La verité

Ecrit par lelechu

Romy

Quand je raccroche d’avec Jasmine, je suis tellement en colère que je vais sur le balcon fumer une clop. J’ai horreur moi-même de faire mais je ne peux pas m’en empêcher quand je suis stressé ou en colère. Je suis Romuald MORIN, j’ai 37 ans. Divorcé depuis presque 10 ans maintenant sans enfant. En ce qui concerne mes origines, c’est tout ce qu’il y a de plus banale. Ma mère, une ivoirienne est venue en aventure au canada ou elle a rencontré mon père et je suis né mais très vite, il s’est lassé d’elle et l’a abandonné avec un bébé sur les bras. Je ne suis pas allé longtemps à l’école et la rue a été mon professeur. Quand elle est tombée malade, j’ai dû à 15 ans, ramener à bouffer, payer le loyer de la piaule merdique qu’on occupait, payer ses médicaments et gérer les autres dépenses. Notre vie n’a pas été de tout repos et comble de malheur je suis le portrait craché de ce lâche. Même ma peau est claire comme la sienne au lieu d’être foncé comme celle de ma mère. Heureusement, avant que maman ne décède, je l’ai convaincu de rentrer au pays voir les siens. Nous étions ensemble et comme s’ils m’avaient toujours connu ou attendu, ils m’ont juste accepté. Je m’y suis senti plus à ma place en 1 mois qu’en 20 ans au canada. Bien entendu nous sommes repartis mais depuis ce temps, j’ai toujours travaillé à pouvoir revenir dans le pays de ma mère et j’y suis arrivé. J’ai pu retourner quelques années sur les bancs et intégrer l’armée canadienne, puis quand je me senti assez formé, j’ai demandé une libération volontaire. Je savais déjà exactement ce que je voulais faire. J’avais le flair, l’intuition, le 6eme sens et tout ce que vous voulez. Je savais que j’allais exceller dans ce domaine et je ne me suis pas trompé. Je m’y suis fait une place de choix, au canada comme en côte d’ivoire. Une seule fois, une femme a failli me détourner de mes objectifs. Mais j’ai envoyé cette diablesse loin de ma vie depuis que j’ai compris son manège. A 25 ans, je tombais amoureux et me mariais, a 27 ans j’étais divorcé et dégouté des femmes et des relations de couple. J’en ai conclu que tout comme ma mère, je n’avais pas de chance en amour. Quand je suis avec une femme, c’est toujours pour le sexe et je m’assure bien qu’elle sache dans quoi elle s’engage avant de me lancer. Je n’ai pas le temps pour les femmes en manque d’amour ou en quête d’attention. Je ne vais qu’avec les femmes matures et sures d’elles qui savent ce qu’elles veulent. Quand j’ai rencontré Jasmine par le biais de mon ami Thierry et sa femme, je l’ai tout de suite trouvé magnifique et j’ai eu envie de lui proposer quelque chose, mais je m’étais promis de ne jamais mélanger plaisir et boulot, en plus, j’ai décelé de la tristesse en elle. Une sorte de mélancolie, de profonde détresse. Une relation de confiance spontanée s’est installée entre nous. Elle me parlait sincèrement de tout ce qui la tourmentait et cela m’a énormément facilité la tâche. Sans hésiter, je lui ai proposé qu’on emménage dans le même immeuble pour que je puisse veiller sur elle. Elle n’a pas refusé. Nous nous sommes retrouvés à tisser des liens plus étroits que ceux d’une cliente et de son détective. J’ai été pris d’affection pour elle et réciproquement. Pour elle, je suis le grand frère qu’elle n’a jamais eu. Moi je ne sais pas ce qu’elle représente pour moi et je ne souhaite pas le savoir. J’évite de m’attarder sur les réactions ambigües qu’elle suscite en moi.  Ça ne servirait à rien de toute façon. Je me contente de les veiller, elles et son bébé et de les protéger. C’est pour ça que j’ai vite fait de démasquer et envoyer son ex et sa complice en prison. Je n’en pouvais plus de la savoir constamment en danger. Il m’a juste suffi de me retrouver en présence de Jasmine et de son ex dans le même espace pour mesurer pleinement l’ampleur de la haine qu’il lui vouait. Depuis ce jour, j’ai axé mes enquêtes sur lui et je n’ai pas perdu mon temps. Sa complice et lui ont tout avoué. Ce problème résolu, il en reste un autre et son nom c’est Boris. Je ne l’ai jamais vu mais j’ai entendu Jasmine pesté contre lui tellement de fois que j’ai l’impression de le connaitre depuis toujours. Quel genre d’homme abandonnerait une femme pareille avec un bébé dans le ventre juste par jalousie ? Il me fait penser à celui qui est mon géniteur. Apparemment ils sont nombreux dans ce monde à être des lâches sans conscience. Je ne suis pas un saint mais je m’assume et je ne trompe pas. Elle vient de m’appeler pour m’informer que le bon Monsieur viendra ce soir pour discuter avec elle. Surement une discussion en rapport avec leur bébé. Elle m’avait dit que c’est la seule raison pour laquelle elle accepterait de lui parler en dehors du cadre professionnel. Quoi qu’il en soit, tout se fera devant moi. Je tiens à ce qu’il comprenne que désormais, elle n’est plus seule et qu’elle a quelqu’un sur qui elle peut compter. Quelqu’un qui n’est pas lui parce qu’il a été trop con pour la retenir.


Assane

Dès qu’ils sont sortis, j’ai fermé ma porte a double tour et je me suis écroulé tremblant a même le sol. Je me souviens de ce qui est failli se passer et mes tremblements redoublent d’intensité. Mon Dieu ! Je n’ai été aussi humilié de toute ma vie. Cet homme c’est le diable en personne. Quoi que j’ai pu faire, je ne pense pas avoir mérité qu’il me fasse violer par 2 hommes comme moi. C’est le pire qu’on puisse faire à un homme. J’aurai encore préféré qu’il essaie de me tuer. Heureusement qu’ils n’ont rien fait finalement mais c’était à 2 doigts de se produire. Je n’ai pas compris moi-même ce qui s’est passé. Nous sommes arrivés tous les 2 chez moi et je l’ai invité à s’assoir. Je lui ai servi un verre et quelques minutes plus tard, il est sorti pour récupérer quelque chose dans sa voiture à me montrer d’après ses dires et il est revenu avec ces 2 colosses. Ils attendaient à coté pendant qu’il me mettait la pression pour que je lui donne la vraie version de ce qui s’est passé avec Jasmine. Au début, je n’ai pas voulu coopérer. Je m’attendais dans le pire des cas à être battu. Et j’étais prêt à me faire battre à mort tant que mon secret restait bien gardé et que mon plan fonctionnait mais je n’étais pas préparé à la suite. Il a fait un signe de tête et pendant que l’un me tenait fermement, l’autre, baissait mon pantalon. Je n’ai compris ce qu’il voulait faire que lorsque celui qui était derrière moi a fait sortir son sexe et l’a collé à mon postérieur. Tout mon être s’est révulsé. Je criais comme un fou mais personne ne venait. Il m’a dit avoir attaché et bâillonné mon gardien et que ma seule issue, c’était que je parle. Là j’ai tout dit. Tout ce que je voulais c’était qu’ils foutent le camp de chez moi. Je ne pensais plus à Jasmine, ni à la gravité de l’acte que j’ai posé. Je voulais juste que cette horreur ne se réalise pas parce que ça aurait été la fin de ma vie. Maintenant sans que je puisse les retenir, mes larmes coulaient indéfiniment. Je me sens diminué ! 


Boris

J’ai eu envie de le tuer de mes propres mains. Ce type est vraiment une ordure. Je suis au volant de ma voiture pour me rendre chez Jasmine et j’ai du mal à me concentrer sur la circulation. Comment on peut être aussi tordu ? Assane je ne l’ai jamais aimé. Mais j’avais de l’estime et du respect pour l’homme qu’il était. Il m’avait l’air malgré tout d’être quelqu’un de bien. Oser droguer ma femme pour abuser d’elle juste parce qu’il n’acceptait pas le fait qu’elle m’aime moi et pas lui. Se rend t il compte de ce qu’il a fait ? par sa faute, encore une fois Jasmine et moi sommes séparé mais ce n’est pas le plus grave. L’innocent qui est au milieu de toute cette méchanceté, qu’est-ce qu’il devient ? Si son plan a fonctionné, ça voudrait dire que Jasmine est enceinte d’un homme sans scrupule. Elle le détestera à la minute où elle écoutera mon audio, comment pourra t elle aimer l’enfant d’un homme qu’elle déteste autant ? et s’il est de moi, ça voudra dire que j’ai abandonné Jasmine et mon enfant alors qu’ils avaient besoin de moi. Et j’aurai ôter la chance à mon enfant de grandir dans une famille unie. Parce que Jasmine ne me pardonnera jamais ce que j’ai fais cette fois. Je me demande souvent ce qu’il ne va pas avec moi. Est-ce que ce sont les épreuves de la vie qui sont trop dures à gérer pour moi ou est ce que c’est juste moi qui ne sais pas prendre les bonnes décisions ? je fais toujours tout de travers surtout lorsqu’il s’agit de Jasmine. L’amour m’a rendu trop bête ! Je me dis que j’aurai pu gérer autrement cette histoire, surtout que je me doutais bien que quelque chose n’allait pas. Mais non, il a encore fallu que je fasse l’idiot. Je n’ai encore parlé de ce que j’ai découvert à personne. Elle a le droit d’être la première à savoir. J’aurai du lui parlé de tout depuis le début. J’ai déjà mal quand je pense à sa douleur quand elle saura ce qui s’est passé. Moi-même je n’arrive pas à avaler la pilule. Ça ne passe pas. Assane va me le payer. Je ne peux pas utiliser l’audio que j’ai parce qu’on comprend clairement que je le menace pour qu’il parle. Mais je trouverai le moyen de lui faire payer son crime. Il ne s’en sortira pas aussi facilement. Je gare ma voiture devant son immeuble et reste un moment dedans en me demandant comment je dois m’y prendre pour lui dire. Quand quelques minutes plus tard, elle m’ouvre la porte de chez elle, resplendissante de beauté dans sa robe rose volante, mon cœur se serre davantage. Elle aura mal. J’arrive à bredouiller un bonsoir qu’elle ignore mais elle se met sur le côté pour m’inviter à entrer. Son appartement est magnifique mais je n’ai pas la tête à m’attarder sur la deco d’une maison à cet instant. Un homme est assis dans le canapé et m’observe comme s’il était en face d’ne bête curieuse. Je soutiens son regard.

- Tu es venu pour me parler ou pour faire un concours de regard avec mes amis ? me lance t elle en venant s’assoir près de lui. 

Le regard dont il l’a enveloppé m’a tout de suite alerté. C’est encore qui celui-là ? même avec son ventre énorme qui prouve qu’elle restera attacher pour le reste de sa vie à un autre, il y a des hommes qui trouve le moyen de venir s’incruster ? une jalousie que j’ai rarement ressentie vient se ficher en moi. Il y a toujours des hommes qui tournent autour de Jasmine. Je ne dis pas que notre relation est parfaite ni qu’elle est de tout repos mais tout ces hommes autour d’elle ne nous facilite pas la tâche. Ils rodent comme des vautours. C’était Claude, ensuite Assane et maintenant cet énergumène. Claude a tenté de la tuer et Assane l’a violé. Que fera celui-ci ?

- Boris ? stp je n’ai pas que ça à faire. Dis ce qui t’emmène et va-t’en stp. Tu n’es pas le bienvenu chez moi. 

- J’aimerai qu’on parle en privé Jasmine. Ce que j’ai à te dire est délicat.

- (L’autre blanc bec ne lui a même pas laissé placer un mot qu’il était déjà sur mon dos) je ne bougerai pas d’ici. Vous parlez en ma présence ou vous dégagez.

- Mais vous vous prenez pour qui à la fin ? je lui demande hors de moi.

- Ça suffit. Il reste Boris. Quand tu me fuyais comme la peste, des gens ont été là pour moi et il en fait partie. Le seul qui ne mérite pas d’être ici c’est toi. Donc comme il l’a dit, parle en sa présence ou sors de chez moi.

Je ne savais pas que c’était possible de souffrir autant à cause d’un alignement de mots aussi banals les uns que les autres. Voyant que personne n’allait m’inviter à m’assoir, je m’installe de ma propre initiative dans le canapé en face d’eux. Et comme pour me confirmer ses dires, Monsieur Blanc bec a soudé ses doigts à ceux de Jasmine. Les 2 ont échangé un regard et il lui a adressé un petit sourire d’encouragement auquel elle a répondu. Il y a une telle complicité entre eux qu’on devine tout de suite que ce qui les lie est fort. Le regard que Jasmine pose sur lui est plein d’affection, d’admiration et de reconnaissance mais il n’a rien à voir avec de l’amour. Ses regards amoureux, c’est à moi qu’elle les adressait donc je sais à quoi ils ressemblent. Mais ce type quand il pose les yeux sur elle, c’est indéniable qu’il a des sentiments. Il faut que je sache qui il est. Mais pour l’heure, j’ai d’autres priorités. Je reste silencieux un moment en cherchant mes mots puis je décide de commencer par le début. 

- Le soir où nous avons pris les tests de grossesse, nous venions de rentrer à la maison et tu étais monté pour prendre ta douche. J’étais au salon quand j’ai reçu un appel d’Assane. Quand il a raccroché, il m’a envoyé une vidéo. La vidéo en question, … (je fais une pause parce que j’ai du mal à formuler ce que je dois dire) la vidéo en question, vous montrait tous les 2 entrain… (je serre la mâchoire) de faire l’amour. (Je pousse un soupire, c’est plus difficile que ce que je croyais). C’est pour ça que je suis parti sans te donner d’explications. Je n’ai pas bien géré ce que j’ai vu. Nous devions nous voir le lendemain pour discuter. C’est alors qu’il m’a dit que la vidéo a été faite le jour de votre rupture. Il m’a dit que c’était une sorte de plan d’adieu que vous vouliez faire et que c’est pour ça que tu es restée indisponible ce jour-là. J’ai tout de suite pensé au fait que c’était peut-être lui l’auteur de la grossesse que tu portes. Mais il y avait des zones d’ombres comme le fait que sur la vidéo, on voyait que vous étiez dans sa chambre et non dans la tienne alors que ce jour-là, c’est lui qui s’est rendu chez toi. Mais malgré mes doutes, je me suis laissé envahir par la jalousie et la colère. Je n’arrivais pas à dépasser ma douleur pour te parler. D’où mon comportement étrange. Mais tout ce temps, j’essayais toujours de trouver une explication à tout ceci. J’ai eu l’élément déclencheur ce matin, pendant que je regardais nos photos. André a fait une vidéo du jour où nous étions en boite pour ton anniversaire. J’ai regardé la vidéo et la coiffure que tu avais a retenu mon attention. Tu avais les cheveux ondulés et tout noir en ce temps. Exactement comme sur la vidéo qu’il m’a envoyé. J’ai donc cherché la photo que nous pris ensemble le lendemain de ta rupture avec Assane et j’ai vu que tu avais les cheveux lisses et que tu avais teint les bouts en jaunes. C’est ce qui m’a confirmé que la vidéo n’avait pas été faite le jour de votre rupture. J’ai usé de stratagème pour qu’il me dise la vérité sur toute cette affaire cet après-midi et j’ai eu ça. (J’ai sorti mon téléphone et mis l’enregistrement en marche. Elle est restée calme et silencieuse tout le temps où je me suis exprimé malgré les questions et la souffrance que je lisais dans ses yeux.). 

Quand l’enregistrement s’est arrêté, elle n’avait toujours pas réagi et je commençais à m’inquiéter. Puis sans qu’on se s’y attende, elle s’écroulé dans le canapé. Nous criions son nom en chœur ce type et moi. Elle a repris connaissance quand nous étions entrain de la transporter dans la voiture pour l’hôpital. Et elle s’est mise à pleurer. De gros sanglots plein de douleur qui me fendaient le cœur. L’autre l’a prise dans ses bras et moi comme un con, j’étais arrêté impuissant devant le spectacle.

- Dis-lui de s’en aller Romy, dit-elle entre 2 sanglots. 

Je n’ai pas eu besoin qu’il ouvre la bouche.

- Je suis désolé Jasmine. Dis-je en m’apprêtant à sortir quand sa voix m’a arrêté.

- Boris ? l’enfant que je porte est bien de toi. J’ai demandé qu’on attende quelques temps avant d’être intime à nouveau quand on s’est remis ensemble et on a attendu exactement un mois. Ça fait 9 mois exactement qu’on s’était remis ensemble et là je suis enceinte de 8 mois. Si j’étais tombée enceinte le soir où il a abusé de moi, j’aurai mis l’enfant au monde depuis un mois déjà. Tu n’es pas mieux qu’Assane. Lui il a abusé de moi mais toi tu m’as abandonné enceinte de toi sans une explication quand j’étais au plus mal. Je voulais te donner la chance de connaitre ton enfant mais je crois que tu ne la mérite même pas finalement cette chance. Il mérite mieux que toi comme père. Dégage de chez moi maintenant.

Je n’ai rien pu répondre à ça et je suis parti la queue entre les jambes. J’avais peur de faire une bêtise. Je me suis donc refugié chez André pour laisser libre court à ma peine.




Tel un feu dévorant