Chap 13 : Destin acharné 

-          (Moi pleurant) j’ai besoin de toi plus que jamais 

-          Et je suis là malgré tout 

Le voir m’a rassuré en quelques sortes, bien évidemment il ne pourra rien changer à tout ce qui se passe mais au moins je pourrais avancer en sachant que je ne suis pas toute  seule.

-          J’ai pris ce risque pour toi, je sais que ta mère deviendra hystérique quand elle me verra mais je ne pouvais pas te laisser seule aujourd’hui 

Moi qui le serre encore plus 

-          Merci 

-          Je ne peux pas comprendre ce que tu ressens c’est vrai… mais dis-moi si je peux faire quelque chose quoi que ce soit. Je suis fière du courage que tu as, tu as été très  forte et je sais que tu le seras encore plus.

Que dire ? Si ce n’est juste le regarder et l’écouter attentivement, je l’admire encore plus, malgré tout il a tenu à être là pour me soutenir. Juste au moment où j’en ai vraiment besoin, le John de maman lui a clairement fait comprendre qu’il bosserait aujourd’hui donc impossible pour lui de venir jusqu’ici ce qui est tout à fait normal, il n’est personne pour moi, mais il fallait voir la tête qu’elle faisait juste ça m’a donné un peu de sourire.

Franck et moi on s’assoit dans un coin, on n’a pas besoin de trop parler il est là et me soutiens c’est de ca donc j’ai besoin. 

-          Dieu n’a finalement pas permis que je rencontre ton père avant…

-          Malheureusement non, mais il ne disait que du bien de toi tu peux en être sur 

-          Vraiment ?? 

-          Oui 

-          Ça veut dire que lui, aurait réagi peut-être  différemment que ta mère

-          Sans aucun doute, mon père était différent de ma mère, ils ne voyaient pas toujours les choses de la même façon. 

La sonnerie de son téléphone nous interrompt, il s’en va répondre et revient en me tendant le téléphone 

-          Qui c’est ? lui demande-je en prenant le téléphone 

-          Ma mère, dit-il

Sa maman m’a adressé ses condoléances, elle m’a donné des conseils en me racontant quelques petites histoires de sa vie. J’avoue que ça m’a fait du bien même si dans cette situation là on n’a pas souvent envie de trop parler, échanger avec elle m’a fait du bien et je lui ai dit merci d’avoir pris cette peine, elle m’a dit que c’était tout à fait normal. 

Le soir Franck est parti, il allait bosser le lendemain, et il devait arriver très tard dans sa ville. 

Nous sommes restés plus d’une semaine encore, il était hors de question pour nous de laisser notre maman seule dans sa belle-famille en sachant que ces gens ne l’apprécient pas vraiment. Nous sommes donc restés l’accompagner dans tous les rites jusqu’à la purification à la rivière. Après cela on lui a dit qu’elle devait faire trois mois dans la chambre de veuvage sans y sortir, pour maman il était hors de question de rester trois mois de plus. Et elle leur a clairement fait savoir 

-          J’ai fait tout ce que vous m’avez demandé de faire, j’ai respecté vos rites de veuvage sans les contredire, bien que contre sur certains points,  mais restez trois mois de plus c’est juste inconcevable pour moi.

-          Ce n’est pas grave, tu pourras rentrer mais on te donnera la conduite à suivre une fois en ville. Dit le chef de famille 

-          Sans problème, réplique-t-elle 

La maman de papa n’était pas ravie de la décision qu’avait prise le chef de famille, celle de laisser notre maman rentrer. Mais elle n’avait plus son mot à dire c’était décidé. 

Deux jours plus tard nous sommes rentrés, avant de rentrer mbombo nous a suivi jusqu’en route, puis elle a interpelée maman 

-          Solange, Solange 

-          Oui maman qu’est-ce qu’il y a encore ?

-          Tu vas nous tenir tête comme ça jusqu’à quand ?

-          Il y’a encore quoi ma mado ?  

-          Tu t‘entêtes à rentrer alors que nous n’avons encore rien fini ici 

-          Si, ma mado tout est fini ici, papa boni nous l’a dit, pourquoi tes enfants et toi vouliez absolument que je reste encore ici, mon mari est mort, j’ai fait ce qu’il y’avait à faire dans son village, maintenant laissez-nous rentrer en paix, on va continuer le deuil chez nous, ce n’est pas en restant ici que martin reviendra.

-          Laisse mes enfants en dehors de ça, ce que je te dis c’est la conduite à tenir pour toutes les veuves de ce village (ndoumakai)  mais comme toi tu es spéciale tu veux à tout prix saboter nos traditions, j’espère juste que tu ne regretteras pas tout ceci plus tard, ne viens pas pleurer un jour. Tes erreurs tu peux ne pas les payer toi-même retiens le.

C’est après cette phrase que grand-mère nous a laissé, nous avons continué notre chemin, le chauffeur nous a conduit jusqu’à la maison.

Une fois-là, la maison avait l’air tellement différente, on dirait plus la nôtre, faire face à tout ceci tout seul sans qu’il n’y est encore tout ce beau monde nous a fait réaliser la vraie réalité des choses, papa n’est bel et bien plus là, il est parti. 

Franck continuait de me soutenir même à distance, mes amies aussi personne ne m’a abandonné, savoir dans cette période que tu as du monde avec toi pour te soutenir c’est rassurant.

Lui tous les soirs après le travail m’appelait pour savoir comment s’est passé ma journée 

-          Salut ma chérie 

-          Salut, comment ta journée ?

-          Bien et la tienne ? ça va ?

-          Ca essaie d’aller, 

-          Je suis fière de toi, tu es une petite femme forte, tu sais... Encourage bien Murielle, si elle te voit forte elle le sera aussi 

-          Je le sais 

…

-          Tok tok, aussi tôt la porte de ma chambre s’ouvre 

-          Pourquoi cette brutalité maman ? 

-          C’est encore ce fumier c’est ça ? tu veux détruire ta vie avec un sans venir comme ça ?  

-          Mais maman….

-          Mais maman quoi ?

Elle arrache mon téléphone 

-          Ohh toi écoute moi bien, je ne vais plus me répéter après cette fois. Ce n’est pas parce que je t’ai laissé à ndoumakai que tu crois que je t’ai accepté. Éloigne-toi de ma fille, petit profiteur, enfant raté 

-          Ce n’est pas à toi de décider de mes fréquentations maman, peu importe ce que tu lui dis il ne t’écoutera pas. Nous avons déjà eu l’aval de papa et c’est suffisant pour moi, tu ne penses même pas…

Elle sort et s’en a avec mon téléphone 

-          Maman rend moi mon téléphone, je la suis en réclamant mon téléphone  mais elle ne prête pas attention à ce que je dis 

-          Maman rend le moi, je te dis 

-          Je ne te le rendrais pas, sache que celui qui vous supportait n’est plus là maintenant 

-          Mais quel genre de mère es-tu ? tu te réjouis du fait qu’il ne soit plus là c’est ça ? 

-          Comment oses-tu ? 

-          Tu ne penses même pas à mon bonheur tout ce qui t’intéresse 

-          Ehh ! ferme-là, petite stupide, voilà aujourd’hui ton père n’est plus là, tu connais toutes les dettes qu’il nous a laissées ? au lieu de prendre conscience et te chercher un homme qui pourra t’aider tu pars chercher le fils d’un barman. Seigneur pourquoi j’ai accouchée un enfant aussi stupide.

-          Assez !!!

Je me retourne mais sans mon téléphone, a cet instant il se passe des choses dans ma tête, j’ai juste envie de partir, loin de cette maison, loin de cette femme qui m’insupporte de plus en plus.

***Mira ondoa *** 

** Deux semaines plus  tôt**

Ohhh la vie ! Comme tout peut basculer du jour au lendemain, j’étais à la veillée chez Sabrina, la voir dans cet état complètement effondrée, m’a rendu tellement triste, heureusement qu’elle est très forte, elle tient le coup, perdre du jour au lendemain quelqu’un qui représentait tant pour elle, c’est un véritable choc. J’espère qu’elle surmontera ce choc assez rapidement car malgré tout la vie continue, je suis contente car elle-même me l’a dit << rien ne sera plus jamais comme avant mais malgré tout la vie continue>> j’admire vraiment son courage.  Après la veillée kylian est venu me chercher, nous avons passés un peu de temps ensemble, je voulais oublier un peu la tristesse du décès du papa de nana, nous sommes sortis nous balader, plus tard  il m’a ramené chez moi. 

A  mon retour à la maison, une fois au salon, simplice mon ex répétiteur était là confortablement assis sur le sofa de papa. Il était même carrément entrain de dormir la main qui soutenait sa tête, je l’interpelle, bien que je ne sache même plus comment l’appeler, monsieur ? Répétiteur ? Simplice ? Bref…

-          Ehh oh !!! il sursaute et se réveille

-          Bonjour mira 

-          Bonjour, comment pouvez-vous rester là jusqu’à vous endormir dans le salon d’un Mr aussi honorable que mon père ? si quelqu’un d’autre vous surprenait ?  

-          Excuse-moi, je me suis endormi en fait je suis avec ta mère mais elle est sortie urgemment à mon arrivée et m’a dit qu’elle n’allait pas tarder, là elle en a mis du temps quand même 

-          Vous aviez rendez-vous ?

-          Oui oui 

-          Pourquoi ne vous donnez vous pas souvent rendez-vous loin de cette maison ? évitez souvent de m’impliquer dans vos choses s’il vous plait  

A l’instant mon téléphone sonne c’est maman, je réponds 

-          Oui 

-          Mira tu es à la maison ? 

-          Oui, avec ton chéri qui dort au salon alors que n’importe qui pourrait le voir 

-          Mira fait le entrer, n’importe où mais il ne faut pas que ton oncle le voie il vient de me dire qu’il est presque à la maison il vient prendre quelque chose qu’il avait laissé à la maison 

-          Et où je dois le faire entrer ?

A l’instant on sonne au portail, maman raccroche, en une seconde je vois à travers l’interphone comment le gardien lui ouvre la porte c’est normal il est de la famille. Je demande à simplice de me suivre, lui derrière moi me demandant où je l’emmène 

-          Si vous voulez, rester là, ma mère m’a demandé de vous cacher 

-          Me cacher ?? réplique-t-il en réclament plus d’éloge, de respect ou que sais-je encore 

-          Oui, alors vous restez ou me suivez ? 

Je le conduis dans la chambre de maman 

-          Je reste là ? demande-t-il tout étonné 

-          Ce n’est pas souvent ici que vous restiez ? vous jouez les étonnés maintenant.

-          Mais pourquoi elle me …

-           Restez là l’attendre d’un moment à l’autre elle viendra ouvrir cette porte, vous allez vous expliquer, mais en attendant ne sortez pas avant parce que son beau-frère est en bas. Elle m’a dit qu’elle a eu un imprévu, fallait impérativement le gérer, quand elle va finir d’ici là elle viendra. 

Silence 

Je sors de là, cette situation me désolait vraiment, quel genre d’enfant couvre les arrières de sa mère sur ce genre de choses ? Ça manque d’éthique tout ceci, c’est juste honteux. Elle aurait pu inviter son amant ailleurs, elle va te dire qu’elle préfère qu’il vienne ici pour qu’on apprenne à se connaitre. C’est juste n’importe quoi, maintenant je dois descendre voir mon oncle qui sait ce qu’il va lui aussi me demander de faire à son tour.

Je descends et vois tonton Mathieu assis au salon qui parle tout seul en rigolant 

-          Tonton Matthieu, 

-          Oui mia, comme il aime m’appeler 

-          Tu parles tout seul jusqu’à rire ?? disais-je en rigolant 

-          Non je ne parle pas seule 

-          Mira ça va ? 

-          Je me retourne et c’est papa qui sort de la cave tenant une bouteille de vin en main, sans vouloir mon téléphone tombe

-          Mira tout va bien ?

-          Oui papa, je le ramasse rapidement 

-          On dirait que tu es étonné de me voir mira, 

-          C’est vrai papa je t’attendais plus tôt…   

Les mots ne sortaient plus…

-          Dimanche c’est ça ?

-          Oui 

Il sert à son frère un verre de vin et se dirige vers les escaliers 

-          Maman n’est pas là papa dis-je en le bloquant presque au niveau des escaliers 

-          Je sais, elle fait une transaction importante que je lui ai demandée de faire 

-          Elle sait donc que tu es là ?

-          Non je voulais vous faire une surprise, tu me laisses passer ?

-          Aiii papa, mon pied ci 

-          Qu’est-ce qu’il a ton pieds mira ?

-          Ça me fait mal,

-          Montre le donc à ton oncle qui est kiné profite du fait qu’il soit là aujourd’hui 

-          Viens me le montrer Mia, me dit  tonton Mathieu 

J’ai fait toutes ces scènes pour alerter simplice, mais est ce qu’il a compris ? J’espère que oui même si je sais  que le mur de la chambre de maman est un peu insonorisé. On n’entend pas facilement les bruits de là sauf si la porte est ouverte.

Je traine sur les escaliers mais mon père se décide à me traverser, moi derrière lui qui essayait de lui raconter des choses banales, pour donner le signal a simplice entendait-il ? Je ne sais pas. Quand il voit que je le suis 

-          Mira va montrer ton pied à Matthieu je vais me débarbouiller, et je reviens 

-          Ok 

Je suis descendu, en croisant les doigts seigneur ne fait pas que cela arrive mon Dieu s’il te plaît, ça pourrait arriver n’importe quand mais pas aujourd’hui. 

-          Mia, tu viens me montrer où tu as mal 

Silence 

Miaaaaaa

-          Ehh ! pardon excuse-moi tonton Matthieu je ne t’écoutais pas, redis moi s’il te plaît 

-          Tu as mal à quel niveau ? c’est une entorse ? 

-          Non ça va un peu, attends

-          Pardon ??

Tout était calme j’entends soudainement un bruit au niveau de la porte d’entrée du salon

-          Mira, je me tourne c’est maman qui entre toute paniquée    

-          Mira, c’est papa qui m’appelle du haut de sa chambre à son tour 

Les deux crient mon prénom au même moment, je suis encore plus perturbé, en ce moment je me demande bien ce qui va se passer.