Prologue

Ecrit par Max Axel Bounda

Sang Royal ou l’Éventreur de Libreville. En plein cœur de Libreville, un tueur en série particulièrement sadique s'attaque à de jeunes femmes qu'il viole avant de les mutiler. Seins, langues, clitoris et cœurs sont arrachés aux victimes alors qu'elles sont encore en vie. La panique gagne la capitale, la police est sous pression. On découvre alors que ces jeunes femmes ont un dénominateur commun: Une liste sur internet. Cette liste est celles des personnes citées dans des affaires de crimes rituels mais qui n'ont jamais été inquiétées. Et étrangement, toutes les jeunes femmes retrouvées mortes ont un lien avec chacune des ces personnes. Ce sont les femmes, les filles ou les petites filles des accusés. S'agit il d'une vengeance? Qui se cache derrière ces meurtres? Ces meurtres s’arrêteront ils un jour?

*

Juillet 2017

Quelque part dans Libreville

03 h 30



Torturée par une terrible douleur, Mauricette releva la tête, et essaya de détacher les cordes qui la retenaient ligotée. Mais ses chevilles et ses poignets étaient très bien attachés. Donc impossible de se libérer.  

Elle essaya alors de se lever, mais n’y parvint pas. Malgré tous ses efforts, elle n’arrivait même pas à bouger le petit doigt. Elle était comme pétrifiée. Que se passait-il ? Malgré la fraicheur dans la pièce, la jeune femme éprouvait à cet instant une sueur froide sur son corps nu. Elle prit panique, telle une chèvre prit au piège dans la tanière d’un loup. Son rythme cardiaque s’affola. Son cœur battait si fort qu’elle avait peur qu’il lui brise le torse.

Il s’est passé quelque chose d’horrible. Je suis morte. Je suis à Gabosep couchée sur la table de mise en bière!

Mauricette était morte, mais comment ? Ça, elle l’ignorait ! Le plus étrange c’est qu’elle avait toujours mal au corps, particulièrement aux poignets. Cette douleur-là, elle pouvait la ressentir. Comment était-ce possible, vu que les morts ne peuvent ressentir de douleur ? Heu, jusqu’ici c’est qu’on croyait.

Ils pensent que je suis morte ! Ils vont m’enterrer vivante !

Je ne suis pas morte ! 

Une larme coula machinalement de son œil droit. Aucun moyen pour elle de bouger le moindre membre de son aphrodisiaque corps. Elle essaya de crier encore une fois mais ses cordes vocales ne lui obéissaient pas.

Dans quelle merde avait-elle bien pu se fourrer pour se retrouver dans une situation pareille ? Toute nue, sur une table à la morgue en attente de se faire découper par ses sadiques croque-morts. Ce n’était pas comme ça qu’elle avait imaginé sa mort ! Non, pas ça. C’était trop horrible ! Elle n’avait même pas imaginé mourir à cet âge-là !

Il fallait qu’elle trouve une explication à ce qui lui arrivait, et elle essaya de regrouper les derniers souvenirs qu’elle avait de cette soirée Ladies Night.

Il lui revint à l’esprit d’être sortie, avec ses deux meilleures amies. Josy et Amanda. Elles avaient visité deux ou trois différentes boites de nuit avant d’entrer avec leurs mini-vêtements au-dessus de leurs talons de dix centimètres, dans ce night-club au quartier London. Londres… Étrange, n’était-ce pas la ville de Jack L’éventreur ça ?

Le snack dont elle ne se souvenait pas du nom, était très chic, très branché et quasiment plein à craquer. L’entrée était libre pour les filles. Soirée Ladies night, avait dit le portier.

Après avoir avalé plusieurs bouteilles de vodka et de liqueurs au coca, elle eut une petite faim. Mauricette quitta le snack, elle titubait un peu, mais elle était assez consciente pour maitriser ses gestes. Elle avait l’habitude.

C’est moi qui bois le vin, ce n’est pas le vin qui me boit.


Mauricette traversa la rue, une dizaine de personnes attendaient nerveusement de se faire servir un demi-pain au poulet.

Quand ce fut son tour. Mauricette commanda quatre morceaux de pain au poulet, avec beaucoup de piment, avait-elle dit.

« Tu mets tout dedans. Moutarde, mayonnaise, tout. Même si tu as un peu de Kobolo tu mets, plaisanta-t-elle. Le serveur, un jeune homme, à l’hygiène douteuse, tout dégoulinant de sueur, éclata de rire.

Et c’est là que ce jeune homme, un charmant bonobo l’aborda.

Qu’il est craquant !

Elle prendrait bien un peu de poulet avec ça ! pensa-t-elle.

Le bonobo se proposa de payer pour elle. En plus, d’être mignon, il était galant en plus. C’était rare par les temps qui courraient à Libreville. Cinq morceaux en tout, avait-il payé.

Le jeune homme était trop beau, il lui plaisait. Ils avaient à peine engagé la conversation qu’elle avait déjà accepté le verre qu’il lui avait proposé.

Mauricette était une jolie fille de vingt-huit ans. Elle avait de grands yeux noirs et avec de longs cheveux châtains jusqu’à mi dos. Bien sûr, ce n’était pas ses cheveux, mais juste un tissage qui lui donnait l’allure d’une Européenne. Les africaines, toujours à coller les cheveux des morts. Mais il fallait avouer que cette longue crinière encadrait merveilleusement bien les contours délicats de son fin visage.

Elle avait la taille et ce corps digne d’un mannequin de Vogue, le genre que l’on voit dans les magazines. Les hommes se retournaient toujours pour admirer sa belle silhouette. Certains avaient même eu des torticolis, le genre à causer des accidents de circulation. Elle plaisait aux hommes, ils la désiraient et Mauricette adorait cela.

Le reste de ses souvenirs se résumait à une balade dans le véhicule de cet homme, ils s’étaient embrassés langoureusement en chemin. Le bonobo fourra sa main entre les cuisses de Mauricette. Elle sentait son désir exploser.

— Pas ici, dit-elle. Partout où tu veux, tout ce que tu veux, mais pas ici.

Ils étaient garés dans une ruelle, sombre et pas très fréquentée. Elle vida le reste d’un mousseux qui se trouvait près d’elle, se souvint-elle. D’ailleurs, d’où venait cette bouteille ? Après cela, plus rien. C’était le vide sidéral, comme avait dit Marine à Emmanuel lors du fameux débat à la présidence où le futur président avait sa plus piètre prestation. Même un étudiant en droit aurait pu faire mieux que lui ce soir-là. Le vide sidéral.

Elle fouilla encore ses souvenirs mais rien, jusqu’à ce qu’elle se réveille sur cette table mortuaire. La terreur l’envahit. Elle réalisa que ce garçon l’avait certainement droguée.

Soudain, elle entendit quelqu’un marcher dans la pièce dans la pièce. Elle parvint à peine à faire tourner les yeux dans la direction d’où provenait le bruit des pas, et reconnut le jeune homme qui l’avait abordé tout à l’heure. Il était mignon, deux belles fossettes sur les joues, de belles lèvres roses. Il sourit en l’observant. Un sourire presque maléfique, le genre de sourire dans les films d’horreurs, au moment où le Directeur des Bandits s’apprête à faire son coup le plus diabolique ! Hahahahahaha !

La plus grosse peur de sa vie la submergea aussitôt. Mauricette essaya de se débattre, rien à faire. Mais pourquoi ne bougeait-elle pas ? Elle comprit ce qui allait lui arriver, seule, incapable de bouger, nue et sans défense face à cet homme. Sa terreur augmenta de plus belle. Il allait abuser d’elle sans qu’elle ne puisse rien faire. D’ailleurs, qu’est-ce qu’il attendait pour le faire ?

Mathieu 7 :7, il lui aurait juste suffi de demander qu’elle lui  aurait dit oui sans hésiter, pensa-t-elle. Elle lui aurait fait des choses qu’il aurait eu du mal à oublier de sitôt. Mauricette aurait bien voulu le lui dire, mais elle ne pouvait pas parler. Comme si elle n’avait plus de langue. Pourtant, elle sentait bien sa langue s’agiter dans sa belle petite bouche aux lèvres roses en forme de cœur.

Le garçon s’approcha de la table, et prit quelque chose juste au-dessus de la tête de Mauricette. Elle entendit comme un bruit d’ustensiles de cuisine ou deux métaux qui se touchent.

Mais qu’est-ce qu’il fait ?

L’homme tenait ce petit instrument de chirurgie à lame courte et tranchante là, celui destiné à faire des incisions dans les chairs. Euh… un bistouri.

Non, non, non.

Il ne va quand même pas m’opérer vivante !

Le jeune homme posa son bistouri, et souleva autre chose. Un petit couteau à manche étroit et plat, le genre dont on se sert pour faire des dissections de cadavres. Comment on appelle cela déjà ? se demanda Mauricette. Un scalpel.

Mauricette écarquilla les yeux. Il fallait qu’elle se sorte de là. Elle tenta de lever les mains. Elle y arriva miraculeusement. Certainement cette force extraordinaire que donne la peur, surtout quand on est face à la mort. Humm c’est étrange de voir de quelle manière les gens peuvent se voient naitre des capacités quand ils ont peur de mourir.

Je peux bouger !

Elle ouvrit la bouche pour hurler, mais la jeune femme ne parvint à produire aucun son. Elle souleva les bras pour se défendre. Des gouttes de sang coulèrent sur son visage.

Mes doigts ! Mon Dieu !

Il m’a coupé les doigts !

Sang Royal