CHAPITRE 2: VIVRE AVEC CE FAIT.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 2 : VIVRE AVEC CE FAIT.

**LUCIA MANGA MFOULA**

Mon cœur a raté un battement dans ma poitrine quand j’ai cru comprendre ce que cela signifiait et il a confirmé ma crainte.

Le médecin : Cela signifie malheureusement que vous ne pourrez plus tomber enceinte.

J’ai posé une de mes mains sur mon visage et j’ai éclaté en sanglots avant de prendre l’autre et venir serrer mon habit au niveau de ma poitrine. Bhernie est venu me prendre et me serrer dans ses bras en pleurant avec moi. 

Moi : (Pleurant) Ciel, je, je ne pourrai plus jamais te faire des enfants.

Bhernie : (Me serrant dans ses bras, pleurant) Ce n’est pas grave bébé, ce n’est pas grave.

Moi : (Pleurant) Si c’est grave. Ça vient détruire tous nos programmes. Je ne pourrai plus jamais être mère Ciel. Je ne pourrai plus te donner les trois enfants que tu voulais. Je ne pourrai plus te rendre père. Je ne te servirai plus à rien.

Bhernie : (Prenant mon visage en coupe et me fixant dans les yeux en pleurant) Ne redis plus jamais cela Lumière, plus jamais. Tu es toute ma vie, tu m’entends ? Toute ma vie. Oui, nous voulions avoir des enfants mais malheureusement nous avons eu un souci, qu’à cela ne tienne, cela ne change rien à notre programme. Nous allons simplement revoir certaines choses à l’intérieur et avancer. Ce n’est pas pour des enfants que nous avions commencé cette relation. Nous avons commencé à deux et nous finirons à deux. Et si jamais nous voulons avoir des enfants à un moment ou à un autre, nous pourrions toujours faire recours à l’adoption.

Le médecin : Si vous me le permettez, je peux vous suggérer une autre alternative à l’adoption (Nous l’avons regardé) Il y a la fécondation in vitro. Vous avez déjà entendu parler de mère porteuse ?

Bhernie : Oui. 

Le médecin : Voilà. Si vous désirez avoir des enfants de sang, vous pourrez toujours avoir recours à une mère porteuse via la fécondation in vitro. Puisque vous allez continuer à ovuler, vous pourrez prélever vos ovules afin de les faire féconder par le sperme de votre fiancé hors de votre organisme puis le transplanter dans l’utérus de celle qui portera votre bébé pour vous.

Bhernie : (Essuyant ses larmes) Tu entends mon cœur ? On pourra toujours avoir des enfants, tout n’est pas perdu et au pire des cas, on adoptera mais cela ne change strictement rien pour moi. 

Moi : (Silence)

Bhernie : Tu m’entends ?

Moi : (Reniflant) Oui. 

Il a essuyé mon visage et m’a à nouveau serrée dans ses bras.

Le médecin : Nous allons vous laisser vous reposer. Mais nous restons disponibles pour vous et si vous avez des questions, n’hésitez pas à me les poser.

Bhernie : D’accord.

Le médecin : Nous allons repasser tout à l’heure .

 Bhernie : Ok. Merci docteur. 

Le médecin : Restez optimiste Lucia et tout ira pour le mieux pour vous.

Je l’ai regardé sans lui répondre et ils sont partis. J’ai regardé Bhernie et j’ai repris à pleurer.

Bhernie : Lucia.

Moi : (Pleurant) Ma vie est fichue Ciel.

Bhernie : Ne dis pas ça. Tu as bien entendu ce que le médecin a dit.

Moi :  Je sais que les médecins ont parlé juste pour me donner un petit espoir mais toi et moi nous savons que c’est impossible. D’abord au Gabon, on n’a pas ce genre de choses, ensuite ce sont des pratiques qui coûtent excessivement cher, où allons-nous trouver cet argent ? Ensuite cette femme qui sera supposée porter notre enfant, où allons nous la trouver ? Et combien allons nous débourser pour ça ? Et qui dit que cela va marcher ?

 Bhernie : Nous n’avons certes pas les moyens maintenant mais il n’en sera pas le cas dans quelques années. Si au Gabon on ne le fait pas, nous irons alors où on le fait et nous payerons ce qu’il faut pour ça. Nous allons essayer autant de fois que ce sera possible et si jamais cela ne marche pas, nous adopterons Lucia 

Moi : Combien de temps penses tu tenir ainsi avant de te lasser.

Bhernie : (Soupirant) Lucia.

Moi : (Pleurant) Réponds-moi Ciel.

Bhernie : (Essuyant ses larmes) Je n’arrive pas à croire que tu puisses me demander une chose pareille Lucia. Ai-je déjà dit ou fait quelque chose qui ait pu te faire douter de mon amour ou mon engagement envers toi ?

Moi : (Silence)

Bhernie : Lucia regarde-moi (j’ai plongé mon regard dans le sien) T’ai-je déjà donné des raisons de douter de moi ?

Moi : (Reniflant, petite voix) Non. 

Bhernie : (Me fixant dans les yeux) Nous avions tous les deux planifié notre vie en incluant des enfants et oui, je voulais avoir des enfants de toi de façon normale (essuyant une larme qui a coulé) mais malheureusement pour nous, il n’en sera pas ainsi. Qu’à cela ne tienne, je te l’ai dit Lucia, cela ne change strictement rien pour moi te concernant. Lorsque je t’ai vue, je t’ai aimée et cela sans que je ne puisse le comprendre. Je ne l’ai pas fait pour les enfants que tu pouvais me donner ou non, mais pour toi. C’est à toi que j’ai rémi mon cœur Lucia sans possibilité de le reprendre et c’est auprès de toi que je me suis engagé. (Prenant ma main et me montrant les deux bagues qui sont dessus) Tu as la preuve de cet engagement sur toi et tu le sais, je n’ai qu’une parole. Je te l’ai donnée et je te la redonne aujourd’hui. Jamais de toute ma vie, je me lasserai de toi parce que tu es la seule et unique femme que j’aime et que j’aimerai jusqu’à ma mort, je t’en fais le serment. Nous n’avons pas d’argent aujourd’hui mais je te promets d’en gagner jusqu’à ce que l’on puisse recourir à ces différentes interventions médicales et si jamais cela ne marche pas, nous adopterons un ou plusieurs enfants, d’accord ?

Moi : (Reniflant) D’accord. 

Bhernie : (Essuyant mon visage) Tu es la lumière de mon Ciel et sans toi ma vie n’aurait aucun sens, tu le sais n’est-ce pas ?

Moi : (Reniflant en bougeant affirmativement la tête) Oui.

Bhernie : (Caressant mon visage) Tu es toute ma vie Lucia, toute ma vie. Ne l’oublie jamais.

Moi : D’accord.

Il m’a fait un bisou sur la tempe avant de me serrer dans ses bras. 

Bhernie : Il faut que tu te reposes afin de vite récupérer et être sur pieds. 

Moi : D’accord. Je t’aime.

Bhernie : (Serrant davantage ses bras) Moi aussi ma lumière, je t’aime.

Il m’a gardée dans ses bras un bon moment avant de me faire allonger sur le lit. Il l’a bien ajusté afin que je sois confortable et il s’est assis sur le fauteuil à côté qu’il a rapproché. Il m’a tenu la main et je n’ai pas tardé à m’endormir épuisée par le plein d’émotions que j’ai expérimenté aujourd’hui(…)

J’ouvre lentement les yeux et l’environnement me rappelle les derniers événements. Je regarde la chaise sur laquelle était assis Bhernie et je constate qu’elle est vide. Je tourne ma tête de l’autre côté et je le vois debout, les mains en poches face à la fenêtre. Il était de dos et semblait être perdu dans ses pensées. Je l’ai observé pendant un moment et j’ai pu voir qu’il s’était changé. Au même moment, un téléphone s’est mis à sonner dans la pièce et c’était le mien. Il s’est retourné et a constaté que je m’étais réveillée. 

Bhernie : (Se rapprochant) C’est la sonnerie qui t’a réveillée ?

Moi : Non, je m’étais déjà réveillée. Qui est-ce ?

Bhernie : (Regardant) Lucrèce. C’est déjà là 4ième fois qu’elle appelle. 

Moi : Il fallait décrocher.

Bhernie : Les téléphones étaient à la maison. C’est quand je suis retourné tout à l’heure pour me changer et prendre une douche que j’ai constaté ses appels sur nos numéros. Je pensais la rappeler plus tard mais bon. 

Moi : Passe-le moi stp. 

Il me l’a donné et l’appel s’est coupé. J’ai relancé en mettant sur mains libres.

« Lucrèce : Allô ? »

«Moi : Oui Lucrèce. »

 « Lucrèce : C’est comment depuis là je vous appelle Bhernie et toi mais vous ne décrochez pas ? J’ai commencé à m’inquiéter. »

« Moi : Désolée. On était occupé et les téléphones étaient loin de nous. »

«Lucrèce : Ah d’accord. Sinon tu vas bien non ? Ton état s’est un peu amélioré ? »

 « Moi : (Regardant Ciel qui me regardait) Oui. Tout va bien ne t’inquiète pas. »

Il m’a fait signe pour me dire qu’il sortait un moment, j’ai acquiescé.

« Lucrèce : D’accord. Tu me rassures. »

« Moi : (Changeant de sujet) Et toi ? Tu es bien arrivée ? »

« Lucrèce : Oui. Mais tu ne vas pas croire ce qui s’est passé. »

« Moi : Dis-moi. »

«Lucrèce : Maman, tonton Paul et tonton Benjamin ont failli nous démasqué aujourd’hui. »

 « Moi : (Intriguée) Comment ça ? »

« Lucrèce : En fait, quand… »

Et là elle s’est mise à me raconter ce qui s’est passé dans la boutique à Paris puis l’appel qu’elle a échangé avec tantine Leslie. Moi-même j’avais le cœur qui battait.

«Moi : En fait vous avez eu de la chance. Mais toi aussi tu es trop têtue. Tous les jours je te dis de faire attention et d’arrêter de toucher Loyd en public. Même si vous n’êtes pas au Gabon, cela ne change rien. Je te rappelle que nous sommes dans un environnement où la plupart de nos connaissances voyagent dans les quatre coins du monde donc nous sommes susceptibles de croiser n’importe qui n’importe quand. Ce ne sera peut-être pas les membres directs de la famille mais même les gens de votre église là. Tu sais qu’elle est grande et il est quasiment impossible de savoir qui te connait ou non. »

«Lucrèce : J’ai compris. Nous avons parlé tous les deux et c’est ce que nous avons décidé de faire. Nous allons rester le plus neutre possible en public. »

«Moi : Tant mieux. Heureusement aussi que Darnell s’en fiche de la vie des gens sinon, je n’allais pas donner chair de notre peau. »

 « Lucrèce : Hum. Du coup, je vais finalement aller à la remise de diplôme de tonton Marwane sans problème pour représenter les parents. »

« Moi : C’est le point positif. »

Nous avons continué à parler avant que je ne coupe car je commençais à ressentir une douleur au niveau de la blessure. Bhernie rentrait au même moment et m’a vu en train de grimacer.

Bhernie : Tu as mal ?

Moi : Oui. 

Bhernie : Je crois que les médicaments sont en train de s’estomper. Je vais appeler le médecin.

Moi : (Grimaçant) D’accord.

Il est sorti et est revenu avec le médecin qui m’a examinée avant de mettre des produits dans ma perfusion. Quelques minutes après, la douleur s’est estompée(…)


 DEUX JOURS PLUS TARD

(Sonnerie du téléphone) Je l’ai récupéré et j’ai vu que c’était Lucrèce.

«Moi : Allô ? »

 « Lucrèce : Oui tata Luce, tu es où ? Je suis rentrée il y a un moment déjà et je n’ai aucune nouvelle de vous. »

«Moi : Je suis à l’hôpital. »

 « Lucrèce : Hein ? À l’hôpital ? Tu fais quoi là-bas ? »

« Moi : J’y suis internée. »

« Lucrèce : Quoi ? Depuis quand ? Et c’est d’abord quel hôpital ? »

Je lui donne toutes les informations nécessaires et elle me dit qu’elle arrive tout de suite. Je raccroche et Bhernie entre dans la salle.

Moi : Lucrèce est rentrée, elle est en chemin pour ici.

Bhernie : D’accord. Je vais aller l’attendre à l’entrée. 

Moi : Je vais lui dire ce qui s’est passé.

Bhernie : C’est ton droit.

Moi : Ça ne te dérange pas ?

Bhernie : Je préférerai que tu en parles le moins possible car il s’agit de notre intimité. Mais étant donné que Lucrèce vit avec toi et qu’elle peut être emmenée à voir ta cicatrice, je pense que tu peux le lui dire. 

Moi : D’accord.

Nous avons attendu quelques minutes et Lucrèce m’a rappelée pour me dire qu’elle était devant l’hôpital. Bhernie est allé la chercher et l’a emmenée dans la salle. 

Lucrèce : (Se rapprochant du lit inquiète) Qu’est-ce qui se passe Lucia ? Bhernie m’a dit que depuis vendredi quand je t’ai laissée tu as fait un malaise et il t’a trouvée inconsciente à la maison.

Moi : C’est vrai.

Lucrèce : (Confuse) Mais quand je t’ai eu au téléphone, tu m’as dit que tu allais bien non ?

Moi : (Esquissant un faible sourire) Je sais. Je ne voulais pas t’inquiéter et gâcher ton week-end.

Lucrèce : Mon week-end ne peut pas être plus important que ta santé tata Luce, Loyd devait comprendre. Il fallait m’appeler.

Moi : Désolée.

Lucrèce : Maintenant les médecins ont dit que tu as quoi ?

J’ai levé mon regard sur Bhernie et il a dit qu’il nous laissait toutes les deux. 

Bhernie : (Me faisant un bisou sur la tempe) Je suis dehors.

Moi : D’accord.

Il est sorti et nous a laissées toutes les deux. 

Lucrèce : (Inquiète) Qu’est-ce qui se passe ?

Moi : En fait (Ma voix s’est mise à trembler et mes yeux ont commencé à se remplir de larmes) 

Lucrèce : (Pleurant sans savoir pourquoi) C’est si grave que ça ?

Moi : (Reniflant) En fait, l’avortement que j’ai fait la dernière fois a endommagé mes trompes et (reniflant) et on a dû me les retirer quand je suis arrivée ici. 

Lucrèce : (Voix tremblante) Toutes, toutes les deux ?

Moi : (Coulant des larmes) Oui. 

Lucrèce : (Mettant sa main devant la bouche pour s’empêcher de crier) 

Moi : (Pleurant) Je ne pourrai plus jamais tomber enceinte Lucre. 


Elle a grimpé sur le lit et est venue me serrer fortement dans ses bras en pleurant également. Nous avons pleuré toute les deux pendant un bon moment avant que je ne lui explique ce que le médecin nous a dit par rapport à mes options pour avoir des enfants. Elle m’a consolée comme elle a pu tout en me disant qu’elle était fâchée contre Bhernie parce que quelque part il était le responsable de mon état, s’il ne m’avait pas demandé de le faire, je n’aurais pas eu à subir ça. Je lui ai dit que Bhernie ne m’avait pas forcé à faire quoique ce soit, que cette décision j’ai donné mon accord et qu’il ne savait pas que cela allait mal tourné. Elle n’était pas convaincue par mes propos mais elle n’a plus rien dit. Ma condition est un fait avec lequel je vais devoir vivre, il ne me servirait à rien de chercher un coupable…


L'AMOUR SUFFIT-IL? T...