CHAPITRE 2: SURPRISE

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 2 : SURPRISE.

**LOYD MBAZOGHO**

Arsène : (Devant mon bureau) Tu ne rentres pas déjà ?

Moi : (Levant la tête) Non. J’ai encore deux ou trois petites choses à finir.

Arsène : Tu devrais te ménager Loyd. Ce n’est pas l’esclavage non plus.


Je souris simplement sans lui répondre. Le travail est actuellement la seule chose qui me permet de garder la tête hors de l’eau. Si je lâche prise, je sombre car la pression dans laquelle je suis présentement n’a pas de nom. 


Arsène : Tu seras au moins à l’église ce soir ?

Moi : Je ne pense pas.

Arsène : Tu comptes quitter l’église ?

Moi : Non. Mais vu la configuration des choses, je préfère prendre du recul pour le moment. Tu as bien vu comment on me regarde à chaque fois que j’y vais.

Arsène : Le pasteur Lilian t’a conseillé de laisser couler et de ne pas prêter attention.

Moi : Je sais mais je préfère rester dans mon coin pour le moment.

Arsène : En tout cas. Bon, je vais te laisser. Il faut que je rejoigne ta sœur et qui tu sais.

Moi : (Soupirant) Franchement je ne sais pas à quoi ya Leslie joue. 

Arsène : Elle espère toujours que tu reviennes sur ta décision.


Je me suis passé la main sur le visage. Il a dit au revoir et il est parti. Je me suis passé les deux mains sur le visage une fois de plus avant de me lever pour venir me placer devant la baie vitrée de mon bureau qui donne sur l’extérieur, j’ai mis mes deux mains en poche et j’ai observé le paysage. En moins de temps qu’il n’en faut, j’ai perdu le contact avec l’instant présent et je suis rentré dans mes pensées pour analyser ma vie et le chaos qui y règne. 

Mon nom est MBAZOGHO Loyd, 30 ans, analyste de données au sein de Global Invest Group. Benjamin d’une famille de 5 enfants, Ludovic, Léandre, Leslie, Lauria et moi, tous nés de Colette et Landry MBAZOGHO. Je suis né et j’ai grandi dans une famille qui était sujette à une malédiction depuis plusieurs générations sans que nous le sachions. Mes parents et mes deux frères aînés avaient été atteints très vite et agissaient de façon plus qu’incompréhensible, ils n’arrivaient littéralement à ne rien faire de bon dans leurs vies. Dieu merci pour nous, ma grande sœur Lauria et moi avions eu la grâce d’être épargnés de cela parce que nous avions été élevés et protégés par Leslie notre grande sœur qui vient après les deux premiers et qui se trouvait avoir un don particulier que le Seigneur avait déposé en elle. Certains événements familiaux avaient fait en sorte que nous nous disputions et nous nous séparions d’elle, ce qui nous avait causé une grande période de troubles dans nos vies jusqu’à ce que nous la retrouvions et que nous arrangions les choses. Dans cette même foulée, nous avions rencontré un homme de Dieu qui est notre pasteur aujourd’hui et avec son aide et la puissance de Dieu nous avions pu sortir de l’emprise de cette malédiction et même comprendre l’origine de toute l’histoire. (Lire l’histoire SECONDE CHANCE pour comprendre ce qu’il en est).

Durant cette période, j’avais rencontré une jeune fille, Lucrèce, de laquelle j’étais tombé amoureux mais le soucis était que non seulement elle était mineure, elle avait 16 ans à l’époque et moi 27, mais elle était aussi la fille du petit ami de Leslie ma grande sœur, le monsieur avec qui je parlais un peu plus tôt, Arsène mon beau-frère. À tout du moins je pensais qu’elle était sa fille biologique et ce pendant plusieurs années, ce qui faisait donc d’elle ma nièce. J’avais essayé de lutter pendant longtemps contre mes sentiments à son égard quand je m’en étais rendu compte et il fallait dire qu’au début, nos rapports étaient très conflictuels, une animosité injustifiée à mon égard se manifestait à chaque fois qu’elle me voyait et que nous nous retrouvions tous les deux. J’avais beau réfléchir aux raisons qui pouvaient faire en sorte qu’elle me déteste mais je n’en trouvais pas et malgré moi, cela me dérangeait énormément vu que j’avais des sentiments pour elle. Un jour alors qu’elle était en vacances en Belgique, je lui avais écrit pour prendre de ses nouvelles mais non seulement elle m’avait remis à ma place mais m’avait également copieusement insulté en me traitant de psychopathe, pédophile et d’autres choses parce qu’elle s’était aperçue qu’elle me plaisait. Je me rappelle que ce jour j’avais été tellement touché par ses propos que j’avais même pleuré tout seul dans ma maison avant de jurer que j’allais définitivement prendre mes distances avec elle et tuer les sentiments malsains qui se développaient dans mon cœur pour elle. C’est ainsi que je m’étais lié d’amitié avec une sœur de mon église qui dirigeait un groupe de prière dans lequel j’étais membre. Au bout d’une certaine période, nous étions allés tous les deux voir le pasteur pour lui dire qu’on voulait se mettre ensemble en vue d’aboutir à un mariage. Il nous avait conseillé avant de donner son accord, c’est ainsi que Janaï Oliwina était devenue ma petite amie. Je ne ressentais pas spécialement quelque chose de particulier pour elle en terme de sentiments amoureux mais c’était une fille sympa, belle, travailleuse, spirituelle et plein d’autres qualités qui me laissaient penser qu’elle était la femme idéale pour moi. Notre relation était chaste et sans problème, je l’avais présentée à ma famille qui l’avait automatiquement appréciée et j’avais également rencontré les siens, tout s’était bien passé. 

Les problèmes avaient commencé avec le retour de Lucrèce des vacances. Lorsqu’elle avait appris pour la relation que j’avais entamée avec Janaï, elle s’était mise à agir de façon étrange, cherchant par plusieurs moyens à se rapprocher de moi en posant des actes bienveillants à mon égard. Comme j’habitais dans la maison de ma sœur à l’époque et que cette dernière vivait chez son gars, Lucrèce, qui avait un double de clé de la maison et dont l’école était à proximité, passait de temps à autre pour s’occuper de la maison, de ma lessive, ma nourriture et un tas d’autres choses qu’elle faisait, se constituant par ce fait comme étant une femme de l’ombre dans ma vie. J’avais beau lui dire d’arrêter ça mais elle n’écoutait pas, jetant ainsi le trouble dans ma relation avec Janaï qui s’était aperçue de la présence d’une autre femme. Un jour alors que j’étais rentré du travail plus tôt à cause d’un mal-être, je l’avais trouvée à la maison couchée sur mon lit et portant mes vêtements. Je l’avais reprise et chassée mais au lieu de partir, elle m’avait plutôt embrassé par surprise réveillant en moi tous les sentiments que j’avais enfouis à l’intérieur pour elle. Les choses avaient très vite dérapé et avant que je ne comprenne, j’étais arrivé au point où je l’avais pénétrée dans le cadre d’un rapport sexuel avant de me ressaisir et mettre fin à cela. C’était à ce moment qu’elle m’avait plus ou moins avoué être amoureuse de moi et que c’était la raison de son animosité jusqu’alors, elle utilisait ça pour ne pas succomber à la tentation. Le problème restait entier, elle était toujours mineure, c’était ma nièce et en plus j’avais déjà une petite amie, je l’avais donc chassée et dit qu’elle ne devait plus s’approcher de moi. J’avais essayé d’arranger le trouble qui était dans ma relation et les choses étaient redevenues plus ou moins normales. 

Pourtant j’avais beau me voiler la face, mais mes sentiments eux n’étaient pas du même avis et à chaque fois que je regardais Lucrèce, mon cœur se comprimait dans ma poitrine car malgré tous les interdits qui pouvaient avoir autour de cette relation, c’était elle que je voulais. Oui je sais que je n’étais pas normal et que tout cela semblait être malsain, un adulte qui s’intéressait à une mineure et pas n’importe laquelle, la fille du petit ami de sa grande sœur, donc sa nièce. Mais c’était plus fort que moi au point de m’en rendre profondément malheureux. Je piquais des crises de jalousie quand je voyais des garçons dans son entourage et j’étais même allé jusqu’à me battre avec un autre homme pour elle, ce qui me rendait instable sur le plan émotionnel. Nous avions fini par discuter tous les deux au calme et étions venus à la conclusion que nous deux c’était certes impossible mais on n’avait pas besoin de se déchirer comme nous le faisions et qu’on pouvait être amis. Nous avions testé une relation amicale tous les deux mais très vite nous avions dépassé les gardes fous et avions une fois de plus failli coucher ensemble avant de reprendre nos distances. D’un autre côté, voyant que ma relation avec Janaï piétinait parce que je savais au fond de moi que je ne l’aimais pas, du moins pas comme un homme aime une femme, j’avais essayé de mettre fin à plusieurs reprises mais pour une raison ou pour une autre elle s’était accrochée et m’avait persuadé que le temps ferait son œuvre. 

Il y a deux ans, ma sœur s’est mariée avec mon beau-frère et j’avais fini par me faire une raison. Avec Lucrèce c’était définitivement mort étant donné que l’on faisait désormais partie de la même famille. J’avais pleuré un bon coup avant de décider de faire un deuil sur mes sentiments et aller de l’avant. J’avais donc demandé Janaï en mariage et nous nous étions fiancés devant nos familles et nos frères et sœurs de l’église. Je me rappelle que Lucrèce qui était hors du pays à ce moment, m’avait supplié de ne pas le faire et m’avait même proposé de s’enfuir avec moi dans un autre pays, le Ghana en l’occurrence où j’avais été en mission pendant deux ans. J’avais décidé de suivre ma raison et me fiancer afin de laisser toute cette histoire derrière moi. Sauf que quelques semaines après, j’avais appris que Lucrèce n’était pas la fille biologique de mon beau-frère mais une jeune fille qu’ils avaient tout simplement décidé de garder afin de lui donner de meilleures conditions de vie étant donné que sa famille d’origine vivait dans la précarité et que l’éducation n’était pas au rendez-vous. Ils l’avaient prise comme étant leur propre fille et l’élevait comme telle au point que même aujourd’hui encore, très peu de personnes savent que ce n’est pas le cas. Cette information avait une fois de plus jetée le trouble dans mes résolutions que je m’étais tant bien que mal efforcé à maintenir surtout que je m’étais déjà engagé auprès de Janaï. 

Il y a plus de deux mois maintenant, le jour de l’obtention de son baccalauréat, Lucrèce, âgée de 19 ans, était venue chez moi pour me rappeler l’amour qu’elle avait pour moi et qu’elle espérait que j’allais nous donner une chance. Elle m’avait dit que c’était la dernière fois qu’elle me le demandait et que si je la repoussais une fois de plus, ça allait être la fin car elle en avait marre du jeu que nous jouions depuis trois ans à se tourner autour et se rétracter, nous avions énormément souffert de cette situation et qu’elle était prête à passer à autre chose. La peur que j’avais eu ce jour de la perdre définitivement m’avait poussé à la retenir mais le soucis était que j’étais fiancé et j’allais me marier quatre mois après. Prenant en compte ma situation, elle m’avait donc demandé d’avoir une relation secrète tous les deux qui devait durer un mois car après elle était censée voyager pour ses études universitaires. La relation était là pour me permettre d’être fixé et faire un choix en pesant le pour ou le contre, Janaï ou elle. Si après avoir vécu cette idylle avec elle, j’estimais que Janaï était celle qu’il me fallait, alors je ne devais plus hésiter et je devais me marier, on aurait ainsi la certitude que nous deux c’était juste un fantasme assouvi et on serait passé à autre chose. Par contre si après avoir été avec elle, j’estimais que c’était elle que je voulais, je devais annuler mes fiançailles et à ce moment là, nous devrions planifier notre relation. J’avais accepté sa proposition et nous avions eu cette aventure. Durant ce mois, j’avais été heureux comme jamais auparavant et cela n’avait fait que confirmer ce que je savais déjà. Ça avait toujours été elle et c’était encore elle que mon cœur voulait. À la fin du temps imparti, elle a voyagé et a coupé le contact avec moi. J’ai eu beau lui écrire, l’appeler, lui faire des notes vocales mais cela n’a rien donné. Elle a apparemment décidé de poursuivre son chemin sans moi.

En ce qui me concerne, après avoir vécu ce que j’avais expérimenté avec Lucrèce, je ne pouvais plus faire semblant. Lorsque Janaï qui était alors en déplacement pour son boulot durant tout le mois était rentrée et qu’elle était passée chez moi, les choses avaient changé. Premièrement, elle avait trouvé un portail que j’avais posé en son absence. Elle voulait apparemment me faire une surprise mais elle était butée et avait dû m’appeler au téléphone.


«Janaï : Tu as fait mettre un portail ? »

 «Moi : Oui. Je t’avais dis que c’était dans mes intentions alors je l’ai fait. »

«Janaï : Mais tu aurais pu m’avertir, tu ne m’as rien dit. »

 « Moi : J’ai dû oublier. »

« Janaï : Je suis devant la barrière, je fais donc comment ? »

« Moi : Tu es rentrée de voyage ? »

« Janaï : Oui.  Je voulais te faire une surprise »

«Moi : Je t’envoie le code. »


J’avais raccroché et je lui avais envoyé le code puis j’avais assisté à une longue réunion qui m’avait pris plusieurs heures avec les chefs de la boîte. En sortant, je n’avais pas pris la peine de vérifier mon téléphone. J’avais simplement rangé mes affaires et j’étais rentré à la maison. Je l’avais trouvée assise devant les escaliers de ma terrasse.


Janaï : Tu n’as pas vu mes appels et mes messages ?

Moi : (Regardant mon téléphone) Non, j’étais en pleine réunion. Que disaient-ils ?


-Janaï : Tu as également fait changer tes serrures car mes clés ne fonctionnent pas.


C’était l’un d’entre eux. Effectivement, j’avais fait changer de serrures sur les portes à cause de Lucrèce parce que premièrement toutes les clés disponibles, notamment pour la porte centrale étaient réparties entre Janaï, mes deux sœurs et moi. Je n’avais plus de clés en réserve pour lui donner. Deuxièmement, j’aurais pu simplement faire un double mais je m’étais dit à ce moment là que l’une de mes sœurs aurait pu venir un jour la trouver à la maison et nous aurions eu des problèmes. J’avais donc changé de serrure et elle et moi étions les seuls à posséder les clés. C’était le deuxième changement qu’elle avait observé.


Moi : Oui. Désolé, cela m’était sorti de la tête. La serrure qui était là avait eu un problème. 

Janaï : Ça fait 3h de temps que je suis assise là comme ça. 

Moi : Désolé. 


Je m’étais avancé et j’avais ouvert la porte pour la laisser rentrer. 


Janaï : (Après avoir fait le tour) Tu as équipé la maison depuis quand ?

Moi : (Me rendant dans la chambre) Quelques semaines.

Janaï : Sans m’en parler ?

Moi : Je ne savais pas que tu voudrais le savoir. 


J’étais allé me changer et elle m’y avait suivi pour m’enlacer dans le dos mais je m’étais crispé et l’avais gentiment repoussée. 


Moi : Nous en avons déjà parlé Janaï.

Janaï : Ce n’est pas comme si j’ai dit que j’allais faire quelque chose, je voulais juste te faire un câlin parce que tu m’as manqué.

Moi : (Silence)

Janaï : (Soupirant) Je vais t’attendre au salon. 


Elle était sortie et m’avait laissé me changer, je l’avais rejoint au salon. Je lui avais demandé comment s’était passé son voyage et bien que contrariée, elle me l’avait raconté. Elle avait voulu me faire à manger mais avait constaté que mon frigo et même mon congélateur qui était nouveau, étaient plein de tupperware de repas déjà fait. Toute la maison était propre, rangée et parfumée. Lucrèce s’en était occupée à son dernier passage, c’est-à-dire quatre jours en arrière. Elle s’était sentie inutile et avait décidé de rentrer chez elle. Je l’avais déposée et j’étais rentré. Elle m’avait écrit plus tard pour me dire qu’elle m’avait trouvé froid et distant, elle ne comprenait pas pourquoi j’étais ainsi. J’avais prétexté le travail dû à ma récente promotion et l’affaire s’était arrêtée là. Un troisième point qu’elle avait noté. Les jours qui avaient suivi c’était le statut quo. Même un simple câlin j’avais du mal à le lui faire alors au bout de deux semaines, je l’avais fait asseoir pour lui parler.


Moi : Ce que j’ai à te dire n’est pas facile et ce d’autant plus avec le mariage qui est dans un peu plus de deux mois. J’ai bien conscience des dépenses et des implications de tout un chacun mais Janaï, on ne peut pas continuer à se voiler la face. Tu es une fille bien mais

Janaï : (Me coupant) Mais quoi Loyd ?

Moi : Mais ça ne marche pas.

Janaï : Qu’est-ce qui ne marche pas ?

Moi : Nous deux.

Janaï : C’est une blague ?

Moi : Je suis sérieux. Cette histoire ne marche pas et nous savons tous les deux que si nous allons jusqu’au mariage, nous allons nous faire beaucoup de mal. Je préfère qu’on arrête pendant qu’il est encore temps.

Janaï : (Élevant la voix) Tu te fous de moi ? Arrêter quoi au juste Loyd ? On doit se marier dans moins de trois mois. Tu as pensé à nos familles ? Tu as pensé à l’église ? Aux personnes qui se sont investies ? Que va-t-on faire d’elles ?

Moi : Janaï je ne suis pas en train de te parler des gens, je te parle de nous et de notre relation qui ne fonctionne pas.

Janaï : Ça ne fonctionne pas pour qui au juste ? 

Moi : Pour nous deux.

Janaï : Qui t’a dit que ça ne fonctionnait pas pour moi ?

Moi : Est-ce que tu veux bien arrêter de te voiler la face ? Au fond, tu n’es pas heureuse, je ne te rends pas heureuse.

Janaï : T’ai-je dit que je n’étais pas heureuse d’être avec toi ? Je t’aime Loyd et je suis heureuse, c’est la raison pour laquelle je suis avec toi. Nous ne sommes pas parfaits et chacun a ses défauts comme tous les autres couples mais n’empêche que nous sommes là et nous allons continuer à aller de l’avant ensemble. 

Moi : Je ne peux pas. 

Janaï : Tu ne peux pas quoi ?

Moi : Je ne peux pas continuer avec toi, je suis désolé.

Janaï : (Se levant) Je ne sais pas ce qui t’arrive dernièrement mais je vais faire comme si cette conversation n’a jamais eu lieu. Si c’est le diable qui veut empêcher notre mariage, il sera brisé au nom de Jésus. 

Moi : Où vas-tu ?

Janaï : Je rentre chez moi. Je ne suis pas venue ici pour écouter des inepties. Je me rends compte que tu dois être fatigué alors je te conseille d’aller dormir histoire de remettre tes idées en place. 

Moi : (Dans son dos) Janaï je suis sérieux et j’ai pris rendez-vous avec tes parents pour demain. Je compte personnellement leur dire ce qu’il en est.

Janaï : (Ramassant son sac) Bonne nuit Loyd. 


Elle était sortie de la maison en claquant la porte. J’avais soupiré en allant fermer derrière elle. C’était le lendemain lorsqu’elle était venue me trouver chez ses parents après avoir reçu un coup de fil de ces derniers qu’elle avait compris le sérieux de la chose. Son père après m’avoir écouté m’avait demandé de partir chez moi et de revenir dans un mois, si je n’avais pas changé d’avis, il considérerait que c’était la fin. Toutefois il avait suspendu l’organisation. J’étais allé chez mes parents qui étaient également en réunion et j’avais annoncé la nouvelle. Ma mère et mes sœurs étaient tombées sur moi pour que je revienne sur ma décision. La réunion avait fini en dispute mais je l’avais fait. Le lendemain, le pasteur principal de l’église qui avait été mis au courant par Janaï m’avait convoqué pour me demander ce qui se passait car elle lui avait dit qu’elle avait vu des esprits malins se lever contre ma vie pour me perturber et empêcher notre union. Je lui avais dit ce que je pensais, que depuis le début, comme il me l’avait plusieurs fois demandé, je n’étais pas en phase avec elle, j’avais essayé mais je n’avais pas pu. Il nous avait refait asseoir tous les deux en entretien pour comprendre nos points de vue d’ensemble et j’étais resté sur ma décision. C’est ainsi qu’elle a commencé à me supplier de ne pas faire ça, et de ne pas tout gâter. Je n’étais pas fier de moi mais je ne voulais pas lui faire beaucoup plus de mal que je ne lui avais déjà fait jusque là. Mon cœur, mes pensées et même mon corps appartenaient à quelqu’un d’autre. Je ne pouvais pas me marier avec elle, j’allais détruire sa vie et la transformer en quelqu’un qu’elle ne voulait pas devenir par amertume. Quelques membres de l’église ont été mis au courant par je ne sais qui et des frères et des sœurs ont défilé pour venir me parler et me ramener sur le droit chemin. Depuis peu, on a commencé à me traiter de méchant, de sorcier, de malhonnête, de blagueur et plein d’autres choses. Quand je vais à l’église, tous les regards sont sur moi et les gens parlent dans mon dos. J’ai donc décidé de prendre du recul pour quelques temps. J’ai appris par Arsène que Janaï est chez eu depuis deux jours et que ma grande sœur lui a dit qu’elle allait lui trouver une solution. Tout cela me presse et j’ai décidé de me réfugier dans le travail. Je viens très tôt et rentre tard. 

Je quitte devant la baie et retourne à ma place. Je m’assois et regarde mon téléphone que je finis par prendre. Et comme chaque jour depuis plus d’un mois, je vais dans whatsapp avec l’espoir que Lucrèce ait répondu à mon message mais rien. Je lève les yeux vers le plafond avant de me coucher sur mon bureau. Je sors de la conversation et je vais dans mon cloud où sont stockées ses photos et celles où nous sommes tous les deux. Je me perds près d’une heure dans cette contemplation et une autre heure dans les souvenirs du mois que nous avions passé ensemble. Je revois nos conversations, nos fous rires, nos câlins, nos bains, nos moments d’amour, les temps de massage, les mimiques qu’elle faisait, ses séances de préparation où elle dansait pour me provoquer ou alors le sport qu’elle faisait pour être plus agile sur moi selon ses dires. Je revoyais tout cela et un sourire triste étira mes lèvres. J’ai fini par reprendre le boulot et quand je me suis arrêté, il était 21h. J’ai rangé mes affaires, j’ai tout arrêté et je suis sorti de la boîte pour rejoindre mon véhicule. J’ai dit au revoir aux agents de sécurité et je suis rentré chez moi. Quand je suis arrivé, je suis directement allé prendre une douche et je suis venu me poser au salon. N’ayant aucun appétit, je ne suis pas parti me faire à manger. On m’a d’ailleurs fait remarquer que j’ai perdu du poids dernièrement vu que je ne mange presque pas. 

Je m’allonge sur mon canapé et je mets un film d’action sur Netflix histoire de me faire passer le temps jusqu’à ce que le sommeil me prenne. Autour de 22h30, je prends mon téléphone et je fais un message à Lucrèce pour lui souhaiter une bonne nuit. 

-Moi : J’espère que tu as eu une belle journée. Bonne nuit ma Reb. 


Je regarde et je vois qu’elle a lu mais comme toujours, elle a choisi de ne pas me répondre. J’ai posé mon téléphone sur la tablette et je me suis levé pour aller prendre une bouteille d’eau dans le frigo. Pendant que je le faisais, j’ai cru entendre quelqu’un frappé à ma porte. J’ai arrêté tout mouvement pour essayer de me concentrer et d’autres coups ont été donnés. Je suis sorti de la cuisine pour regarder l’heure au salon. 22h45. Qui peut venir chez moi à pareille heure ? Et si la personne est devant ma porte, c’est qu’elle a pénétré le portail et en dehors de moi, seule Janaï et mes deux sœurs connaissent le code. Je ne pense pas que mes sœurs viendraient chez moi à pareille heure sans m’appeler. Janaï ??

(Toc, toc)

Moi : Qui est-ce ?

Silence.

(Toc, toc)

Je me suis rapproché et j’ai ouvert la porte. J’ai écarquillé les yeux devant la personne qui se trouvait devant moi. Je crois que je suis en train de perdre la boule sinon ça ne s’explique pas. J’ai maintenant des hallucinations.


Moi : (Après un moment, les grands yeux) Lucrèce ??

Lucrèce : (Souriante) Bonsoir Loyi.

Moi : (Dans ma tête) Seigneur, je deviens fou. (M’attrapant la tête, incertain) Lucrèce ?

Lucrèce : Tu ne rêves pas, c’est bien moi devant ta porte.

Moi : (Silence) 

Lucrèce : Tu comptes me laisser au pas de ta porte ?

Moi : (Silence)

Lucrèce : (Inquiète) Tu n’es pas content de me voir ?

Moi : (Silence) 

Lucrèce : Dis quelque


Je ne l’ai pas laissée terminer sa phrase que je l’ai serrée dans mes bras et sans que je n’arrive à me contrôler, mon corps s’est mis à trembler et mes larmes ont coulé le long de mes joues…


NB: C'EST UNE AFFAIRE DE MATHÉMATIQUES QUI M'ENVOIE ICI AUJOURD'HUI.
L'AMOUR SUFFIT-IL ?1