Chapitre 1

Ecrit par Jaulene Simangoye

Grazie

Je mets une dernière touche de maquillage. J'enfile mes boucles d'oreilles et c'est bon. Je me lève et me regarde dans mon grand miroir.

Moi : Grazie Maloubou, tu es belle, tu es intelligente, tu es forte, tu es battante.

Je tourne sur moi même et je me fais un sourire. Je suis prête. Je prends mon sac à main, mon notebook et je me rends au boulot. Katia m'attend déjà dans le salon.

Katia : tu as pris ton temps toi...grr

Moi : désolée

Katia : manquerais plus que tu sois en retard pour ton premier jour

Moi : ça c'est un mauvais point direct ils vont regretté de m'avoir embauchée

Nous montons dans la voiture et Katia démarre. Katia c'est ma meilleure amie, ma sœur de cœur, mon soutien. J'ai dormi chez elle hier soir donc ce matin elle me dépose au boulot. Je l'ai rencontrée il y a trois ans. Nous travaillions toutes les deux comme serveuses dans un restaurant très chics. Au début je la trouvais trop superficielle mais en nous rapprochant j'ai appris à l'apprécier. Elle m'a sortie d'une période difficile de galère et depuis on ne s'est plus quittée.

Elle a son institut de beauté et un magasin de vente de dessous féminins. C'est que, Katia est la maitresse d'un ministre. Et, loin de se contenter de miettes, de belles photos dans des lieux chics, elle a utilisé son cerveau pour fructifier l'argent qu'il lui donne et être indépendante. Son homme lui a promis de l'épouser l'année prochaine. Elle attend de voir s'il réalise sa promesse et a déjà prévu de le larguer dans le cas contraire.

Moi, je suis Grazie Maloubou. J'ai vingt six ans. Ma folle de Katia m'a surnommé le phénix et je trouve que ça me va bien. J'en ai vues des vertes et des pas mûres dans ma vie mais j'ai su renaître de mes cendres.

Orpheline à quinze ans, j'ai vite appris que la famille il ne faut jamais compter dessus. Recueillie par un oncle, j'ai dû subir les humiliations de sa femme et ses enfants sans compter les abus sexuels. Malgré tout j'allais à l'école mais je ne pouvais rien dire à personne. J'ai tout vécu et tout supporté en silence. Mon calvaire a ainsi duré trois ans.

Une fois mon baccalauréat en poche,  je me suis enfuie. J'espérais grâce à ça trouver un bon travail et me prendre en charge mais la réalité a vite fait de me rattraper. Déboussolée, livrée à moi même dans la rue, je faisais des petits boulots par ci par là. J'ai réussi à survivre ainsi pendant deux ans, puis un jour j'ai rencontré Rémi, un mécanicien de dix ans mon aîné. Je suis tombée amoureuse et très vite je m'installais avec lui...pour vivre un autre calvaire. Loin de l'image parfaite qu'il m'avait donnée, c'était un alcoolique notoire et un don juan.

Plusieurs fois je l'ai retrouvé dans notre lit avec une de ses maîtresses. Plusieurs fois j'ai dû aller le ramasser dans un caniveau alors que monsieur était complètement soûl. Plusieurs fois j'étais forcée d'écarter les jambes et de simuler un plaisir que je ne ressentais pas juste parce que monsieur en avait envie. Et chaque fois que je lui demandais, que je le suppliais de changer, il me rouait de coups.

J'étais trop attachée à lui pour partir. J'avais tellement peur de me retrouver à nouveau seule et sans abri. Deux nouvelles années de souffrance. Deux années d'abus. Deux années de plus d'un calvaire subis dans le silence. Puis j'ai été embauchée dans ce restaurant chic où j'ai rencontré Katia. Un jour elle a vu un bleu sur mon visage et je lui ai raconté ce que je traversais. Elle m'a convaincue de venir avec elle et a promis m'aider alors j'ai accepté. J'ai pris mon courage à deux mains et j'ai quitté Rémi.

Après trois ou quatre mois elle m'a trouvé un homme. Un blanc qui se cherchait une petite au pays. Je trouvais ça dégoûtant mais vu les conditions j'ai accepté. Le type n'était ici que cinq mois sur douze et il me mettait à l'aise financièrement. Sexuellement parlant je ne prenais pas de plaisir réel mais au moins il n'était pas violent et ne me forçais pas comme Rémi. C'est ainsi que j'ai pu reprendre ma vie en main. J'ai poursuivi mes études, obtenu ma license et fais des stages pour gonfler mon cv. Mais aussi j'ai épargné de belles sommes dans différents comptes et je me suis construit la maison de mes rêves.

Aujourd'hui j'ai vingt six ans, j'ai ma propre maison et ma vie c'est mon boulot et mon amie. Le blanc... il a fini par rester définitivement dans son pays. J'ai refusé d'aller l'y retrouver. Déjà je n'ai jamais réussi à l'aimer et rester sa maîtresse n'a jamais été mon but dans la vie. De toute façon les hommes je ne sais pas si j'en veux encore.

Là je me rends à mon nouveau travail. Je viens d'être embauchée comme assistante particuliere d'un des directeurs d'une société de la place. Je stresse un peu mais bon je connais mes compétences. Ça ira.

Katia : j'espère qu'il y a plein de beaux gosses là bas

Moi : tchuips... toi il n'y a vraiment que ça qui t'intéresse

Katia : bien sûr. Au cas où l'homme là me fait du faux je dois déjà me trouver un Jason Momoa de remplacement

Moi : lol

Katia : et toi aussi tu dois y penser

Moi : un homme entrera dans ma vie en temps voulu. Je ne suis pas pressée. En plus tu sais que les relations amoureuses c'esy le cadet de mes soucis 

Katia : hum pourtant le gars de la dernière fois là ne t'avais pas laissée indifférente

Moi : oui mais ça ne signifie pas pour autant que j'aurais commencé quoi que se soit avec lui

Katia : hum tu n'as juste pas encore rencontré un qui t'a fait vibrer jusqu'à te rendre folle ma fille mais j'ai foi ça viendra

Nous sommes arrivées devant la grande Zoom Corporation. L'entreprise qui m'emploie dorénavant.

Moi : bon à plus 

Je suis descendue et après l'avoir regardée partir,  j'ai pris une grande inspiration et je suis entrée. J'ai un petit retard.  Je vais d'abord dans le bureau de la DRH. Hier après ma visite des lieux j'ai reçu un mail avec tous les documents à remplir que je devais lui remettre ce matin. Le directeur marketing,  mon chef direct, n'était pas là alors c'est aujourd'hui que je vais le rencontrer. Son bureau est au troisième étage et le mien comme celui de toute assistante est juste avant le sien, à l'entrée.

Je dépose mes affaires à mon bureau et avant de les installer je vais vers celui du chef. Henri abess est écrit en gras sur la porte. J'inspire bien fort avant de frapper à la porte. Une voix grave me demande d'entrer. J'ouvre la porte et il est là debout, le dos tourné. Il est au téléphone. J'entre et je referme derrière moi.

M. Abess : bien sûr monsieur (....) ne vous inquiétez pas vous recevrez les commandes dans les délais (...) bien mon assistante vous fera parvenir les informations manquantes par mail. Clic

Il se retourne et j'affiche mon plus beau sourire professionnel quand... le choc.

M. Abess : vous ?

....à suivre


La Larme De Trop