Quand les choses se gâtent ! (1)

Ecrit par Saria

Chapitre 11 : Quand les choses se gâtent ! (1)        

***Quelques jours plus tard***

***Selma***

Je rentre de mon périple nigérien et malien de deux jours. Je pose à peine mon sac quand mon portable vibre : SMS d’un numéro inconnu : « Bienvenue, maintenant que tu es là, je te le passe pour quelques jours. Mais sache que quand tu n’étais pas là, je m'en suis bien occupée. Carmen ».

Bam Bam Bam ! Je sens mes tempes battre.

Comment a-t-elle eu mon numéro ? Je crois qu'il est temps que je clarifie les choses avec Kader. Il n'a pas déserté mon lit depuis la fois où nous avons fait l'amour. Jamais il ne m'a donné des explications concernant la journée qu'il a passée avec Carmen quand elle est venue faire son scandale. OK j'ai laissé faire, craignant de le contrarier et honnêtement voulant jouer les femmes qui se maîtrisent. Mais là, j'ai besoin de savoir ce qui se passe !!

Deux jours… Deux jours pendant lesquels il est resté vague dans ses plannings. Normal, Monsieur prenait du bon temps. En plus, j'arrive à la fin de mon séjour et le seul point positif de cette aventure, c'est que toutes les nuits il me rejoint, parfois juste pour poser sa tête sur mon ventre et s’endormir comme un bébé. Le matin, il quitte ma chambre tôt et rejoint la sienne. En présence d’une tierce personne, même des enfants, il me traite en invitée.

 

***Tard le soir ce jour-là***

Après le dîner, je suis montée directement dans ma chambre, j’ai du rangement à faire et je devrais commencer le dépouillement des informations recueillies à Bamako et à Niamey…Tout ça grâce à Émile qui a mis son avion à disposition. Il faut que je pense à lui réitérer ma gratitude, c'est un homme bon et généreux.

Comme toujours, je plonge dans mon univers et oublie un peu mes tracas. C’est la fatigue qui me rappelle à l’ordre. Je viens à peine de me glisser dans mes draps quand la porte s'ouvre. Je reconnais tout de suite sa haute stature. Mon cœur bat la chamade, à la fois de manque de lui et d'angoisse.  Il s’assoit sur le lit et j’allume la veilleuse. Le mouvement que je fais, fait glisser le drap et dénude ma poitrine : je dors nue. Pardon ne me regardez pas de travers, c'est à cause de la chaleur de Ouagadougou. Il est comme fasciné et de ses doigts, il retrace les aréoles de mes seins.

Kader : Tu es magnifique… Tu m'as manqué !

Moi : ….

C’est pour ça que tu es allé fricoter avec ta garce non. Je secoue la tête pour me concentrer sur ce qui se passe. Mon corps de toute façon ne demande pas mon avis, le désir monte en moi. Il me caresse le ventre, mais je veux plus, alors j'ouvre les cuisses. Comprenant l'appel, il passe sa main sur mon intimité, je me mords la lèvre inférieure pour ne pas gémir. Il se baisse et sa langue s'insinue dans mon oreille. Je crie, il continue de me torturer.

Quelques minutes plus tard, nous reposons dans les bras l'un de l'autre. Je sais que c’est le premier round, donc j'en profite pour souffler.

Kader : Que se passe-t-il ?

Moi : Hum ?

Kader : Tu n’es pas dans ton assiette ce soir. Je l'ai vu dès que je suis entré dans cette maison. J'ai d'abord pensé que c’était le boulot mais vu l’enthousiasme avec lequel tu as décrit ton voyage, et que tout va bien entre les enfants et toi… je suppose que c'est moi.

Moi : Tu n'as rien à me dire ?

Il me retourne face à lui et plonge ses yeux dans les miens.

Kader : Rien.

Moi : Carmen m'a dit que…

Kader : Comment Carmen t'a dit… ?!

Moi (soupirant) : Elle m'a envoyé un SMS. Je suppose que c’est parce que vous vous êtes vus qu’elle a pu avoir mon numéro.

Kader : Oui je l'ai vue.

Moi : Et ?

Kader : Je rêve ou tu es en train de me demander des explications à presque trois heures du matin ?!

Moi (amère) : Je n’en ai pas le droit, c'est ça ?! Tu couches avec moi et…

Kader : Je ne te force pas à ce que je sache.

Moi (choquée) : …

 

Il se relève et s’habille rapidement, j'en profite pour m'asseoir sur le lit.  Au moment où il s’apprête à ouvrir la porte.

- Mon Dieu ! Tu as changé. Je me suis trompée en pensant que tu n’avais pas changé. Tu es devenu froid, arrogant et un monstre d’égoïsme ! Oui, je me suis donnée à toi sans retenue et tu sais bien pourquoi !! Tu peux me mélanger avec d'autres femmes sans soucis. Je dois encaisser parce que tu ne m'as rien promis.

Kader : Selma ! Ne fais pas ça, je déteste les scènes !

Moi (criant et pleurant) : Et moi je déteste tes silences ! Avant au moins, tu me traitais avec égard. Aujourd’hui, tu me caches ! Moi Selma, tu ne veux pas me montrer à tes enfants ou aux autres ! Pourquoi ? Ahah suis-je bête, parce que la calculatrice que tu as à la place du cœur compte juste prendre son bon plaisir. Même si c'est comme ça Kader, aie au moins la décence de me le proposer en ces termes ! Depuis que j’ai mis pied dans cette maison, le matin tu me toises et le soir tu es dans mes rêves essayant de me séduire. Tu as remis ça quand je suis allée à Abidjan, il y a deux jours à Bamako, pareil !

Je le vois se figer puis se retourner vers moi.

Kader : Tu peux répéter ça ?!

Moi : Tu caches ton visage pour coucher avec moi dans mes rêves !

Kader : Selma, ce n'est pas moi !

Moi : Tu nies parce que je n’ai pas vu ton visage ! Mais c’est toi, ton odeur, ton grain de peau, ta voix, c’est toi !!!

Même ça, il ne l'assume pas. Soudain, je me sens salie, avilie. Je me précipite sous la douche et ferme à clé. Je ne sais pas combien de temps je reste à la salle d’eau mais à mon retour, il n’est plus là. Parfait ! J’enlève les draps imprégnés de son odeur et fourre le tout dans le panier de linge sale. J'ouvre les volets.

Quand je me remets au lit, il sonne 6h du matin. Je dors d'un sommeil agité mais lourd.

 

***Quelques heures plus tard***

Les rayons entrent à flot. J'ouvre péniblement les yeux, en essayant de me cacher le visage de mes mains. Les évènements de la nuit affluent à mon esprit, le cœur étreint par la peine, je reste un moment à fixer le plafond. Une larme puis une autre, je commence à sangloter.

Une heure plus tard je descends, la maison est silencieuse. Tant mieux, je ne suis pas d’humeur à faire la causette. Je retrouve Loubna à la cuisine. Elle m'apporte un grand verre de jus Dafani, le pose devant moi et prend place.

Loubna : Tantie, c'est comment encore ?

Moi (étouffant un sanglot) : Je vais rentrer chez moi et tourner définitivement cette page.

Loubna : Abah ! Tantie, ne parle pas comme ça, s'il te plaît. C’est ce qui va être bon qui est difficile comme ça d'abord !

Incapable de parler sans pleurer, je me contente de juste secouer la tête. Elle me serre contre elle, alors je m’effondre. Elle me berce tout doucement, l’amitié de cette jeune femme m'est précieuse. Elle a un cœur immense, c'est une sœur plus qu'une employée.

Moi (reniflant) : Tu es quelqu’un de formidable tu sais.

Loubna : Toi aussi, Tantie !

Moi : Tu devrais donner sa chance à Lulu.

Elle sourit timidement et ne dit rien. Je ne sais pas pourquoi mais je me dis que si au moins eux ils peuvent être heureux… Ce serait déjà ça !

Loubna : Il est un peu plus âgé que moi. Et puis c'est l'ami de tonton !

Moi : Arrête de te chercher des excuses. Il te court après depuis longtemps et c’est un gars bien. Tu me vois non ?! Entrain de courir derrière quelqu’un qui ne veut pas de moi. Donne-lui sa chance.

Loubna : Je vais y penser.

Je bois mon verre pendant qu'on devise. Je me surprends à rire alors que j’étais malheureuse comme les pierres.

 

***Kader***

C'est son rire que j’entends en sortant de mon bureau, pourtant je perçois sa souffrance. Je ne sais pas comment elle fait. Arrêtez de m’injurier aussi, ce n'est pas ce qui changera les choses. Je ne suis pas comme elle le dit. Bref.

Je suis resté à la maison ce matin parce qu'on a un sérieux problème : quelqu’un qui ne me veut pas du bien essaye de coucher avec elle.

 

***Flashback ce matin à l'aube***

Je suis sorti furieux de la chambre de Selma. Elle complique tout ! Je croyais qu’elle voulait qu'on se fasse juste du bien.

« Menteur »

Je me retourne pour voir Kompoh assise tranquillement dans l'un des fauteuils près de la commode.

Je suis à peine surpris de la voir. C'est mon guide spirituel ; moi je l’appelle grand-mère. Je me retourne lentement.

Kompoh : Tu savais bien que cet amour qu'elle ressent pour toi ne s'est pas estompé.

Moi : J'ai déjà donné avec les femmes !

Kompoh : Tu mélanges tout… de toute façon, elle représente quelque chose pour toi. Ce que tu te caches à toi-même, quelqu’un d'autre l’a compris.

Moi : Tu parles des rêves…

Kompoh : Quelqu’un cherche à t’atteindre. Selma est ton talon d'Achille. Je t'ai dit que tu te mettras en danger le jour où tu commenceras à te mentir à toi-même !!!

Moi : …

Kompoh : Pour le moment, elle souffre et elle est en colère… Du coup, elle se refuse à toi… En tout cas, elle pense que c’est toi… Mais le jour où elle sera fatiguée ou tu vas lui manquer et qu'elle cède… ce sera la fin… même moi, je ne pourrai rien pour toi.

Moi : Que dois-je faire ?

Kompoh : Fais le point avec toi-même. Si tu veux lui faire une place dans ta vie, alors possède-la corps et âme. Dans l'acte tu verrouilleras son esprit ; quand le voleur reviendra, tu pourras voir son visage car désormais vous serez un, elle et toi.

Moi : Mais…

Kompoh : Elle ne le saura même pas. Mais tu devras en faire ton épouse ! Par contre, si tu ne veux définitivement pas d'elle, laisse-la repartir. Tu devras passer résolument à autre chose, sinon tu resteras vulnérable.

J’encaisse en silence. L’exercice auquel elle m’invite ne me ravit pas le moins du monde. Je sais de quoi il retourne de toute façon : jamais je n'ai arrêté d’aimer Selma même quand je l'ai chassée de ma vie. Après, l’expérience avec Marlène[1] m’a marqué. Je ne voulais plus d'attaches et c'est pourquoi j'ai préféré prendre ce que Carmen me proposait. Dans mon équation j'avais fini avec les complications émotionnelles, jusqu’à ce que Chérifa et Lulu me jouent ce sale tour. Quand elle a vidé son sac ce matin, je me suis senti petit. Si Selma me perçoit vraiment comme ça… Hum ça veut dire que je dérape ! Je suis parti comme un voleur.

***Fin du flashback***

 

Lorsque j’arrive à la cuisine et qu'elle constate ma présence, son rire s’éteint dans sa gorge. Elle finit son verre, le lave, l’essuie, le range et passe à côté de moi comme si elle ne me voyait pas. OK ! Je la suis et pose ma main sur son avant-bras ; elle recule comme si je l’avais brûlée.

Moi (désorienté) : Il faut qu'on parle.

Selma : On s’est tout dit hier… Oh, plutôt j'ai parlé et tu as gardé le silence.

Elle tourne les talons et commence à monter les marches.

Moi : Je ne suis pas le mec qui vient dans tes rêves !

Elle marque une pause et ne se retourne pas. Je la vois souffler et continuer ; je la suis.

Moi : Il ne montre pas son visage parce que ce n'est pas moi et il n'a pas la force de m’incarner entièrement… en tout cas pas encore… pas tant que tu ne lui cèdes pas.

Elle s’arrête une deuxième fois, comme si elle était sur le point de répondre mais presse le pas vers sa chambre.

Moi : J'ai vu Carmen… Elle m'a appelé tard dans la nuit le jour de ton départ pour Bamako… Elle voulait que nous parlions. Je me suis dit que je lui devais des explications. Je suis resté avec elle, nous avons juste parlé… Il ne s'est rien passé, crois-moi.

 

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[1] Mère de Yacine et ex-épouse de Kader, voir TOME 1.

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