Chapitre 1
Ecrit par sokil
Chapitre 1:
De nos jours…
Il est 20h lorsque Steve vient de me raccompagner devant le portail,
chez mes parents! Nous ne nous cachons plus et nous voulons faire les
choses comme de grandes personnes; quoi de mal? Nous nous aimons d’un
amour très fort! C’est si puissant que rien, ni personne n’a eu le cran
de vouloir nous séparer, ni ma mère, encore moins mon père.
- Bonne nuit Chou!
- Bonne nuit Chou! Je n’ai jamais oublié, c’est exactement à
cet endroit que nous avions l’habitude de nous retrouver pour aller
jouer lorsque nous étions des gamins… J’avais 5 ou 6 ans je crois bien!
- Je t’aime!
- Je t’aime Steve!
- Allez rentre vite ! Il fait froid, mais surtout je ne veux
pas que ton gros chien vienne nous surprendre et me mordre le mollet!
- Tu parles de mon père? Rires; je serai bientôt majeure hein!
- Oui… Mais, c’est ton père et il a encore tous les droits sur
toi! Le fait qu’il me déteste autant, ne doit pas faire en sorte qu’il
te mène la vie si dure!
- C’est déjà très dur à la maison, avec ma mère et tout ça! Bref j'ai même pas envie d’en parler!
- N’en parlons plus ! Aller bisous ma belle et n’oublie pas ! Notre fameux slogan: meilleurs amis du monde…
- Meilleurs amis … Pour la vie! Bonne nuit Steve!
Ce slogan “Meilleurs amis du monde, meilleurs amis pour
la vie” Steve et moi nous l’avons crée, pas de toutes pièces, mais avec
le temps! Steve et moi ça date! Pour que nous en arrivions là nous
avons tenu ferme et bon, mais surtout nous avons tenu bon… et ferme!
Voila moi je m’appelle Klariza Sama, j’ai 18 ans, et je suis la fille de
Tsoungui Ferdinand, grand architecte réputé dans la ville de Yaoundé,
et surtout connu dans le monde des affaires. Un vrai natif des
Mvog-Ada, chez les Ewondo. N’allez pas me demander pourquoi je ne porte
pas le nom de Tsoungui, je n’en sais rien, je n’ai jamais cherché à
savoir; je porte bien évidemment le nom de ma mère Madame Juliette Sama,
épouse Tsoungui. Mon père fait partie de ceux qu’on appelle
vulgairement au Cameroun les « Bohboh ou Gros Noms »; il a une telle
réputation à faire tomber même les portes en fer! C’est ça lui, c’est
tout lui! J’ai presque la larme à l’oeil quand je repense à mon
enfance; j’avais 5 ou 6 ans et je me souviens comme si c’était hier.
Xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx Mon enfance xxxxxxxxxxxxxxxxxxxxx
J’aime à le dire, que je m’en souviens comme si c’était
hier… Nous habitions le très célèbre quartier huppé Santa Barbara. A
l’époque, ma mère faisait partie de ces grandes dames adulée, respectée,
courtisée par ses amies et relations, elle était même admirée, voire
enviée de tous; normal, quand on est l’épouse d’un tel, Tsoungui! Elle
avait connu mon père très jeune, elle était encore élève au lycée et à
la fleur de l’âge. Orpheline de père et de mère, elle n’a qu’une sœur
aînée, tante Claude; c’est elle qui s’est toujours battue pour elle et
lui a toujours payé ses études, jusqu’à ce qu’elle croise la route de
Ferdinand Tsoungui, mon père! Elle avait vu en lui le père qu’elle
n’avait pas eu, il était comme son messie, son sauveur en quelque sorte.
Ce dernier n’avait pas trop attendu, il l’avait épousée rapidement
devant Monsieur le Maire. Elle avait souvent pour habitude de me dire
que le mariage l’avait transformée, voire métamorphosée; je n’ y
comprenais rien qui vaille; mais vu la façon dont elle me le disait
souvent, son regard était en permanence emprunt d’une grande tristesse.
En ce temps là, mes parents venaient de
m’inscrire à l’Ecole primaire et maternelle Marie Gocker; je m’en
souviens très bien parce que j’avais remarqué que non seulement nous
étions voisins au quartier, mais lui aussi faisait partie de la même
école que moi, Steve! Son nom c’est Steve Djengue, fils du maître
d’école Djengue avais je finis par apprendre un peu plus tard. Lui
aussi m’avait reconnue. Tous les matins, lorsque nous nous croisions à
l’entrée de l’école, Steve me faisait juste un sourire timide ou encore
il me disait juste un bonjour du geste de la main auquel je répondais
naturellement, sans plus. Mais c’est le jour où ce dernier eut un
comportement loyal envers moi que nous nous rapprochâmes et que nous
devînmes inséparables. Tout seul il avait réussi à venir à bout d’une
bande de camarades de classe qui en avaient après moi sur la cours de
l’école. Il leur avait dit à tous qu’il était mon grand frère et que
personne ne devait plus toucher à un seul de mes cheveux.
Je n’étais qu’une gamine, un enfant, et je ne savais pas
faire la différence; tout ce que je savais, c’est que comparé à la
notre, la maison des parents de Steve était toute petite, il n’ y avait
pas de portail! Il suffisait de pénétrer chez eux qu’ on y voyait tout
ou presque. Tout était empilé, les uns sur les autres, et si mes
souvenirs sont bons, il n’ y avait qu’une seule pièce qui leur servait à
tous de chambre. Mais je ne savais pas faire la différence, tout ce
que je voulais, c’était jouer avec mon nouveau copain, celui là même qui
avait pour habitude de me protéger et de me défendre à l’école.
J’aimais passer du bon temps avec lui, tout le temps! Jusqu’au jour où
j’entendis mon père tonner, et s’en prendre violemment à ma mère.
- Tout est de ta faute Juliette…. Tes sales habitudes que tu lui inculques! Je déplore cela tu entends?
- Je sais, mais…
- Mais quoi? Que notre fille fasse joujou avec un gamin de … bas étage?
- Ce ne sont que des enfants, rien de…
- Ma fille ne fréquente pas les pauvres! Je ne fricote pas
avec les prolétaires moi! La basse classe… C’est dénigrant! Et… et toi
tu cautionnes ça!
- Je…
- Je vais lui interdire ça… De souiller notre image! Je ne l’accepte pas!
- Elle ne comprendra pas elle n’a que 5 ans !!!
- Eh bien débrouilles toi à l’éloigner de ce gosse! Je veux plus le voir ici! Est ce bien clair?
Je l’avais trouvé trop cruel, ignoble et
méchant! A partir de ce jour, Steve et moi ne nous voyions et ne
jouions qu’à l’école. Une fois rentrés, c’était chacun pour soit, ni
vu, ni connu. Ma mère n’avait plus permis plus ce genre de
fréquentation, par peur de représailles. Ce n’est que vers l’âge de 7
ans, que je commençais à réaliser un tout petit peu ce qui se passait.
Je venais de réaliser…
Steve n’était qu’un garçon dont le père,
maître d’école et la mère simple femme au foyer étaient démunis. Nous
étions voisins certes mais la différence était si flagrante; la zone
avait été délimitée en deux, celle des riches et celle des pauvres.
Steve faisait partie de la zone 2, celle du sous quartier, communément
appelée bidonville. Steve était mon ami malgré tout; je le considérais
vraiment comme tel. Nous venions de créer ce fameux slogan, “Meilleurs
amis du monde, meilleurs amis pour la vie” et rien que le fait pour nous
de nous l’entendre nous le répéter sans cesse nous donnait une telle
pêche que nous avions envie de nous battre pour cela. Notre amitié ne
fit que se renforcer tout au contraire.
- Tu es mon ami hein?
- Klariza! Tu es mon amie!