Chapitre 1 - #3

Ecrit par BlackChocolate

Nous descendîmes ensuite pour rejoindre la voiture et les autres qui nous attendaient. Maman eut beaucoup de mal à sortir de la concession. Elle fit le tour du bâtiment plusieurs fois, regarda un peu partout comme si elle ne reverrait plus jamais cette maison où elle vécut tant de choses, notamment la venue au monde de 4 de ses enfants. J’étais resté collée à elle. Ma mè...re si belle, avait vieilli d’un coup comme si elle avait arrêté de boire un quelconque nectar de beauté ou d’immortalité. C’est vraiment impressionnant de voir à quel point un événement peut impacter notre bien-être et notre condition physique.

Quelques minutes plus tard, nous rejoignîmes mes frères qui étaient déjà assis dans la voiture. Tonton Richard mit le véhicule en marche, et nous voici en route pour une destination connue seulement de ma mère et du chauffeur. En ville, la vie menait son cours normal. Je m’attendais à voir tout le monde en train de fuir sa maison comme nous l’avions fait quelques minutes auparavant, mais rien. Je posai la question à ma mère qui n’ouvrit pas la bouche pour sortir le moindre mot. L’ambiance dans la voiture était lourde. Personne n’osait prononcer le moindre mot, même pas le chauffeur qui était si bavard et plaisantin d’habitude. Les téléphones portables étaient rares à cette époque, et Richard ne pouvait certainement pas se permettre d’en acheter un vu le salaire qu’il gagnait. Il n’était donc pas en mesure de donner de nouvelles à sa famille avant d’être chez lui. Ça devait le mettre dans un de ces états compte tenu de la gravité de la situation...

Après une trentaine de minutes environ, la voiture s’arrêta et tout le monde descendit. Je reconnus immédiatement l’entrée de l’aéroport puisque j’avais déjà eu à voyager plusieurs fois avec mes parents. Mais qu’est-ce qu’on faisait ici ? En plus de quitter la maison, devait-on quitter le pays ? J’essayais de comprendre mais rien. Soudain, voici papa qui vint vers nous. Qu’est-ce qu’il fait ici lui ? Ne devrait-il pas être au boulot ? Pensai-je ! Il ne semblait pas surpris de nous voir et était plutôt souriant. Je n’y comprenais rien du tout. Dans une situation pareille, n’étions-nous pas censés être effrayés, paniqués ? Il prit ma mère de côté et discuta avec elle. Quelques minutes plus tard, je vis un sourire se dessiner sur les lèvres de ma mère. Elle qui était pâle comme un fantôme il y a peu de temps, semblait moins apeurée. Les deux revinrent vers nous et annoncèrent qu’on pouvait retourner à la maison.

Pour une surprise c’était une GROSSE SURPRISE. Tantôt il fallait rester, tantôt il fallait partir… Des questions, il y en aura, mais j’étais certainement la dernière à qui on voudrait donner des explications. De toute façon, ce n’était pas mon problème. J’étais juste contente que tout soit rentré dans l’ordre. Le lendemain, je pourrais retourner à l’école avec joie. L’ambiance dans la voiture au retour était plus détendue. Tout le monde était là, y compris papa qui avait voulu rentrer avec nous avant de retourner au bureau. Richard a bien vite retrouvé sa bonne humeur et n’a pas manqué de nous faire rire avec des blagues comme lui seul savait en faire.

Lorsque nous arrivâmes à la maison, la voiture fut rentrée dans le garage, et je montai directement dans ma chambre, pendant que les trois adultes s’empressaient de rejoindre la salle de séjour. Papa allait probablement donner plus de détails sur tout ce qui s’était passé. Assia et Jacob n’avaient pas encore été prévenus des derniers changements. Ils étaient donc toujours chez eux. Richard était chargé de les informer le lendemain pour qu’ils reprennent le boulot. Pendant que je me déshabillais pour prendre une douche, j’entendis sonner. Quelques secondes plus tard, il y a eu cet énorme bruit… Un bruit encore plus effrayant que le cri d’Assia ce matin… Un bruit qui ressemblait à un coup de feu…

Tout bascula !!!

Voici ce qui s’était passé…

Comme je le disais précédemment, mon père étant diplomate avait rapidement accès à certaines informations. Lorsque ma mère annonça que personne n’irait à l’école ce matin-là, c’était parce qu’elle venait d’apprendre que des rebelles avaient été aperçus à l’entrée de la ville. Depuis quelques mois, le gouvernement était en négociation avec le MADEP* (Mouvement Africain pour la Démocratie et la Paix) qui souhaitait la démission du Chef de l’Etat du moment. Ils avaient une drôle de façon de prôner la paix. Bref… Ces hommes armés étaient jusque-là restés loin des frontières de la capitale et se contentaient de terroriser les populations situées dans les zones reculées. Le fait que les rebelles rôdent autour de la ville n’augurait donc rien de bon. Papa faisait partie des personnes que le gouvernement avait responsabilisées pour les négociations. L’information lui était donc parvenue très vite et il se dépêcha d’informer ma mère. On devait partir du pays le plus tôt possible, car s’il devait y avoir une attaque, notre maison ferait partie des premières à être ciblées au sein de la capitale. Mais entre-temps, les choses sont rentrées dans l’ordre et l’apparition des rebelles dans les environs ne s’est avéré être qu’une simple rumeur après plusieurs contrôles. Puisqu’il n’y avait plus de danger, on pouvait retourner chez nous.

Personne n’avait pris au sérieux cette alerte qui était pourtant belle et bien réelle. Les rebelles s’étaient déjà infiltrés dans la ville avant que les contrôles ne soient effectués. Lorsque nous sommes rentrés, ils nous suivirent.
Afficher la suite

Les Chroniques de Na...