Chapitre 2 : Passion (1)
Ecrit par pretoryad
Kalé
Je
l’avais aperçue tandis que je m’approchais de Belga. J’avais difficilement
lutté pour ne pas croiser son regard aguicheur qu’elle avait dardé sur moi sans
aucune pudeur. Je n’avais pu m’empêcher de l’observer toute la soirée. Je
n’étais pas spécialement attiré par son physique, car Belga était de loin le
genre de fille que je préférais. Elle avait les formes aux bons endroits et
l’emportait en volupté.
Néanmoins, Nélia avait un charme
mystérieux. Quelque chose d’indéfinissable. Je savais qu’elle avait le béguin
pour moi, comme toutes les autres d’ailleurs. Mais contrairement aux autres
filles, elle était spéciale. Elle avait quelque chose de précieux qui
m’aiderait dans ma quête de pouvoir.
Lindila
me l’avait affirmé. Et je lui faisais confiance. Après tout, elle était ma
protectrice depuis ma naissance. C’était un esprit lunaire et son rôle était de
m’aider à développer mes pouvoirs. C’était elle qui m’avait fait part du don de
Nélia :
– C’est une fille de l’eau, une sirène.
Son ancêtre est la Reine-mère des génies de l’eau, Mamissi.
Je connaissais bien la légende de
Mamissi, la prêtresse sirène aux pouvoirs suprêmes, que ma mère me contait dans
mon enfance. Reconnue dans toute la contrée comme étant la Maîtresse des forces
de la mer, elle avait la capacité de doter un individu de pouvoirs surnaturels.
Elle avait une armée de guerrières aux
pouvoirs redoutables dont la mission sacrée était la protection d’Earthland
contre l’invasion de Darkland, la cité des ténèbres. Nélia était une Fidlo — ou
fille de l’eau — destinée à faire partie de ce cercle de guerrières
légendaires.
De
tous les pouvoirs que possédait Mamissi, un seul avait retenu mon
attention : l’immortalité. Les guerrières de Mamissi possédaient une âme
immortelle et avaient de ce fait le don de rendre un individu éternel. Mais
pour cela, il fallait être digne de l’amour de l’une d’elles. Nélia était donc
celle qu’il me fallait.
Je
savais qu’elle n’attendait qu’un signe de ma part pour se jeter librement dans
mes bras. Tout ce que j’avais à faire, c’était la rendre encore plus amoureuse
de moi afin qu’elle m’offre son cœur et son corps tout à la fois. Lindila avait
été formelle là-dessus :
– Si tu réussis à posséder son cœur et
son corps avant que ses pouvoirs ne se manifestent, tu obtiendras
l’immortalité !
J’avais un mois avant son seizième
anniversaire pour obtenir d’elle ce que je souhaitais. Autrement, l’immortalité
me passerait sous le nez ! Très peu pour moi ! Mon corps languissait
de ne faire qu’un avec son corps, et mon esprit se réjouissait déjà à l’idée
d’obtenir la vie éternelle. Cependant, l’attente me semblait difficile.
Heureusement que Belga était là pour
m’aider à calmer mes ardeurs. Allongé près d’elle dans mon lit aux draps
froissés par nos ébats, je la contemplai attentivement tandis qu’elle essayait
de reprendre son souffle. Sa chevelure noire frisée éparse sur le coussin. Son
visage aux traits fins arborait une expression sereine.
Je caressai tendrement sa peau de pêche.
Ce geste fit naître un sourire de satisfaction sur ses lèvres sensuelles.
– Belga ? Prépare-toi, il est
temps de partir, lançai-je en me faufilant hors du lit.
– Déjà ? Je n’ai pas envie de
rentrer maintenant. Je veux rester avec toi cette nuit, plaida-t-elle tout en
s’étirant gracieusement.
– Tu sais bien que ce n’est pas
possible, j’ai des choses à faire.
– C’est ce que tu me dis tout le temps,
mais jamais tu ne me dis vraiment ce que tu fais.
Elle se leva vivement du lit sans
s’inquiéter de sa nudité. Je ne pus m’empêcher d’admirer son corps aux formes
parfaites. Elle esquissa un sourire complaisant. Elle savait l’effet que son
corps produisait sur moi. Elle espérait ainsi me faire changer d’avis et
réussir enfin à passer la nuit avec moi.
Mais elle n’avait malheureusement
aucune chance. Cela faisait sept mois que nous étions ensemble et pourtant je
ne ressentais nullement le besoin de l’avoir à mes côtés la nuit. Ce n’était
pas faute d’éprouver de l’affection pour elle, mais simplement un besoin de la
protéger de moi-même.
Je n’étais certainement pas ce qu’elle croyait. J’aimais les
ténèbres, j’y trouvais un confort que la lumière ne pouvait m’apporter. La nuit
dévoilait ma véritable identité, celle dont je ne pouvais lui permettre de
découvrir. Du moins, pas avant de m’être lassé d’elle.