Chap III

Ecrit par Mayiah

*Aria*

La semaine fut longue, enfin nous sommes à vendredi et j’ai une telle hâte de quitter la banque dans laquelle j’effectue mon stage pré-emploi que je passe mon temps a fixé l’horloge murale en face de moi. Les tic-tac de l’horloge semblent passer au ralenti et 16h ne semble point vouloir se pointer. Il n’y a pas eu grand monde aujourd’hui, et grâce à Dieu mon supérieur est vite rentré prétextant sa femme malade. Cela me laisse tout le temps de penser au voyage organisé par Veronica pour, d’après elle, me faire oublier et m’emmener  « pêcher » (il y’a d’autres poissons dans la mer, avait-elle dit). Cela ne fait qu’un mois que moi et Arthur avons rompu, je ne pense donc pas que je trouverai ‘’ un autre poisson’’. 

Je reporte mon attention sur l’horloge, 16h02. Je range mes affaires et marche vers la sortie sans regarder en arrière. Apres avoir dit au revoir aux gardiens je me dirige vers ma voiture, une KIA Niro.  On me demande souvent comme une jeune fille de 23 ans fraichement sortie de l’université, fait pour avoir une telle voiture. Je peux dire merci à papa, ce magnat de la finance, pour ce cadeau de fin d’études. Je ne dirai pas que mes parents roulent sur l’or mais ils sont en quelque sortes bien assis financièrement et bien que divorcés, gardent de bonnes relations et cela en partie grâce à moi.  Ils ont tenu à ce que je possède ma propre voiture et mon petit appartement. Je remercie le ciel pour cette chance. 

Je mets donc le contact et je sors sur la grande voie, après près de 45 min dans les embouteillages incessants de la ville, je fais un stop au supermarché du coin pour faire les courses pour le voyage de demain. Je sors  le petit miroir qui se trouve dans mon sac à main et me remet un peu de rouge à lèvre et m’assure que mon visage ne brille pas. Je me mets à penser à cette phrase de coco Channel : «  mon petit, ne sortez jamais de chez vous, même 5 minutes, sans que votre mise soit parfaite, bas tiré et tout. C’est peut-être le jour où vous allez rencontrer l’homme de votre vie ». Je descends de la voiture et me dirige vers l’entrée du supermarché. Dès l’ouverture des portes coulissantes, une délicieuse odeur de croissant chaud vient caresser mes narines et je me promets d’en prendre avant de rentrer chez moi.  

 Jus de fruit, eau minéral, mouchoirs, biscuits… je vérifie si tous les éléments de ma liste sont là et je me rends à la caisse. Apres avoir réglé je me dirige à la petite boulangerie du supermarché et patiente calmement que les deux personnes avant moi soient servis. Quand tout d’un coup, quelqu’un se permet de passer devant moi dans le rang sans même daigner saluer avant de commettre cet acte irrespectueux. Il y'a certaines choses que je ne peux tolérer, il doit attendre que les deux personnes qui se sont ajoutées après  moi et moi soyons servis.

Excusez-moi, mais il y’a un rang, lui fis je remarquer en le tapotant gentiment dans le dos.

…, aucune réponse. 

Je vous parle monsieur. Le tapotant moins gentiment cette fois-ci.

Je ne suis pas sourd demoiselle, mais le problème est que je suis pressé et que vous sembliez être la seule à vous plaindre pour une place dans un rang de boulangerie. Dit-il en se retournant. 

Ce n’est pas le fait qu’il faisait presque deux fois ma taille et qu’il arborait un sourire malicieux qui dévoilait ses fossettes, ni le fait qu’il dégageait une fragrance de Montblanc Legend, ni le fait que ses yeux soient plongés dans les miens, qui vont me stopper dans mon élan.

Oui, je suis peut-être plus pressée que vous car, un homme qui vient en tapette et bermuda au supermarché, ne semble pas avoir passé une journée entière au travail (vu l’heure) et n’est par conséquent pas si pressé que cela. Donc si vous permettez, terminais je en passant devant lui sans attendre une brillante intervention de sa part. 

J’attends le temps qu’on me serve mes croissants aux chocolats et pains aux raisins. Au moment de payer, j’entends derrière moi la voix de l’homme en tongue et bermuda :

Laissez, je paye votre achat pour me faire pardonner, demoiselle.

Il avait prononcé les deux derniers mots avec une telle accentuation.

Non merci. Dis-je, de manière sèche et désinvolte.

Je prends mes paquets et me dirige vers la sortie, je les mets dans le coffre et démarre. Finalement ce voyage tombe à pic, pour déstresser et oublier ce genre de comportement. 

A peine rentrée, je reçois un message de Veronica : « n’oublie pas, demain 7 h le départ pour Coucoué Lodge, Assinie. J’espère que t’as pu faire les courses ». 

Je m’occupe comme je peux, je prépare mon sac, fais ma prière et je me mets au lit. Demain est un autre jour, espérons qu’il soit heureux.


 

J'ai décidé d'aimer.