CHAPITRE 1 : L’APPEL.
Ecrit par Benedictaaurellia
Edmund
Je ne suis pas un grand sentimental, cependant,
parcourir encore une fois, les pièces de cet appartement, me rend nostalgique.
J’y ai vécu pendant trois (03) ans, depuis que je suis devenu associé sénior
dans le cabinet d’avocats où je travaille. J’y ai mes marques. Il représente
beaucoup pour moi. Je me souviens encore du jour où j’ai reçu les clés. C’est
plus qu’un appartement pour moi. Il symbolise mon ascension au cabinet, ma
réussite professionnelle. C’est ma récompense après plusieurs années de dur
labeur, de nuits sans sommeil, d’heures sup au bureau et j’en passe.
Il m’a été offert par mon mentor Paul. Paul est cofondateur
du cabinet où j’exerce. Il m’a appris les ficelles du métier et c’est grâce à
lui que je suis devenu un aussi brillant avocat aujourd’hui. Je n’ai pas connu
mon père et il fait office de figure paternelle pour moi. Je le consulte
toujours avant de prendre des décisions. Il est toujours de bon conseil.
C’est un très grand appartement de plusieurs pièces.
La chambre principale, mon domaine, la chambre d’amis que j’ai transformée en
bureau, chacune avec sa salle de bain propre ; une grande cuisine aménagée
ouverte sur un vaste salon dont l’immense baie vitrée donnant sur les rues de
Paris, laisse apercevoir, la nuit, de loin, les lumières de la tour Eifel. Une
autre pièce me sert de débarras et de magasin.
Et voilà que je m’apprête à tout quitter pour le
Togo mon pays natal. La cause ? Ma très chère mère. Dieu sait combien je
l’aime et combien elle, en retour, aime me compliquer la vie.
Je repense au coup de fil que m’a donné ma mère un
mois plutôt. Cet appel a complètement chamboulé ma vie.
Flashback un mois plutôt.
Drinkkkkkkkk
Mon portable sonne et je ne fais pas mine de le
décrocher. Mince ! J’ai oublié de le mettre sur silence. Je suis à fond
dans l’étude d’un nouveau dossier et je ne veux pas perdre le fil. Mon
correspondant aussi ne renonce pas et insiste. Je soupire et je décroche sans
même prendre le temps de voir qui appelle.
Edmund : Oui ? (Dis-je d’un ton sec)
Maman : Eh Edmund ! C’est à moi tu parles
comme ça ? C’est comme ça que je t’ai éduqué ? Tu n’as pas encore
passé l’âge des taloches, tu sais ?
Edmund (réalisant ma bourde) : Excuse-moi
maman. Je travaille. Ton appel ne tombe vraiment pas bien. Je peux te rappeler
plus tard ?
Maman : Raccroche ce téléphone et sois sûre que
j’atterrirai à Paris dans les prochaines heures. On t’appelle, tu dis tu travailles.
Moi je ne travaille pas ? TCHRRRR
S’en suit, une série de jurons et d’insultes.
Je la laisse parler pendant un moment et je finis
par dire.
Edmund : Maman ne t’énerve pas tu sais que ce
n’est pas bon pour ta santé. Bonjour, Comment vas-tu ?
Maman : Si tu voulais savoir comment je vais,
tu aurais dû m’appeler. N’attends pas que je t’appelle pour me demander comment
je vais. D’ailleurs, ce n’est pas pour ça que je t’appelle.
Edmund (secouant la tête. Cette femme ne changera
jamais.) : Maman que me vaut l’honneur de ton appel ?
Maman : Je veux que dans un mois au maximum tu
sois rentré au pays. Tu rentres définitivement hein ! Je t’ai trouvé une
femme. Tu vas te marier et faire ton foyer ici. On vous envoie étudier chez les
blancs et après vous allez épouser des blanches qui ne respecteront pas vos
parents là, moi je ne veux pas ça. Donc tu rentres épouser Sophie.
Edmund : Maman (dis-je en rigolant), tu sais
que tu ne peux pas m’imposer une femme, n’est-ce pas ? Qui te dit que je
ne fréquente pas quelqu’un ici ? Et je ne peux pas plaquer ma vie ici
comme ça. J’ai une vie et un travail ici.
Maman : Tu vois ce que je dis ? Mentalité
des blancs là est en train de ronger ton cerveau. Qui t’a dit que je ne peux
pas te donner une femme ? Tu m’as toujours dit qu’en août ce sont les
congés judiciaires. Tu prends toujours tes congés en ce moment. Donc tu peux en
profiter pour déposer ta démission aussi. Ne me prends pas pour une imbécile.
Et je m’en fous si tu fréquentes quelqu’un là-bas. Ça c’est ton problème. Tu
rappliques ici d’ici fin juillet c’est-à-dire dans un mois exactement. Je ne
veux pas avoir à me répéter. Au revoir.
Click.
Elle a raccroché.
Je dépose mon téléphone et soupire encore. Je
connais assez ma mère pour savoir qu’elle ne plaisante pas. Comment est-ce que
je vais plaquer ma vie ici ? J’ai mes habitudes, mon boulot etc. je ne
peux pas tout quitter en un mois.
Je vous présente ma mère, Sabine TOMETI. Elle est
comme ça. Toujours à donner des ordres et gare à toi si tu n’obéis pas. Tout le
pays entendra parler de toi.
Fin du flashback
Voilà, nous sommes le 30 juillet aujourd’hui et mon
échéance arrive à terme. Je prends l’avion dans quelques heures, direction mon
pays natal.
Je m’appelle Edmund TOMETI, bienvenue dans mon
univers.