Chapitre 1 : Ma famille

Ecrit par Djiffa

 Il est deux heures du matin. J'ai du mal à dormir. Je pense à tellement de choses que le sommeil ne peut que me fuir.  Je pense à ma vie. Très  tôt,  j'ai perdu mon père.  Ma mère,  simple couturière se plie en quatre pour combler nos besoins. Mais cela a toujours été insuffisant.  Parfois,  elle n'arrivait pas à payer les frais de scolarité de nous tous. Yabo,  ma sœur aînée a dû arrêter ses études alors qu'elle était proche d'avoir le baccalauréat.  Elle a dû accepter une place de serveuse dans un bar pour venir en aide à ma mère. Ainsi,  ma mère et ma sœur arrivaient à payer mes frais scolaires ainsi que ceux  de Bola mon frère. Mais lorsque Bola eut le baccalauréat,  il a du s'en arrêter là et fait actuellement de petits jobs pour survivre.

 

 Puis  mon tour est venu d'avoir le baccalauréat.  J'avais obligé ma famille à me payer les études universitaires,  j'ai beaucoup pleuré et je me souviens avoir même été malade. J'avais de grandes ambitions et il n'était pas question que je m'arrête là.  Alors ma famille me promit de cotiser pour payer la première année  et que je devrais me débrouiller pour payer les trois années qui resteraient. Où allais- je trouver cet argent ? Je n’en avais aucune idée mais je promis.

 

 Je suis consciente que ma famille s'est sacrifiée énormément pour ma première année car je voulais suivre des cours dans une école professionnelle chère. Oui,  je voulais faire la gestion des finances et aller le plus loin possible dans ce domaine.

 

A l'université,  j'ai eu la chance de tomber sur Shadé Bousso,  une fille aux milles vertus. Shadé était le seul enfant de son père. Sa mère a perdu la vie en voulant la mettre au monde. Quand Shadé eut l'âge  de dix ans,  son père se Maria avec Folaké qui s'est érigée en la mère de Shadé.

 

Très vite,  Shadé et moi sommes devenues inséparables. Je commençai à profiter des largesses de cette fille si généreuse  et attentionnée. Mon amie me prenait pour la sœur qu'elle n'a jamais eue. Elle m'offrait des habits,  des bijoux,  de l'argent,  bref tout ce dont j'avais besoin.

Ayant été  sensible à ma situation, elle finit par convaincre son père,  Monsieur Bernadin Bousso qui m'a payé les trois années suivantes au grand déplaisir de Madame Folaké.

 

Je savais que Madame Folaké ne m'appréciait pas. Elle me trouvait peut être trop belle et elle avait peur que son mari soit séduit.  Elle n'aimait pas quand je lui parlais alors qu'il est seul. Mais moi,  je m'en foutais. Tant que Shadé m'aimait bien, les humeurs de Folaké ne comptaient pas.

 

Bien souvent,  j'enviais Shadé. Comme elle a de la chance d'avoir tout ce qu'elle désire! Nous passons les quatre années ensemble à l'université et elle se montra toujours aimable et douce. Je l'aimais bien et ma famille l'appréciait.

 

Je viens à peine d'avoir mon diplôme.  Mais où,  quand et comment allais- je trouver du travail? Shadé ne va quand même pas continuer à  m'aider toute ma vie! Cela commençait véritablement à me gêner.  Et Emiola,  mon fiancé qui ne trouvait toujours pas un bon travail! Depuis un an,  il cherche en vain. Finalement,  il conduit un taxi. J'aimais bien  Emiola,  il est bel homme, tendre et très amoureux de moi. Mais je commence à en avoir marre de sa pauvreté.  Il ne pouvait pas s'occuper de moi. Il m'avait demandé de patienter qu'il finisse ses études et trouver un bon boulot mais depuis rien ne pointe. J'ai même honte de faire savoir à Shadé qu'il s’est transformé en chauffeur. Je pense très sérieusement à le quitter. Moi,  Yomi,  avec un chauffeur de taxi?  Ce n'était pas dans mes plans et par amour,  je l'ai assez attendu.

 

Moi je veux un homme jeune et  riche qui puisse combler tous mes désirs.  Cette affaire d'il faut construire sa vie avec un homme pas à pas, ne me plaît pas. Je veux habiter une grande maison, posséder  une belle voiture,  fréquenter le milieu des riches,  avoir un compte bancaire bien garni,  manger ce que je veux et non ce que je suis obligée d'avaler. Je ne veux plus bénéficier des dons que me fais Shadé,  je  ne veux plus l'aumône veux,  je veux être indépendante.

 

Je pensais à tout ceci,  quand je sentis une souris traverser mon matelas. Eh voilà qui me rappelle notre triste condition. Notre habitation construite par mon père avant sa mort, était vieille et délabrée,   pleine de souris et de cafards. Pourquoi sommes-nous si malheureux. ?

 

 L'espoir d'améliorer ma condition matérielle augmente encore plus après ce passage de la souris. Je ne pouvais supporter tout ceci encore longtemps. Comment puis-je alors dormir?  Il faut que j'agisse,  je suis quand même une belle femme ! Je dois quitter Emiola et me trouver un jeune homme beau et riche à épouser. Et très rapidement car je n'ai plus de temps à perdre.

 

J'étais plongée dans mes réflexions quand j'entendis Yabo ronfler.  Elle dormait à poings fermés.  Je partageais la chambre avec Yabo. Yabo travaille comme serveuse dans un bar. Elle a eu la chance de rencontrer un entrepreneur pour changer sa vie mais elle préfère un pauvre mécanicien de motos. Je ne comprends pas ma sœur. Elle n'a aucune ambition et  se complaît dans la pauvreté. Elle m'énerve. Comment peut-elle vouloir épouser un pauvre pour aggraver encore son état. ? Avec toute cette beauté!  Elle est vraiment spéciale. Pour elle, c'est l'amour qui compte pour le mariage et la santé est la plus grande des richesses. Celui qui a la santé peut espérer devenir riche mais l'argent n'achète pas toujours la santé. Certes,  il y a des gens qui meurent parce qu'ils n'ont pas assez d'argent pour se soigner mais il y a des riches dont l'argent est impuissant face à certaines maladies. Tout  l'or du monde ne réussirait pas à  les sauver.  C'est son avis,  pas le mien. Pour moi, à l'amour et la santé, doit s'ajouter l'argent. Et si les trois ne sont pas possibles, alors je préfère l'argent.

 

Quoi qu'il en soit,  je suis persuadée d'une chose: je vais sortir de cette pauvreté et de ce quartier insalubre. Il me suffit juste d'agir.

 

Pendant que je réfléchissais à propos de cette nouvelle  résolution. le sommeil me prit et quand j'ouvris mes yeux, de légers rayons de soleil pénétraient déjà  notre chambre.

 

Je vis Yabo qui s'apprêtait en chambre hâtant. Elle redressa sa tête et constata que je l'observais.

 

- Bonjour Yomi. Tu as bien dormi. ?

 

- Bonjour Yabo. Ça se voit que tu adores la pauvreté, façon tu chantes ce beau matin.

 

- Ah petite sœur, Dieu m'a réveillé encore ce matin et je suis en bonne santé. Ne sais-tu pas que c'est la meilleure richesse. ?

 

Encore sa théorie insensée. Ça m'irrite! Quelle idiote !

 

A suivre.....

YOMI