Chapitre 1 : La fête de la ville (3)

Ecrit par pretoryad

Résignée par les remontrances de cette dernière, je décidai de profiter de la soirée tant bien que mal. C’était la fête de la ville, organisée chaque année, le dernier samedi du mois de mai. La fête commençait à partir de 15h avec des jeux, spectacles et concerts de musique, et terminait plus tard dans la soirée avec un bal populaire.

         J’adorais ces manifestations festives, car c’était un prétexte pour me défouler sans craindre la foudre paternelle. Il était 22h30 et la musique battait son plein. Les rires et les cris de la foule se mêlaient à la musique enivrante pour créer une ambiance magique.

         – Allez viens, on va danser ! s’exclama Masala tandis qu’elle se dirigeait, le pied joyeux, vers la piste.

         – Vas-y, je te rejoins ! Je vais me servir à boire, lui lançai-je, le regard tourné vers le bar.

         Elle entendit à peine ma voix qui fut emportée sans peine par le rythme folklorique du vent. Je me dirigeai alors vers le bar avec l’espoir d’obtenir quelque chose de plus stimulant que les boissons gazeuses que j’avais eues à ingurgiter jusque-là.

Je savais bien que l’alcool m’était interdit, mais j’avais un moyen de m’en procurer le plus légalement possible. Je n’étais pas une sainte, après tout. Et passer la soirée à observer cette pimbêche de Belga roucouler avec l’homme de ma vie, c’était juste insupportable !

Alors, il me fallait noyer ma frustration, et l’alcool était juste ce dont j’avais besoin. À mon arrivée, je ne fus pas surprise de voir Dali Méphisto dans sa tenue de barman. Mon sourire s’élargit lorsque mon regard de biche rencontra le sien. Il ne put détacher son regard éperdu du mien.

Parfait pour la suite de mon plan ! Je m’assis en face de lui sans jamais le quitter des yeux. Je connaissais Dali depuis le collège et je savais qu’il avait un faible pour moi. Malheureusement, il n’était pas mon genre : teint clair, cinq centimètres de moins que moi, et des lunettes. Malgré son intelligence et sa gentillesse, mon cœur n’en était pas moins insensible.

         – Eh Dali, qu’est-ce que tu peux m’offrir pour me revigorer ? Je me sens un petit peu raplapla et je n’ai pas envie de rentrer maintenant. Ce serait dommage, car je ne pense pas avoir eu le plaisir de danser avec toi, lui lançai-je d’une voix suave. 

         – Vraiment ? Eh bien, j’ai justement ce qu’il te faut ! dit-il avec un entrain non dissimulé.

         Il disparut quelques minutes derrière une pièce sombre, puis il réapparut avec un mélangeur à cocktail en métal qu’il déposa sur le comptoir. Il m’apporta un verre rempli de glaçons dans lequel il versa un liquide d’une couleur jaunâtre.

         – C’est un tonifiant qui va te redonner la pêche. Je te rejoins dans un quart d’heure, j’ai fini mon service.

         – Ok ! répondis-je sans enthousiasme.

         Sans attendre plus longtemps, je portai le verre à ma bouche et bus d’un trait. Malgré le goût âpre de la mixture, je ressentis l’envie d’un second verre. Dali étant absent, je dus me contenter d’un seul verre. Vingt minutes plus tard, Dali vint me rejoindre et m’invita à danser. Malheureusement pour lui, l’alcool avait commencé à instiller son venin dans mon esprit, et bientôt, je ne fus plus moi-même.

         Je m’efforçai néanmoins à danser au rythme de la musique, tout en permettant à mon cavalier des libertés qu’il n’aurait jamais eues dans mon état de sobriété. Tandis que l’alcool se diffusait dans tout mon corps et mon cerveau, je sentis mes muscles se relâcher peu à peu. Je me sentis soudain si légère que mes gestes en furent altérés.

         Ne tenant plus sur mes jambes, Dali m’enlaça fermement par la taille et m’aida à sortir de la piste. Je fus prise d’un état euphorique et les rires ne cessèrent plus jusqu’à ce que Dali m’éloigne de la foule.

         – Tu ne m’as pas l’air en forme, dit-il tandis qu’il m’aidait à marcher. Je crois qu’il est temps de rentrer.

         – La fête n’est pas encore finie… et … balbutiai-je en titubant.

         La nuit avait revêtu son uniforme sombre qui masquait presque les faibles lanternes installées ça-et-là le long du chemin. Dali connaissait ma maison qui se trouvait à une dizaine de minutes à pied du lieu de la fête. Malgré la fraîcheur de la nuit, je transpirai à grosses gouttes qui perlaient sur mon front et se propageaient sur mon sweat.

         Dali me tint fermement par la taille sans jamais lâcher prise. L’alcool avait pris le contrôle de mon être. Je marchai en vacillant, mes jambes me paraissaient de plus en plus lourdes. Ma vision était trouble. J’avais du mal à m’exprimer, et surtout, j’avais un besoin urgent de somnoler. J’aurais tant voulu m’affaler sur le sol et dormir indéfiniment !

         Ce n’était pourtant pas la première fois que je buvais. Mon organisme essayait certainement de me rappeler à l’ordre. Je fis la promesse inconsciente de ne plus recommencer la prochaine fois. Je sentis Dali s’arrêter un instant devant une maison que mon esprit embrouillé ne put reconnaître. Il s’adressa à moi dans un langage incompréhensible à mon cerveau hors service.

         Je le vis ensuite fouiller dans ses poches et brandir un petit trousseau de clés. Il introduisit ensuite l’une d’elles dans la serrure de la porte. Celle-ci céda sans trop de difficulté. Une fois à l’intérieur et après s’être assuré que nous étions seuls, il me pilota vers une pièce assez sombre. Je le sentis ensuite m’installer sur ce qui semblait être un lit. Je n’attendis pas longtemps avant de me laisser emporter dans les bras de Morphée.   

Femmes de pouvoir :...