CDC - 01-

Ecrit par Nobody

Mains dans les poches,debout en face de la grande baie vitrée dont seul son bureau bénéficiait, l'inspecteur Jimmy regardait a l'extérieur. Dehors la circulation se faisait dense. Le rythme,la fièvre endiablés de Cotonou! La réputation de la capitale n'était plus a faire.

En poussant un soupir il baissa les yeux vers un groupe de passants. Il enleva sa main droite et la posa sur la vitre avant de coller sa tête contre celle-ci.

Cela pourrait être lui là-bas. Oui ce jeune la qui tenait son sac d'une main qu'il devinait ferme de peur de se le voir arracher. Ou encore cette gentille dame a l'air fort sympathique qui portait son petit au dos. Oh mais pourquoi pas cet homme qui venait de rentrer dans sa voiture ? Il ferait un bon suspect. Après tout il paraissait aisé,et était très furtif comme s'il avait quelque chose a se reprocher. À moins que cela ne soit cette jeune fille à la crinière trop blonde pour son teint ébène ?

Il pouvait être partout et n'importe où. Il pouvait être tout le monde et n'importe qui.

Comment le coffrer ? Devait-il attendre qu'il attaque une nouvelle fois ? Qu'une nouvelle vie soit perdue ? Non non et non ! Il y avait assez de mort comme ça ! Il ne devait plus en avoir.

C'était sur cette petite note encourageante,que la porte s'ouvrit l'obligeant a enlever son regard de cette animation qui se passait derrière la vitre et de remettre ses pensées pour plus tard.

Néanmoins il prit le temps de se refaire une mine impassible,se retourna lentement et remit sa main dans la poche.

- Jimmy

- Marouane répondit-il avec un coup de tête

- Avions-nous des nouvelles ? demanda le nouvel arrivé en faisant quelques pas a l'intérieur de la pièce

- Je pensais que tu m'en apportais répondit-il

Marouane eut un sourire en coin avant de faire un autre pas

- Comme ça le grand Jimmy n'a toujours aucune piste ?

- Comme ça tu te permets de rentrer dans mon bureau sans fermer la porte Marouane ? Dit-il d'une voix froide mais très calme

Qu'est-ce qu'il en avait a faire lui des petites provocations de Marouane ? Il en avait l'habitude avec lui de toutes les façons

- Oh calme toi l'ami. Je vais la fermer ta porte mais vas-y partage tes pistes avec ton veil ami,je suis sûr qu'à deux on y trouvera notre compte.

Avant de répondre Jimmy contourna son bureau puis finit par s'asseoir a sa place.

- J'ai du boulot Marouane. Tâche de bien fermer la porte en partant. Merci.

Et il se reconcentra sur les photos éparpillés ça et là devant lui.

Lisa. 24 ans. Assassinée au sein même de son domicile. Des dizaines de coups de couteau ont fini par avoir raison d'elle. L'arme du crime retrouvée mais aucune empreinte. Aucune trace de pas. Aucune porte ni fenêtre dégradées. Autrement dit aucune trace d'infraction.

Laura. 23 ans. Retrouvée morte sur son lieu de travail. Dans les vestiaires des serveuses. Poignardée à mort. L'arme du crime retrouvée encore une fois mais toujours aucune trace d'empreinte. Plusieurs traces de pas qui n'avaient finalement rien donné. Le meurtrier dans la nature.

Amid. 28 ans. Retrouvé mort dans sa demeure par un de ses voisins. Cette fois l'arme du crime n'a pas été retrouvé près du corps mais dans la cuisine,avec sur la lame le sang d'Amid ruisselant. Pas d'empreinte et des traces de pas entremêlés.

Vicky,24 ans. Retrouvée sans vie dans la salle de bain. Pas de strangulation, pas de blessure. Les médecins législatifs ont conclu à une mort par noyade. Sûrement le meurtrier aurait plongé la tête de la victime dans l'eau jusqu'à l'asphyxie. Néanmoins une légère entaille a été remarqué sur son avant bras gauche. Le sang qui a coulé aurait fait office de peinture a l'assassin. Puisque vraisemblablement un couteau a été retrouvé avec un smiley qui pleurait. Tout aussi vraisemblablement, c'etait le sang de la victime qui avait été retrouvé dessus. L'assassin toujours dans la nature.

- On pourrait penser que ses meurtres n'ont aucun lien. Si ce n'est le fameux couteau, tous les quatre de la même marque, retrouvé sur les scènes de crime. Différente mode opératoire certes mais toujours cette même violence,cette même bestialité.

Il se tut et prit entre les mains le cliché de la dernière victime en date. Vicky. Très brillante fille qui avait une carrière déjà toute tracée. C'était son meurtre qui leur avait permis de faire le plus grand pas. Ce couteau qui n'avait pas servi mais qui s'était néanmoins retrouvé sur la scène de crime avait fini par confirmer ses soupçons. C'était le même meurtrier pour les quatre assassinats.

Mais qui était-il ? Qui pouvait-il bien être ?

Qu'est-ce qui avait bien pu lui échapper ? Quel détail n'avait-il pas pris en compte ?

Il regarda une dernière fois les photos avant de les dégager d'un geste rageux.

Aucun indice. Aucune piste. Si ce n'était cette femme, cette jeune femme qui vraisemblablement avait un lien avec toutes les victimes. Mais.. serait-ce.. serait-ce possible que cela soit elle ? Elle !

Elle poussa un soupir en essuyant la dernière larme qui avait roulé sur sa joue.

- Je n'en peux plus, je te jure que je n'en peux plus de cette pression autour de moi. Pourquoi moi ? Pourquoi m'accuser moi ?  Qu'ai-je donc fait ? Soraya réponds moi s'il te plaît

- Dalila je t'en prie arrête de pleurer. Ça ne va rien changer que tu pleures tous les jours comme ça. Tout le monde sait que tu n'es pas coupable. Tous ceux qui te connaissent savent que tu es incapable de faire du mal a une mouche. Alors tué une personne ? Quatres personnes même ! Voyons !

- Je sais que tu dis ça pour me consoler mais je suis sûre que tu penses pareil. Soraya je connaissais Vicky Laura et Lisa. Elles étaient toutes les trois mes collègues de travail. Et Amid,oh mon Dieu mon Amid. C'était mon fiancé putain. Comment pouvez-vous croire que j'ai tué mon propre fiancé ? s'exclama-t-elle en se remettant a sangloter de plus belle.

Soraya vint vers elle et essaya de lui enlever le t-shirt qu'elle serrait depuis la mort de Amid. La réaction de Dalila ne se fit pas attendre.

- Ne touche pas ça,ne touche pas Amid. C'est Amid,c'est mon fiancé, personne a le droit de le toucher. Il est là avec moi, n'est-ce pas Amid, n'est-ce pas ? dit-elle en soulèvent le t-shirt devant ses yeux. Oh oui on va rester tous les deux, on va faire pleins de choses ensemble.

Soraya remuait la tête de gauche à droite, soucieuse de l'état de santé de son amie. Psychologue de profession,elle soupçonnait un début de démence. Elle aurait aimé l'aider à aller mieux mais elle ne voulait pas coopérer. D'ailleurs Dalila lui avait fait jurer de ne jamais utiliser ses méthodes sur elle. Mais elle va devoir détruire sa promesse. Ou du moins une partie.

Elle se leva et alla s'asseoir devant son amie. Elle poussa un soupir, croisa ses jambes et adopta un visage impassible. Elle venait de se mettre dans le rôle de la psychologue.

- Dalila écoute moi. Tu es fatiguée. Ton fiancé vient de perdre la vie dans d'atroces souffrances. Tes anciens collègues aussi. Tu es vu comme un coupable potentiel. Les gens te pointent du doigt. Et si on commençait par le début ? Et que tu m'expliquais tout ça ?

Après plusieurs minutes à l'encourager à prendre la parole elle finit par le faire. Soraya se rassit confortablement. Cela promettait d'être long.

- Eh bien So, tout a commencé...

Chaque détail compte...