CHAPITRE 1: FAIRE LE GRAND SAUT.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 1 : FAIRE LE GRAND SAUT.

**LUCRÈCE MEFOUMANE**

Je sors de l’agence avec mon billet d’avion en main, mon voyage est prévu pour dans deux jours. Jusqu’à présent, je n’ai parlé à personne de mes intentions mais depuis près de trois semaines déjà que cette idée a germé dans ma tête, je l’ai nourrie et arrosée au point d’avoir grandi et me faire passer à l’action. De quoi est-il question au juste ? Et bien j’ai décidé de rentrer au Gabon pour Loyd. Je vois déjà d’ici les grands yeux ébahis des gens pensant que je suis folle et que je veux foutre ma vie en l’air pour aller rejoindre un homme. Je suis venue en Belgique pour faire des études et je n’ai pas l’intention de renoncer ou d’arrêter, c’est la raison pour laquelle j’ai attendu trois semaines. Premièrement parce que je voulais m’assurer que l’information selon laquelle Loyd avait mis fin à ses fiançailles était sérieuse. Deuxièmement parce que je voulais finir avec toutes les formalités administratives à la fac et troisièmement, j’attendais mon programme pour pouvoir m’organiser. Quand toutes les cases ont été cochées, j’ai couru ici pour prendre mon billet. J’ai de l’argent, non seulement ce que les parents me donnent, mais en plus je travaille moi-même. J’ai travaillé les trois dernières années avec ma tante qui me payait et continue à me payer très bien, mes dépenses au Gabon étaient quasiment dérisoires vu que mes parents s’occupaient de tout, j’ai donc eu le temps d’épargner 75% de mes revenus.

Enfin bref, je ne parlerai pas de toute ma vie ici. J’ai rangé mon billet dans mon sac et je suis partie faire un peu de shopping pour moi et pour Loyd avant de rentrer à la maison. Oui faire du shopping pour lui est une chose que j’aime faire et ce bien avant même que nous ayons cette aventure il y a deux mois. J’aime le voir beau et bien habillé, cela me fait énormément plaisir du coup quand j’ai l’occasion de lui prendre quelques articles, je le fais avec joie. Lui-même n’est pas quelqu’un qui a la main fermée en matière d’argent, il m’a déjà donné de fortes sommes. La toute première fois, il m’avait donné 2 millions, le mois que nous avions passé ensemble son argent passait entre mes mains sans compter et pour mon voyage aussi, j’y ai eu droit, je garde le montant secret de peur de donner des crises aux gens, tout ça pour dire que j’ai de l’argent. 

J’arrive à la maison et comme Lucia n’est pas là et ne rentrera que le soir, je fais à manger et je prépare également mes valises en mettant tout ce dont j’aurai besoin là-bas. Je souris d’avance en pensant à ce qu’il dira quand il me verra devant sa porte parce qu’il n’est pas informé de ma venue. Depuis mon départ du Gabon, je n’ai pas toujours pris contact avec lui. Il a continué à m’écrire tous les jours le mois dernier sans que je ne réponde même après avoir appris la décision qu’il avait prise, je ne l’ai pas fait. Il n’a d’ailleurs pas été le premier à me le dire mais c’est maman, je ne m’y attendais tellement pas que j’étais choquée.


«Maman : (Redevenant sérieuse) En vrai même les enfants là ne me font pas chauffer la tête comme l’enfant là. »

 « Lucia : Ça c’est qui encore ? »

«Maman: Ce n’est pas Loyd ? »


Lucia a rapidement jeté un coup d’œil sur moi avant de regarder à nouveau l’écran et poser la question. 


 « Lucia : Il a fait quoi ? »

« Maman : (L’air dépassée) N’est-ce pas il a décidé d’annuler son mariage Samedi dernier. »

« Nous : (En chœur) Hein ? »

«Maman : (Bougeant la tête de gauche à droite) Laissez les filles, c’est la réaction qu’on a tous eu en pleine réunion ce jour. Il est allé voir les parents de Janaï pour dire qu’il n’allait pas se marier avec elle. »

 « Lucia : (Choquée) Mais pour quelle raison il a fait ça ? »

«Maman : Il a dit qu’il ne l’aime pas et que s’il le fait il va leur gâcher la vie à tous les deux. »


Je suis restée silencieuse tant j’avais du mal à croire qu’il l’avait fait, qu’il avait mis fin à sa relation pour de vrai. Je m’étais posée plein de questions ce jour, était-ce réel ? Combien de temps ça durerait ? Était-ce une tactique pour me faire flancher afin de me faire plonger et qu’une fois j’allais reprendre le contact, il allait poursuivre sa relation ? Allait-il se rétracter et se marier avec elle si je ne lui répondais toujours pas ? J’avais été interrompue dans mes réflexions par Lucia.


Lucia : (Après que nous ayons raccroché) Tu étais au courant de ça ?

Moi : Non. Je ne savais pas qu’il ferait une chose pareille.

Lucia : Tu veux me dire que tu n’es pour rien dans cette affaire ? Que ce n’est pas à cause de toi qu’il a décidé d’annuler son mariage ?

Moi : Je t’ai dit que je n’en sais rien.

Lucia : Comme par hasard après avoir couché avec toi, il décide soudainement de mettre fin à sa relation qui dure depuis trois ans et tu veux me faire croire que ce n’est pas toi ?

Moi : (Fermant mon ordi après l’avoir éteint) Bonne nuit Lucia.

Lucia : J’espère que tu es fière de toi et que tu pourras dormir le cœur léger après ce que vous avez fait à la pauvre Janaï.


Je m’étais levée pour me rendre dans ma chambre sans lui répondre, je ne voulais pas me disputer une fois de plus avec elle. Loyd m’avait écrit toute la semaine pour prendre de mes nouvelles sans que je ne lui réponde. Je ne savais donc pas quelles étaient ses intentions et j’étais la première surprise d’apprendre ce qu’il avait fait. Je l’ai dit, en vivant l’idylle avec lui avant ma venue ici, je ne m’attendais pas à grand-chose vis-à-vis de moi. Je ne vais pas nier le fait que j’avais eu en moi ce petit espoir qu’il nous laisserait une chance mais dans le fond, je me disais que c’était impossible, alors cette relation était en quelque sorte une consolation pour moi histoire de me dire que même si je n’allais jamais être avec lui, j’aurais pu expérimenter et vivre mon rêve quelques temps avant de passer à autre chose. Seulement, voilà il l’avait fait. Ce soir en allant me coucher, il m’avait une fois de plus écrit pour me supplier de lui répondre, mais je n’avais pas réagi. Il m’avait écrit les deux jours qui avaient suivi et au bout du troisième, lui-même m’avait dit que si c’était à cause de sa relation que je ne lui répondais pas, il y avait mis un terme et était maintenant célibataire. Malgré ça, je n’avais toujours pas réagi et je continuais à prendre des nouvelles par maman ou papa de façon voilée. Depuis lors, malgré la pression qu’il subit de part et d’autre et mon silence, il ne s’est pas rétracté. J’ai donc décidé de le rejoindre afin de lui donner de la force parce que je le connais, lorsqu’il est à bout et acculé par une situation, il fait une dépression. Comme il n’est pas du genre à se confier à n’importe qui, il se renferme sur lui-même et c’est son travail et sa santé qui en pâtissent. Il finit par lâcher prise et faire simplement ce qu’on attend de lui, quitte à être malheureux. Je ne veux pas que cela lui arrive alors j’y vais. 

Je fais mes valises et je me retrouve avec deux, une grande pour moi et une moyenne dans laquelle il y a les choses que j’ai prises pour lui. Étant un voyage axé uniquement sur lui, je n’ai rien pris aux autres vu qu’ils ne sont pas censés savoir que je serai au Gabon. Une fois mes valises bouclées, je fais aussi mon sac à main avec lequel j’irai. Je cherche les clés de sa maison avec lesquelles je suis venue et je les range à l’intérieur pour ne pas oublier. Je repasse la liste que j’ai préalablement faite en revue et je coche toutes les cases, le seul truc qui me reste à faire c’est un soin du corps et j’aurais tout bon. Je range le tout avant de prendre mon téléphone et appeler monsieur Ogoulinguendé Jérôme, mon seul véritable ami que j’ai si on enlève Lucia. On s’est connu au lycée et il est actuellement en France pour ses études.


«Jérôme : (Décrochant) Comment va ma deuxième femme ? Tu as rêvé de ton chéri ce soir ? »

 «Moi : (Souriante) Toi jamais on ne t’appelle et tu dis quelque chose de sérieux hein ? »

 « Jérôme : (Souriant) C’est mon comme ça là même que tu aimes. »

« Moi : C’est ça »

« Jérôme : (Riant) Sinon mon bébé, qu’est-ce que tu me racontes de beau ? Vous avez aussi déjà commencé? »

«Moi : Oui. Hier, même si les choses sont encore slow pour le moment. On fait beaucoup plus dans le repérage pour prendre nos marques. »

 «Jérôme : Je vois. C’est la même chose ici. J’ai presqu’envie de me prendre un billet pour le bled même deux semaines pour aller rejoindre ta coépouse et ton fils. »


Je souris intérieurement à son idée et je me mors la lèvre afin de ne pas lui dire que j’ai eu la même idée que lui et que je suis même passée à l’action.


«Moi : Ça ira. C’est pour l’année prochaine qu’ils monteront tous les deux non ? »

 « Jérôme : Oui. Je travaille ses assises ici pour quand elle viendra après les fiançailles et je fais tout pour décrocher cette fameuse licence pour que Bernard (son père) me fiche la paix. »

« Moi : (Souriant) Je sais que t’es un monstre. Fais juste comme l’année dernière et ces deux années seront validées en un rien. »

«Jérôme : Yep. Et sinon, tu t’es décidée à donner signe de vie à qui tu sais ? »

 « Moi : Toujours pas. »

«Jérôme : (Souriant) Je vois que la chenille est en train de devenir papillon. Tu comptes finalement y renoncer ? »

« Moi : À ton avis ? »

« Jérôme : Après ce à quoi j’ai assisté en Juillet, comment le love sortait par tous vos pores, j’en doute. Je crois qu’il te faudrait au moins deux ans pour t’en remettre. »


 J’éclate de rire et il se met à me raconter comment je planais durant cette période. Il me dit que c’est impossible que je sois déjà redescendue et que si je lui dis que c’est le cas, cela voudrait dire que je suis en plein déni et que la dépression n’est pas loin. J’ai ri un bon moment avant de lui dire qu’il avait raison et d’après les infos que j’avais, je n’étais pas prête à redescendre d’aussitôt. Nous avons encore échangé pendant un moment avant de raccrocher. Je me suis occupée comme j’ai pu jusqu’au retour de Lucia.


Lucia : Bonsoir.

Moi : Bonsoir. 


Elle vient s’affaler sur le fauteuil en soupirant.


Moi : Dure journée ?

Lucia : Ouais. Je t’assure que j’ai seulement envie d’un bon massage, une douche chaude et dormir.

Moi : (Souriant) Fais donc ça.

Lucia : (S’adossant sur mon épaule) Tu vas me masser chérie ?

Moi : (Souriant) Jamais.

Lucia : (M’attrapant le bras) Stp, stp, stp, pitié. 

Moi : (Riant) Tu n’auras rien. Appelle Bhernie.

Lucia : (M’attrapant toujours) Bhernie lui-même sait que si c’était seulement affaire de massage là, il n’aurait eu aucune chance contre toi. Je serai ta femme à vie, tu es la best.

Moi : Même si tu me flattes là, tu n’auras rien.

Lucia : (S’allongeant sur mes cuisses) Moi ta tante préférée, tu vas me laisser mourir de courbatures et de crampes ? Eh Dieu, la vie là. Alors que je disais à tout le monde que mon enfant arrive et je n’aurais plus de problèmes de dos, de cou, de muscles et d’articulations. Je serai honnie oh.


Nous rions toutes les deux avant que je ne me mette à poser mes mains sur son visage pour détendre ses articulations et ses muscles. Elle soupire d’aise et se met à sourire largement. Je m’applique sur son visage avant de descendre sur le reste de son corps. Les gémissements qu’elle pousse sont proches des cris d’orgasmes et elle est obligée de mettre la main devant sa bouche pour se tempérer. Quand je finis avec elle, elle est complètement détendue et a un sourire radieux sur le visage.


Lucia : (Souriant) Quand tu vas ouvrir ta structure d’ici là, je serai ta première cliente.

Moi : (Souriant) Moi j’ai changé d’avis . Je veux être dans un laboratoire d’analyses, je laisse les corps pardon.

Lucia : (Se levant) Ça ne me regarde pas. Tu finis laborantine c’est bien. Mais sache que tu le veuilles ou non tu vas ouvrir ce cabinet pour t’occuper de moi. 

Moi : Hum. Prend le sac qui est sur la table là, c’est pour toi.

Lucia : (Regardant) Tu as fait du shopping ?

Moi : Oui.

Lucia : Même pas m’attendre. On serait allée toutes les deux ce week-end.

Moi : (Dans ma tête) Sauf que je ne serai pas là le week-end et j’avais des choses de Loyd à acheter. Des choses que tu n’aurais pas apprécié en me voyant les prendre. (À haute voix) À vrai dire, c’était sur un coup de tête. Je passais et un article a attiré mon attention et avant que je ne comprenne quoique ce soit, j’avais déjà commencé. 

Lucia : (Sortant la robe et les sous-vêtements hyper sexy que je lui ai pris en souriant) Toi tu n’aimes pas la paix d’ELLO hein ? L’enfant d’autrui a seulement 22 ans oh. Après sa mère va encore dire que je pervertis son enfant pour le tuer. 


Nous éclatons de rire toutes les deux aux souvenirs de ‘’sa belle mère ‘’. Cette femme l’a prise en grippe depuis la première fois qu’elle l’avait vu avec Bhernie et jusqu’à présent cela n’a pas changé. Sachant que j’étais maintenant de la même famille que Lucia, elle a étendu son animosité sur moi. À chaque fois que je me suis rendue dans leur quartier et que je l’ai saluée après l’avoir vu, quand elle ne me répondait pas, elle murmurait des choses inaudibles ou elle crachait à mon passage. Je ne m’étais jamais arrêtée dessus. 


Moi : Porte, je te filme.

Lucia : Hum. Après je vais faire quoi avec ? 

Moi : Tu vas montrer ça à Bhernie.

Lucia : Ça va le déconcentrer. 

Moi : (Riant) Au contraire, il sera centré. Quand il voudra penser à toi, il va frémir.

Lucia : (Souriante) Tu as trop des choses bizarres. 

Moi : (Me levant en souriant) Et je sais que tu aimes ça. Je vais prendre mon matériel, on fera une petite séance de photos sexy.

Lucia : Je le fais si tu le fais aussi.

Moi : (Lui faisant un clin d’œil ) Sans souci. Prends encore deux ou trois autres pièces pour que ça fasse beaucoup.


Nous sommes allées chacune dans sa chambre et je suis ressortie premièrement avec mon matériel de photos que j’ai installé à un endroit puis je suis retournée prendre des sous-vêtements, des peignoirs, talons, perruques et make-up. Voilà que la petite séance de photos s’est transformée en autre chose. Lucia était un peu crispée au début puis je lui ai dit de penser à Bhernie, d’imaginer qu’il était en face d’elle et le feu a pris. On s’est filmé sous plusieurs angles dans la maison en ajoutant de temps à autre des accessoires tels que les verres, boissons, oreillers etc. Deux heures plus tard nous étions assises devant l’ordinateur en train de faire le tri.


Lucia : Seigneur, regarde cette photo, on dirait des actrices de films pour adultes. Si ya Arsène voit ça il va seulement nous tuer.


On éclate de rire toute les deux car nous savons que c’est la vérité. Je me rappelle encore quand il avait négocié mon contrat avec tantine Reine. Des photos en sous-vêtements c’était un non catégorique et sans appel. Depuis que je suis modèle photo pour elle et notamment depuis qu’elle a lancé sa marque, certains photographes avec qui nous avons travaillé m’ont fait des propositions allant dans ce sens, qu’ils pouvaient me connecter à des gens qui cherchaient des modèles mais par respect pour les parents et moi-même, je n’ai jamais accepté. Je me suis déjà filmée toute seule en sous-vêtements mais c’était pour les montrer à Loyd via mon statut WhatsApp, bien évidemment en le mettant comme seul contact pouvant le voir car je ne voulais pas prendre le risque que quelqu’un trouve des photos de moi en petite tenue dans son téléphone vu que son téléphone n’est pas verrouillé.

 On finit par supprimer celles qui ont raté avant de transférer les autres dans nos téléphones. Après ça, on a rangé, pris une douche et mangé. Quand elle a pris l’appel de son gars, j’ai salué un moment avant de partir dans ma chambre me mettre au lit. J’ai eu droit à un message de Loyd me souhaitant une bonne nuit. Je l’imaginais être triste à cause de mon silence mais en même temps je souriais en pensant que dans deux jours, il pourra me voir en face et me serrer dans ses bras (…)

Je suis assise à l’aéroport en attendant d’embarquer car j’ai déjà fait toutes les formalités. Je suis perdue dans mes pensées et je repense à la dispute que j’ai eu avec Lucia quelques heures plus tôt. À la base, je voulais partir en laissant une lettre pour lui expliquer mes intentions mais j’ai fini par changer d’avis. Je savais qu’elle rentrerait tôt des cours et qu’elle n’allait pas travailler le soir du coup je l’ai attendue. Quand elle est rentrée, la première chose qui a attiré son attention était les deux valises posées devant la porte.


Lucia : (Intriguée)Qu’est-ce qui se passe ?

Moi : Je t’attendais pour te dire que je pars en voyage.

Lucia : Pardon ?

Moi : Je pars en voyage.

Lucia : Comment ça tu pars en voyage ? Les cours ont commencé et d’ailleurs tu vas où ?

Moi : Au Gabon.

Lucia : Hein ? Tu vas faire quoi au Gabon ?

Moi : (La regardant)

Lucia : (Comprenant) Ce n’est pas possible Lucrèce mais tu as complètement perdu la tête. Tu laisses tes études pour aller le trouver ? Et après ça tu vas dire qu’il t’aime alors qu’il te fait faire des choses insensées ? 

Moi : Loyd n’est pour rien dans cette décision Lucia, il ne sait même pas que j’ai décidé d’y aller.

Lucia : Seigneur Lucrèce mais qu’est-ce qui t’arrive ? Après tous les sacrifices faits par tes parents tu vas tout envoyer bouler pour aller rejoindre Loyd ?

Moi : Je n’ai pas dit que je partais définitivement, je fais un aller retour d’un mois. J’ai vu le programme à l’école et j’ai pris mes dispositions. Je ne suis pas folle. 


Elle a sorti son téléphone qu’elle a commencé à manipuler.


Moi : Qu’est-ce que tu fais ?

Lucia : (Le téléphone à l’oreille ) J’appelle ya Arsène pour le lui dire.

Moi : (La fixant dans les yeux le visage fermé) Si tu fais ça Lucia, je te jure sur ce que j’ai de plus chère au monde que je ne te parlerai plus jamais.


« Papa : (Au téléphone sur mains libres) Allô ? »


On est resté en train de se fixer dans les yeux elle et moi pendant que mes larmes avaient déjà commencé à couler le long de mes joues.


« Papa : (Insistant) Allô ? Lucia ? »

« Lucia : Allô ya Arsène, désolée, mon téléphone était dans le sac et l’appel a été lancé tout seul. »

«Papa : Donc tu es en train de me dire que tu ne voulais même pas me parler mais le téléphone a vu que tu exagérais, obligé de m’appeler lui-même ?»

 « Lucia : (Riant) Mais non voyons. Je t’ai appelé l’autre jour non ? »

«Papa : Hum. En tout cas. Ta nièce et toi allez bien ? »

 « Lucia : Oui. Tout va bien ici. »

 « Papa : Ok. On va se rappeler plus tard, je suis au boulot. »

« Lucia : D’accord, bisous »


Elle a ensuite raccroché et j’ai essuyé mes larmes. 


Moi : Merci.

Lucia : (Silence)

Moi : Je sais que tu ne me comprends pas et je ne te demande pas de le faire. Tout ce que je veux c’est que tu me laisses faire mes choix toute seule et que tu me fasses confiance. Je n’ai pas l’intention d’abandonner mes études, je reviendrai dans un mois mais il faut que j’y aille car j’ai besoin de parler avec lui, j’ai besoin de le voir et je sais que c’est aussi le cas pour lui. Tu n’approuves pas ma relation avec Loyd, je l’ai compris mais je te demande de respecter mes choix parce que je l’aime et ce n’est pas prêt de changer. 


Elle a continué à me regarder en silence. Je me suis rapprochée, j’ai pris mes affaires et je suis partie. 

Je m’appelle MEFOUMANE NDONG Rebecca Lucrèce, j’ai 19 ans et comme je l’ai dit plus haut, je suis venue en Belgique pour poursuivre mes études supérieures après l’obtention de mon bac il y a deux mois. Je suis le 4e et dernier enfant de feu Denise et Benoît NDONG. J’ai deux frères aînés, Brandon et Gilles ainsi qu’une grande sœur Alicia, celle que je suis. Je suis née et j’ai grandi dans la pauvreté et la misère car mes parents n’avaient concrètement rien pour véritablement s’occuper de nous. Nous avons vécu dans un quartier sous intégré et très tôt mes frères sont rentrés dans la délinquance, entre chanvre, alcool, braquage et sexe, il y avait de tout. Ma sœur n’a pas fait mieux et a plus ou moins emprunté cette même voie en se livrant au sexe comme un jeu jusqu’à avoir 6 enfants de pères différents à seulement 24 ans. J’allais sans aucun doute suivre la même voie si je n’avais pas eu la grâce de rencontrer Leslie Oyame, une femme qui était venue vivre dans mon quartier enceinte et pour laquelle j’étais rentrée à son service à l’âge de 12 ans comme nounou de ses enfants. Trois ans plus tard, elle quittait ce quartier et m’emmenait avec elle après la mort de ma mère. À partir de ce moment, ma vie a littéralement changé car cette femme et son mari ont pris soin de moi comme si j’étais leur fille biologique. J’ai intégré leurs familles respectives à telle enseigne qu’aujourd’hui très peu de personnes connaissent mes véritables origines.

 Dans ce périple, je suis tombée amoureuse du petit frère de la femme que je considère comme ma mère. J’ai lutté de toutes mes forces pour rester loin de lui afin d’éviter des problèmes mais je n’ai pas pu. Je n’ai pas pu empêcher mon cœur de battre pour lui, je n’ai pas pu empêcher mon cœur de l’aimer et je n’ai pas pu m’empêcher de finir dans ses bras. J’aime cet homme, je l’aime de toutes mes forces et je veux être avec lui même si je sais que ce ne sera pas facile.

Le signal d’embarcation pour mon vol est donné et je m’avance le cœur battant pour aller monter dans l’avion. Une fois bien assise, je ferme les yeux et je respire fort par la bouche. 


Moi : (Dans ma tête) J’espère que tout va bien se passer…


L'AMOUR SUFFIT-IL ?1