⚜️Chapitre 2⚜️

Yolande Otando épouse Biyoghe

Je ne ferme pratiquement pas l'oeil de toute la nuit tellement je suis impatiente que le jour se lève enfin pour que je puisse voir ma raison de vivre, Mélissa. À 7h00, je prends ma douche et je m'allonge à nouveau en pensant à tout ce que je pourrai bien faire avec ma soeur aujourd'hui.

 Emile débarque dans la chambre à 9h30 pour me faire savoir qu'on partirait de la maison dans trente minutes. Je ne suis même pas stressée de ne pas être prête à temps étant donné que j'ai déjà pris ma douche, il ne me reste que l'habillement. Je vais dans la chambre d'à côté où reste mes vêtements accompagnée d'Emile. 

Je fouille dans l'armoire et sors une robe bleue marine, ça fait longtemps que je ne l'ai pas portée. 

–Porte plutôt l'ensemble pantalon blanc avec les motifs colorés que je t'ai acheté la semaine dernière, dit Emile. Avec tes sandales noirs à talons ce sera très bien. 

Je range la robe et sors ce dont il a parlé. Emile m'observe en silence pendant que je m'habille. Dès que je termine, je lui remet mon petit sac à mains. Je me maquille, me coiffe et enfile mes bijoux puis nous sortons de la chambre. 

Arrivés dans le parking, nous nous engouffrons dans le véhicule. On est en pleine saison sèche donc il fait assez froid. Normalement je devrais monter les vitres pour me protéger du froid mais la sortie qu’on est en de train de faire là, je l’ai durement gagnée et j’ai l’intention d’en profiter au maximum, même du vent…

Il ouvre le portail avec la télécommande et dès qu’on sort, le portail se referme derrière nous.

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Pendant le trajet, je repense au dîner d’hier soir et je ne sais même pas comment j’ai pu tenir aussi parfaitement sachant que plusieurs choses auraient pu mal tourner.

–L'araignée de boeuf était cuite comme il faut, dit Emile. Les potiferoles bien moelleuses, la crème Chantilly était aérienne et pas trop sucrée. Pour quelqu'un qui n'a jamais preparé ces plats avant, tu t'en es bien sortie. La soirée s'est bien passée dans son ensemble. 

Je me rends compte que lui aussi repense au fameux dîner mais je ne lui réponds pas. 

–Hortense t'a bombardée de questions en tout genre et j’ai eu comme l’impression qu’elle ne t’apprécie pas beaucoup et je me demande pourquoi…

Je sais que je dois bien choisir mes mots…

–Je crois plutôt qu’elle n’aime pas ce qui a l’air trop parfait, lui repondé-je. On ne peut lui en vouloir pour ça. 

Il hoche la tête en continuant de conduire sans rien ajouter. En parlant du dîner, j'ai une question qui me traverse l'esprit. Je prends quelques temps à formuler ma question dans ma tête avant de la lui poser. 

–Diane, elle a toujours été comme ça avec toi ? 

–Comme ça comment? Dit-il sans me regarder. 

–Comme une vraie groupie, ajouté-je. Depuis que je la connais, elle te regarde presqu'avec des étoiles dans les yeux, comme si elle voulait t'avaler tout entier. Elle ne passe pas une seconde sans te couvrir de compliments, c'est limite si elle ne lècherait pas le sol sur lequel tu marches. Ce qui m'étonne c'est qu'elle ne s'est jamais gênée que Vincent soit présent pourtant, c'est un véritable manque de respect envers lui qui est son mari. 

Emile tourne la tête dans ma direction avec un sourire en coin. Puis plonge son regard dans le mien. 

–Et tu es bien la dernière personne qui pourrait la juger pour son comportement, me dit-il amusé. Elle apprécie ce qu'elle a sous les yeux un peu comme toi par le passé ma chérie. 

J'ai appris avec le temps qu'il était préférable de ne pas lui répondre, donc je me tourne vers la vitre et je regarde le paysage qui défile puis je me mets automatiquement à penser à Hortense.

Elle a l'air droite dans ses bottes, avec les pieds sur terre, difficilement influençable, avec un certain caractère et surtout avec la capacité à lire dans les gens. 

En d’autres circonstances, c’est quelqu’un que j’aurai certainement apprécié, mais le fait qu’elle soit aussi suspicieuse et dubitative la rend très dangereuse pour quelqu’un dans ma condition…

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On ne se dit plus rien pendant tout le trajet vers l’Institut OASIS. Ça nous prend environ une heure pour y arriver. Ça fait un mois qu’on n'a pas vu Mélissa, impatiente de me voir, elle attend sur le banc devant la porte d’entrée.

Elle porte une robe et un pardessus orange(sa couleur préférée), elle se triture les doigts d'un un air anxieux. Dès qu’elle aperçoit la voiture qui se gare, elle se précipite vers moi les yeux brillants de larmes de soulagement, Emile est juste à côté à nous observer…

Chaque personne inscrite à l’Institut OASIS a une sorte de nounou assignée à ses soins personnels.

La « nounou » de Mélissa est une femme d’une quarantaine d’années qui s’appelle Odile. Elle se tient debout, pas loin de nous les bras croisés avec un joli petit sourire bienveillant.

–Un mois qu’elle ne vous a pas vus, elle était vraiment triste pendant tout ce temps, dit-elle. Mélissa, là ça va mieux ?

–Ouiiiiiii, je suis contente, Yoyo est là! Se rejouit-elle en me serrant dans ses bras.

Ça me fait tellement plaisir la voir, de pouvoir la toucher. On reste un petit moment l'une dans les bras de l'autre. 

–Odile, Yolande était vraiment très grippée, lance Emile. Donc on a préféré qu’elle soit totalement rétablie pour passer voir Meli. On ne voulait surtout pas qu’elle attrape également la grippe.

–Oh je comprends, et vous avez bien fait ! Je lui avais expliqué pourquoi vous ne pouviez pas venir, c’était assez difficile pour elle.Vous savez qu’elle vous aime beaucoup tous les deux.

–Et nous l’adorons aussi, fait Emile en souriant grandement à ma soeur.

–Mélissa, dis bonjour à Emile.

–Bonjouuuur Emile, tu vas bien ? 

–Je vais bien ma puce. Je t'ai apporté un cadeau. Je sais que tu adores les histoires audio, je t'en ai ramené. 

Mélissa aime beaucoup les contes, depuis qu'elle a 7ans j'ai pris l'habitude de lui acheté des CD d'histoires qu'elle écoute en boucle. Emile sort le CD de contes africains et le tend à Mélissa qui sautille de joie et lui fait un bisou sur la joue. J'observe la scène sans rien dire. Que puis-je dire d'ailleurs ? 

–Merciii beaucoup, fait-elle en retournant le CD dans ses mains. 

–De rien ma chérie. Maintenant on va aller déjeuner. Tu veux manger quoi Mélissa? 

–La pigza... 

–Malheureusement on ne prendra pas de pizzas ma chérie, lui répond t-il. On va aller dans le même restaurant où on mange souvent de bonnes crêpes au dessert. Tu ne veux pas de crêpes Meli? 

–Si... 

Elle est vraisemblablement déçue mais n'ajoute plus rien. On dit au revoir à Madame Odile et nous nous tournons vers le véhicule. 

En montant dans la voiture pour nous rendre au restaurant, Melissa veut que je monte avec elle à l’arrière. Mais Emile refuse en disant à Melissa que si on s’asseoit toutes les deux à l’arrière, il aurait l’impression d’être comme un chauffeur de taxi... 

Je monte à l’avant et on fait pratiquement 20 minutes de trajet avant de nous garer sur le parking du restaurant.

On entre dans le resto et un serveur vient rapidement s’occuper de nous. Vu qu’on a l’habitude de venir à cet endroit avec Melissa, le personnel nous reconnaît déja. 

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Pendant le repas, je fais la conversation à Mélissa, je l’encourage à parler,je lui pose des questions sur ses journées à OASIS, sur les différentes activités auxquelles elle participe quotidiennement. Ça me fait énormément plaisir de voir que de jour en jour, elle s'améliore. Emile lui raconte comment il est en train de préparer sa magnifique chambre et qui est déjà peinte en orange. Après le dessert, Mélissa me fait un large sourire. 

–Yoyo on va marcher ?

–Oui bien sûr, lui repondé-je tout sourire. 

–Laissez moi régler la facture et on va marcher, fait Émile en sortant son portefeuille. 

Ça fait longtemps qu'on n'a pas été seule toutes les deux, donc ça ne fait clairement pas plaisir à Mélissa qu'Emile veuille s'incruster dans notre balade comme d'habitude. Moi ça ne me surprend pas, je savais qu'il allait venir avec nous. 

–Longue balade, Émile peut...peut rester ici, fait Mélissa. 

–Non Mélissa on ne peut pas faire une longue balade, lui répond Émile. Il fait quand même assez froid dehors et moi je ne suis pas bien couvert. On y va tous ensemble et après on te ramène. 

Mélissa ne dit plus rien et nous allons tous les trois marcher au bord de la plage. Émile est toujours entre Mélissa et moi. Ça me dérange de ne pas pouvoir profiter de ma soeur au maximum mais je n'ai trop le choix, c'est ça ou rien. 

On marche pendant environ 40 minutes et Emile annonce que la balade est terminée. On retourne à OASIS pour déposer Mélissa qui est toute triste.

Je sais qu’elle doit ressentir la même frustration que moi, parce qu’on ne profite pas bien de nos moments ensemble. Elle demande si on viendra le week-end prochain, Emile lui dit qu’il fera tout son possible pour qu’on soit là…

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Après avoir déposée Mélissa à OASIS, on prend le chemin du retour vers la maison.Je regarde le paysage défiler et je pense a nouveau à Diane et au déjeuner qu'elle m'a proposé.

–Il faut que j’appelle Diane avant Vendredi pour lui dire que je ne pourrai pas aller à notre rendez vous pour déjeuner avec Hortense.

–Au contraire, je pense que tu devrais y aller me dit-il. Tu as quand même déjà annulé deux fois, à chaque fois qu’elle t’invite. Elle finirait par trouver ça louche que tu ne sois jamais dispo. 

Je tourne la tête pour l’observer sans rien ajouter, parce que je ne sais pas à quoi il joue.

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Je suis surprise quand vendredi matin il me demande de mettre une jolie robe pour le déjeuner avec Hortense et Diane.Je suis tellement incrédule, à tel point que j’ai eu du mal à croire que c’est vraiment en train d’arriver. Dans le véhicule je commence à avoir de l’espoir de pouvoir enfin agir. Mais quand on gare devant le restaurant et que je me rend compte qu'il a l'intention de rentrer avec moi dans le restaurant, tous mes espoirs tombent à l'eau. 

On arrive à la table de Diane et Hortense qui se lèvent pour nous faire la bise. 

–Émile, tu es venu déposer ta femme et nous faire un petit coucou? demande Diane en regardant Émile comme un gâteau au miel. 

–En fait aujourd’hui c’est ma journée off, donc au lieu de rester à la maison à ne rien faire, j’ai décidé de venir m’incruster à votre déjeuner si ça ne vous dérange pas bien sûr. Et c’est moi qui règle la facture mesdames, la galanterie est de mise, répond t-il avec un large sourire. 

–Évidemment que tu ne déranges jamais Emile, assieds-toi! fait Diane. 

– Généralement à un rendez entre femmes, on critique les hommes, dit Hortense avec un petit sourire en coin. Donc c’est dommage que tu sois présent, on ne pourra même pas te critiquer. 

–Me critiquer ? Mais non, je pense que vous pouvez trouver des sujets plus intéressants et surtout plus importants que de parler de moi. 

–À quoi ça servirait même de te critiquer ? Tu es tellement parfait qu’on aurait rien à dire sur toi, ajoute Diane. 

C'est limite si je ne roule pas des yeux face aux commentaires de Diane, elle ne se fatigue donc jamais ? Hortense comme la dernière fois a une façon de me regarder qui est bien trop inquisitrice à mon goût. 

–La perfection n'existe pas voyons, dit-elle en me fixant.Je suis sûre que Yolande peut quand même nous trouver 2 ou 3 petits défauts. 

–Malheureusement, il n’y a vraiment rien à signaler, repondé-je en feuilletant le menu.J'ai beau chercher mais rien ne me vient à l'esprit. Sauf peut être que chaque soir en rentrant du boulot, il me rapporte toujours un cadeau, à tel point que je ne sais même plus où les ranger. 

–Mais ça ce n’est pas un défaut ma chérie, glousse Diane. Émile tu devrais donner deux ou trois conseils à ton ami, parce que franchement il ne sait pas c’est quoi être romantique. J'ai vraiment épousé un villageois quoi! 

Diane et Emile éclatent de rire, moi je me contente de mon petit sourire de circonstance. Hortense me fixe mais je replonge automatiquement mes yeux dans le menu, elle me met trop mal à l'aise. Pendant qu'on feuillete tous le menu, la discussion tourne un peu autour de l'actualité mais je n'y participe pas vraiment.

 Puis 10 minutes plus tard, le serveur vient chercher nos commandes et je n'ai pas l'intention de me priver, je suis affamée. 

Diane et Hortense commandent uniquement des spaghettis Carbonara et une glace à la vanille pour le dessert. Emile se limite à une une salade César, Puis je lance ma commande complète de l'entrée jusqu'au dessert. 

–Pour moi ce sera une salade de thon, du poulet braisé avec des frites et au dessert deux crêpes au Nutella avec un supplément de glace au caramel. Accompagné d'un verre de vin rouge, merci. 

–Ekieee Miss monde, s'exclame Diane amusée. C'est comment tu veux te goinfrer comme ça? Et depuis quand tu bois de l'alcool en journée ? 

Je lui souris sans répondre.Je sens le regard d'Emile sur moi mais je compte bien profiter de ce repas pour me faire plaisir. Ce n'est pas tous les jours que j'en ai l'occasion... 

Bonne Lecture.