Chapitre 1: Enfant modèle
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 1: ENFANT MODÈLE
**MYRNA NZAOU**
Comme si les gens s'étaient passés le mot, toute la salle s'est retournée pour me regarder. Le prédicateur a levé ses yeux pour me regarder et j'en ai fait de même, nos regards se sont accrochés. Mon corps s'est figé et j'ai senti mes jambes me lâcher. Je me suis retrouvée au sol. J'ai juste eu le temps de l'entendre crier au micro.
Ethan: Myrna??
Et ce fut le trou noir. Lorsque j'émerge, le premier visage que je vois est celui de maman Jeanne car elle se trouve au-dessus de moi sur le lit sur lequel ils m'ont mis. Nous sommes dans l'une des salles qu'on exploite souvent pour faire des délivrances.
Maman Jeanne : Mimi ça va mieux ? Tu nous as fait une de ces peurs.
Moi : (me redressant du petit matelas sur lequel j'étais allongée) Oui mam, ne t'inquiète pas pour moi.
Maman Jeanne : C'est comment tu t'es évanouie de la sorte ?
Pasteur Mike: Oui ma fille, c'est comment ? Tu as fait comme si tu avais vu un fantôme.
Moi : Oui enfin non, c'est juste que j'ai cru voir quelqu'un mais ce n'était qu'une
Voix: (de l'extérieur de la pièce) Elle s'est réveillée ?
C'était la voix de la responsable des chantres. Cette femme m'avait surprise une fois à la maison en train de chanter, je ne savais même pas qu'elle écoutait, maman était malade et elle m'avait demandé de chanter pour elle car elle était persuadée que si je le faisais, elle guérirait. Elle savait que c'était la seule façon de me tenir en dehors des heures où je consentais à le faire. J'avais chanté et la responsable des chantres qui venait à la maison prier pour maman m'avait écoutée , d'après elle, elle avait tellement été saisie que lorsqu'elle était rentrée pour constater que c'était moi qui le faisait, elle n'en revenait pas. Depuis lors, elle me persécutait presque pour me faire intégrer le groupe de chantres, mais comme je l'ai dit plus tôt, c'était non, j'avais définitivement fermé la porte du chant, j'avais déjà fait l'effort de revenir à l'église et reprendre la prière, il ne fallait pas m'en demander plus.
J'ai reconnu sa voix et j'ai levé les yeux en direction de la porte et là mes yeux ont à nouveau croisé son regard et de nouveau, je me suis figée. Ce n'est pas possible, donc ce n'était pas un rêve ? C'était bien lui ? Il avait certes grandi, ce n'était plus le jeune garçon de 17 ans que j'avais connu 11 ans plutôt, il avait davantage grandi et pris du muscle. Ses traits du visage s'étaient beaucoup plus affirmés pour lui donner un caractère d'homme plutôt que celui de l'adolescent qu'il était. Pourtant lorsqu'on le regardait, on pouvait parfaitement reconnaître son visage car c'était exactement le même que ses trois enfants avaient pris. Ce n'était pas possible, ça ne pouvait pas être lui. Comment ça se fait ? Nous étions là à nous regarder jusqu'à ce qu'il commette l'erreur de prononcer mon prénom.
Ethan : (me fixant et faisant un pas dans ma direction ) Myrna.
Le son de sa voix est venu bousculer des choses à l'intérieur de moi et la surprise que je ressentais s'est transformée en colère. J'ai senti une boule partir de mon ventre pour ma gorge, me faisant trembler au passage, mon regard s'est assombri et mes traits se sont durcis.
Moi: Ne t'approches pas de moi et sors d'ici.
Ethan : Myrna je
Moi: (Hurlant) Sors d'ici espèce de chien, sorcier, criminel, agent du diable, démon.
Le pasteur et maman ont écarquillé les yeux de surprise sans doute dépassés par la situation.
Maman Jeanne : (abasourdie) Mimi c'est comm
Moi: (le regardant qui s'était arrêté mais me fixait toujours) J'ai dit de sortir de cette pièce assassin.
Pasteur Mike: Ma fille qu'est-ce qui t'arrive ?
Ethan : Je veux juste
Je me suis levée du lit pour ramasser la première chose qui me tombait sous la main et c'était une bouteille d'huile d'olive. J'ai lancé ça dans sa direction avec tellement de force qu'elle est allée se briser contre le mur derrière lui parce qu'il avait esquivé.
Maman Jeanne : (Mettant ses mains sur sa bouche choquée ) Saint Esprit.
Papa Mike était tout aussi choqué que maman et me regardait avec de grands yeux et la bouche ouverts. Attirés par le bruit que cela a causé, certains frères et sœurs sont rentrés dans la pièce pour comprendre ce qui se passait. Mais cela ne m'a pas arrêté pour autant, j'ai attrapé une autre bouteille et j'avais l'intention de répéter le geste quand papa Mike m'a attrapé pour m'empêcher de le faire.
Pasteur Mike: Ma fille calme toi.
Moi: (me débattant avec lui) Lâchez-moi, je vais le tuer aujourd'hui ce sorcier. Cet envoyé du diable.
Pasteur Mike: (aux frères) Venez m'aider.
Dimitri : (un frère) Elle est possédée ?
Moi : Lâchez-moi.
Pasteur Mike: (à Ethan) Homme de Dieu svp, sortez de cette pièce.
Il m'a regardé pendant un moment avant de partir. Le pasteur et les frères se sont mis à prier pour moi afin que je me calme car j'étais toujours très agitée. Je me débattais toujours jusqu'à ce que j'éclate en sanglot et je tombe à genoux. Ils m'ont relâché et se sont tous mis à me regarder. Personne ne comprenait ce qui se passait. C'est vrai que depuis 3 ans maintenant que je fréquente cette assemblée, j'ai toujours été très étrange mais jamais je n'ai agi de la sorte. Là c'était un autre niveau, j'étais vraiment comme quelqu'un qui était possédé ou sous l'emprise des puissances ténébreuses.
Maman Jeanne : Svp, laissez nous un moment.
Pasteur Mike: (aux autres) Allons-y.
Ils sont tous sortis un à un, nous laissant maman et moi toutes seules dans la pièce. J'étais toujours à genoux en train de pleurer. Maman est venue s'agenouiller à mes côtés et m'a touchée l'épaule.
Maman Jeanne : Mimi c'est comment ?
Moi: (m'agrippant à elle) Maman que cet homme ne s'approche plus jamais de moi et je veux rentrer à la maison.
Maman Jeanne : (me caressant le dos pour m'apaiser) C'est bon mon bébé, c'est bon. On va rentrer, mais calme toi maintenant et essuie tes larmes.
Je me suis redressée et me suis exécutée.
Maman Jeanne : Attends-moi là, je vais aller dire aux autres qu'on rentre à la maison. Tu as compris ?
J'ai bougé ma tête en signe affirmatif et elle s'est relevée pour sortir. Je suis restée quelques minutes toute seule avant qu'elle n'entre à nouveau avec le pasteur.
Pasteur Mike: Myrna tu es sûre que ça va ?
Moi: Oui. Je veux juste rentrer à la maison.
Pasteur Mike: D'accord. Demain je viendrai te voir.
Il s'est encore entretenu avec maman avant de nous laisser partir. Quand je suis sorti de la pièce, les gens me regardaient comme une extra terrestre ou une personne qui avait perdu ses esprits. Je ne me suis pas attardée dessus. En sortant du grand bâtiment, j'ai aperçu ce démon debout en train de parler avec un autre pasteur de l'église. Il était de dos, le pasteur Samuel lui a dit quelque chose et il s'est retourné pour me regarder, nos regards se sont accrochés. J'ai détourné le mien et je suis sortie du grand portail pour aller attendre maman à la route car elle s'était approchée d'eux pour les saluer. Dès qu'elle est revenue, j'ai arrêté le taxi et nous sommes rentrées à la maison. Le trajet était silencieux, je sentais de temps en temps son regard insistant sur moi, mais elle ne disait rien. Nous sommes arrivées au quartier, j'ai payé avant de descendre et de marcher à pas pressés vers la maison. Elle tentait tant bien que mal de suivre mon rythme. Lorsque je suis rentrée à la maison, je me suis directement dirigée vers ma chambre où étaient mes 3 enfants. Je suis allée les trouver sur le lit et les ai serrés dans mes bras à les étouffer.
Kilian: (étonné) Maman, tu nous fais mal.
J'ai légèrement relâché l'étreinte.
Moi: Je suis désolée.
Ethan : Tu as pleuré maman ?
Moi: Non.
Ils se sont tous les trois détachés pour me regarder dans les yeux. Ces enfants lisent en moi comme dans un livre ouvert, à chaque fois que j'essaie de leur cacher des choses, ils le devinent presque toujours.
Lilian : Maman ne ment pas, tu as pleuré.
Kilian : Quelqu'un t'a fait du mal ?
Moi : (Silence)
Ethan : Regarde comment tu trembles.
J'ai baissé mes yeux et je me suis rendue compte que je tremblais effectivement. Je suis énormément bouleversée. Mon être entier est complètement troublé.
Eux: (inquiets) Maman qu'est ce qui t'arrives ?
Maman Jeanne : (debout devant la porte) Les enfants, allez-y dans ma chambre. Je vais parler avec votre mère.
Ethan : (regardant sa grand-mère) Maman est malade ?
Maman Jeanne : Non mon poussin, elle n'est pas malade. Il faut juste que je lui parle. Allez-y prier pour elle d'accord ?
Eux: (en chœur) D'accord.
Ils m'ont fait chacun un bisou sur la joue avant de sortir de la chambre. Mes larmes se sont remises à couler.
Maman Jeanne : Regarde comment tu effraies les enfants Mimi. Est-ce que c'est normal ? Tu fais comme si tu avais vu (écarquillant les yeux de surprise, je crois qu'elle vient de comprendre ce qui se passe) C'est lui ?
Moi : (silence)
Maman Jeanne : (se rendant à l'évidence) Mais bien sûr que oui, c'est lui. Il ressemble comme deux gouttes d'eau à ses enfants, en plus ils ont les mêmes prénoms. Je me disais bien que l'homme là me rappelait quelqu'un. Dès que je l'ai vu, j'ai tout de suite pensé aux enfants mais je me suis dit que c'était impossible, il n'y avait pas moyen. Mais maintenant je comprends tout. Je comprends maintenant ta réaction tout à l'heure à l'église. Mais est-ce que c'est une raison de t'affoler comme ça ? Jusqu'à tu fais même peur aux enfants. Il faut maintenant m'arrêter ça, tu m'entends ? Regarde comment tu trembles ? Tu veux maintenant sortir en vampire mon Dieu ?
Je tremblais toujours et les larmes continuaient de couler. Après avoir longtemps parlé, elle a prié pour moi afin que je puisse être apaisée. Comme tout le long je ne parlais pas, elle m'a dit de me reposer cette nuit et que demain nous parlerons elle et moi. Elle m'a dit que les enfants allaient dormir avec elle ce soir et est sortie après m'avoir fait un bisou sur le front. Je suis restée assise sur mon lit et mes larmes se sont mises à couler de plus en plus fort. Revoir cet homme a ouvert des dossiers dans ma mémoire que je m'étais efforcée d'enfouir à l'intérieur de moi durant toutes ces années. Des plaies que je pensais être guéries se sont ouvertes et mon cœur s'est de nouveau compressé dans ma poitrine. La douleur, la honte, le mépris, la tristesse, la solitude, le rejet et la culpabilité que j'avais autrefois ressenti ont refait surface et comme si quelqu'un avait appuyé sur le bouton "play" sur un écran, j'ai revu le film de ma vie défilé devant mes yeux sans que je ne puisse l'en empêcher. J'ai fermé mes yeux et mon esprit m'a ramené dans mon passé que j'ai tenté d'oublier, c'est-à -dire à onze années en arrière…
FLASH BACK, ONZE ANS PLUS TÔT.
J'étais à genoux, une main tenant le micro et l'autre levée vers le ciel, les larmes coulant de mes yeux fermés . J'adressais un chant d'adoration à mon Dieu et je pouvais sentir que sa présence était forte dans la salle. Je ne saurais concrètement dire ce qui se passe actuellement autour de moi, car moi-même je sentais que j'étais déconnectée de la réalité. Je n'entendais plus, ni le son des instruments des musiciens qui m'accompagnaient, ni les voix des chœurs, encore moins celle du pasteur Cédric qui parlait au tout début de mon chant, non plus la voix du peuple qui priait chacun à sa place. Non, je n'entendais définitivement plus rien. J'étais une fois de plus partie. Tout ce que je savais c'était que je continuais à chanter encore et encore jusqu'à ce que je sente que l'Esprit me poussait à arrêter alors je l'avais fait. Il me fallait encore quelques minutes avant de saisir le bruit du piano que le frère Samuel jouait derrière moi.
C'était toujours ainsi que les choses se passaient quand j'étais le lead pendant les cultes à l'église.
Petit à petit la pression était redescendue et le Pasteur Cédric avait fait une prière à laquelle nous avons tous dit "Amen !" avant de se mettre à enseigner….
Sara: Toi là quand tu chantes vraiment, on dirait que tu es dans le ciel avec les anges hein.
Moi: (riant) Tu as des problèmes Sara.
Sara: Ah mais je dis la vérité, demande à qui tu veux et on te le dira. D'ailleurs tu crois que pourquoi c'est toujours toi qu'on programme pour officier durant les cultes du dimanche ? C'est parce que dès que tu prends le micro, il y a un truc qui se passe. Tu comprends que même le païen qui passe dehors ivre dans son vin, s'arrête d'abord pour t'écouter ensuite il vient donner sa vie à Jésus. Tu crois que c'est une petite affaire ?
Moi: Ah, il ne faut pas exagérer oh.
Sara: Je n'exagère pas. Nous tous on est chantre ici et on chante tous bien, mais pour toi là, c'est un autre niveau maman. C'est vous là les futures chantres internationaux.
Moi: (riant) Amen oh. On sera ensemble.
Sara: Toi avec qui ? Nous autres là on chante juste parce qu'on suit le mouvement, pour toi là c'est un ministère et nous le savons tous. Je ne sais pas pourquoi les gens font la jalousie et veulent souvent se comparer à toi, ils se font mal pour rien. Quand t'es appelé t'es appelé et ça se voit.
Andrea : (venant nous retrouver) La réunion des chantres va commencer. La respo a dit de rentrer déjà dans la salle.
Nous nous étions levées et étions rentrés en même temps que tous les autres chantres. Nous étions à peu près deux centaines de chantres, hommes /femmes, jeunes / vieux. Avec les musiciens, on atteignait les 230 personnes à peu près. Oui nous étions assez nombreux, mais il fallait dire aussi que notre église était une assez grande église comptant 5000 membres. Donc ça se justifiait un peu.
La respo avait ouvert les moments avec la prière avant d'annoncer l'ordre du jour qui portait essentiellement sur les remarques positives ou négatives par rapport à notre service durant les temps. Elle avait relevé les points forts et les points faibles, nous avait exhorté à faire mieux la prochaine fois, elle avait également écouté ce que tout le monde avait à dire avant de prier pour la fin et nous libérer.
Sara : (nettoyant les chaises) Tu vas partir avec le pasteur Grégoire (mon père) ou bien avec nous ?
Moi: (essuyant à mon tour) Avec vous. Papa et maman vont rentrer en retard aujourd'hui. Il y a la réunion avec tous les ministres et les responsables des départements aujourd'hui.
Sara: Ah oui c'est vrai et la semaine prochaine, il y aura AG (assemblée générale)
Moi: Oui.
Sara : OK.
Moi : Bon faisons vite si on veut avoir l'espoir de finir avant 18h.
Sara: Si tu chantais, on aurait déjà eu des forces pour finir tout ça.
Moi : (riant) Tu as des problèmes. Toi-même tu es chantre non, il faut chanter.
Sara: Tu sais bien que ce n'est pas la même chose.
Moi: (souriant) Tu as trop les foutaises S.
Sara : Mimi chante non, on va avoir les forces. Je vais faire les chœurs.
Moi : Non oh.
Sara : (me faisant les yeux doux) Allez Mimi, chante une chanson seulement pour ta sœur adorée.
Moi : (capitulant) C'est parce que c'est toi. Je chante quoi ?
Sara : (réfléchissant) Chante " Dieu veille sur sa parole et il fera"
Moi: Tu as dit un chant, là ça fait deux.
Sara: Tu mixes les deux pour en faire un
Moi: Hum, OK. (me raclant la gorge) Hum, Hum.
(chantant) Dieu veille sur sa parole
En son temps, il l'accomplira
Dieu veille sur sa parole
En son temps, il l'accomplira (*3)
Toutes ses promesses envers toi
(claquant les doigts quatre fois pour lui donner le top et nous avons repris cette partie ensemble.
Nous : Dieu veille sur sa parole
En son temps, il l'accomplira
Dieu veille sur sa parole
En son temps, il l'accomplir à (*3)
Toutes ses promesses envers toi
Moi : (toute seule, enchaînant) ohohohoh Dieu est capable de faire
tout ce qu'il dit
Il fera.
Il accomplira toutes ses promesses
Envers toi
Garde ta foi en Dieu
Il ne t'abandonnera pas
Il fera. (battant dans mes mains) Il est capable
Nous : Dieu est capable de faire
tout ce qu'il dit
Il fera.
Il accomplira toutes ses promesses
Envers toi
Garde ta foi en Dieu
Il ne t'abandonnera pas
Il fera..
C'était ainsi que nous avions chanté, dansé et essuyé tous les sièges qui étaient dans le temple sans voir le temps passé. La salle de culte était construite comme un amphithéâtre, plus on s'éloignait de l'estrade, plus on montait et les sièges étaient repliables. Nous avions tout essuyé, ramassé les ordures et balayé dans les couloirs jusqu'à ce que maman Odette (la mère de Sara) vienne nous dire que le chauffeur était déjà dehors et qu'il nous attendait. Elle avait également dit à Sara de ne pas oublier de récupérer son frère et sa sœur en partant car elle rentrerait bien plus tard à cause de la réunion. Comme on avait déjà terminé, nous étions partis de l'église. J'allais passer mon après-midi chez eux.
Mon nom était Myrna Précieuse NZAOU j'avais 15 ans, j'étais en classe de première S dans un lycée privé de la place. J'étais l'unique enfant de mes deux parents Grégoire et Rosalie NZAOU. Mes parents n'avaient pas eu d'autres enfants, pas par choix mais parce qu'ils n' étaient pas capables d'en avoir. Avant moi, c'était compliqué d'après ce qu'ils m'avaient raconté. Au début de leur mariage, les cinq premières années, il n'y avait rien. Après avoir consulté, ils ont appris que papa avait une maladie bizarre dont je n'avais pas retenu le nom, et qui faisait que sa production de spermatozoïdes était faible et en petit nombre. Après avoir fait des traitements qui avaient duré près de deux ans, maman avait attrapé son premier retard mais la grossesse était passée après le deuxième mois. Cela avait été pénible pour eux mais ils avaient continué à persévérer et croire en Dieu. Après 6 fausses couches et 15 ans de mariage, j'avais vu le jour. Ils m'avaient appelé "Précieuse" parce que je l'étais pour eux eu égard à tout ce qu'ils avaient traversé pour m'avoir et "Myrna" pour rendre hommage à la femme de Dieu qui avait prié pour maman et lui avait prédit ma venue et mon avenir. Elle leur avait dit que la louange et l'adoration allaient être sur mes lèvres en longueur de journée aussi bien que depuis que j'avais appris à parler, je ne faisais que ça. Le chant pour Dieu faisait partie intégrante de ma vie, je dirais même que c'était toute ma vie. On disait même que je chantais en dormant (sourire) voyez un peu la profondeur des choses. Quoi qu'il en soit, après moi, ma mère avait encore fait deux fausses couches et ils avaient décidé de ne plus chercher à en faire, ils rendaient grâce à Dieu pour moi et nous vivions tous les trois. Mon père était chargé d'étude au ministère des affaires étrangères et un des pasteurs de notre église. Ma mère travaillait au ministère de la fonction publique en tant que directrice adjointe des recrutements, à l'église, elle était monitrice de l'école du dimanche et responsable adjointe des femmes. Ils étaient tous les deux dans le conseil de l'église.
Ma meilleure amie Sara Obone KUE, 16 ans et dans la même classe que moi, était la fille de Saturnin et Odette KUE, respectivement analyste financiers et diacre et caissière dans une banque, responsable de l'intercession à l'église. Elle avait également un petit frère et une petite sœur que je prenais également comme les miens. D'ailleurs, ils m'appelaient tous les deux "Yaya" ou "ya" comme ils le faisaient avec leur grande sœur. Nous étions toutes les deux chantres et étions presque toujours fourrées ensemble, que se soit à l'église, à l'école ou dans nos maisons respectives, on nous appelait même "les jumelles", car à force de traîner ensemble, on se ressemblait finalement…
Karl: ya Sara, moi j'ai déjà faim, il n'y a même rien à manger.
Sara: Karl moi aussi je suis fatiguée oh, on revient tous de l'église. Qui va mettre la marmite au feu à l'heure là avec tout le travail qu'on a fait là-bas ?
Alice: Mais donc nous on va attendre maman ?
Sara: Ah. Il faut voir vous-même.
Moi : S t'es pas sérieuse oh. (fouillant mon sac pour sortir 500f) Allez d'abord acheter même les galettes en attendant, je vais préparer.
Karl: (prenant) Merci ya Mimi, c'est toi la meilleure. Ya Sara pouvait même nous laisser mourir de faim comme ça sans réagir.
Sara: Quitte déjà devant moi sinon je vais récupérer l'argent là. D'ailleurs avec les 100f de monnaie, vous me prenez une petite galette au chocolat beurre là-bas en attendant que Mimi finisse de préparer.
Alice: Ah, donc toi aussi tu avais faim mais tu étais là ?
Sara : Je vais bien te talocher tu vas voir.
Moi : (riant) Tu n'as plus honte.
Sara: De qui ?
Karl: (devant la porte centrale) La honte c'est pour les humains, elle c'est une aliène.
Elle avait fait mine de se lever pour aller vers eux et ils étaient tous les deux sortis en courant de la maison. Je m'étais mise à rire en me rendant à la cuisine.
Moi: Viens me montrer ce que je prépare madame.
Sara: Mimi tu aimes trop me fatiguer je jure. Tu ne peux pas seulement fouiller le congélateur et préparer la première chose qui te tombe sous la main ?
Moi: (ouvrant le congélateur) Je te rappelle que je n'étais pas ici hier, donc je ne sais pas ce que vous avez mangé, je n'ai pas envie de préparer la même chose en fait. En plus là où tu boudes , après tu seras la première à sauter dessus quand ce sera fini.
Sara: (venant me retrouver à la cuisine) Je ne peux pas sauter dessus pourquoi ? Hier on a mangé les feuilles de tarot. Fais même le cotis.
Moi: D'accord.
J'avais sorti un sachet que j'avais déposé dans une petite bassine. J'avais mis de l'eau à chauffer pour pouvoir nettoyer ça et en attendant je sortais déjà les épices que j'allais utiliser.
Sara : (assise sur une des chaises de la cuisine) La fille qu'on appelle Jessica là franchement je ne comprends même pas ce qu'elle fait dans le groupe chantre quoi.
Moi : Hum.
Sara: Non Mimi là ce n'est pas d'abord l'affaire qu'il ne faut pas critiquer les autres derrière leur dos. Dis la vérité, elle chante quoi ?
Moi : Je n'ai rien à dire sur elle oh.
Sara: Regarde même hier à la répétition, comment elle a fait détonner tout le chœur, incapable de trouver la note sur laquelle les autres chantaient et c'est encore elle qui vient dire aujourd'hui qu'elle n'a pas apprécié ta façon de leader parce que c'était trop plat. Ça c'est seulement le vrai vampire.
Moi: S laisse l'affaire là, c'est pas important.
Sara: C'est pas important alors qu'elle passe tout son temps à salir ton nom à l'église et même à l'école ? Andrea m'a dit qu'elle leur a dit que tu mens de jouer les saintes à l'église alors qu'à l'école, tu sors avec plusieurs garçons.
Moi : Les filles là ont cru ?
Sara: Bien sûr que non. Tout le monde te connaît.
Moi : Alors ? À quoi bon ? Elle n'a qu'à dire ce qu'elle veut tant que je sais que ce n'est pas vrai, je ne peux même pas me fâcher pour ça. Le jour où elle verra qu'elle est en train de perdre son temps, elle va se fatiguer et arrêter de parler de moi. On ne va pas se rabaisser au même niveau qu'elle S, on a mieux à faire.
Sara: (soupirant) D'accord. Demain il y aura une évangélisation non ?
Moi : Oui.
Sara : Quel niveau ?
Moi : Les terminales.
Sara: Hum. Moi je vais seulement vous accompagner oh. Je n'irai pas parler là-bas, les gars de terminale là ont trop le manque de respect surtout la terminale C.
Moi: (souriant) Il faut seulement dire que ce sont les tigres qui te dérangent.
Sara: Toi, ils ne te dérangent pas ?
Moi : Non.
Sara: Il faut alors me donner ton secret parce que moi je ne peux pas parler devant eux.
Moi : Hum.
La bande des Tigres était une bande de 5 garçons qui étaient en terminale C. Ils avaient été consacrés garçons les plus beaux et charismatiques de tous le lycée. Ils étaient beaux, ils étaient élégants, ils étaient propres, ils étaient sportifs, ils étaient intelligents et imbus de leurs personnes. C'était la bande la plus populaire et tout le monde voulait être amis à eux. Les garçons les admiraient et les filles se jetaient quasiment à leurs pieds sans qu'ils ne lèvent leurs petits doigts juste pour le plaisir de dire qu'elles étaient sorties avec eux. C'était eux qui faisaient en quelque sorte la loi au lycée. Pour ma part, je ne me sentais pas impressionner par leur manège car je les trouvais tellement vide et léger sur le plan spirituel que tous leurs simagrées me laissaient de marbre. Il fallait aussi dire qu'on ne se fréquentait pas au lycée, on se croisait sans plus. Ils savaient que nous (mon petit groupe 3 filles et 4 garçons) étions des chrétiens et qu'on passait souvent de temps en temps dans les classes pour partager l'évangile et prier souvent pour les gens. Il y avait une sorte d'accord tacite entre eux et nous qui faisait qu'ils pouvaient emmerder tout le monde sauf nous. Pourtant les autres membres du groupe avaient peur d'eux et je ne savais pas pourquoi.
Moi: Je parlerai en TC et vous allez le faire ensemble dans les 3 autres classes.
Sara: Ça marche.
Moi: OK.
Sara : Mais j'ai même entendu qu'Ethan (le chef de la bande) sort déjà avec Jessica.
Moi : (la regardant de travers) Hum.
Sara: (levant les mains aux ciel) D'accord, j'ai compris, je ne vais plus parler des gens.
Moi : Tant mieux.
À nous voir toutes les deux, on dirait que j'étais la plus grande, mais ce n'était pas le cas. Moi j'étais juste beaucoup plus réservée et ne me laissais pas distraire par les mouvements de la foule ou des vagues en surface des eaux, j'étais plus dans les profondeurs ce qui faisait que tout ce qui n'était pas pour m'élever dans un domaine que je pensais être important, je ne m'attardais pas dessus. Sara par contre, elle prêtait souvent attention aux ragots et "on dit" et était beaucoup plus extravertie que moi, à bien des égards, mais bon on s'équilibraient toutes les deux. Elle était très souvent celle qui me rappelait qu'on vivait sur la terre des hommes et qu'il fallait penser un peu à profiter de notre jeunesse avec les petites sorties et balades entre nous, qu'il ne fallait pas toujours être stricte. Moi j'étais celle qui la tirait dans les études et le ciel car il ne fallait pas seulement s'amuser, il fallait non seulement préparer son futur sur le plan professionnel mais aussi son éternité, pour après notre mort. C'était l'équilibre et on gérait très bien cela.
Les enfants avaient ramené sa galette, elle m'avait forcée à prendre une partie et avait mangé l'autre. Nous avions parlé jusqu'à ce que les marmites cuisent. On s'apprêtait à passer à table quand ses parents faisaient leur rentrée dans la maison.
Maman Odette : Qu'est ce qui sent bon comme ça ? Bonsoir.
Alice: Ce sont les cotis.
Nous : Bonsoir.
Papa Saturnin: Bonsoir.
Maman Odette : C'est Mimi qui a encore préparé hein ?
Les enfants : (en chœur) Oui.
Maman Odette : Je savais. Sara ne peut pas préparer et puis ça sent bon comme ça.
Sara: Donc tu veux dire que moi je ne prépare pas bien.
Maman Odette : Tu ne prépares pas comme Mimi. (à moi) Mimi il faut apprendre à ta sœur oh, moi je suis déjà fatiguée de beaucoup parler des riz durs et sauces salées ici.
Nous avions ri ensemble. Ils étaient allés déposer leurs affaires à la chambre et nous avaient rejoint à table. Après la prière pour le repas, nous avions mangé dans la bonne humeur.
Maman Odette : Tu t'en vas déjà ?
Moi : Oui maman, il est déjà presque 19h.
Maman Odette : D'accord, le chauffeur va te déposer. Attends je vais prier pour ton départ.
Moi: D'accord.
Elle avait prié pour me recommander à la grâce de Dieu et m'avait laissé partir. J'avais dit au revoir à tout le monde et j'étais partie à la maison..
Moi: Maman? Je suis rentrée.
Maman : à la cuisine.
Je m'étais dirigée vers la cuisine et j'étais allée l'enlacer par l'arrière. Je m'étais mise à humer son odeur. J'aimais énormément faire ça, je ne savais pas pourquoi mais je le faisais toujours car cela me mettait tout de suite de bonne humeur.
Maman : (souriant) Mimi tu n'es plus un bébé donc il va falloir que tu arrêtes de faire ça.
Moi : (faisant la moue avec une voix de petite fille) Moi je suis toujours ton bébé et je vais toujours continuer à faire ça jusqu'à mes 120 ans.
Maman : (riant) Quand toi tu auras 120 ans moi j'aurais quel âge ? Tu crois que je vivrai autant ?
Moi: Oui. Tu vas vivre jusqu'à au moins 150 ans.
Maman : (riant) Tu as de vrais problèmes. Je vais vivre jusqu'à 150 ans pour ressembler à quoi ?
Moi : Le Saint Esprit va te rajeunir, tu vas ressembler à une jeune femme de la vingtaine.
Cette fois-ci , elle avait éclaté de rire, m'entraînant avec elle dans son rire. Papa était venu nous trouver dans notre joie.
Papa : Precious (comme il m'appelait) , tu es rentrée ? Qu'est-ce qui vous amuse de la sorte?
J'avais lâché ma mère et j'étais partie enlacée mon père. Il avait refermé ses bras sur moi pour approfondir l'étreinte. Comme avec ma mère, je m'étais mise à humer aussi son odeur.
Papa: (souriant) Toi, tu n'arrêtes pas tes choses de bébés là ?
Maman : (souriant) Ah. Dis bien ça à ta vieille fille qui croit qu'elle est encore un bébé.
Moi : (dans les bras de mon père) Je suis le bébé de papa voilà, n'est-ce pas papa ?
Papa : Bien sûr, tu es et resteras mon bébé et ce à n'importe quel âge.
Moi : (regardant ma mère avec un grand sourire) Voilà. Je suis son bébé.
Papa : (me faisant un bisou sur le sommet de la tête) mon don du ciel et ma plus grande fierté.
J'avais resserré mon étreinte sur lui. Quand il disait des trucs comme ça, je me sentais encore plus aimée et plus spéciale. J'aimais énormément mes parents et je savais qu'ils m'aimaient en retour. Depuis que j'étais toute petite, ils s'étaient assurés que je ne manquais de rien aussi bien sûr le plan matériel que affectif. Ils m'avaient toujours tout donné. On ne roulait pas sur l'or mais on ne manquait de rien. On vivait dans une maison de 4 chambres, 5 douches et WC, une cuisine, une salle à manger, un séjour, un garde manger, un bureau, deux terrasses , une grande cour, un garage et un studio pour le gardien à l'intérieur d'un portail dans la cité Mebiame ( quartier). On vivait bien au-dessus de la classe moyenne. Sur le plan affectif, étant leur seule enfant et compte tenu des conditions de ma venue sur terre , je dirais que j'avais été sur aimée. Sur ce point, je n'aurais pas pu me plaindre d'un manque d'affection de la part de qui que ce soit. Ils m'aimaient, par les mots et par les actes. Et par dessus tout, ils avaient veillé à ce que j'ai une relation personnelle avec le Seigneur et dès mon plus jeune âge, ils s'étaient évertués à me transmettre des valeurs chrétiennes et me parlaient de l'importance d'avoir une relation personnelle avec Dieu et ils m'avaient dit que c'était la relation la plus importante que je pouvais et devais avoir tout au long de ma vie. Si je perdais tout, je devais m'assurer de ne pas perdre cette relation car trop importante et à l'âge de 5 ans, j'étais née de nouveau et fais une rencontre personnelle avec Dieu. Comme je le disais tantôt, je ne manquais de rien.
Papa et moi étions allés aider maman dans la préparation dans la joie et la bonne humeur. Ils m'avaient félicitée pour mon service à l'église et m'avaient encouragé à approfondir mon intimité avec le Seigneur et je verrais que de plus en plus, mon impact sur les gens grandirait. Nous avions continué à parler de tout et de rien jusqu'à l'heure du coucher. Étant dimanche aujourd'hui et que j'avais cours très tôt le lendemain, je n'avais pas tardé à me mettre au lit après les temps de prières familiaux. J'avais rapidement fait un message à Sara pour lui donner le programme du lendemain avant de lui souhaiter une bonne nuit. J'avais encore fait une petite prière toute seule, lu un verset biblique avant de m'endormir. Demain serait une longue journée…