Chacun sa vie (2)
Ecrit par Saria
Chapitre 10 : Chacun sa vie (2)
***Villa Oasis – Wemtenga***
***Chérifa***
Furie : Kader ! Kader !
Nous nous levons tous et nous précipitons vers la salle de séjour. C’était une jeune femme claire, très belle. La description correspond parfaitement à celle de… la copine de papa.
Elle vient se planter devant mon père.
Furie : Comment as-tu osé me poser un lapin !!!???
Papa : Carmen ! Qu’est-ce que tu fous ici ?!
Carmen : Ah oui ? Qu’est-ce que je fous ici !??? Bah mon cher, je suis venue pour que tu m'expliques ton comportement ! Quoi, à cause de cette fille-là !
Je jubile mal parce qu’elle fait exactement ce dont mon papa a horreur : une scène !
Je le vois passer ses mains sur sa tête, essayant certainement de calmer l’irritation qui monte en lui.
Papa : ça suffit ! Je te raccompagne chez toi… on parlera là-bas !
Lorsque sa voix claque, nous sursautons toutes, y compris la pie. Il va chercher ses clés et revient la saisir par le coude et ils sortent.
***Selma***
J'ai passé une merveilleuse nuit… On a fait l'amour plusieurs fois, tantôt avec douceur, tantôt avec fougue. Il a été attentif à ne pas me faire mal… Probablement à cause de la dernière fois[1]. Le réveil était assez étrange… En fait, lorsque j'ai ouvert les yeux, Kader me fixait comme s'il mémorisait mon visage ou cherchait un détail. Moi intimidée, j’ai baissé les yeux ; alors j’ai senti ses doigts me relever le menton.
Kader : Pourquoi tu te caches ?
Moi : Bonjour
Kader : Bonjour… Je ne t’ai pas fait mal ?
Je fais non de la tête et m’étire dans ses bras, je sens en même temps quelque chose durcir contre mon flanc et nos regards se s’emboîtent.
Moi : Si je ne sors pas d'ici vite fait, quelque chose de grave va m’arriver.
Il éclate de rire et se met au-dessus de moi. Je me mets à gigoter dans tous les sens ; lui imperturbable, pose la bouche sur un téton et souffle dessus ; celui-ci se durcit automatiquement.
Kader : Ton corps te trahit
Moi : Tchoo[2], j’ai l’entre-jambe en feu !!!
Il me fait un large sourire, votre parent-là ne m’écoute pas… pardon, dites-lui que j'ai déjà ma dose !
C'est son coup de langue sur mon petit bijou qui me ramène à la réalité. Il commence à me faire des trucs ; à un moment je me sens partir. Mon corps se crispe et la jouissance envahit tout mon être. Il me fait un smack et sort du lit… direction la douche. Moi ? J'avais les jambes en coton dans le lit.
Je me suis réveillée heureuse ce matin, je me suis dit que le temps des interrogations viendrait bien assez tôt. Là, je veux juste profiter un peu… Mais non, Carmen est venue me ramener à la dure réalité. Hum… environ trois heures qu’ils sont partis. Qu’est-ce qu'ils peuvent bien se dire ? Lui demande-t-il pardon ? Lui fait… fait-il l'amour ? Je me lève, il faut que je sorte d'ici. Je prends mon sac, mets des chaussures plates et sors dans la rue. Je n’avais encore jamais eu le temps de découvrir le quartier. Je hèle un taxi et lui dis de m’emmener au Centre commercial.
***Au même moment dans Ouagadougou***
***Carmen***
Je tremble encore de rage ! Le salaud ! Il a couché avec l'autre imbécile ; sinon elle faisait quoi chez lui ?! A moi, il a interdit l’accès de sa maison, soi-disant à cause de ses enfants. Le comble de tout… Nous n'avons plus parlé ! Il m’a juste déposée chez moi en me présentant des excuses pour le lapin de la veille et a ajouté : « Quand tu seras calme on parlera… pas avant ! ». Il débloque les portières et attend que je descende. Non mais oh, il est sérieux là ?!! Au bout de quelques minutes d'un silence glacial, je descends en claquant bien fort la portière. Il démarre presque immédiatement. Je suis rentrée chez moi et depuis j’ai envie de tout casser ; ça ne se passera pas comme ça !
***Kader***
Je me réfugie au bureau pour un peu de répit ! Merde… Oui, j'y suis englué jusqu’au cou.
Mon Dieu ! J’ai fait l’amour à Selma alors que je la sais fragile ! La voir comme ça, à moitié nue dans le couloir s’offrant à moi alors que je la sais pudique, a chamboulé les trucs en moi. Je voulais aussi la cacher au regard des autres, il faut que je pense à récupérer les bandes de la veille chez les gardiens.
Elle m'a embrassé et j'ai oublié tout ce qui n’était pas nous deux. C’était comme si nous ne nous étions jamais séparés. Nos corps se sont reconnus tout de suite. Et cette façon qu’elle a de gémir quand je la touche !
Je me redresse et passe la main sur mon visage. Selma… Non je ne peux pas… Elle n’a pas dit un seul mot quand Carmen faisait son show. Voilà encore quelque chose qui me fait peur : elle me connaît par cœur !
Hum ! Je crois qu’il vaut mieux que j’essaie de travailler un peu.
Je me plonge totalement dans mes dossiers, c’est mon ventre qui me rappelle à l'ordre. Je regarde ma montre… Mince ! Il est presque minuit ! J'arrive à la maison ; tout semble calme. Lorsque j'entre, je vois de la lumière dans mon bureau et mes pas se dirigent là. Selma est en robe de chambre et dort en position fœtale dans un fauteuil. Je la contemple longuement avant de la réveiller doucement.
Moi (chuchotant) : Selma ?
Selma : Hmmm ?
Moi : Il faut que tu ailles en chambre !
Elle se frotte les yeux, s’étire et regarde autour d'elle.
Selma (sur un ton d'excuse) : Je me suis endormie ici.
Moi : Ce n’est pas grave ! Monte te coucher maintenant.
Elle secoue la tête et me tend les bras.
- krkrk… Tu veux que je te porte ?
Elle fait oui de la tête. O…k !!!
Je me baisse et la prends dans mes bras. On arrive à destination, je la pose délicatement dans son lit. Alors, elle pose sa main sur mon torse. Comprenant le message…
Moi : Il faut que je fasse le tour de la maison, que je vérifie que les enfants dorment… Que je mange avant de revenir.
Selma : Tu reviendras quand-même ?
Moi : Oui.
Selma : OK.
Sortant de là le sourire aux lèvres, j'entends des voix dans la chambre de Chérifa. Elle est manifestement au téléphone :
Moi (lui faisant un bisou) : Tu as vu l'heure ?
Chérifa : Mon père est là… on se parle plus tard.
Moi (assez fort pour que la personne entende) : Demain !
Chérifa (raccrochant) : Papa tu me fais quoi comme ça là… il va penser que je suis une gamine.
Moi (levant le sourcil) : Il… ?!
Chérifa : Donc tu veux faire le jaloux… toi qui gères deux femmes en même temps ! J’espère que tata Selma va bien te chauffer !
Moi : Lol ! Tu ferais mieux de dire au petit morveux qui te tourne autour de se méfier. Je ne plaisante pas sur le sujet, Chérifa !
Chérifa (faisant la sourde) : Tata Selma t'aime !
Moi : Ouais, directrice de campagne !
Chérifa : Écoute la voix de la sagesse plutôt !
J’éclate de rire, la taloche avant de sortir. Ce n'est pas possible avec cette petite, donc moi son père, elle jure qu’elle veut me caser.
***Lendemain***
***Sopatel Silmande***
Je viens à peine de m’attabler, attendant un client quand je vois Selma entrer en compagnie de… d’Emile Zoungrana. Ils ne m’ont pas vu, tellement ils ont des choses à se dire… visiblement. Il a la main posée au bas de son dos… Ce geste, je suis le seul à le faire !
Selma porte un chemisier gris sur une jupe maxi avec des motifs gris bleu et quelques touches roses… ouvert devant… Le décolleté est plongeant. Hum! Le maître d’Hôtel va à leur rencontre ; Emile est quand-même l’Homme d’affaires le plus en vogue du Burkina Faso depuis la mort de mon grand-père, qui plus est, l’actuel président de la chambre de commerce et d’industrie. Je me sens pris de vertiges.
Mon cerveau tourne à mille à l’heure… Elle ne m’a pas parlé de ce rendez-vous. Pourquoi ? La personne que j’attends finit par arriver mais j’ai vraiment du mal à me concentrer. J’expédie vite fait la rencontre. A la fin, je me dirige vers le carré VIP qu’ils ont manifestement réservé puisqu’ils sont les seuls à y déjeuner. Je sais… Vous me direz, il est malpoli de reconnaître les gens au restaurant mais moi, je ne peux pas partir comme ça.
Moi : Bonjour !
EZ : Mais qui voilà, mon brillant collègue ! Kader Sidibé !
Moi : Bonjour ! Selma !
EZ : Je vois que vous vous connaissez !
Selma : Oui… Monsieur Sidibé s’est déjà prêté à l’exercice dont je vous parle…
EZ : Je vois… Moi je m’y prêterai de bonne grâce mais dans un cadre qui pourrait vous donner une idée de qui je suis et d’où je viens !
Selma : Ah oui !
EZ : Oui, c’est à quelques kilomètres de Ouagadougou, le temps d’un weekend… Euh Kader ? Je peux vous aider ?
Je réalise alors que je suis debout, planté là comme… un con.
Moi : Hmmm ! Non… Je venais juste vous faire mes civilités… Bon appétit à vous !
EZ : Merci !!!
***Le soir***
Je guette l’arrivée de Selma avec impatience. Je ne sais pas où elle est passée depuis que nous nous sommes vus au restaurant. J’ai attendu en vain au bureau. Personne ! Dépité, je rentre chez moi en espérant la trouver à la maison. Loubna m’informe que « Tantie a dit qu’elle sera longue ». Cette information a le don de rembrunir mon humeur : Zoungrana est tout sauf fiable en matière de femmes. Environ deux heures après, j’entends la porte d’entrée s’ouvrir, je me précipite.
Moi (j’attaque) : J’espère que tu sais qu’il est hors de question que tu passes le weekend à la ferme de Zoungrana ?!
Selma (choquée) : Bonsoir Kader.
Moi : Oui bonsoir ! Je suis sérieux dans mes propos Selma…
Selma : Pardon ?!
Moi (baissant d’un ton) : Ce n’est pas correct… Que tu…
Selma (ton las) : Kader… Je ne te dis pas comment gérer ton business… S’il te plaît, je suis encore douée dans mon boulot ! Bonne nuit !
Wow ! J’essaie juste de lui donner un conseil et voilà comment Madame me remercie ?! Ce soir-là, chacun de nous dort de son côté ; lorsque je vais frapper à sa porte, seul le silence me répond.
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[1] Voir Chapitre 18 TOME 1.
[2] Pitié en langue fon