Chapitre 2

Ecrit par sokil

Je grandissais à vue d’oeil, n’en parlons plus de lui Steve. Il venait d’entrer en classe de 6ème au lycée et moi je ne faisais que la classe du cours moyen deuxième année. Nous avions développé depuis toutes ces dernières années, une faculté d’adaptation très forte. Mon père, malgré ses éternels soupçons n’avait plus eu l’occasion de revoir Steve chez nous. Mais personne n’était bête! Steve et moi nous étions comme les deux doigts de la main; nous avions fini par élaborer un stratagème pour se voir à l’insu de mes parents. Quand ces derniers étaient absents, Steve pouvait rappliquer chez nous et vice versa, jusqu’à ce que ce dernier nous surprenne un soir entrain d’étudier. Je préparais le concours d’entrée en classe de 6ème et le Certificat d’Etudes Primaires et Élémentaires. Il faut avouer que Steve m’aidait bien dans ce sens; il était très doué!
Mon père avait juste fait mine de nous avoir vus, mais nous savions au fond ce qui l’animait. Il avait tout simplement digéré avec peine. Cela finit par devenir assez récurrent, et toute la maisonnée sembla s’accommoder sans laisser rien paraître. Mes parents avaient eux aussi leur lots de problèmes; ma mère semblait de plus en plus triste et cela dépeignait constamment sur son visage; papa était incontrôlable avec elle, ça allait de mal en pis, je le sentais. Un soir alors que nous étions entrain d’étudier, Steve et moi entendîmes des éclats de voix, ça venait du haut de la chambre de mes parents, ce qui nous fit sursauter tous les deux.

- Non ! Ferdinand, ne fait pas ça, s’il te plait! Je … Je… ne peux pas continuer de la sorte, je suis fatiguée!

- Tu n’es qu’une ingrate! Toute cette vie de princesse que tu mènes, ne t’enchante t’elle pas? Qui es-tu pour me dicter ce que j’ai à faire? Je te rappelle que je t’ai ramassée à la rue, et presque sans le sous! Orpheline de surcroît en plus d’une sœur alcoolique faisant le tapin pour subvenir à vos besoins. Je ne te demande pas ta permission!!! Il ne manquait plus que ça, donner des explications à une femme! Moi? Le très honorable Tsoungui digne fils des mvog-ada, héritier de son feu père le grand chef Tsoungui Ada. Mais ça ne va pas dans ta tête!

Le calme qui revint juste après sembla faire place à la tempête qui allait suivre. Juste après, ma mère sorti de la chambre en trombe, papa étant à ses trousses. Nous pûmes entendre le bruit de quelque chose qui s’affala sur les carreaux, on aurait dit un gros sac qui tombait! La scène se déroula au niveau des escaliers. Maman venait de se faire copieusement bastonner par lui avant de perdre l’équlibre et de dégringoler tout le long de ces marches. Résultat elle eut une jambe cassée. Je paniquai, j’avais la bouche ouverte pendant que Steve se leva spontanément et se précipita vers ma mère pour l’aider à se relever; c’est alors que mon père le stoppa net. Il lui empoigna le bras et lui dit dans les yeux plein de colère, je me souviens bien de son regard noir et perçant.

- Que fais tu ici? Va nu pieds?

Tout en lui proférant des insultes grossières, je vis Steve balbutier des mots d’excuses, il semblait si pétrifié et ne sut ni quoi faire ni rajouter dans ces propos maladroits.

- Fiche le camp d’ici en toute vitesse! Si tu ne veux pas mon coup de pieds dans ton derrière! Allez ouste!

Moi j’étais si terrifiée, si honteuse! Je tremblais de tous mes membres, pendant que ma mère gémissait et criait de douleur. C’est Tatie Suzy, la ménagère qui a toujours vécu avec nous qui vint l’aider à se relever. Furieux, mon père, proféra encore des paroles avant de remonter dans sa chambre et de refermer violemment la porte derrière lui, ce qui nous fit sursauter, et nous laissa dans la plus grande peur.

Ma mère passa plusieurs jours à l’hôpital; on lui avait plâtré la jambe; elle se servait d’une béquille pour se déplacer. Cette situation difficile ne m’empêcha pas de braver avec brio mon examen d’entrée en classe de 6ième et d’être parmi les meilleurs élèves de la classe à avoir réussi également avec brio le C.E.P.E cette année la. Ma mère travaillait au ministère des relations extérieures mais papa avait usé de son pouvoir pour qu’elle n’évolue pas; elle piétinait donc sur place depuis plusieurs années, occupant la même fonction et ne se contentant que des maigres augmentations de salaire. Mon père ne voulait pas qu’elle profite de certains avantages tout comme ses collègues qui avaient le privilège d’effectuer des missions tout le temps hors du pays. Avait elle le droit de parler? Avait elle le droit de se plaindre? Surtout pas. C’est tante Claude, sa sœur qui finissait toujours par essayer de percer cet abcès encore dur de l’intérieur et tenter d’éveiller sa conscience. Dieu merci papa n’était pas très souvent là; car tata Claude avait l’habitude de ne pas peser ses mots, l’alcool aidant et prenant parfois le dessus.

- Tu vas mourir avant le temps ma chère sœur… Regarde comment il te détruit à petit feu? Il … il vous détruit tous!

- Calme toi Claude! C’est pas la peine!

- C’est pas la peine? C’est pas la peine? Non mais… Tu t’es regardée? Est ce que tu prends la mesure de la chose Juliette? Vous êtes là plongées dans une espèce de … gouffre! Je ne sais pas moi!

- Tu as un peu bu!

- Je suis bien lucide! 3 Guinness pour moi c’est minable! Il m’en faut plus pour m’émoustiller! Je t’ai toujours dit ce que je pense, de ce mariage qui n’était qu’une grave erreur… Je regrette d'avoir encouragée ce choix qui te conduira toi et la petite tout droit vers la ruine totale!

Je les entendais à l’autre bout du couloir, plus tante Claude parlait, plus le ton montait; je m’étais rapprochée un peu plus pour mieux les entendre. J’avais déjà l’âge de la raison et beaucoup de choses, des détails comme ceux ci ne m’étaient plus indifférents. Ma mère avait éclaté en sanglot, elle venait de se lâcher.

- Claude! Je … je ne sais plus quoi faire je… J’aimerai vraiment le quitter! Mais en même temps je … je pense à Klariza! Je me sens comme liée; il est si puissant! Si… si j’ose prendre une telle décision, il en finira tout simplement avec moi!

- Comme si c’est lui qui ne le fera pas avant toi! Est ce que tu as des économies?

- Non!

- Juliette ne me dit pas ça! Ne me dit pas que pendant tout ce temps… Tu vis ici dans un palais, dehors on te respecte comme étant la femme, l’épouse d’un grand homme! Ne me dit pas que derrière tout ce décor tout est vide! Ne me dit pas que tu es sans le sous Juliette!!! Tu as toujours eu cette habitude; auparavant c’est moi qui me battait corps et âme pour te faire vivre et aujourd’hui, malgré ton travail tu attends que ce soit encore lui qui te donne ce même souffle vie? Réveille toi! Bon sang ! Réveille toi! Pense à toi, à ta fille, bouge toi! Commence à garder les sous, un peu un peu! Car mets toi dans le crâne ma chérie, mets toi dans la tête que dans la vie on se naît jamais, il faut toujours prévoir et avoir de l’avance! Si Tsoungui décide lui même de te foutre à la porte… Que feras – tu? Que deviendras tu? Avec lui il faut s’atttendre à tout! Il t’a déjà cassé une jambe et ensuite? Ça sera quoi?

Tante Claude parlait sans cesse tout en déambulant de part et d’autre de la pièce; je m’étais rapprochée un peu plus et je pouvais les voir et les entendre à leur insu. Ma mère s’était tu, elle l’écoutait en secouant juste la tête comme pour affirmer tous ses dires.

- Tu as raison Claude… Je vais le faire! Je suis quand même dans les tontines, tu sais nos fameuses réunions du dimanche…

- Laisse moi les tontines! Ouvre toi un compte en bonne et due forme et tu commences à mettre des sous, ça vaudrait mieux!

- D’accord!

- Quand je pense… Tu sais, je repense souvent à lui! Et je me suis toujours demandé pourquoi pas lui?

- Que veux -tu dire? Tu parles de qui?

- Je veux parler de Richard!

J’avais suivi toute la conversation, d’ailleurs c’était devenu un de mes passe temps favori. C’étaient les grandes vacances alors le jeu s’y prêtait favorablement. Tante Claude était toujours au rendez – vous, tous les vendredi soir, que mon père soit là ou pas. Ce prénom devenait de plus en plus récurrent et jamais elle ne n’omettaient de le mentionner, dans leurs échanges, Richard! Qui était il? Intriguée, je finis par comprendre qu’il s’agissait sans doute d’un ami de longue date.j'étais tout de même intriguée

Une lumière dans les...