...c'est une surprise
Ecrit par RIIMDAMOUR
Mon pauvre petit cœur tambourinait dans ma poitrine alors que j'avançais doucement, très très doucement vers l'entrée de la maison. La grande porte n'était pas fermée, je la poussai du bout des doigts et ...surprise!
Toutes les fenêtres étaient close, chose bizarre car la femme de tonton Khadim les gardait toujours ouvertes pour un maximum de luminosité mais là...plouf! Plongé dans la pénombre.
J'étais juste perdue, mon cerveau fonctionnait à la vitesse grand V pour trouver à quoi rimait tout ça mais, je ne trouvais pas de réponse.
Des tasses salles traînaient sur la table de séjour avec leur théière, la nappe sur laquelle elles reposaient était sale et défraîchie. Le sol était jonché de déchets de toutes sortes: des emballages de café, des filtres à café usés, des cartons de biscuits...
Je ne voyais toujours personne alors que j'étais là depuis bientôt deux minutes,je décidai donc de signaler ma présence.
- TOC TOC! Assalamou aleykoum ! Il y a quelqu'un ici? fis- je doucement.
Une voix faible répondit quelque chose puis j'entendis des pas traînants dans le couloir. Quelqu'un venait.
Une vieille femme apparut après un moment. J'eus du mal à la reconnaître, et on pouvait dire qu'elle avait le même problème que moi puisqu'elle me scrutait de bas en haut en plissant les yeux.
- Mon Dieu! Milouda? C'est toi? S'écria t-elle.
Une seconde surprise! C'était Tata Sokhna la femme de Tonton Khadim, apparemment.
Décidément j'allai de surprise en surprise, après la maison qui tombe en ruine, j'ai droit à la propriétaire de la maison qui tombe en ruine.
Tata Sokhna était le prototype de la "Drianké" (grande Dame) Sénégalaise. La chose la plus frappante chez elle était son odeur: une odeur particulière d'encens Mecquoise et d'eau de Cologne qui vous pénètre entièrement. Puis il y avait ses mains toujours recouvertes de savants dessins faits au henné. Ensuite ses mouchoirs de tête; toujours énormes; qui accompagnaient ses grands boubou de Basin riche ou de Getzner turque qui bruissent dans un froufrou discret.
Seulement, la femme qui se tenait devant moi n'avait rien d'une drianké ni de ma Ta' Sokhna. Elle portait une robe en tissu léger et un simple foulard de prière sur sa tête. Quand elle me prit les mains, je remarquai sur les siennes des dessins au henné qui commençaient à s'estomper, elles devaient dater.
Autre petit détail, la femme qui se tenait devant moi était menue, presque maigre alors que ma Tata, en bonne sénégalaise était... pour le moins, enrobée.
-Tata? C'est bien toi? Fis-je incertaine, en la regardant.
- Ay Milou! C'est bien moi! Milou foo nékone? Tu étais où pendant tout ce temps? Pourquoi tu ne nous as pas donné de tes nouvelles? Demanda t-elle d'une voix douce et tremblante.
Je ne savais pas à quelle question répondre d'abord, et puis tout serait si long à expliquer? Je décidai donc de passer outre toutes ses questions, il fallait d'abord que je sache ce qui se passait.
- Tata, tu es malade? Qu'est-ce qui t'arrive?
Elle me pressait les mains en me regardant avec des yeux larmoyants.
-Milouda tu n'es pas au courant?
-Au courant de quoi Ta'? Je la regardai, ne comprenant rien à ce qu'elle me disait.
Elle renifla puis me tira doucement par la main en me désignant le salon qui se trouvait au fond du couloir. En la suivant, je remarquai qu'elle claudiquait en marchant, ce que je n'avais jamais remarqué chez elle auparavant.
Nous entrâmes enfin dans le salon.
Ce devait être la pièce qui avait le moins souffert de toute la maison, rien n'avait vraiment changé, sauf qu'il manquait cette délicieuse et captivante odeur de "Thiouraye" (encens) qui flottait dans l'air.
Nous prîmes place sur le canapé. Je ne savais vraiment pas par où commencer, tellement les questions se bousculaient dans ma tête, donc je me tus.
Ma tante garda le silence un moment puis fit d'une toute petite voix:
- Milouda, tu as disparu pendant presque un an, Khadim et moi on s'est fait un sang d'encre pour toi. Foo nékone? Tu étais où pendant ce temps?
Je ne savais vraiment pas quoi répondre à ça.
- Euh, je...C'est long à expliquer Ta'. En gros je me cachais, tu sais avec tout ce qui se passais autour de moi.
- Mais tu aurais dû appeler ma chérie, nous faire signe. Même avec l'emprisonnement de Tala on ne t'as pas entendu.
Mon coeur manqua un battement...
*elle a bien dit l'emprisonnement de Tala? Non, j'ai dû mal entendre.*
- Tata tu as dis emprisonnement de Tala? Tala est en prison?
Elle me regarda surprise.
-Milou tu ne savais pas que mon fils est en prison? C'est une blague?
Je ne réalisai pas ce qu'elle venait de dire. Mon cerveau refusait l'information.
* Mourtala en prison? Non, c'est pas possible ça*
Je ne savais que dire, ou quoi faire. On aurait dit que toutes mes forces m'avaient quittées.
Je m'affalai sur le canapé en me tenant la tête des deux mains. Un autre problème de plus s'ajoutait au tas. Toute la bonne humeur avec laquelle je m'étais réveillée m'avait quitté d'un coup, l'espoir aussi.
Mon horrible migraine recommençait à pointer le bout de son nez. Voyant mon incompréhension face à tout cela, ma tante me demanda.
- Ah ma chérie, foo nékone ba yeuguo lolou? Tu n'étais pas dans le pays pendant tout ce temps?
Il y eut un autre blanc, je cherchais mes mots pour lui expliquer. Mais pour lui dire quoi?
Elle avait beau être la personne la plus compréhensive au monde, mais cette fois ci, je doutais qu'elle puisse comprendre.
-Non...je...enfin...j'avais voyagé. Finis-je par dire.
* Que Dieu me pardonne ce mensonge*
-Même si tu n'étais pas ici, tu aurais dû le savoir, ça a fait la une des journaux pendant un certain temps.
Je souris malgré moi, amèrement.
- Je ne lis plus de journal Tata. Je fuis tout ce qui a un rapport avec la presse. Je suis désolée. Mais que s'est-il passé pour qu'on l'emprisonne? Je n'y comprends rien...
On entendis des pas dans le couloir, elles venaient vers le salon.
Un homme entra dans le salon, il se stoppa net quand il me vit.
Tonton Khadim!
Je commençais à trembler légèrement, j'en avais trop vu, je pouvais tout supporter sauf ça.
Cette vision de Tonton Khadim marchant à l'aide d'une canne.
Mes yeux se remplissaient de larmes, doucement. Non il ne fallait pas que je pleure, pas devant eux...Mais déjà, une larme s'échappait de mon œil droit.
-Milouda? C'est toi? Demanda t-il en s'approchant doucement. Je me levai pour le saluer, mais il m'attira doucement dans ses bras pour m'étreindre.
J'avais peur de le casser, il était tout petit entre mes bras. Que lui était-il arrivé? A lui aussi!
Le Tonton Khadim que je connaissais était presque un géant, du haut des son mètre quatre-vingt dix-neuf. Il avait un gros ventre bedonnant qu'il traînait jadis avec, une jovialité, qui lui était propre, un rire contagieux qui le caractérisait.
L'homme que je serrait dans mes bras était tout chétif avec des cheveux blancs qui striaient sa coiffure.
-Ay Milou! Tu nous as fait une de ces peurs! Tu étais où? Demanda t-il d'une voix chevrotante.
-On en parlait justement Khadim. Intervint Tata Sokhna.
Tonton Khadim hocha la tête et prit place dans le canapé près de sa femme. Je m'assis en face deux dans un fauteuil.
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Il était environs 22 heures et le taxi que j'avais pris pour rentrer n'avançait pas de plus de 5 mètres par minute à cause des embouteillages.
Ah Dakar! Ville pourrie!
J'étais fatiguée,épuisée, exténuée, harassée et dépassée par les événements. Tous les chocs que j'avais reçu dans la journée commençaient à se faire sentir.
Mais l'événement qui m'a le plus marqué était ma visite à la prison de Rebeuss où Mourtala était détenu. A cette pensée mon corps tout entier se crispa et je fermai les yeux tenta d'oublier la vision de Tala enfermé dans un cachot miteux et lugubre avec près d'une dizaine de personnes.
Cette visite avait été l'un des plus durs moments de ma vie. Je n'ai pas pu retenir mes larmes à la vue d'un Tala qui à dépérit au même titre que ses parents.
Il fallait encore aller affronter Safiètou qui essayerait de savoir où je me trouvais toute la journée, mais avec un peu de chance elle serait occupée avec ses fêtes.
FLASH-BACK
*CENTRE DE DETENTION DE REBEUSS*
Cet endroit sentait mauvais, très mauvais, et les regards lubriques que me lancaient tous ces hommes me faisaient froid dans le dos. Cela faisait bientôt 10 min que j'étais là, à attendre quelqu'un que j'avais peur de voir. J'avais peur de sa réaction, et surtout j'avais peur de le voir aussi changé que ses parents.
Mourtala comment avait t-il pu en arriver là? Je ne pouvais que croire en son innocence. Mourtala détourner des fonds ? Voler? Je l'en croyais incapable et surtout je n voyais pas pourquoi il l'aurait fait. Il n'était pas dans le besoin, pas à ma connaissance.
Je m'en voulais, je m'en voulais de n'avoir pas été au courant. Tout ça par ce que je fuyais les médias.
J'avais honte malgré moi, honte même si je n'avais rien fait. Mais c'était quand même quelque chose de ne pas être au courant des malheurs de mon presque frère.
Un homme arrivait accompagné d'un gardien.Mon dieu j'avais peiné à le reconnaître, comme ses parents.
Il avait l'air de ne pas me reconnaître. lui aussi. Avais-je changé à ce point?
Il s'assit et me fixa pendant quelques secondes.
-Tala, c'est moi...Milouda. Hasardais-je.
-Je sais. Fit-il. Que fais tu là?
Son ton était froid et distant, je n'y prêtais pas attention, trop occupée à le scruter. Il avait maigri , lui aussi.
- Je...je suis venue...pour te voir. Soufflai-je.
- Ça je le sais, mais pourquoi veux-tu me voir?
Je ne su pas quoi lui répondre, par où commencer?
-Je ne savais pas que tu étais...hum...ici. C'est ta mère qui me le appris ce matin.
-Quoi? Comment ça tu ne savais pas? Fit-il surpris.
-Je n'étais pas dans le pays. Mentis-je
Il se tut quelques minutes puis finit par sourire.
- Et moi qui croyait que c'est parce que tu m'en voulais que je n'avais pas de tes nouvelles. Expliqua t-il.
-Moi aussi je pensais que tu m'en voulais, pour...enfin tu vois de quoi je parles.
- Pourquoi t'en voudrais je pour ça? Tu n'es pas comme ça. Je te connais.
Je pus enfin respirer normalement, soulagée. Ouf! Il ne m'en voulait pas, ni ses parents d'ailleurs. Leur avis compte pour moi, beaucoup, bien plus que l'avis de ces milliers de Sénégalais qui me jugent, se basant sur des faits relatés par un journal à scandales.
On se tut puis je lui dis doucement.
- Je suis désolée Tala! Sincèrement.
-Mais pourquoi? demanda t-il.
- C'est de ma faute...snif. Tout ça c'est à cause de moi.
-Hey! Mais pourquoi tu dis ça?
-Safiètou, c'est elle! Tentais je d'expliquer d'une voix entre coupée de sanglots. Je suis sûre qu'elle est derrière tout ça. Elle veut se venger de vous. Ici n'est pas ta place Tala! C'est elle!
Silence. J'essuyais mes larmes alors que Tala m regardait en silence.
-J'avais quelques soupçons là dessus. Finit-il par dire. Mais je n'ai pas de preuve. Juste une piste.
Je le regardai avec des yeux pleins d'espoirs, j'étais prête à saisir tout les opportunité pour pouvoir le sortir de cet endroit.
Il me prit doucement les mains, les siennes étant entravées par des menottes à la propreté douteuse.
Il regarda à gauche et à droite puis voyant que personne ne nous écoutait, se pencha vers moi.
Je me concentrais sur ce qu'il dit pendant une bonne dizaine de minutes, avant qu'un garde ne vienne nous dire que le temps de visite était écoulé, sans aucune aménité. Il me regardait haineusement, sans doute il m'avait reconnue.
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Safiètou donnait encore une fête, pour la troisième fois dans la semaine et nous étions vendredi. Une musique assourdissante se faisait entendre dans tout le quartier et ses environs. Les voisins allaient encore se plaindre à la police mais malheureusement pour eux Safiètou était intouchable.
Je tachais de ne pas me faire remarquer en rejoignant ma chambre malgré la cohue qu'il y avait. Des idiots de tout âge étaient entrain de boire, danser, fumer... On aurait dit une bande d'ados attardés. Rien que voir leurs visages me fichait des haut le coeur. Je détestais le gâchis par dessus tout.
J'aperçus ma marâtre par la fenêtre, qui était entouré de ses acolytes habituels; parmi lesquels le chef de la police lui même, accompagné d'un mannequin très célèbre dans le pays pour ses fréquentes atteintes à la loi et à la pudeur Diatou Bâ. Comme je vous le disais tantôt ma tante avec même la police dans la poche.
Le-dit chef de la police était le genre d'homme que je ne peux vous souhaiter de rencontrer dans votre vie, il la gâcherait, et vous donnerait soit l'envie de le buter, soit celle de vous buter vous-même. Rien que son sourire pourrait être un motif pour meurtre, les dents jaunes, toutes cariées, l'haleine fétide comparable à l'odeur d'un animal mort qu'on arrive pas à chasser. A croire que la pâte dentifrice coûte une fortune!
Son visage, aussi gras que le reste de son corps, des poils gris sortant de son nez proéminent, des lèvres que je n'embrasserait pas pour tout l'or de l'univers tellement elles étaient grosses, molles, gercées... Pour faire court un visage gros,gras, fripé comme les fesses d'un nouveau né.
Le plus ridicule en la personne était sa taille, à peine 1m60 pour 120kg, un ventre bedonnant et pendant à cause de toutes ces litres d'alcools ingurgités et à son flagrant manque d'activités sportifs.
En bref je vous ai décris l'homme en insistant sur ses défauts physiques tout simplement pour vous monter à quel point je répugnais l'individu. Je le détestais pour deux raisons:
~primo: il était sans aucun doute le genre de personne que l'on retrouverait morte sur son lit d'un infarctus ou d'un avc parce qu'il se laissait aller, mal bouffe, pas d'activité physique en vue de réduire la quantité de graisse et de bien irriguer son coeur et ses organes vitaux. Je détestais les fénéants. Ne vous leurrez pas, je n'ai rien contre les personnes en surpoids.
~secondo: parce qu'il avait un jour osé poser ses sales vieilles hideuses et lourdaudes mains sur moi.
Ce gros connard était sur ma liste de vengeance, mais il n'était pas très important face aux autres malfrats qui m'ont fait du tort. Je ne lui pardonnerai jamais de m'avoir forcé à respirer son odur nauséabonde en voulant m'embrasser...Beurk!
Pour en revenir à nos moutons, j'observais Safiètou à la dérobée. Elle semblait déjà très éméchée alors que la soirée ne faisait que commencer.
Je ne pus empêcher ce petit pincement au coeur que je ressentais à chaque fois que je la voyais saoule.
J'avais pitié d'elle malgré ma haine à son encontre, je ne pouvais comprendre comment une femme aussi belle et brillante qu'elle pouvait avoir raté sa vie comme ça. La voir se saouler chaque nuit, se droguer et coucher avec des garçons qui auraient pu être ses enfants...Non, je ne pouvais vraiment pas comprendre.
Safiètou avait été l'initiatrice d'un vent de dépravation sans égal au Sénégal et m'en avait fait porter le chapeau. Sa maison était le berceau de toutes les conneries possibles: proxénétisme, trafic de chanvre et autres drogues, blanchissement d'argent etc... Mais ça je vous en parlerait plus tard.
J'allais bientôt atteindre ma chambre lorsque j'entendis des éclats voix au fond du couloir? Je m'approchai doucement et vis Anastasie avec son cher Simon. Cette fois, ils n'étaient pas entrain de faire des cochonneries comme à leur habitude, ils avait plutôt l'air de se disputer.
- Dégage Simon! Je ne veux plus te voir! hurlait Anas
- Non bébé attends s'il t plaît je m'excuse sincèrement...je...je ne savais pas ce que je faisais, je suis sûre que cette fille m'a marabouté pour que je couche avec elle. Je te jure que...
- Han legui tu ne nies plus que tu as couché avec elle? Lofi waxone? Hein? Tu ne viens pas de me dire à l'instant que tu ne m'as jamais trompé? Hein. reprit Anas de plus belle.
-Mais mon amour c'est que...tenta de s'expliquer Simon.
- C'est que rien Simon! Pourquoi tu m'as fait ça hein? J'ai tout fait pour toi Simon, tout! Je t'ai sorti de la misère pour te mettre dans de bonnes conditions. Je t'ai acheté un appartement, j'ai pris un prêt que je peine à rembourser pour t'acheter une voiture. Tu t'es regardé dans un miroir? Tu vois ce que tu es devenu? C'est grâce à moi que tu es devenu présentable, tu n'étais qu'un simple plombier!
- Ça ne t'a pas empêché de m'aimer! Cria à son tour Simon, qui apparemment commençait lui aussi à s'énerver.
- Non je t'ai aimé d'un amour SINCÈRE! répliqua Anas
Je suivais la scène avec intérêt de ma cachette, il ne me manquait plus qu'un siège et des pop-corns.
- Ah oui? Ça ne t'a pas empêché d'avoir honte de moi? Voilà pourquoi tu as investi autant d'argent sur ma personne, tu m'as changé parce tu avais honte de moi!
-Quoi mais non je...fit une Anastasie choquée, qui fut interrompue par un Simon énervé.
- Tu sais quoi? Matay! Je ne regrettes pas de t'avoir trompé, et si tu veux savoir, je ne t'ai pas trompé avec une seule femme. Qu'est-ce que tu veux, je ne suis qu'un homme, je ne peux pas résister à une chaire tendre et fraîche.
-Simon!
-Sheu Anas, ne me fatigues pas, ok. Tu n'est plus qu'une femme vieille moche et toute ridée, tu ne crois quand même pas que je vais me priver à cause de toi?
- Simon! C'est à moi que tu parles? pleurnicha Anastasie.
- Tu vois quelqu'un d'autre ici? Et puis je me casses, je n'ai plus besoin de toi maintenant. Tu m'as énervé. Un conseil, fais quelque que chose pour ta paire de fesses, elles est trop molle à mon goût. Elle ne donne pas tellement envie. Tes fesses on dirait...de la pâte à pain.
J'étais aussi choquée qu'Anas qui le regardait partir, bouche bée.
Je savais que cet homme était un salaud mais à ce degré là...
Il passât devant moi et me fit un clin d'œil, se foutant totalement de savoir si je les écoutait ou pas.
Anastasie s'écoula au sol dans un cri qui me fendit mon idiot de coeur trop perméable à la souffrance des autres.
Mon plan s'était déroulé mieux que je ne l'avais espéré. Je ne pensais pas que Simon passerait aux aveux aussi rapidement. Même s'il n'avait pas mentionné ses relations avec ma tante le coup était assez douloureux pour qu'Anastasie soit hors course pour un bon moment, et donc je pouvais jouir d'un tant soit peu de calme durant les jours à venir. Safiètou n'était pas un problème tant qu'il y avait du soleil, elle ne fonctionnait que la nuit, tel un vampire ou autre créature maléfique.
Je laissai Anas à son triste sort ( qu'elle avait d'ailleurs bien mérité), effondrée dans le couloir, à pleurer tout son saoule, à regretter de vieillir...
La solitude de ma chambre me ramena à la réalité dès que j'y entrai pour fermer la porte derrière moi. Tout mes problèmes m'assaillirent d'un coup: Tala en prison, Tonton Khadim qui était malade, Tata Sokhna qui dépérissait à vue d'œil, et d'autres problèmes que je n'ai pas pu régler dans la journée.
Une multitude de personne souffrait à cause de moi, de Safiètou, de cette haine qu'elle avait à mon égard.
Comment arriver à tout gérer? Dans l'immédiat, la priorité était de sortir Mourtala de prison, peu importe les moyens, je lui devais ça. Il était resté l'une des rares personnes à encore croire en moi quand tout le monde me pointait du doigt, lorsque les médias me surnommaient la Paris Hilton sénégalaise, la Kim Kardashian de Dakar, l'héritière suicidaire... à cause de mes frasques.
Je n'avais aucune preuve, rien pour l'innocenter à part un simple doute, un supposition. Je ne savais pas par où commencer, quoi faire, après tout, je n'avais que 18 ans et ne savais presque rien de la vie.
Quoi faire? A qui demander de l'aide?
Josée était la seule personne à qui je pouvais confier mes craintes, mais à cette heure, 21 h 26, je doutais qu'elle puisse me répondre. C'était l'heure à laquelle Josée entamait sa journée.
Je l'appelai quand même et comme prévu, je tombai sur sa boîte vocale.
- Allô Josée, c'est Bilo, je voudrais te parler, c'est assez urgent. Je t'invite au resto demain, je passerais te prendre demain à 13h. Ne me fais pas attendre s'il te plaît, à 13h02 si je ne te vois pas, je me casses.
Je raccrochai sans plus de cérémonial. Josée était très importante dans ma vie, je l'aimais beaucoup. Mais le seul point sur lequel nous n'avions jamais étés d'accord, c'était son mode de vie.
Elle à toujours été très intelligente, une surdouée gagnant tous les concours de sciences du Sénégal. Elle avait été miss science à 12 ans, avait gagnés plusieurs concours de mathématique...
Elle avait juste 2ans de plus que moi et mais me devançais de 4 classes, grâce à son intelligence.
Le problème était que Josée à elle seule était une équation du vingtième degré, je ne la comprenais pas (je n'ai jamais été douée en maths d'abord).
Elle était issue d'une famille aisée, avec un seul frère Julian, qui vivait en Espagne depuis 7ans. Ses parents divorcèrent lorsqu'elle avait 16 ans. Elle avait tout pour réussir et mener une vie un tant soit peu normal, mais elle avait choisi une autre voie, celle du péché.
Après avoir obtenu son BAC à l'age de 15 ans, elle avait commencé à sombrer dans la décadence.
Au début, c'était de tout petits délits qu'elle commettait, en faisant le mur pour aller en boîte de nuit, en fumant une cigarette de temps en temps pour impressionner un garçon...
Mais tout commença le jour où une vidéo d'elle se battant avec une fille dans un discothèque fit le tour du net. Les médias la prirent pour cible et le tour était joué. Elle se tailla une réputation de fille à papa qui jetait l'argent par les fenêtres des fêtes, bars, discothèques, soirées huppées. Est-ce la raison pour laquelle ses parents ont divorcé? Je ne sais pas, elle n'aime pas en parler, mais ce qui est sûr c'est qu'elle y est pour quelque chose.
Elle aurait pu arrêter tout cela avant que ça n'aille plus loin, mais elle continua dans sa folie. Un article lui était dédié chaque mois dans un magazine people, relatant ses frasques.
A l'époque je lui en voulait beaucoup d'avoir sombré dans l'indécence, mon père m'interdisait même de la fréquenter à un moment donné.
Elle se fichait complètement de moi, de toutes les personnes qui l'entouraient en faisant ce qu'elle voulait. Je pouvais rester des mois sans avoir de ses nouvelles, à part celles que je lisais dans les journaux.
Elle était baptisée la belle reine du vice et était considérée comme un tâche dans la société. Jusqu'à ce que j'entre en scène, ou du moins, que Safiètou me fasse entrer en scène.
Je reposait doucement mon téléphone portable en soupirant. Les menaces étaient le seul moyen d'arriver à quelque chose avec Josée, bien qu'elle ait "changé", elle avait gardé quelques fâcheuses habitudes. Elle devait être à une fête entrain de se saouler.
Je ne pouvais pas dormir. Les problèmes revenaient toujours à la charge. Je n'en pouvais plus. A la mort de papa, je croyais avoir tous les maux de la terre sur mes frêles épaules, mais l'emprisonnement de Tala...
J'étais entrain de devenir dingue. Voilà un an que je ne vivais presque plus, je ne sortais plus de ma chambre pour éviter de tomber dans les pièges de ma marâtre, mes sorties me manquaient.
J'ai toujours adoré courir, avant je me levais chaque matin à 7 heures pour aller courir au bord de la mer avec papa, j'ai continué après...son départ. Cette sensation de jambes lourdes, cette fatigue qui gagne les membres,l'essoufflement, le vent froid j'adore.
Sur un coup de tête je me levai et enfilai un jogging et des baskets, je ne pouvais plus me retenir, j'avais envie de courir.
Munie d'une perruque , je sortis sur la pointe des pieds. La fête battait toujours son plein et les gens étaient trop bourrés pour me remarquer, heureusement pour moi.
Lorsque je franchis la porte principale, le gardien me regarda avec des yeux étonnés, je ne lui accordai pas d'importance.
Dès que je commençai à courir à petites foulées; histoire de commencer en douceur; je me sentis libérée, légère, enfin un petit peu. Je ne voyais presque pas les choses qui m'entouraient, j'étais dans mon univers, rythmé par mon souffle cadencé. J'avais prit bien soin de remettre ma perruque fixée sur mon crane à l'aide d'un bandeau , il fallait éviter à tout prix que l'on me reconnaisse.
Le vent, l'air frais m'avaient manqués. Voilà presque un an que je vivais recluse comme une nonne, me cachant pour éviter la vague d'histoire dans laquelle je me noie toujours malgré moi.
Depuis cette nuit où j'ai failli être violée, salie, je voyais la vie sous un autre angle, personne à part mes proches ne m'avait cru. J'avais honte, je regrettais de ne pas lui avoir planté ces ciseaux dans le dos pendent que j'en avais encore l'occasion.
Je trébuchai et faillis tomber au souvenir de ses doigts sur mon cou, ses mains sur mon corps, sa bouche qui tentait de m'embrasser...
J'accélérai le rythme, comme si cela pouvait effacer ma peine, mais rien n'y fit.
Je me dirigeai vers la plage de Hann et m'affaissai d'un coup sur le sable, à cinq mètres de la mer, comme je le faisais avant, quand tout allait bien. Je haletai, j'avais perdu l'habitude de courir, et j'avais faim, vu les petites portions de nourriture que Safiètou me fait servir, "pour garder la ligne" disais t-elle.
Safiètou, tout me ramenait à elle mes malheurs, mes souffrances. Elle m'avait privé de ma liberté, de mon intégrité, de mon honneur et même de nourriture. Malgré les nombres de fois que je lui ai demandé, elle ne m'a jamais donné la vraie raison pour la quelle elle me haïssait tant, à part le fait que ma mère lui ait volé son unique amour, papa. Moi j'y crois pas trop, quand on aime quelqu'un on ne fais pas souffrir ses proches. Maintenant c'était à mes proches qu'elle s'attaquait.
Un homme passa devant moi en courant, il avait les écouteurs plantés dans ses oreille, il était plutôt bien musclé, ce qui retint mon attention. Un groupe d'adolescents particulièrement bruyant était juste derrière moi.
Je devais avoir le même âge qu'eux, mais je n'avais rien d'eux, ils riaient, dansaient, insouciants. Une fille se leva en dansant bizarrement autour d'un feu de camps, ce qui déclencha l'hilarité des autres qui se levèrent à sa suite pour danser au rythme de "Salagne salagne" de Youssou Ndour. La joie et la bonne humeur éclairaient leurs visages.
Je sentis cette petite douleur au coeur, oui, j'étais jalouse. Je n'ai jamais connu cala, l'insouciance, la jeunesse.
Je me mis à fixer la mer, en tentant de me vider l'esprit.
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-Mademoiselle! euh...Madame!
Une voix me fit lever la tête, c'était l'homme qui était passé devant moi en courant.
- Il n'y a presque plus personne ici. Ce n'est pas très sûr, pour une dame.
IL était 23 heures sur ma montre, il n'y avait plus que quelques personnes sur la plage, moi, mon interlocuteur et quelques ombres au loin. J'étais donc restée 2h sur cette plage à méditer sur ma vie merdique.
Je me levai en essuyant le sable sur mon bas de jogging.
- Merci! Dis je à l'homme d'une voix cassée. Je ne m'étais pas rendu compte que j'avais pleuré? mes joues étaient humides, je les essuyai discrètement.
Il me sourit et reprit son chemin en me devançant. C'était la pleine lune et je pouvais voir qu'il était clair de peau et très musclé. Rien d'important.
Je marchai depuis maintenant 5 minutes lorsque j'aperçus une dibiterie, les effluves de viande grillée pénétrant mes narines me mirent l'eau à la bouche.
Heureusement que j'étais sortie avec un peu d'argent. Je n'étais pas particulièrement carnivore mais le goût du bon dibi haoussa me manquait. La cuisine que Safiètou nous imposait me déplaisait fortement. Ma tante avait renié jusqu'à sa culture culinaire sénégalaise, maintenant à la place du bon "Tchiébou Djeune", ( riz au poisson) du déjeuner, nous on mangeait du bœuf bourguignon, du canard à l'orange, du saumon fumé. Je ne détestais pas ça mais je préfère largement mes saveurs africaines.
Je pris place dans le sorte de restaurant qu'on avait installé autour de la dibiterie après avoir commandé. Des tables et chaises en plastic disposé en 3 rangées de 4 tables de quatre places entourés d'une bâche pour protéger des regards indiscrets. Il n'y avait qu'un couple installé à deux tables de moi. Il y avait une bonne ambiance.
Je sortis mon portable de ma poche espérant un messages ou appel manqué de Josée mais rien, nada. Un homme qui commandait au comptoir attira mon regard, je le reconnus aisément, l'homme de la plage. La salle était bien éclairée malgré mes lunettes de soleil ( je ne pouvais pas risquer qu'on me reconnaisse), j'eus le loisir de le contempler. Il devait être métissé au premier degré, très grand et musclé...
Il tourna la tête à cet instant et croisa mon regard à , que je détournait, honteuse d'être prise en flagrant délit de voyeurisme et à travers mes lunettes en plus hein. Moi qui fuyait les hommes voilà que j'étais prise à en mâter un? LA HONTE!
Je sentis ses pas qui venaient à ma direction, mon coeur accéléra sa course folle, je l'exhortais au calme en tentant de respirer calmement, en vain.
Ses pas s'approchaient de plus en plus et ma cadence cardiaque accélérait, BIM,BAM,BOUM,BOUM; ( oui oui mon coeur bat comme ça quand je suis stressée), jusqu'à ce que je l'entende tirer une chaise et y prendre place, j'osais enfin lever la tête pour le regarder, il s'était assis à la table en face de moi et me montrai le dos. J'avais une vue large sur sa tête, des cheveux châtains bouclés coupés court. Je respirai enfin normalement, malgré ce picotement au coeur, de la déception?
Je ne voulais pas me l'avouer mais j'avais espéré qu'il prenne place à ma table.
° hey, calmes tes ardeurs, me lança ma conscience, les hommes tu dois les fuir, pas baver sur eux. C'est quoi ces manières? Puis pourquoi viendrait-il s'asseoir avec toi? ° me dit ma conscience.
Je baissait la tête et fis mine de me concentrer sur mon téléphone.
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