Catherine Lawson

Ecrit par Cella


Catherine Lawson né Dadjo ne s’était pas encore remise des bouleversements sociaux politiques du pays. Dans les temps passés, les Dadjo avaient possédé la plus grande plantation de café et cacao qu’on pouvait trouver dans la région des plateaux. Puis avec le nouveau régime, les Dadjo avaient connu des moments difficiles. Presque tous les Dadjo étaient déjà morts et leur demeure en face de la plage étaient depuis longtemps hypothéquées et abandonnées.
Mais Catherine restait cramponné à son nom de jeune fille, comme tous les habitants du quartier, elle travaillait à l’usine de savon des Abalo et côtoyait des gens sur qui elle n’aurait même pas accepté de cracher lors de l’épopée des Dadjo. Elle avait traité son mari rudement jusqu’à son dernier jour. Lorsque Balo était venu s’incliner devant le cercueil de Mr Lawson, il avait remarqué que le vieux avait un sourire qu’on ne lui avait jamais vu de son vivant.
Bon Dieu, en vivant avec une telle harpie, ce n’est pas étonnant qu’Edem soit quelqu’un d’aussi nerveux, pensa Felix.

Felix n’était pas mécontent d’avoir perdu sa mère à la naissance, une série de nounous l’avait élevé. Sa mère Adjoa Sika De Souza Abalo avait été une femme fragile. Et pas une bonne baiseuse, lui avait crûment dit son père quand il lui avait demandé de lui parler de la défunte.

-          Sika était une charmante petite chose, mais une planche au lit. Au moins, elle m’a donné un héritier, tout ce que je voulais.

Felix s'était dit que c’était d’ailleurs assez suffisant de devoir rendre compte à un seul parent, même si Bola Abalo était trop indulgent et ne s’occupait guère des affaires de son fils. Il remboursait les vols et dégâts divers causé par son fils.

-          Merde, vous savez qui est mon père ? avait y’a pas longtemps crié Felix au propriétaire de la boutique du coin qui l’avait surpris en train de voler. Le commissaire Kofi Anato avait fait venir Balo Abalo dans le magasin pour calmer la situation, le garçon avait été relâché, l’article volé entre les mains et le sourire insolent aux lèvres. Quelques jours après le boutiquier avait payé de son audace en retrouvant le réservoir de sa moto vespa rempli de sable.

Felix réfléchissait, qu’allaient-ils pouvoir bien faire ce soir ?

La messe est apparemment terminée, remarqua Kofi, ce qui les fit se retourner. Un groupe de jeune gens venait de faire éruption dans le bar. Felix se ficha pas mal des garçons mais déshabilla chacune des filles du regard, pensant ainsi les émoustiller.

-          Salut les gars.

Jeanne Afan venait de s’approcher de leur table, les yeux de Felix la parcoururent de la tête au pied, puis remontèrent sur son visage quelconque.

-          Salut Jeanne, tu as bien prié pour aller au paradis ?

-          Mon âme ne risque rien, mais je n’en suis pas sure pour la tienne. Elle brûlera en enfer.

-          Cela tombe bien, j’adore la chaleur, rigola t’il. Salut miss.

Une autre jeune fille les avait rejoints. Quelques semaines plutôt à défaut de proie intéressante, il l’avait dragué lors des festivités de la semaine culturelle. Lorsqu’il l’avait jugé assez prête, il l’avait entraîné derrière le lycée et l’avait caressé, malheureusement pour eux deux, le père de la jeune qui était tapi dans l’ombre en surveillant cette dernière avait interrompu leur ébats.

Felix lui demanda d’une voix provocante :

-          Tu t’es bien confessé ce soir ? Tu n’as rien oublié j’espère de tes petits jeux malpropres.

La jeune fille prit honte et s’échappa pour rejoindre le groupe de jeunes gens sérieux avec lequel elle était venue. Jeanne s’attarda, c’est une jeune fille effrontée que les blagues pourries n’effrayaient pas. Malheureusement pour elle, la nature n’avait pas été clémente avec elle, aucune beauté physique. Visage quelconque, cheveux rares, dentition protubérante avec narines et lèvre supérieure qui y pointaient. Elle était amoureuse de Franck qui comme toujours ne lui prêtait aucune attention.

-          Regardez qui vient d’arriver, dit celui-ci en désignant l’entrée du bar. Monsieur le Major Général du lycée en personne.

Jack Akato et avec à ses côtés Elsa Edo venait de faire leur entrée.

-          Et avec la plus belle fille de tout le quartier, une future miss Togo sans aucun doute, remarqua Edem.

Félix lui jeta un regard meurtrier. Le garçon se moquait il de lui ? Il ne croit pas. L’intérêt qu’il porte à Elsa est un secret qui n’était connu de personne.

-          Un rat d’église, ouais, dit Franck.

-          Ça n’a pas l’air de gêner Elsa, dit Edem.

-          Bien sûr que non, elle aime Jack. Elle se fiche qu’il soit aussi pauvre que Job lors de ses épreuves. Je vais aller les saluer, à tout à l’heure.

Les yeux de Felix étaient braqués sur le couple, Elsa rigolait collé contre Jack.

-          Mais qu’est ce qu’il lui trouve à ce pauvre gars ? s’enquit Franck.

-          Une tête bien pleine, répondit Edem.

-          Ou autre chose, s’esclaffa Franck.

Felix ne rigolait plus, Jack venait d’embrasser chastement Elsa. Surement qu’elle ne sait même pas ce que c’est qu’un vrai baiser, pensa Felix. Un vrai baiser donné par un connaisseur comme moi.

Parcours d'une vie.....