Chapitre 1

Ecrit par Max Axel Bounda

Lundi 07 Aout 2017

Commune d’Owendo

08 h 06



L’agent spécial Axelle-Marthe coupa le moteur de sa Honda CRV bleue, en se disant qu’elle la laisserait bien au lavage ce soir. Elle avait été un peu négligente cette semaine. Mais comment ne pas l’être vu la masse de travail qui s’accumulait au fil des heures et les cadavres au fil des jours. Ce tueur qui sévissait sur Libreville et ses environs l’empêchait de dormir. Elle quitta son véhicule, suivie de Cassydie et Joristana, ses deux nouvelles coéquipières.

Après la perte tragique de Fabrice, son ancien coéquipier, il y a près d’un an, elle avait été envoyée en formation de perfectionnement au Maroc, en France et aux États-Unis pendant sept mois. Cela lui avait évité une thérapie, pour qu’elle accepte enfin la réalité d’après eux. Que ce n’était pas de sa faute si Fabrice était mort.

Pourtant, j’étais dans cette maison ce soir-là et pas eux.

Il était mort à présent.

J’aurais pu le sauver si j’avais été plus rapide.

Au début, il lui avait été difficile de ne pas remarquer son absence. Mais la formation qu’elle suivait ne lui laissa pas le temps pour ruminer le passé car elle savait que de retour au pays, elle aurait une grande mission à accomplir. Être l’une des têtes du Bureau Spécial d’Investigation.

Cassydie Mendoza et Joristana Mbenguet, deux jeunes agents spéciaux lui avaient été confiés dans le cadre de cette affaire qui défrayait la chronique à Libreville, et plongeait les populations gabonaises dans la peur.

Cassydie, d’origine cap verdienne était une jolie femme de vingt-neuf ans au teint métissé, qu’elle avait hérité de sa mère et de son ile natale. Bronzée par le soleil de Libreville, elle n’en était que plus belle au-dessus de son mètre soixante-dix. Son corps fin lui conférait une démarche assurée, on aurait dit un mannequin sur une piste de défilé. Certainement un héritage de ses années de lycée et ses activités à la fac où elle avait été mannequin pour sous-vêtements, pour plusieurs marques européennes. Elle aurait pu poursuivre dans cette voie lui avait dit son agent mais elle n’était pas très emballée par l’idée de gagner sa vie en exposant son corps. Pourtant elle était consciente des attributs dont le ciel lui avait doté. Mais ce qui l’emballait, c’était la psychologie et le crime. En stage de perfectionnement pour encore quelques mois à Libreville et elle repartirait pour le Cap-Vert à la fin de l’année. Pour l’instant, ils avaient un tueur à débusquer.


Joristana, par contre sortait du centre de formation de la police judiciaire au Maroc. Gabonaise de père et de mère l’on ne savait trop comment elle s’était retrouvée au Maroc mais son pays avait tenu à ne se passer d’une telle ressource. Elle avait été formée et avait fait ses débuts dans le Bureau Central d’Investigation Judiciaire, le FBI marocain comme l’appelaient certains. En principe elle aurait dû intégrer la garde présidentielle mais l’armée ne l’intéressait pas. Elle avait préféré rejoindre le tout nouveau-né de la police judiciaire gabonaise : le Bureau Spécial d’Investigation, qui avait été surnommé par les autres services, le Bureau des Enquêtes compliquées. Femme à la peau couleur ébène, Joristana était une femme attirante d’un mètre soixante-quinze, avec un corps dessiné comme une calebasse africaine. Contrairement à ses deux coéquipières qui tenait à leur ligne, Joristana avait la taille d’une femme bantoue, ni trop grosse, ni trop mince, juste ce qu’il faut. En plus, elle avait un avantage physique : Un derrière à la gabonaise.


Au tout début, Axelle-Marthe avait eu du mal à s’y faire, mais les choses s’étaient si vite arranger que quatre mois après, elle trouvait quelque chose de plaisant à les avoir sous son aile. Elles formaient une sacrée bande de femmes puissantes. Sans aucun doute les meilleurs agents spéciaux du BSI.


Le ciel d’Owendo était gris sombre, en ce début de semaine, et parsemé de gros nuages de fin de saison de sèche. En saison de pluie, on aurait craint un orage, mais en août, il n’y avait rien à craindre. Il n’avait pas eu une seule goutte de pluie depuis au moins deux semaines, par conséquent, il n’y avait donc aucune raison pour que des pluies viennent gâcher la journée.

Un corps avait été retrouvé au sud de Libreville, dans une petite forêt de mangrove. Il y avait déjà sur les lieux une foule de monde autour du premier périmètre de sécurité, comme des mouches à l’affut d’un pot de miel.

Oh non, les gabonais aussi hein ! pensa l’agent spécial Koumba.

Des officiers de police en uniforme bleu barraient l’accès à la scène de crime à tous ces gens qui iraient jouer les intéressant plus tard sur whatsapp, facebook, twitter, instagram, et tous les réseaux sociaux qui pouvaient exister à la surface de la Terre. Elle savait que dans une heure les images auront fait le tour du net, si ce n’était pas déjà le cas.

— Faites-moi partir ces gens au plus vite ! Ordonna l’agent spécial Axelle-Marthe Koumba, en franchissant le premier cordon de sécurité jaune et noir. Je ne veux plus les voir ici ! Vous m’entendez ?! dit-elle au policier qui montait la garde à l’entrée.

— À vos ordres agent spécial, lança le premier policier qu’elle croisa.

Les deux affaires qu’elle avait résolues en plus de l’Opération Forêt des Abeilles, c’est-à-dire l’Opération Ultimatum où elle avait déjoué la menace d’attentat terroriste qui pesait sur Libreville et l’affaire Ndong Mba, lui avait donné une certaine notoriété dans le milieu de la Police Judiciaire et emmené l’État-major des Forces de Polices d’Investigations Judicaires à créer un bureau spécial d’investigations le fameux Bureau des Enquêtes Compliquées. On l’appelait ainsi en raison du fait que toutes les affaires non résolues par la police local ou international sur le territoire gabonais au bout de six mois atterrissaient sur la table de ce bureau composé de dix agents aux capacités un peu spéciales et recrutés dans divers services.

En 2016, à la suite à l’Opération Forêt des Abeilles, le l’Etat Major des Polices d’Investigations judiciaire voit la nécessité de créer un bureau en charge d’enquêter en toute discrétion sur un certain nombre de crimes dits spéciaux. C’est ainsi qu’est créé le BSI un an plus tard, et à qui on octroie le rôle de procéder à des enquêtes, interpeller, interroger et dresser des procès-verbaux. Il se voit alors octroyer plusieurs domaines d’intervention, tous à caractère national : sûreté de l’État, lutte contre le terrorisme, affaires criminelles, kidnappings, contrefaçon et fausse monnaie, trafic de stupéfiants et d’armes… mais aussi renseignements généraux.

Pour être admis au BSI, les futurs agents spéciaux doivent avoir un diplôme universitaire et être âgé de 23 à 37 ans, ce qui donne aux agents spéciaux du BSI la moyenne d'âge de 30 ans, car on exige des recrues qu'elles aient acquis de l'expérience professionnelle avant leur intégration.

Après avoir reçu une formation en renseignement, en arts martiaux et en techniques de tir, les agents du BSI se perfectionnent chez les Marocains, Américains, les Français ou les Italiens par groupes de dix et s'entraînent pendant dix-sept semaines aux techniques de filature, au tir et à l'utilisation des sciences pour le recueil d'indices. Ce premier entraînement est suivi de deux années de formation sur le terrain.


*


Axelle-Marte atteignit le deuxième ruban de sécurité, deux autres policiers la laissèrent passer.

— Qui a trouvé le corps ? demanda-t-elle.

— C’est une vieille maman là, répondit l’un des policiers. Elle passait par ici vers six heures du matin pour chercher du nkumu. Et elle a commencé à crier comme une dingue pour alerter les habitants, qui nous ont appelés tout de suite. L’agent de police montra une femme dans la soixantaine qui s’entretenait avec un autre agent de police non loin de là, hors du premier cordon de sécurité.

— Joristana, ma chérie, assure-toi que nous avons toutes les dépositions des personnes qui ont vu le corps en premier. En espérant qu’ils n’aient touché à rien.

— Ok Axelle-Marthe ! rendit la jeune femme en s’exécutant.

L’agent spécial remarqua que l’endroit était encore une fois des plus banals. Des marais, de l’herbe et des ordures partout, le plus gros cauchemar des enquêteurs, la contamination des indices.

— Alors, le Chirurgien a encore frappé ? Lança une voix masculine derrière elle.

Ulrich Bounguili, c’était l’un des substituts du procureur de la République, un jeune homme aux yeux noirs perçants de trente-sept ans, musclé, beau gosse et assez bien fichu. Ils avaient été emmenés à travailler ensemble plusieurs fois depuis son arrivée à ce poste quelques mois plus tôt. Il lui jetait toujours un de ses regards perçants on dirait une invitation à aller dans son lit. Axelle-Marthe avait sans cesse l’impression qu’ils voulaient tous la sauter ? C’était quoi ça ! Elle n’était pas un bout de viande !

Cours toujours, je ne suis pas dedans.

— Ouais, on dirait bien, répondit le policier devant la barrière de sécurité, en montrant les lapins blancs accroupis autour d’un corps.

— C’est sa sixième victime en trois mois, et on n’a toujours rien sur lui, intervint le substitut. Quand est-ce qu’il va arrêter ?

Un lapin blanc ramassait divers éléments sur le sol humide à l’aide d’une pince à épiler. À chaque meurtre, le Chirurgien, jetait les corps de ses victimes dans des endroits bizarres. Pour que les enquêteurs n’aient aucune chance de découvrir à qui appartenait le moindre indice récolté. Déjà qu’ils n’avaient pas la technologie de pointe des Experts de Miami. S’il fallait encore se casser la tête avec des indices contaminés, ce n’était pas gagné !

— Et si on passait aux choses sérieuses ? Ce n’est pas en restant débout ici que l’on résoudra cette affaire, demanda l’agent spécial Koumba.

Les relevés étaient terminés, un lapin blanc repliait la bâche sous laquelle gisait le cadavre d’une jeune femme à la peau claire.

— La victime est une fille d’une vingtaine d’années. On n’a pas beaucoup d’éléments, mais il semble qu’elle a été tuée par le Chirurgien. Elle porte les mêmes signes que les cinq premières filles, annonça Samson Nguimba, le Chef du Commissariat de police d’Owendo situé à quelques kilomètres de là. C’était les premiers à arriver sur les lieux, vu que c’était leur secteur mais comme l’affaire était celle du Bureau Spécial d’Investigation, l’équipe d’Axelle-Marthe avait été prévenue. Elle a été retrouvée vers six heures du matin par une commerçante qui cherchait du nkumu. Mes hommes l’ont déjà interrogée.

— Vous transmettrez le rapport à Joristana, répondit Axelle-Marthe.


Le médecin légiste s’approcha, enleva sa blouse blanche et franchit le deuxième rideau de sécurité. C’était Claude Itomba, de l’Institut médico-légal du CHUL.

Axelle-Marthe grogna un peu en le voyant sortir. Une certaine hostilité régnait, entre ces deux-là car le bon Docteur Claude avait voulu avoir plus qu’une simple relation professionnelle avec elle. Il s’était certainement dit qu’elle était une âme en perdition après la mort de Fabrice. Et avait tenté sa chance. Mais comme quatre-vingts pour cent de ses prétendants, elle l’avait gentiment envoyé bouler. Apparemment le message n’avait pas été clair ! Il avait insisté et tenté de poser ses sales mains de croque-morts sur Axelle-Marthe. Les choses s’étaient mal passées, et elle avait brisé deux doigts et depuis, il a toujours eu envie de se venger.

— La victime est une femme métisse d’une vingtaine d’années, dit-il. Environ un mètre soixante-cinq. Son cœur a été arraché, c’est probablement la cause du décès. Il s’agit bien d’un meurtre.

— Ah bon, c’est un meurtre ? Vous avez trouvé ça tout seul Docteur Claude ? Lançai Axelle-Marthe ironiquement.

Qu’est-ce que cela aurait pu être d’autre ?

S’arracher le cœur soi-même ?

Très drôle, aussi probable qu’un suicide avec trois balles dans la tête.

N’importe qui aurait pu le deviner.


La réaction de l’agent spécial Koumba, loin d’être une simple provocation, était dû au fait que Claude était de ceux qui croyaient que cette affaire, n’était qu’une affaire de crimes rituels. La préfecture de police avait déjà même classé le dossier après le troisième meurtre. C’est uniquement au quatrième que l’on avait impliqués le BSI. Pour cause, Axelle-Marthe avait fait remarquer un certain nombre de détails qui ne coïncidaient pas avec les affaires de crimes rituels.

En effet, dans les années 1970 naissait au Gabon un phénomène appelé ‘‘crime rituel” un nouveau type de crimes dont les corps des victimes étaient retrouvés mutilés, organes prélevés. (Langue, sexe, cœur, mains, cerveau, poumons, reins, etc.). Personne n’y comprit rien sur le coup. L'arrestation par les forces de l'ordre, à cette époque, des premiers exécuteurs de ces crimes d'un autre genre, avait permis de savoir que les organes prélevés sur les victimes étaient destinés à des rites particuliers et à la préparation des fétiches et autres talismans sensés procurer puissance, pouvoir, promotion, richesses et longévité aux commanditaires. Les sommes et le matériel engagés dans ces opérations d'enlèvements, séquestrations et exécution des victimes, ont emmené les populations à pointer du doigt, les autorités, dont beaucoup ont été cités par leurs vendeurs d’organes mais jamais véritablement inquiétés. Sans doute la présomption d’innocence. Mais tous les jours ?

À cette époque, une affaire avait fait grand bruit, et tous les Gabonais s’en souviennent, il s’agit de "La voiture noire".

La voiture noire, très drôle.

On se croirait dans un dessin animé de Disney.

*


À la découverte du quatrième corps, le BSI a repris l’enquête et il ne fallut que quelques minutes à ses agents spéciaux pour qu’ils confirment qu’il ne s’agissait pas d’une affaire de cimes rituels mais plutôt de l’œuvre d’un tueur en série. Il n’était alors pas étonnant que la police locale n’ait rien trouvé. Les rapports de police relataient que le Chirurgien tuait ses victimes en leur arrachant le cœur, et prélevait le sexe, les seins et les ongles alors que les pauvres filles étaient encore bien vivantes. Mais ce n’était pas tout, le chirurgien, violait aussi ses victimes. Axelle-Marthe en eut des palpitations à la seule idée d’un sadisme.

Pour elle, il n’en fallait pas plus. C’était un tueur en série.


Beaucoup d’enquêteurs dans la police n’étaient pas de l’avis du jeune agent spécial. Préférant l’explication la plus facile. Ils lui reprochaient ses profils à deux balles et ses choses qu’elle était allé perfectionner chez les blancs pendant sept longs mois au frais du contribuable gabonais pour dire qu’il y a un tueur en série au Gabon. Et pourtant l’affaire était simple, il suffisait de dire « Crime rituel » et c’était tout. Tout le scénario était fait pour que l’on déduise clairement qu’il s’agit de crimes. L’ablation des organes, l’absence de preuves etc. tout portait à croire à une affaire de crimes rituels. Et c’était cela même le nœud de l’affaire. Le Chirurgien menait la police en bateau.


*


Dans les croyances ésotériques le cœur est l’organe qui pompe le sang dans le Corps. Une sorte de moteur. C’est l’organe qui maintient l’activité des éléments dans le sang, et par conséquence dans le corps. Le clitoris, symbole de la féminité, représente l’élément feu et peut procurer de la puissance et la transcendance au commanditaire. En ce qui concerne les seins pour une jeune fille, ils représentent la fertilité. Car personne ne peut enfanter si l’on n’a pas de seins. Le nourrisson se nourrit dès ses premiers jours grâce à cet organe, car il contient le fluide vital.

Du coup dans la tête des partisans du crime rituel, cette nouvelle vague de meurtres avec mutilation n’était qu’une nouvelle vague de crimes rituels. Pas besoin de chercher plus loin. Même la presse s’en tenait à cette version, de toute façon, les gabonais s’en étaient accommodés. Mais si l’on se faisait rien, il était possible que ces meurtres ne cessent jamais.


En deux mil onze une vaste affaire de crime rituel avait bouleversé le pays tout entier, au point où on avait même découvert un sac d’organes dans les environs de Libreville. Mais étrangement, le même médecin légiste Claude Itomba, s’était récusé en disant qu’il s’agissait de viande d’éléphant alors que deux jours plus tôt, sur les lieux de la découverte, son diagnostic avait été formel ! C’était des organes humains. Il ne fallait pas être très intelligent pour comprendre qu’il avait dû subir la pression des plus hautes autorités pour qu’il revienne sur son diagnostic. Après tout, c’était normal, il fallait protéger les gabonais d’eux-mêmes. Et ne pas créer la psychose chez les populations. Un cerveau terrifié est capable de tout.


Pourtant dans cette affaire, quelque chose ne tournait pas rond. Mais tout le monde refusait de le voir. À supposer que nous étions bien effectivement dans une affaire de crime rituel, rien ne justifiait le fait que l’assassin viole ses victimes. D’après ce qu’Axelle-Marthe avait pu lire, le fait de violer les victimes les rendait impures à un quelconque rituel. Elle trouvait assez louche qu’un exécutant bâcle ainsi le travail en sachant tous les risques qu’il en courait. L’autre fait qu’elle jugeait en porte à faux avec la théorie des crimes rituels, était la période. En fait, les crimes rituels se faisaient généralement à la veille d’une échéance électorale, et nous en étions loin. La dernière s'était produite en aout 2016, donc rien ne justifiait une telle montée de crimes avec mutilations. Ça ne tenait pas la route.

Alors Axelle-Marthe décida de traiter cette affaire à sa façon. Pendant que les autres flics cherchaient à résoudre une affaire de crimes rituels, elle, et son équipe recherchaient un tueur en série qui leur laissait sa signature à chaque meurtre : L’ablation des ongles.


*


— La rigidité cadavérique est dans sa phase la plus avancée. La victime doit avoir environ soixante kilos. Si l’on tient compte du temps, de la température, et du fait que les insectes n’ont pas encore commencé à la bouffer, dit le légiste. Je dirai qu’elle a été tuée entre vingt-quatre heures et trois heures du matin.


Après la mort, la température d’un corps humain se met à baisser jusqu’à atteindre la température de l’air ambiant. La rigidité cadavérique est en fait un durcissement évolutif des muscles et des organes d’un corps après la mort. Elle atteint généralement son paroxysme entre huit et douze heures après la mort. Cette fourchette était un point important de l’enquête. Si le BSI parvenait à découvrir quand la victime a été enlevée, il pourrait éventuellement savoir combien de temps elle avait été laissée en vie avant de se faire tuer. Et à partir de là, améliorer le profil qu’Axelle-Marthe et Cassidye avait fait du tueur.

— La victime a eu des rapports sexuels, mais pour l’instant, je ne détecte pas de traumatismes. L’autopsie déterminera s’il s’agit d’un viol. De plus, elle n’a pas été tuée ici.

— On s’attendait à cela, le Chirurgien tue ses victimes ailleurs avant de déposer les corps, dans ce genre d’endroits, répondit Cassydie de sa petite voix fluette avec son accent portugais.

— La victime a subi des mutilations, comme vous vous y attendiez La go des enquêtes compliquées, dit-il à l’endroit d’Axelle-Marthe. Le cœur, le clitoris, les seins mais aussi les ongles comme les cinq autres.

— Je me demande pourquoi il leur prélève les ongles ? demanda le substitut. Quel sadique ce salaud !

— Heu… Monsieur le substitut, il faudra lui demander quand vous le verrez, rétorqua Cassydie.

— Un trophée, répliqua Axelle. Le Chirurgien retire les ongles de ses victimes en guise de trophées. Il le fait pendant qu’elles sont encore en vie. Il en tire un certain à les faire souffrir. Il pense garder une partie de leur fluide vital dans leurs ongles. Il doit se remémorer leurs cris de douleurs en les voyant.

— Mais ce type est un sacré malade ! Commenta le substitut. Le jour où on l’arrête, laissez-moi passer dix minutes avec lui. Il semblait être hors de lui.

Joristana qui avait quitté le groupe un peu plus tôt, était de retour.

— Axelle-Marthe, je me suis entretenu avec les collègues d’Owendo, et comme toujours, personne n’a rien vu, dit-elle un peu agacée. Les gens dans ce pays sont tous aveugles mais pressés de mettre des images sur Facebook. L’info a déjà fait le tour du net. Le Directeur est en boule. Il nous attend au bureau avec le ministre, annonça Joristana, de retour vers nous.

Je sens qu’on va passer un sale quart d’heure.

Sang Royal