CHAPITRE 1: MENTEUSE PROFESSIONNELLE.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 1 : MENTEUSE PROFESSIONNELLE.

**LUCRÈCE MEFOUMANE **

Je lui ai caressé le visage avant de me retourner et de tomber sur Darnell qui était debout et nous regardait à tour de rôle visiblement choqué. Je me suis figée sur le champ.

Voix d’hommes : Qu’est-ce que tu regardes ainsi (nous regardant à tour de rôle en fronçant les sourcils) Loyd ? Lucrèce ?  Vous deux ensemble ?

Mon cœur a raté un battement devant l’expression de surprise de tonton Paul et tonton Benjamin qui accompagnaient Darnell.

Tonton Paul : (Nous regardant à tour de rôle) Qu’est-ce qui se passe ?

 Jérôme : (Apparaissant) Tonton Paul ? 

Tonton Paul : (Se retournant pour le regarder) Jérôme.

Jérôme : (Se rapprochant) Je ne me suis pas trompé, bonjour tontons. Vous faites quoi là ? Vous êtes aussi venus pour le diplôme de tonton Marwane ?

Tonton Paul : Quel diplôme ?

 Loyd : (Parlant enfin) La licence de Marwane, nous sommes là pour sa remise de diplôme. Arsène ne vous a rien dit ? Bonjour.

Tonton Paul : Bonjour.

Tonton Benjamin : Bonjour.

Tonton Paul : Non, il ne m’en a pas parlé. 

Loyd : Vous êtes en week-end entre hommes ?

Tonton Paul : Si seulement. Nous sommes venus installer les filles. Daphnée et Sasha seront ici pour leurs études supérieures.

Moi : (Regardant Darnell) C’est vrai. Nous en avons parlé hier. Où sont elles ?

 Tonton Benjamin : Avec Linda à une master class. Elles y seront pour un bon moment. 

Tonton Paul : Et nous avons décidé de faire du shopping de notre côté pour passer le temps. 

Loyd : Je vois. 

Tonton Paul : Et où est ce Marwane ?

Tonton Marwane : (Apparaissant) Qui me cherche ? Oh, tonton Paul, tonton Benjamin, vous êtes aussi venus pour moi ?

Tonton Paul : (Le regardant) Mais quelle classe ! Nous sommes là pour tes nièces qui doivent commencer l’université mais si on trouve un créneau, nous viendrons à ta remise de diplôme avec plaisir.

Tonton Marwane : D’accord . 

Tonton Benjamin : C’est pour quand ? Et à quelle heure ?

 Tonton Marwane : C’est demain à 10h. 

Tonton Paul : D’accord. Nous verrons si on trouve un créneau. 

Tonton Marwane : D’accord. 

Tonton Benjamin : Bon, nous on va continuer à tourner un peu pour voir si on trouve notre bonheur. 

Jérôme : Venez de ce côté-là, je crois que vous allez trouver votre bonheur.

Tonton Paul : (Souriant) Ah, on espère bien. 

Ils ont commencé à s’en aller et j’ai retenu Darnell par le bras. 

Moi : D stp, je peux te parler en privé ?

Il a regardé les deux hommes qui ont dit qu’ils étaient juste à côté. Dès qu’ils se sont éloignés, il a baissé son regard sur ma main qui le tenait et je l’ai immédiatement retirée. Depuis que je connais Darnell, il a toujours été un peu étrange et l’une des bizarreries que je lui connais est le fait qu’il n’aime pas qu’on le touche. 

Moi : Tu peux venir sur le côté ?

Il m’a regardée sans répondre et je me suis décalée, il m’a suivie et est venu se placer devant en me fixant droit dans les yeux le visage fermé. Je me suis tout de suite sentie mal à l’aise.

Moi : (Grattant derrière mon cou) En fait, je

Darnell : Tu entretiens une liaison inappropriée avec tonton Loyd et tu veux t’assurer que je ne divulgue pas votre secret.

Moi : (Petite voix) C’est ça. Ce que.

Darnell : (Me coupant à nouveau) Tu as très certainement des raisons de penser qu’une telle entreprise t’est avantageuse. Quoiqu’il en soit, je ne souhaite pas la connaître et je ne veux pas non plus être mêlé à cette chose. C’est pourquoi je considère que je n’ai rien vu.

Moi : Merci.

Darnell : Ne me remercie pas. Je ne compte pas faire partie de votre fourberie. C’est juste un non événement pour moi. 

Moi : (Silence) 

Darnell : Je peux y aller ?

Moi : Oui.

Il s’est retourné et il est parti en dépassant tonton Marwane et Loyd qui étaient debout en retrait et nous regardaient. Je me suis rapprochée d’eux.

Tonton Marwane : Tu as pu aussi le convaincre ?

Moi : Non.

Eux : (Silence)

Moi : Mais il ne dira rien. 

Loyd : Comment peux tu en être sûre ?

Moi : Il a dit qu’il considère cela comme un non événement et Darnell est un homme de parole. Il fait toujours ce qu’il dit. 

Tonton Marwane : D’aucun devrait prendre de la graine. Mais quoiqu’il en soit, continuez tout les deux à croire que vous êtes dans votre chambre même dans les lieux publics hein, vous n’allez pas croire. 

Nous : (Silence)

Tonton Marwane : (S’en allant) Je ne sais même pas pourquoi je gaspille mes péchés avec vous deux là franchement. 

Loyd : Il n’a pas tort. Il faut qu’on arrête toute manifestation affectueuse en public quelque soit l’endroit. Nous l’avons échappé de justesse mais rien ne nous dit que nous aurons cette chance la prochaine fois.

Moi : (Soupirant)Je sais. Je crois qu’il va falloir que j’appelle papa et maman pour leur dire que je suis ici pour soutenir tonton Marwane avant que tonton Paul ne le fasse. 

Loyd : Oui. Il faut qu’on rejoigne les autres pour éviter d’être trop à l’écart. 

Moi : D’accord.

Nous sommes partis rejoindre le groupe et nous avons finalement choisi les vêtements de Tonton Marwane et ceux de tonton Paul et tonton Benjamin. Loyd a pris ce qu’il a essayé, Jérôme et Darnell n’ont rien pris. Nous sommes sortis, on s’est dit au revoir et je suis partie avec mon groupe.

Jérôme : C’était moins une. 

Tonton Marwane : Ça tu peux le dire. (Se retournant pour nous regarder) Je ne sais pas si vous êtes des aimants et que vous ne pouvez pas rester une minute sans vous toucher ou alors vous avez décidé d’être des siamois mais que ce soit l’un ou l’autre peu importe, vous n’allez pas nous embarquer dans vos histoires. On souffre déjà de vos péchés en vous couvrant, n’allez pas dégoupier cette bombe quand vous savez qu’elle peut éclabousser plusieurs personnes qui se retrouveront démembrées en même temps que vous. Quand vous gémissez, vous le faites à deux alors attendez de mourir à deux également.

Nous : (Silence)

Jérôme : Pour le coup, il n’a pas tort. 

Loyd : Nous le savons et nous prendrons des mesures.

Tonton Marwane : Vous allez vous séparer ?

 Nous : (En chœur) Pardon ?

 Tonton Marwane : (Regardant à nouveau devant) J’aurais quand même essayé.

Jérôme s’est mis à rire pendant que j’ai posé ma tête sur l’épaule de Loyd. Le mood dans lequel je suis venue ici a complètement disparu et je me demandais ce que je pourrai bien dire aux parents pour justifier mon déplacement sans leur avale. Jérôme a fini par laisser tonton Marwane à son appartement et nous avons continué tous les trois ensemble. 

Jérôme : Alors, on se prend toujours ce verre ou vous avez changé d’avis ?

Moi : À vrai dire, j’ai envie de rentrer. Il faut que je parle avec les parents pour les prévenir de ma présence en France.

Jérôme : D’accord.

Il a conduit jusqu’à chez lui et nous sommes rentrés dans son appartement. C’est deux chambres, salon, cuisine ouverte au 4ième étage d’un immeuble. 

Jérôme : (Se dirigeant vers le frigo) Vous connaissez tous les deux la maison alors faites comme chez vous. 

Moi : J’ai besoin de me rafraîchir. 

Loyd : Je suis dans la deuxième chambre, tu la connais n’est-ce pas ?

Moi : (Y allant) Oui, t’inquiètes. Passe moi juste mon sac. 


Il le fait et je m’en vais à la chambre. Je me rappelle que je n’ai pas dit à Lucia que je suis bien arrivée et j’ai aussi envie de lui expliquer ce qui s’est passé avant de prendre de ses nouvelles, si elle se sent mieux par rapport à quand je l’ai laissée. Je lance l’appel sur son numéro à deux reprises mais elle ne prend pas. Je tente Bhernie et c’est la même chose. Je laisse tomber et me dis qu’ils sont certainement occupés, ils me rappelleront quand ils verront mes appels. Je pose mon téléphone et je me déshabille pour passer à la douche. Je me lave rapidement et je ressors, Loyd est allongé sur le lit et manipule son téléphone. Il lève son regard sur moi et parcourt mon corps avec ses yeux. Ce simple fait suffit à m’émoustiller mais je prends sur moi pour ne pas céder, il faut que je règle d’abord le souci avec les parents sinon je ne pourrai pas pleinement profiter de mon week-end. Je vais donc vers mon sac où je récupère une robe, un string et ma crème corporelle. Je passe cette dernière sur mon corps avant d’enfiler mes vêtements, puis je me rapproche de lui pour m’asseoir sur le lit.


Moi : Je peux leur dire quoi pour justifier ma présence ici ?

 Loyd : D’abord tu vas prendre des nouvelles ensuite dans la conversation tu vas glisser le fait que tu sois à Paris en leur disant que Marwane t’a parlé de la remise de son diplôme et du fait qu’il n’avait pas beaucoup de gens pour l’assister alors tu es venue pour le faire afin qu’il sache qu’il n’est pas seul.

Moi : Je peux faire ça. Mais tu crois qu’ils ne vont pas se fâcher ?

 Loyd : À vrai dire, je l’ignore. Mais je me dis que Marwane est de la famille et je ne vois pas le fait qu’ils voient mal ton soutien à son égard. En principe, avec la façon dont Arsène s’est débrouillé pour qu’il aille de l’avant, il devrait approuver ta démarche. 

Moi : (Soupirant) On va croiser les doigts. 

Loyd : Oui. 

Moi : Passe moi mon téléphone stp. 

Il s’est exécuté. Je me suis décalée et j’ai lancé l’appel vidéo sur le numéro de maman. À pareille heure, elle doit être à la maison en train de se préparer pour aller à la réunion de prière à l’église vu que c’est vendredi aujourd’hui. J’ai attendu un petit moment et elle a fini par décrocher, son expression était assez étrange. 

«Moi : Allô maman. »

 « Maman : Ça tombe même bien que tu me m’appelles Lucrèce car je m’apprêtais à le faire. Il faut que tu m’expliques quelque chose. »

« Moi : (Intriguée) Qu’est-ce qui se passe ? »

«Maman : C’est la question que je suis en train de me poser aussi après avoir reçu deux hommes ici il y a tout juste quelques minutes. »

« Moi : (La regardant) »

« Maman : (Visage fermé) Quel type de relation entretiens- tu avec Loyd ? »

Mon cœur a raté un battement et s’est mis à cogner fortement dans ma poitrine.

« Moi : Hein ? »

« Maman : Je t’ai posée une question. »

« Moi : (Essayant de maîtriser ma voix) C’est mon oncle. »

« Maman : Tu es sûre de ça ? »

«Moi : Oui. Il, il y a un problème ? »

 « Maman : Dans ce cas pourquoi avoir dit aux gens que tu étais sa femme ? »

«Moi : (Écarquillant les yeux) Hein ? »

 « Maman : J’ai reçu deux hommes ici ce soir disant qu’ils revenaient de Lambaréné et qu’ils recherchaient madame MBAZOGHO, la femme de Loyd »

« Moi : (Le cœur battant, mais essayant de paraître naturelle) Oui. Ce sont les travailleurs de tonton Loyd. Lors de son dernier passage au Gabon, il m’avait laissée en contact avec eux pour qu’ils me fassent le point par rapport au travail qu’ils effectuaient. Tu te rappelles du voyage que lui et moi on avait fait non ? Quand j’étais allée faire les photos. »

« Maman : Oui. »

«Moi : C’est comme ça qu’en remontant sur Libreville, tonton Loyd leur avait donné mon numéro de téléphone pour au cas où il y aurait un souci sur place et qu’il fallait agir rapidement comme il devait retourner au Ghana. Donc je suis restée en contact avec eux et je faisais le point avec lui par rapport aux nouvelles que je recevais. »

 «Maman : Mais pourquoi avoir dit à ces gens que tu es sa femme ? »

 « Moi : C’est à cause du chauffeur. (Elle a arqué un sourcil) En fait, quand nous sommes partis, le chauffeur qui nous a emmenés nous a expliqué qu’à Lambaréné il y avait beaucoup des sirènes des eaux cachées parmi les filles de la ville et qu’on ne connaissait pas qui était qui. Pour essayer de s’en sortir là-bas même pour un week-end, il fallait être en couple parce que les femmes étaient rapides, surtout avec les nouveaux. C’est ainsi que nous avions eu l’idée de nous présenter comme un couple pour éviter d’être des cibles de ces gens. »

« Maman : Donc ces gens pensent tous que tu es la femme de Loyd ? »

« Moi : Oui. C’est pourquoi ils m’appellent madame MBAZOGHO. »

« Maman : Je vois. Mais vraiment il faut éviter de faire de telles choses car cela peut prêter à confusion. Heureusement même que le Seigneur a attrapé mon cœur aujourd’hui pour que je ne m’emporte pas face à eux. J’ai gardé mon calme et j’ai dit que je vais d’abord t’appeler pour comprendre cette histoire avant de m’affoler et prévenir tout le monde. C’est comme ça que les gens se font de fausses idées inutilement. Si ce n’était pas Dieu c’est qu’à l’heure actuelle, je suis déjà en train de faire des réunions ici pour crier au scandale et c’est comme ça que j’aurais fait des fausses accusations sur Loyd comme la blague. »

«Moi : (Silence) »

« Maman : La prochaine fois, il faut au moins m’avertir pour que je sache de quoi il s’agit. »

 « Moi : D’accord. Je le ferai. »

«Maman : Ok. »

 «Moi : Ils ont dit quoi ? »

 «Maman : Qui ? »

«Moi : Les hommes qui étaient à la maison ? »

 «Maman : Ah d’accord. L’un d’eux a dit qu’il était absent parce qu’il a eu un décès à l’intérieur du pays et que là-bas, il y a un problème de réseau. Il a reçu le message que tu lui as laissé et comme ils étaient sur Libreville, il a voulu s’excuser de vive voix et te dire ce qu’il en est. Aussi que les travaux avancent normalement et qu’il est à nouveau disponible sur WhatsApp. »

«Moi : D’accord. Je vais lui écrire tout à l’heure. »

 «Maman : Ok. Donc si je comprends bien, Loyd est en train de construire quelque chose à Lambaréné là-bas ? »

 « Moi : (Me pinçant la lèvre) Oui. »

« Maman : Et c’est quoi ? »

 «Moi : Maman, je lui ai fait la promesse de ne rien dire à personne pour le moment. »

« Maman : Hum. C’est au moins un vrai projet ?»

Je souris, la femme là aime le kongossa .

« Moi : (Amusée) C’est un vrai projet. »

«Maman : Ah. Je demande parce que ton oncle là est toujours un peu sur la lune. Toi-même tu voyais comment je le chauffais ici pour qu’il fasse des choses. Donc quand il dit qu’il a des projets là, je prends ça avec des pincettes. »

 « Moi : (Souriant) Il va te surprendre maman. »

« Maman : (Souriante) Je n’attends que ça mon bébé, que cet enfant me surprenne dans le bon sens. Je sais qu’il est très intelligent mais c’est l’esprit de l’escargot et de la tortue qu’il a eu je ne sais où là qui me fatiguent souvent avec lui. »

« Moi : (Silence) »

«  Maman : En tout cas, comme tu dis que c’est un vrai projet, j’attends alors pour voir ça et je vais me prononcer dessus. »

« Moi : D’accord. Au fait, j’allais même oublier la raison de mon appel à cause des histoires de tonton Loyd. »

  «Maman : Ah. »

 « Moi : J’appelais pour te dire que je suis venue à Paris. »

«Maman : Tu fais quoi là-bas ? »

 « Moi : Je suis venue soutenir tonton Marwane pour sa remise de diplôme. On parlait jeudi dernier et il m’a dit que demain il allait avoir son diplôme. Il disait que ça lui aurait fait plaisir d’être entouré de sa famille et il était assez triste du fait qu’il n’y aurait que papi Clotaire et tantine Olivia pour le soutenir. Comme j’étais à côté, j’ai décidé de venir pour vous représenter papa et toi afin qu’il ne se sente pas seul. »

« Maman : Tu as bien fait, au moins comme ça il saura que nous sommes avec lui. Loyd aussi est là-bas pour ça, je crois. »

« Moi : Oui. Je l’ai vu tout à l’heure avec tonton Marwane quand Jérôme est passé me prendre. Il faudra le dire à papa afin qu’il ne soit pas surpris. »

 « Maman : D’accord. Tu es descendue où ? Chez Jérôme ? »

« Moi : Oui. Comme chez tonton Marwane c’est déjà saturé. »

«Maman : D’accord. Bon mon bébé, je vais te laisser. Je dois aller ranger les fournitures de tes frères et me préparer pour l’église. »

 « Moi : D’accord. »

« Maman : Fais seulement doucement là-bas oh. »

« Moi : D’accord. Au revoir maman. »

« Maman : Au revoir mon bébé. »

Clic !

J’ai mis ma main devant ma bouche et j’ai levé mes yeux sur Loyd qui n’avait pas bougé de l’endroit où il était et me regardait. Il a tendu sa main dans ma direction et je l’ai prise avant d’aller m’allonger sur sa poitrine. Il m’a serrée fortement dans ses bras et nous avons tous les deux poussé un long soupir. Plus le temps passe et plus je deviens une professionnelle du mensonge. Cette situation me fait mal mais je n’ai pas le choix…


L'AMOUR SUFFIT-IL? T...