Chap 15
Ecrit par Graceessono
Dans la peau de Mengue Clarisse (Mère de
Reine)
Je rentre chez moi tant bien que mal, mon cœur battait très vite, après toutes ces années ?
22ans..Bientôt 23 que je l’ai écarté de ma vie…Que faisait-il là ? Ce n’est pourtant pas le genre de quartier que quelqu’un de son rang fréquenterait…
Je retrouve ma fille devant la maison assise, entrain de m’attendre, quand elle me voit elle se lève d’un bond
:Maman qu’est-ce-que tu viens de me faire là devant mon amie et son chéri? Tu m’as humilié! D’abord comment tu le connais ? Comment tu peux crier sur moi comme ça en pleine rue ?
Ah donc Yvana sort avec lui…
Moi : Je ne vais pas crier sur toi que tu es qui ? Je t’interdis de revoir cet homme! Tu m’entends ?
: MAIS JE NE LE CONNAIS PAS
Moi : TU BAISSES D’UN TON QUAND TU ME PARLES JE SUIS TA MERE AU CAS OU TU L’AURAIS OUBLIÉ
Elle rentra dans la maison en colère
Rien ne va dans ma vie ces derniers jours, je ne maîtrise plus mes enfants, avec mon compagnon tout est froid en ce moment, j’aurais dû m’attendre à un malheur de ce genre, car oui revoir J.M est un malheur…Tout à l’heure quand Reine a pris son sac et est sortie de la maison sans me dire un mot, je pensais qu’elle irait rejoindre son petit-ami, je voulais voir ce jeune homme de mes propres yeux, Libreville est dangereux, je ne vais tout de même pas laisser ma fille fréquenter un inconnu, quelqu’un que je ne connais ni d’Adam ni d’Eve, grande a été ma surprise quand je l’ai vue avec son amie et Jasmin Minko, je pensais qu’elle était au courant de tout…Elle m’en voudrait énormément mais je n’avais pas le choix…
J’avais 20 ans, je revenais à peine de Bitam une petite ville dans le nord du Gabon, j’ai toujours grandi avec ma grand-mère, mon père moi non plus je ne l'ai jamais connu, ma mère travaillait à la capitale à Libreville.
Je suis allée jusqu’en 6ème ensuite j’ai dû arrêter l’école pour pouvoir aider ma grand-mère dans les travaux champêtres car elle se faisait de plus en plus vieille.
Malheureusement un jour en revenant des champs j’ai trouvé son corps sans vie dans la chambre.
Ils ont dû l’enterrer le lendemain, car nous n’avions pas assez d’argent pour la mettre à la morgue, ma mère n’a même pas pu assister aux funérailles de ma grand-mère, elle est venue me chercher trois jours après et ensemble nous sommes allées à Libreville…
Elle habitait à Venez-voir un quartier pauvre et insalubre de la capitale et louait une petite chambre d’à peine 30 mètres carrés, elle n’avait qu’un petit matelas, une vieille télé et un petit réchaud pour pouvoir cuisiner, nous n’avions ni ventilateur ni même un congélateur pour pouvoir boire de l’eau fraîche…
C’est ainsi qu’elle m’annonça qu’elle était femme de ménage chez une famille assez riche. Pendant qu’elle allait au travail le matin je restais à faire le ménage et je proposais à certaines personnes du quartier mes services, que ce soit pour les tresses, la lessive ou encore comme simple nounou, je faisais un peu de tout, ainsi je gagnais un peu d’argent et on a pu s’offrir un petit ventilateur.
Un jour elle vint m’annoncer que l’une de ses collègues ménagère a dû arrêter précipitamment le boulot et donc la famille recherchait une seconde femme de ménage, elle a sauté sur l'occasion en me suggérant à ses employeurs et ils ont accepté.
C’est de là que j’ai commencé à travailler pour la famille Minko, ils étaient juste quatre mais leur maison pouvait abriter tous les membres de mon quartier…
Le couple avait deux enfants à cette époque, une fille et un garçon, je me rappelle que
leur fils Stéphane était très attaché à moi, il doit être grand aujourd’hui…
Mme Minko elle, était une femme assez froide et autoritaire, ce n’était pas le genre à sympathiser avec ses employés de plus, elle était toujours entre deux avions... Monsieur Jasmin Minko lui, prenait la peine de nous saluer, de nous demander si nous allions bien et si nous ne manquions de rien, c’était un très bel homme, élégant et assez intimidant
Un jour, alors que sa femme était en voyage, je me disais que lui également était à son travail, je monta alors dans leur chambre afin d’y faire le ménage, je m’affairais dans mes tâches et grande a été ma surprise quand je l’ai vu sortir de la chambre simplement vêtu d'une serviette...
Je voulu sortir en courant mais il m’attrapa la main, je ne sais comment c’est arrivé, mais nous avons fait l’amour ce jour là, je n’étais pas vierge, j’avais déjà eu un petit copain mais avec lui c’était spécial…J’ai voulu arrêter mais je n’y arrivais pas, nous l’avons fait plusieurs fois, il me donnait
beaucoup d’argent et ma mère voyait d’un très mauvais œil cette relation, elle craignait beaucoup sa patronne mais moi j’étais dans ma bulle et surtout j’étais amoureuse…
Il m’avait promis le mariage, il me disait qu’il devait divorcer de sa femme et je l’ai cru, j'avais 20 ans et à cet âge nous sommes assez naives… Je suis tombée enceinte très vite. Pendant que je servais Mme Minko j’ai ressenti un vertige et je me suis évanouie, je me suis réveillée dans la chambre des domestiques, ma mère pleurait au fond de la pièce et Mme Minko était assise sur une chaise sans aucune émotion sur son visage, il y avait un homme en blouse qui m’auscultait c’était certainement un médecin
Mme M: Alors ?
Lui : Elle est enceinte madame
Mme M: Ok merci naissez-nous seules s’il vous plaît
Je transpirais à grosses gouttes je n’osais croiser le regard de ma mère, le médecin sortit de la pièce
Mme M: Qui est le responsable de ta grossesse
jeune fille ?
Moi : Je..Je ne sais pas madame
Mme M: Je ne vais pas me répéter qui est le responsable? Tu ferais mieux de parler, si je le découvre moi-même je t’assure que tu n’aimeras pas ce que je vais te faire
Je fondis en larmes
Maman : Parle Clarisse...Avait dit ma mère en essayant d'étouffer un sanglot
Moi : C’est…C’est monsieur. Dis-je en reniflant
Je guettais la réaction de Mme Minko mais on aurait dit qu’elle s’y attendait elle était vide de toutes émotions
Mme M : Ok. Fit-elle simplement. Tu comprends
bien que tu ne travailleras plus dans cette maison ni toi ni ta mère
Ma mère fondit en larmes et s’agenouilla aux pieds de sa patronne
Maman : Madame je vous en prie excusez-nous j’ai besoin de ce travail madame
Mme M : Tu ne peux t’en prendre qu’à ta fille, tu savais très bien qu’elle entretenait une relation avec mon mari et tu l’as cautionné! J’ai des yeux partout dans cette maison, je le savais depuis longtemps…
Maman : Madame je vous jure je lui ai dit d’arrêter vous savez comment sont les enfants
Mme M : Je vais vous donner deux millions et vous allez disparaître de nos vies…Clarisse je veux que tu mettes fin à cette grossesse, si jamais j’apprends que cet enfant a survécu je t’assure que je n’hésiterais pas à l’éliminer. Il ne peut y avoir que des Minko qui sortent de mes entrailles, il n’y a que moi qui suis habilitée à porter les enfants de mon époux, ma progéniture est la seule à pouvoir prétendre à l'héritage de J.M donc ton batard tu me l’enlèves. Est-ce-que je suis assez claire ?
Moi : Oui madame. Fis-je en pleurant
Mme M : Bien. Ah au fait je n’ai pas besoin de te dire que je ne veux plus te voir à côté de mon époux, n'essaye même pas de lui dire quoi que ce soit, car avant même qu'il n'ait réagit tu ne seras plus de ce monde. Fit-elle en souriant
Cette femme m’effrayait elle avait quelque chose de sombre, de mauvais en elle…
Ma mère et moi sommes parties de la maison et j’ai refusé de me débarrasser de la grossesse c’était tout simplement impensable, ma mère a tenté de m’en dissuader mais face à ma détermination elle s’est résignée…Nous nous sommes débrouillées comme on a pu avec les deux millions de Madame Minko, Ma mère a trouvé un boulot comme gérante d’un bar et ainsi nous survivions quand même…
Un jour je revenais de mes visites prénatales, et en rentrant j’ai trouvé une foule énorme dans la rue, les voisins sont tout de suite venus m’encercler en me demandant d’être forte, je n’y comprenais rien… plus J’avançais plus les gens reculaient doucement de mon passage, et je vis le corps de ma mère couchée plein de sang, je me mis à ressentir des bouffées de chaleur, je regardais les gens autour de moi, ils me regardaient tous avec pitié et compassion, je me suis tout simplement écroulée…A mon réveil une voisine m’expliqua qu’une voiture noire est sortie de nulle part et a fauché ma mère et que des gens étaient à ma recherche et ont forcé ma porte, je jeta un coup d’œil à la porte et en effet elle était cassée, je pris tout de suite peur…J’imaginais aisément qu’il s’agissait de Mme Minko et qu’elle a dû apprendre que je n’ai pas avorté comme elle me l’avait demandé…
Deux jours après ma mère a été enterré, les voisins ont fait des petites cotisations et ils ont tout pris en charge, ça m’a vraiment touché, j’étais désormais seule au monde…Après le décès, je suis retournée à Bitam ma ville natale avec le peu d’argent que j’avais j’ai acheté de la marchandise que je revendais. De là, j’ai rencontré Victor un nigérian, il m’a fait la cours malgré mon huitième mois de grossesse. C’était un garagiste, il était gentil avec moi et me gardait bien, j’ai accepté ses avances car je voyais en lui une certaine protection, et nous nous sommes installés ensemble…Quand Reine est né il l’a reconnu comme sa fille, d’ailleurs il le disait à tout le monde, c’était un homme vraiment gentil et responsable, nous ne manquions de rien, il faut dire que son travail payait bien. Il est décédé alors
que Reine n’avait que trois ans, l’un de ses petits garagistes l’a froidement assassiné avec Chevron, il a pris tout son argent de la caisse et il s’est enfuit…Dire que j’étais anéantie est un bien petit mot, la vie s’acharnait vraiment sur moi, pour une fois que je pensais avoir trouvé le bonheur. Je suis revenue à Libreville avec ma fille avec la crainte que Madame Minko nous retrouve et nous fasse du mal, j’ai trouvé un travail de ménagère chez un couple de chinois et trois ans après j’ai rencontré Christian, mon concubin actuel…
Telle est la triste histoire de ma vie, Jasmin Minko n’a jamais su que j’étais enceinte, j’ai peur qu’il fasse le lien et réclame sa fille, j’ai peur de ce que fera sa femme à ma fille, je dois la protéger.