Captive

Ecrit par Aura


Je le regardai, disant que je le dévisageai. Enfin il était devant moi, cette crapule sur laquelle je voulais déverser toute ma rage et ma colère. Je me contenais de lui mettre la raclée du siècle sinon tout allait voler aux éclats. J’ai préféré au contraire être de marbre, tout ceci sans m’empêcher de faire plus attention à son apparence. En le scrutant correctement, on pouvait sans aucun doute dire qu’il avait beaucoup changé. Son teint au préalable brun vif, avait viré au noir chocolat. Cela lui allait bien. Dans d’autres circonstances et sous d’autres cieux j’aurai pris la peine d’admirer ce visage, ces larges épaules, cette dentition comme on le fait avec un microbe, comme avec un tableau de Da Vinci ou de Van Gogh ou comme on le fait d’une sculpture de Michel Ange. Ce n’était néanmoins pas le moment ni le cas. Sans le vouloir malheureusement, son apparence invitait au péché. On aurait cru que tout avait été conçu pour me faire flancher, me pousser à ne plus le haïr mais à le prendre en pitié comme la tête de victime qu’il arborait. Il avait beaucoup maigri et perdu du poids et arborait une barbe de plusieurs jours ainsi qu’une touffe de cheveux. Quelqu’un avait coute que coute besoin de d’aller chez le coiffeur !!! A la vue de ces cernes qui encerclaient son visage, je ne pus que me dire qu’il avait besoin de repos. Il était loin de la personne que j’avais toujours connue c’est-à-dire : un homme qui pue le fric ainsi que le musc à des centaines de kilomètres, froid et complètement imbue de sa personne. Non là j’avais à faire à sa version tout droit sortie de thriller. L’arrogance et la sûreté qui ne le quittaient jamais au départ avaient cédé la place à la pâleur et la faiblesse. Il faisait vraiment pitié. Mais pour moi, ce n’était qu’une tactique choisie par le gibier pour que je le relâche. Et il n’en était pas question. Je n’allais ni ne pouvais m’apitoyer sur son sort ou être empathique avec lui. 

Il me lança un « bonsoir !» qui me ramena sur terre et me poussa à serrer mes mâchoires. Je gardai le silence et le dépassait en entrant. Il me lança derrière mon dos 

- C’est tout droit le séjour !

Mais je ne répondis pas, me contentant de continuer ma route pour tomber sur le salon où je pris place sur un des fauteuils qui y trottait. Le connard lui fit comme moi, prit une place en face de la mienne et me dévisagea longuement avant d’entamer une conversation.  

- Tu continues de ne pas m’apprécier d’après ce que je vois. De toute façon je ne m’attendais pas à ce que tu me sourisses. Tu veux boire quelque chose ? 

- …..

- Peut-être aimerais-tu que je te fasse visiter la maison ? 

- ……

- Je constate que je vais encore essuyer un refus de ta part. 

Je me racle la gorge avant de lui lancer :

- Pourquoi suis-je ici ? 

- Oh j’avais oublié que tu ne passais jamais par des raccourcis. 

- Pourquoi devrais-je m’empêcher de délier ma langue avec toi ? 

- …..

- Bien bon je crois que tu vas me faire perdre du temps. Je m’en vais. 

Je prends mon sac, je me lève et m’élance vers la sortie, mais là il m’intime l’ordre de ne rejoindre ma place. 

- Stp rassois-toi ! J’ai quelque chose à te dire mais je ne sais pas par où commencer. J’ai juste besoin que tu me donnes le temps de trouver les mots justes pour t’en parler. Mais stp rassieds-toi. 

Je souffle un instant et reviens prendre place dans le fauteuil que j’occupai tout à l’heure. Là, il prend une grande inspiration avant de se lancer. 

- Bien, la raison pour laquelle je t’ai fait venir concerne ta mère. 

Là je fais semblant d’être légèrement surprise et lui répond : 

- Quoi ma mère ? 

- En fait, j’étais en voyage d’affaires et en rentrant, je n’ai pas trouvé ta sœur ici. Elle m’a contacté quelques heures après pour me signifier que votre mère a eu un terrible accident et qu’elle risque de passer de l’autre côté. 

- Oh mon Dieu, mentis-je ! Qu’est-ce qui s’est passé ? 

- Ben comme je te le disais, elle a eu un accident. Etant donné que ta sœur et toi vous trouvez ici, on a pu joindre ta sœur pour qu’elle rentre de toute urgence à Conakry, afin qu’elle s’occupe de votre mère. Elle m’a chargé de te transmettre le message.  

Je feins de pleurer avant de le remercier et de chercher à prendre congés. Mais là, il me demande de me rasseoir, car d’après lui, il a à me parler. 

- De quoi ? Je croyais que c’est tout ce pourquoi j’ai été conviée. 

- Non, en fait, il y a autre chose. 

- Est-ce toujours en lien avec ma famille ?

- Non ! 

- Alors, nos chemins vont se séparer ici. Je n’ai plus rien à te dire. 

- Moi je dis que si. 

Cette fois-ci, il se lève, lui qui depuis tout ce temps était resté assis. Il se rapproche dangereusement de moi au point coller pratiquement son front contre le mien.  Là en le regardant droit dans les yeux, il peut lire que je ne me sens aucunement intimidée par sa taille ou son physique. Il s’éloigne et lève les mains au ciel en signe de paix. 

- Je ne veux pas qu’on en arrive là. J’ai changé Arielle et je veux qu’on recommence sur un nouveau pied. 

- Il n’y avait pas de début entre nous et il n’y aura pas de suite. Je ne veux pas remettre cette affaire sur le tapis alors, laisses-moi rentrer chez moi tranquillement.

- Ok, ok. Je comprends parfaitement que tu m’en veuilles encore, mais tout ça c’était involontaire. Tout ça, ce n’est pas moi. 

- Ah oui ? Qui est-ce donc ? Ton fantôme ? 

- Un peu oui. 

Je m’éclate de rire. 

- Tu es sérieux là ? 

- Oui je le suis. En fait, je me fais traiter parce que je souffre du syndrome de bipolarité. 

- C’est quoi encore ces conneries ? 

- La stricte et unique vérité. 

Il souffle comme si c’était tellement pénible d’avouer tout cela. Puis il recommence. 

- Je suis atteint du syndrome de bipolarité et ce depuis presque 14 ans. J’ai deux personnalités totalement distinctes. Chacune est complètement indépendante de l’autre et ressurgis selon le type d’émotions ou de situations que je vis. Il y a le méchant d’un côté, celui qui est responsable de tous les meurtres, les carnages, le démon je peux dire et l’autre c’est le mec zen que tu connais. Celui qui est sympa, celui qui est charitable, celui qui est fou amoureux de toi ou de ta sœur. Celui-là, tu peux l’appeler l’ange si tu veux. 

Je m’éclate de rire pour mieux l’irriter. 

- Alors là, si je m’attendais à écouter une histoire pareille sortir de ta bouche, j’en aurai mis ma main à couper. 

- Oui, je sais que c’est un peu farfelu, mais c’est la stricte réalité. Le problème est qu’avant il n’y avait qu’une seule personnalité qui prédominait sur l’autre et c’était l’ange. Maintenant c’est autre chose, celui qui est démoniaque prend surgit à n’importe quel moment et a l’ascendant sur l’autre. Ce qui est pénible, c’est de constater que Marc-Levy commet des meurtres dont tout le monde croit que je suis responsable. 

- Minute, minute, minute. Marc-Levy c’est le démon et Eric c’est l’ange. 

- Oui c’est ça. Marc-Levy n’en fait qu’à sa tête. Il créé des problèmes qu’Eric doit résoudre. 

- Tout doux, parce que là je ne comprends pas trop. Tu veux dire que celui qui a assassiné ma meilleure amie et mon fils c’est Marc-Levy. 

- Oui. 

- Et Eric n’a rien fait. 

- Rien du tout. 

- Et quand Marc-Levy semait tout ce bazar, où était Eric alors ? 

- Disparu ! Il était comme éteint. 

- Ah oui ? 

- Oui. Je sais que c’est dingue, mais c’est la vérité.  

- Bon actuellement, avec qui est-ce que je parle ? 

- Avec Eric, moi. 

- Et où est Marc-Levy ? 

- Il n’y est pas. Et entre nous soit dit, mieux vaut le laisser là où il se trouve. 

- Moi je voudrai le rencontrer, disons que je veux vous rencontrer tous les deux, en même temps. 

- C’est impossible. ML, n’apparait qu’en cas de force majeure. 

- Ah bon ? 

- Oui. Tu dois me croire Arielle, aussi fou que cela puisse être, je suis innocent. Je n’ai pas tué tes proches. C’est ML, c’est lui et rien que lui. 

- Désolée, mais c’est trop facile de te croire. Tu me croyais aussi naïve, au point de gober toutes ces conneries. Non ! Tu vas payer pour tes crimes et peu importe que ce soit Eric ou ML, je m’en fous, c’est le même et unique corps et tu vas payer. Maintenant laisse-moi passer au risque que je ne te refasse le portrait. 

   Je me dégage de lui et je tente de m’en aller, mais comme je le présageais, il me rattrape et me plaque contre le mur. Encore secouée par ce qui vient de se passer, je constate cette fois qu’il a ses mains autour de ma taille et commence à faire balader ses mains sur ma poitrine et sur mes fesses en disant. 

- Oh c’est tellement excitant de te voir sortir tes griffes. J’avais oublié combien tu pouvais être aussi sauvage. Ne t’en fais pas, c’est ce que j’aime avec toi. Hummm, je vois que tu n’es pas aussi bête que je le pensais, même en inventant l’histoire de bipolarité ou en jouant au pitre devant toi, tu n’as pas flanché. Ouah ! Tu m’as conquis. Mais tu aurais mieux fait de me croire conasse, parce que là tu vas mourir. Et cette fois, tu ne vas pas t’échapper. 

- Je savais que tout cela n’était qu’un vrai tissu de bêtises fabriquées par son excellence alias le meurtrier pervers. Pour être honnête, tu méritais un véritable oscar pour cette prestation. Ah oui, encore une fois, tu t’es surpassé. Malheureusement, tu n’as pas soigné ta sortie. Et comme le dit ma mère, les chiens ne font pas des chats. Tu es un con et tu le resteras. Rappelles-moi la prochaine fois être bien plus rusé que tu ne l’es. 

- La ferme pétasse ! Je vois que je ne t’effraye plus ! 

- La peur c’est pour les poules mouillées et comme je n’en suis pas une, je préfère t’affronter en face. 

- Oh pauvre petite, je parie que tu as dû t’armer de tout le courage pour m’affronter. C’est bien. J’aime les filles courageuses et butées comme toi. Humm, au cours de ma longue et interminable vie, je n’en pas connu. Dommage, que nous n’ayons pas pris la peine de faire plus amples connaissances. 

- Mouais, comme c’est frustrant. 

- Néanmoins, je garde le meilleur pour la fin. Je suis quand même un gentleman. Je vais te faire connaître le supplice qu’il faut. Mais avant tout, je vais te conter une petite histoire….Et je parie que tu vas l’adorer. 

- Ah bon ?! Conte toujours pour voir. 

Il continue de me maintenir fermement. J’essaies de me débattre ou de sortir de son emprise, mais rien y fait. Nous longions le couloir qui mène vers deux autres, disons que c’est lui qui me traine. Nous empruntons le chemin de droite, descendons les marches d’escaliers pour arriver au sous-sol de cette maison. Je n’aurai jamais cru que ce style de maison puisse exister en Afrique. Mais pendant que nous y sommes, mieux vaut en profiter. Nous rentrons donc au sous-sol, il allume en passant. Dès que je franchis la dernière marche des escaliers, il me jette à même le sol et sans m’y attendre, il commence à me rouer de coup aux niveaux des côtes. Il se sert de son pied et cogne sur moi comme sur un sac de boxe ou un sac de ciment. Je crie ma douleur comme une femme qui met au monde, mais il ne lâche pas un seul instant. 

- Alors qui frappe maintenant ? Est-ce Éric ou Marc machin chose ? 

- LA FERME !!! Depuis tout ce temps où je rêvais de faire ça. Maintenant que j’en ai l’opportunité, je vais me venger et personne ne viendra te sauver. 

Il détache sa ceinture et l’arrache de son pantalon. Il s’en sert pour me frapper davantage et ce sans répit. On aurait cru qu’on était à l’époque de la traite négrière où les maîtres de champs battaient leurs esclaves pour un oui ou pour un non. Il frappe tellement fort que je me demande si c’est réellement une ceinture ou un fouet qu’il utilise, car aucune partie de mon corps n’est épargnée de ces coups. Je hurle ma douleur de toutes mes forces, mais il semble que cela l’encourage à frapper plus fort. 

- Tu peux crier autant que tu veux sale trainée de merde, personne ne va t’écouter, encore moins ne volera à ton secours. Aujourd’hui, je vais finir avec toi. 

Il continue de m’infliger ces coups de cravaches, jusqu’à ce qu’il s’épuise. Là, essoufflée, meurtrie, fatiguée, je m’éclate d’un grand rire, sans m’en rendre compte. Cette tête à claque s’emporte et m’intime l’ordre de me taire. Mais je ris de plus bel. 

- C’est tout ce que tu as dans le ventre connard ? Je m’attendais à pire de ta part. 

- Putain, est-ce que tu es sadomasochiste ou quoi ? 

- Non idiot, je suis juste résistante. 

- Tant mieux si tu l’es parce que ce n’était que les échauffements. 

- J’attends le prochain cocktail, de quoi est-il composé hoquetai-je ! 

- Ne t’impatientes pas, nous avons toute la nuit devant nous. 

Là, il se rend vers la penderie, sort des cordes et s’approche de moi pour m’attacher les mains avec. J’essaie du mieux que je peux de me débattre, mais il m’assène une bonne série de gifles qui me stoppe dans mon élan. Il m’attache solidement les mains. 

- Bien, maintenant tu te montres assez raisonnable. Mais je n’en ai pas finis avec toi. 

Il se déboutonne le pantalon et me lance «Je vais te violer au point où tous tes pores vont me sentir passer. »  

- Eric, je ne sais pas, Marc-Levy, stp ne fais pas ça. NE FAIS PAS CA !!!!!!!

- TROP TARD !!!!!!

To be continued ! 


Cœur en chantier