⚜️Chapitre 1⚜️

Yolande Otando épouse Biyoghe

Adossée au comptoir de la cuisine, perdue dans mes pensées, je sursaute légèrement lorsque j'entends le bruit de la bouteille de champagne qu'Emile vient de déposer sur le plateau.Je lui renvoie son sourire et porte le plateau de l'apéro. 

Nous sortons de la cuisine et en traversant le hall, je m'arrete pour observer les roses blanches que Diane a apportées en arrivant. Elles sont magnifiques, j'espère qu'Émile les plantera de telle sorte à ce que je puisse les voir tous les matins au réveil. 

–Nos invités attendent, dit Emile dans mon dos. 

Je me remets automatiquement en marche sans rien dire. Nos quatre invités sont assis dans le salon, je dépose le plateau sur la tablette au centre de la pièce. 

–Leur maison est magnifique, n'est-ce pas chérie? demande Richard à sa femme Hortense. 

–En effet, elle est très belle, répond cette dernière. 

C’est la première fois que je rencontre ces deux là, ce qui me rend encore plus nerveuse. Mais je dois faire de mon mieux pour ne pas que ça se voit. Emile tient à ce que tout soit parfait. Donc je plaque un sourire de circonstance sur mon visage en espérant qu’ils vont m’apprécier.

Hortense ne sourit pas en retour, alors je suppose qu’elle réserve son jugement. Mais je ne peux pas lui en vouloir. Depuis qu’elle a rejoint notre cercle d’amis il y deux mois, je suis sûre qu’on lui a répété à maintes reprises que Yolande Biyoghe, la femme du brillant architecte Émile Biyoghe, est l’exemple parfait de la femme qui a tout. La maison parfaite, le mari parfait, la vie parfaite. Si j’étais Hortense, je me méfierais aussi.

Mes yeux tombent sur la boîte de chocolats FERRERO ROCHER qu’elle vient de sortir de son sac et je sens une lueur d’excitation monter en moi. Ne voulant pas qu’elle les donne à Emile, je me déplace doucement vers elle et elle me les tend automatiquement.

–Merci, c'est très gentil, lui dis-je. 

Je les place sur la table basse pour que je puisse les ouvrir plus tard, lorsque nous servirons le café.

Hortense m’intrigue. Elle est tout le contraire de Diane — grande, mince, réservée — et je ne peux m’empêcher de la respecter parce qu’elle est la première personne à entrer chez nous et à ne pas parler de la beauté de notre maison.Elle a l’air difficile à impressionner.

Emile a insisté pour choisir la maison lui-même, me disant que c’était mon cadeau de mariage, alors je l’ai vu pour la première fois quand nous sommes revenus de notre lune de miel.

Il m’avait dit que qu'elle était parfait pour nous, mais je n’ai pas réalisé à quel point jusqu’à ce que je la vois. Elle est immense,avec 8 chambres, c’est la plus grande maison du quartier,la plus luxueuse. On a notre propre domaine privé, ce qui fait que nous sommes assez isolés des autres résidences du quartier. Elle donne à Emile toute l’intimité dont il a besoin.

Il y a un système d’alarme compliqué, avec des volets en acier pour protéger les fenêtres. Il doit sembler étrange que celles-ci soient toujours fermées pendant la journée, mais comme Emile le dit à quiconque demande, avec une fortune comme la sienne, une bonne sécurité est l’une de ses priorités.

–Vous avez vraiment beaucoup de goût, dit Richard en observant autour de lui. La déco de votre maison c’est vraiment quelque chose.

– C’est ma magnifique femme qui s’est occupée de la déco. Elle a des doigts de fée. 

–Tu as une femme exceptionnelle Émile, ajoute Diane. J'espère que tu le sais.

– Ooh oui Diane je t’assure que je le sais !, répond mon mari en me faisant un clin d'oeil. 

Je préfère regarder ailleurs et l'apéro se poursuit. 

–Ça va mieux ma chérie ? Me questione Diane. 

Elle explique à tout le monde qu'elle m'a invitée hier à déjeuner mais que j'ai décliné son invitation parce que je me sentais mal. 

–Oui j'avais une migraine, mais ça va mieux, merci ma belle. 

– En fait elle a très souvent mal à la tête, ajoute Emile en me regardant. 

Mais heureusement que ça ne dure pas longtemps…N’est ce pas chérie ?

–Tout à fait... 

–Ça fait deux fois que je t’invite et tu me poses un lapin à chaque fois Yolande, dit Diane en souriant. Mais pour te rattraper, vendredi on peut justement prendre le petit dej ensemble. Hortense ça t’intéresse ?

–Oui pourquoi pas, ça ne me dérange pas, répond celle ci. 

–Vendredi sans faute, articulé-je. 

Je me sens coupable parce que je sais déjà que je n’irai pas à ce déjeuner. 

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Émile aime faire bonne impression aux gens, et étant donné que Richard est déjà fan de lui, de sa maison, de ce qu’il a. Moi mon travail c’est de faire bonne impression à sa femme Hortense. Mais ça ne sera pas facile. Elle m’a l’air plus compliquée. 

Elle ne parle pas beaucoup, mais observe énormément.

Pas comme Diane qui admire tout sans se poser de questions. Elle bave pratiquement devant mon mari. Si Emile avait un fan club, elle en serait clairement la presidente. 

Pendant qu'on prend l'apéro, Hortense a constamment les yeux sur moi. Ce que je n'apprécie pas parce que j'ai l'impression qu'elle lit en moi comme dans un livre ouvert. 

–Tu as de la famille Yolande? me demande t-elle. 

–J'ai une petite soeur de 16ans et demi qui s'appelle Mélissa. Après la mort de nos parents, je suis devenue sa tutrice légale. 

–Une vraie perle cette petite, ajoute Emile. Mais elle est attardée mentale... 

–Attardée mentale? Demande Richard. Donc elle est... Euh folle? 

–Non ce n'est pas la folie, explique Emile. Elle est juste en retard sur le plan intellectuel. En fait, quand on dit qu'une personne est attardée mentale, ça veut dire qu'elle a un retard dans le développement de la communication, un déficit de la mémoire, une difficulté d'apprentissage. 

Les enfants souffrant d'un retard mental apprennent plus lentement qu'un enfant normal. Ils peuvent prendre plus de temps à parler, développer des activités sociales, et prendre soin de leur personne (manger, s'habiller), tu comprends un peu ? 

–Oui je vois, dit Richard. 

Je n'apprécie pas que ma soeur soit le sujet de discussions et qu'on parle d'elle en ces termes. Mais je préfère avaler ma frustration. 

–Elle est à l'Institut spécialisé OASIS, depuis l'âge de 7 ans. Ajouté-je. Et je dois dire qu'elle a fait beaucoup de progrès. 

–Oui je connais l'Institut, renchérit Hortense. Mais de ce que je sais c'est un endroit qui ne garde que les enfants jusqu'à leur 18ans. Elle viendra donc vivre avec vous quand elle aura atteint sa majorité ? 

–Bien évidemment, répond Émile. C'est la soeur unique de ma chère femme donc je considère aussi cette petite comme un membre de ma famille, déficience mentale ou pas. Nous nous ferons un plaisir de l'accueillir ici. 

J'ai tout à coup une forte envie de pleurer, je refoule mes larmes et je me rend à la cuisine pour terminer mon dessert. Je monte rapidement la crème Chantilly avant de l'incorporer au dessert tout en regardant l'horloge toutes les deux minutes. Il est impératif que tout soit terminé à temps pour que le repas soit servi à 20:00 comme l'a précisé Émile. Il est très pointu sur la perfection donc je ne dois pas me rater. 

Dès que je reviens m'asseoir, Émile me jette un coup d'oeil. 

–Besoin d'aide ma chérie ? 

–Non ne t'inquiète pas, plus que quelques minutes et on pourra passer à table. 

–Donc comme ça, vous n’avez pas d’enfants ? m'interroge Hortense. 

–Oh non…pas encore…on veut d’abord bien profiter de notre mariage avant de faire des enfants.

–Tout à fait, renchérit Emile. Et je ne suis pas encore prêt à partager ma magnifique femme avec qui que ce soit.

–Vous deux c’était le coup de foudre ?Vous êtes mariés depuis combien de temps ? Ajoute t-elle. 

Qu'est ce qu'elle a à poser autant de questions ? Elle m'agace... 

–1 an ! Dit fièrement Emile. Et oui dès que je l’ai vue, j’ai su que c’était la femme de ma vie.

–Tout à fait, un véritable coup de foudre , ajouté- je la gorge nouée. 

Quand je repense effectivement à ce jour, je sens monter les larmes au point où je suis obligée d’inventer une raison et vite me lever pour aller à la cuisine.

Quand j’arrive à la cuisine, tout est déjà prêt. Je sors annoncer à tout le monde que le repas va être servi et qu'on peut passer à table.

Diane comme d’habitude n’arrête pas de complimenter mon repas et Emile en rajoute avec un large sourire et des yeux malicieux. 

–Effectivement j’ai été béni, j’ai une femme merveilleuse. Bonne cuisinière, parfaite maîtresse de maison. C’est un ange et elle sera une bonne mère…

C’est pendant des soirées comme celle-ci que je me rappelle pourquoi je suis tombée amoureuse d’Émile; Charmant, amusant et intelligent. Il sait exactement quoi dire et comment le dire…

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Le repas est agrémenté de discussions en tout genre. Je ne parle pas beaucoup sauf quand on me pose une question. Vincent qui est avocat , aborde le sujet d'une affaire sur laquelle il travaille. Il s'agit d'une femme battue par son mari. 

–Je savais que tu me conseillerais de défendre cette femme Emile. 

–Évidemment, tu sais que j'ai horreur des injustices. Les femmes sont des Reines qui doivent être honorées. Il faut que ce type termine en prison. Il doit regretter le jour où il a levé la main sur sa femme pour la toute première fois. Je ne supporte pas ce genre de salopard... 

C'est un miracle que j'arrive à avaler correctement ce que je mange en entendant un tel discours chevaleresque... 

–Tu es parfait en tout point Emile, s'extasie Diane. Beau, intelligent, gentleman, humble et en plus tu détestes les injustices. 

Celle-ci j'ai toujours soupçonné qu'elle serait peut être amoureuse d'Emile. Elle ne rate pas une occasion de le couvrir de compliments, de lui jeter des fleurs et tout ça sans se genêr que son mari soit présent. 

–Bah c'est pas pour rien que toutes les femmes du cabinet sont raides dingues de lui, ajoute Vincent, amusé. 

–Ça suffit tous les deux, vous me genêr avec autant de compliments, fait Émile en me regardant. Et puis Vincent tu sais que je n'ai d'yeux que pour ma chère femme, le reste m'importe peu. 

Hortense me fixe comme pour attendre une réponse à cette belle déclaration de mon mari. 

Je prends plutôt une gorgée d'eau pour faire passer le morceau de viande qui est coincée dans ma gorge actuellement. Vivement que ce repas se termine. 

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Le repas terminé, Émile et moi débarrassons la table et il me suit jusqu’à la cuisine où je dépose les assiettes méticuleusement dans l’évier pour les laver plus tard.Je mets la cafetière en marche et Émile met de l’eau à chauffer pour le thé. Nous retournons à table rejoindre les autres.

Alors que tout le monde rit et papote ensemble, je me retrouve à regarder les autres femmes et à me demander ce que ça doit être d’avoir leurs vies. De ne pas avoir quelqu’un comme Mélissa en charge. Dès que cette pensée se forme dans mon esprit,je me sens automatiquement coupable parce que j’aime Mélissa plus que ma propre vie et je ne la changerais pour rien au monde.

–Le repas était excellent Yolande, me complimente Richard. Franchement c'était digne des grands restos, bravo !

–Merci beaucoup !

–Oui c'était excellent comme d'habitude, fait Diane toute souriante.J’ai tellement bien mangé que je ne me suis même pas souciée de savoir si je pourrai entrer dans mon bikini quand on ira en vacances le mois prochain. 

–Où irez vous en vacances ? Demande Richard. 

–Normalement on avait prévu aller aux Maldives mais dès que Diane a vu les photos des dernières vacances de Yolande et Émile à Cancún au Mexique, elle a changé d’avis…

–Oui leurs photos étaient tellement magnifiques, l’hôtel, les paysages... 

Je vais chercher le café et le thé que je dépose sur la table. Chacun se sert ce dont il a envie et je m’assois. 

–Chérie,tu devrais montrer nos photos de vacances à Hortense, dit Emile en me gratifiant de son sourire le plus radieux. 

–Je ne pense pas que ça l’intéresse bébé…

Hortense me fait savoir que ça l'interesserait de voir nos photos de vacances. Je regarde Émile qui me lance un sourire malicieux. C'est le coeur lourd que je vais chercher l’album photo que je tends à Hortense. Elle feuillette les pages sans trop de commentaires mais Diane est toujours dans l’excès…

–Tu as vu comment c’est magnifique ?Il faut absolument que j’y aille…pardon un vrai paradis !

Je dois reconnaître que les photos sont superbes et dans celles où je suis vue, on me montre à mon avantage : mince, teint poncé, bien coiffée avec mes nombreux maillots de bain deux pièces. 

Dans la plupart des photos, je suis devant un hôtel ou allongée sur une plage privée, dans un restaurant/bar avec un cocktail coloré en main et une assiette exotique de fruits de mer devant moi. 

Dans toutes les photos, je souris à la caméra, l’incarnation de la femme chouchoutée et amoureuse de son mari. Émile est très perfectionniste, même en matière de photo…

Il y a des photos de nous deux où on se regarde amoureusement dans le blanc des yeux …

15 minutes plus tard, je vais chercher la boîte de chocolats qu’Hortense a apportée en arrivant.

–Quelqu’un veut-il du chocolat ?

–Je pense qu’on a tous suffisamment mangé, dit Emile en me fixant droit dans les yeux. 

–Je ne peux plus rien avaler, fait Richard. 

–Pareil pour moi, dit Vincent. 

Émile récupère la boite de mes mains en me regardant bien dans les yeux, et là je suis certaine que je ne les goûterai jamais en fait. Jusqu'à ce que Diane prenne la parole. 

–Moi j’aime trop le chocolat, j’en prendrai bien s'il te plaît. 

Émile dépose le chocolat sur la table et pendant que Diane se sert, je profite aussi pour en prendre.Je sens le regard d’Émile sur moi mais je continue à manger comme si de rien n'était en buvant mon café.

J'en profite au maximum. Tout le monde papote de tout et de rien et vu qu'apparemment il n'y a que moi qui intéresse Hortense, elle se tourne encore vers moi pour ses nombreuses questions. 

–Et toi Yolande, tu bosses dans quoi ? 

–Je ne travaille pas, je suis femme au foyer. 

Elle me regarde comme si je lui faisais une blague... 

–Femme au foyer ? Interroge t-elle. Vous n'avez pas d'enfants, pourquoi rester à la maison? 

–J'aime prendre soin de ma maison, dis-je la gorge nouée. Faire à manger à mon époux, m'occuper de notre jardin. Je n'ai pas envie de sortir aller bosser, mon foyer m'occupe déjà assez. 

–C'est très brave, ajoute Richard. 

Je regarde Emile qui me fait un autre de ses clins d'oeil. Quand mon regard tombe sur Hortense, elle a l'air de ne pas être convaincue par mon explication, mais elle n'ajoute plus rien. Elle recupère sa tasse de thé et prend une gorgée. 

À minuit moins, ils décident de s’en aller. On les raccompagne à la porte, je fais une bise aux messieurs. Diane me prend dans ses bras et Hortense me serre la main. On se met d’accord pour notre déjeuner de vendredi midi au restaurant Life by Mayena. Ils nous remercient encore pour la soirée et s’en vont.

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Je m'assois sur le lit et retire mes chaussures ainsi que mes bijoux. Je lève la tête vers Émile. 

–À quelle heure part-on d'ici demain pour le déjeuner avec Mélissa ? Lui demandé-je. 

–11h, me répond t-il avant de sortir de la chambre. 

Je m'allonge et au bout d'un moment je m'endors en pensant au fait que je pourrai voir ma Mélissa demain. J'ai bien bossé ce soir, je le mérite. 

Bonne lecture.