auras pas à faire ce que j’ai mentionné. Je ne ferai jamais une chose aussi degueulasse pour de vrai. Mais il est question de la femme de ma vie et pour elle, je n’ai pas d’autres choix que d’utiliser ce procédé. Je te promets que tu ne cours aucun risque. Je serai ta couverture et si ça devait mal tourner, je te protègerai.


- En décidant de ne pas me dénoncer à la police il y a 4 ans et en me faisant profiter de votre argent, vous avez pris plus de risque que moi j’en prendrai en faisant ce que vous me demander. Je vous suis redevable à vie. Sans vous, je serai peut-être sous les barreaux ou mort dans une ruelle, abattu comme un chien par des gens que j’aurai volé.

Je suis incapable de dire un mot tant je suis touché par ses mots. Il existe réellement des personnes qui n’ont juste pas eu de chance dans la vie et qu’on ne regrette jamais d’avoir aidé. Si ce petit m’avait déçu, le prochain que j’aurai pris dans une situation similaire aurait été automatiquement conduit au poste de police le plus proche mais parce qu’il m’a prouvé qu’il avait juste besoin d’un coup de pouce, il m’a donné une leçon. J’ai compris qu’on ne fait pas de mauvaises choses juste parce qu’on est une mauvaise personne. Souvent, nous avons l’impression que la vie ne nous donne pas le choix et étant humain, l’erreur fait partie de notre quotidien. Je me souviens encore de ce que j’ai dis à Jasmine le soir ou elle est partie et de ce qu’elle m’a répondu. Mon cœur se serre douloureusement. J’arrive a redouiller tristement un merci à Kevin.

- C’est à moi de vous remercier. Dites-moi juste ou et quand et je serai là avec un ami.

- J’ai une dernière chose à faire avant de te confirmer l’heure mais tiens-toi prêt pour dans maximum dans une heure de temps. Je ne souhaite pas faire trainer cette affaire.

- Je suis ok. J’attends votre appel.

Je prends congé de lui et me dirige le cœur plus léger vers le bureau d’Assane. Tout semble m’être favorable aujourd’hui. J’espère donc que je le trouverai à son bureau et qu’il acceptera de me suivre.



 Assane

Depuis ce matin, je suis au bureau et occupé à régler des instances que j’avais jusque-là négligé. Depuis toute cette histoire, je ne me reconnais plus. Je me demande comment me sortir du guêpier dans lequel je me suis fourré et la minute d’après je fais quelque chose qui m’enfonce davantage. Je reconnais avoir toujours ressembler à un sale type de par ma manie de ne m’attacher à aucune femme et à les jeter quand j’en avais marre mais je n’étais jamais allé jusqu’à abuser d’une femme ou a mettre en place des plans aussi machiavélique pour avoir une femme. A vrai dire, je n’en ai même jamais eu besoin. Ce sont les femmes qui me courraient après et non le contraire. Je n’ai jamais eu besoin de faire autant d’effort pour avoir une femme avant Jasmine. Elle m’obsède. J’ai tout essayé mais je n’arrive pas à l’enlever de ma tête. J’ai besoin d’elle. Son absence va finir par me rendre fou. Mon téléphone de bureau sonne, je réponds pour entendre ma secrétaire me dire que Boris souhaite me parler. Je me souviens de ce qui s’est passé la dernière fois qu’on s’est vu et malgré ma curiosité, décide de ne pas le recevoir. Mais il retire le téléphone et d’une voix cassée m’annonce qu’il souhaite me parler de la grossesse de Jasmine. Mon cœur se met à danser la salsa. Est-ce qu’il aurait fini par avoir la preuve que cette grossesse est de moi ? Je dis à ma secrétaire de le laisser entrer. La minute d’après, j’ai devant moi, mon plus grand rival, l’homme que je déteste le plus dans ce monde, mon pire cauchemar. 

- Assieds-toi. Lui dis je

- J’aimerai si possible qu’on parle hors de ton entreprise. J’aimerai un cadre plus isolé. Je ne me sens pas en mesure d’affronté les regards extérieurs. Je suis un homme brisé. 

- Ok, tu souhaites que l’on aille dans un restaurant ?

- Non, je souhaite un cadre isolé. Chez toi ou chez moi mais pas en public. Je n’ai pas envie que toute la ville sache que ma femme m’a fait cocu avec toi.

Je retiens de justesse un sourire. ENFIN !!! Je vais pouvoir avoir la femme que j’aime. Il me faudra juste trouver les mots pour semer définitivement le doute dans sa tête et le tour est joué. Mais par mesure de prudence, je choisis d’aller chez moi. Ce type devient fou quand il est colère et si je suis chez moi, je serai plus à même de me défendre que si je suis chez lui. Pendant que l’on sort de mon bureau, je le regarde de biais et sa façon de se tenir me conforte dans l’idée qu’il a la preuve qu’il n’est pas l’auteur de sa grossesse. L’occasion pour moi de prendre ma revanche sur lui. Il a failli me déplacer la mâchoire la dernière fois, moi je vais lui briser le cœur a vie !

Quand j’en aurais fini avec lui, il sera incapable de ressentir ne serait ce que de la pitié pour une femme à nouveau.


Jasmine

Je suis dans mon bureau quand j’entends frapper a la porte.

- Entrez !

- Coucou ! me dit André en passant la tête par l’entrebâillement de la porte. 

- Coucou ! entre, ne reste pas là.

- Comment va la baleine de la boite ?

- Surement mieux que le chauve de la boite. Je lui reponds faussement en colere.

- Pffff ! qu’est ce que tu peux etre rabat-joie !

Cette fois je lui ris franchement au nez. J’adore André. C’est le mec le plus cool que je connaisse apres Romy biensur. En parlant de Romy, je me promet de l’appeler apres le depart d’André pour savoir ce qu’il compte faire a manger ce soir. J’en ai déjà l’eau a la bouche. Ce mec est un cordon bleu. Il s’en est passé des choses en 6 mois. Beaucoup de choses. Entre autre, l’arrestation de Claude et de sa complice qui essayait de me tuer et ca grace a Romy. J’en etais tellement soulagé que j’ai pleuré. Je me souviens comme hier de ce jour où j’ai debarqué chez Tacha comme une folle. J’etais devastée et decouragée mais je m’en suis sortie tant bien que mal grace a la marveilleuse amie que Dieu a mis sur mon chemin. J’ai été sa dame de compagnie malgré mon debut de grossesse difficile. Et son mariage a été sompteux.  Elle et Thierry sont retournés au canada depuis 2 mois maintenant pour commencer leur nouvelle vie de couple.

- Hey je te parle la baleine. Me crie André

- Excuse-moi, j’etais perdue dans mes pensées.

- Ah oui ? qui a réussi cet exploit ? mon ami ?

- André si tu veux qu’on continue cette conversation, je te prierai de ne plus nommer les indésirables.

- A qui pensais tu donc ? a ce blanc bec ?

- Romy n’est pas du tout un blanc bec.

- Il est collé a tes basques tout le temps.

- Ca ne fait pas de lui un blanc bec. Tes jaloux qu’il prenne ta place c’est tout.

- Non serieusement Jasmine, votre relation commence a me sembler suspecte.

- Andy il a m’a été d’une grande aide quand certaines personnes autour de qui j’avais battit m vie m’ont tourné le dos. Tu etais la, tu as tout vu. Tu penses qu’apres ce qu’il m’a fait, je pourrai encore m’engager dans une relation ? Romy est comme un frere pour moi et c’est réciproque.

- D’accord, je te crois. Mais en parlant de M. l’indésirable…

- Non André. Je n’ai pas envie de parler de lui.

Il se lève et vient se mettre à genou devant moi.

- Ma belle tu sais que j’ai toujours évité de me mêler de vos affaires. Si aujourd’hui, je me tiens devant toi pour te demander de l’écouter, c’est parce que c’est quelque chose de vraiment Important.

- André…

- Stp ma belle ! Fais-le par amitié pour moi. Je t’en prie.

- Ok mais je le veux fais pour toi. J’ai 2 conditions. Je n’irai pas chez lui. S’il veut me parler, qu’il vienne chez moi et de 2, je ne lui accorde que 10 minutes.

- 30…

- 20

- D’accord 20 minutes. Ce soir chez toi a 19h ?

- Ça me va.

- Merci mon cœur.

- (Je souris devant sa pitrerie) Va là-bas, espèce de chauve !

Il s’en va et me laisse le cœur battant devant mon ordinateur. Qu’est ce qu’il veut me dire ? Je n’ai vraiment pas envie de me retrouver devant lui. Ces 6 derniers mois, je me suis attelée a l’éviter et a le sortir de ma tête. Je ne vais pas mentir et prétendre que je l’ai oublié en 6 mois mais au moins, il ne hante plus mes nuits comme avant, au moins je suis plus obnubilée par l’amour que je ressens pour lui. Et je ne veux pas ruiner tous mes efforts en le laissant m’approcher de trop pres. Je regrette déjà d’avoir dis oui a André. J’ai déjà peur de l’issue de cette entrevue. Ma priorité c’est mon bébé, ma petite fille, c’est pour elle que je vis. Il n’a jamais manifesté le besoin même une fois d’assister a une échographie ou de connaitre le sexe de notre enfant. Il s’est toujours comporté comme si j’etais enceinte d’un autre et avec le temps j’ai compris qu’il me croyait enceinte d’Assane. Ca aussi ca m’a brisé mais j’ai su me relever. Non je ne peux pas prendre le risque de lui pardonner toutes les crasses qu’il a eu a me faire. Je refuse de lui donner encore une fois l’occasion de me faire du mal, cette fois, je ne pourrai pas le supporter. Comme à mon habitude depuis maintenant 6 mois, je me saisis de mon chapelet et me met a prier. Quand je termine, je prends mon téléphone et lance le numéro de Romy. Si je ne lui parle pas de la visite de ce soir, j’assisterai à un scandale. Il prend trop son role de grand frere au serieux.


Tel un feu dévorant