Chapitre 10
Ecrit par Annabelle Sara
Véronique
Ça fait déjà deux
semaines déjà que je fais suivre mon Mari, Rodrigue ne m’a pas encore fait de
rapport en ce qui concerne la femme que mon Paul voit. Mais c’est normal,
puisqu’il faut du temps pour obtenir une réponse certaine et surtout des informations claires.
C’est la veille de noël
et il y a une certaine agitation parmi mes employés. Tous ont peur pour le
restaurant et pour leur salaire. Nous sommes en pleine saison de fête mais
toujours pas d’affluence dans nos murs.
Cette situation
alarmante en temps normale ne me dérangeait pas au point de provoquer la
panique, j’attendais de voir qui craquerait en premier pour déballer la vérité.
Je les observais et je
pouvais lire la tension au milieu d’eux. Ils savaient que ma décision de couper
leur primes et avantages était fondée. J’avais Ernestine à l’œil et chaque jour
je rendais la situation encore plus compliquée car je proposais maintenant de
réduire les heures de travail et les salaires pour réduire les charges de mon
restaurant.
Cette proposition faite
la veille avait provoqué un véritable tôlé au sein du personnel.
C’étaient les fêtes et
ne rien recevoir mettait les nerfs de chacun d’eux à rude épreuve.
J’avais jeté l’hameçon
à l’eau maintenant j’attendais que quelqu’un morde dedans. Je m’attendais à
surprendre tout sauf ce que j’ai surpris dans la réserve ce matin là.
Le chef, Ernestine et
le barman en pleine discussion, une discussion houleuse.
-
Ernestine je ne suis plus là…, disait le
chef.
-
On ne peut pas arrêter en si bon chemin,
nous avons un travail à faire tu ne peux pas abandonner…
-
Quel travail ?, demanda le chef.
-
Calmes-toi !, lui dit le barman. On
nous a promis de l’argent nous l’aurons en temps et en heure !
-
Oui moi j’aurais de l’argent grâce à ce
sabotage que je fais mais les autres auront quoi ?
-
Tsuip…
-
Tu piaffes ? Donc le sort des
autres tu t’en fous ? Il y en a qui
doivent s’occuper de femme et enfant… Un de mes commis à une maman très malade,
s’il perd ce travail il fait comment pour assurer son traitement ?
-
Quand tu t’engageais tu étais conscient
de ce que ça impliquerait… Tu ne peux pas nous lâcher aujourd’hui, lui dit
Ernestine. Nous y sommes presque ! Et regardes la récompense !
Je n’avais pas besoin
d’en entendre plus, je savais ce que j’avais à faire. En retournant dans mon
bureau j’avais une quantité importante d’adrénaline dans le corps qui faisait
que mes mains tremblaient.
J’avais la rage !
Ils ont conspiré pour
faire couler le bateau sans se soucier des autres membres de l’équipage, mais
cela allait changer. Ce qu’ils ne savent pas c’est que j’ai plus d’un tour dans
mon sac. J’ai donc fait appel à la personne qui me servait d’yeux et d’oreilles
parmi mes employés.
-
Oui Madame, fit Sylvain en entrant dans
le bureau.
-
Bonjour Sylvain, comment tu vas ?
Prends place !
Il s’assit face à moi,
l’air sérieux parce qu’il savait que si je le faisais venir de si bonne heure
dans mon bureau c’était pour une raison bien précise.
-
Je vais bien, Madame !
-
Moi je ne suis pas très contente de toi
Sylvain… J’ai cru que tu étais quelqu’un en qui je pouvais avoir confiance,
mais je comprends que ce n’est pas le cas !
Il paniqua une minute
avant de se reprendre.
-
Mais Madame…
-
Sylvain, des gens sont en train de
torpiller mon restaurant, le restaurant où tu travailles et toi tu croises les
bras ?, lui ai-je demandé. Le restaurant qui te nourrit…
-
Madame je vous assure que je n’y connais absolument rien…
-
C’est ça le problème !, l’ai-je
coupé. Tu aurais dû chercher à comprendre pourquoi notre restaurant commençait
à chavirer pour m’en parler !
-
Je…
-
En tout cas ! Nous n’en sommes plus
là ! Je suis ici pour te confier une mission importante…
Il m’observa une
minute.
-
Oui !
-
Je veux que tu fasses courir une rumeur,
si tu es d’accord !, lui ai-je annoncé. Alors ?
-
Je suis à votre écoute Madame !
-
Il faut que tu dises à tout le monde que
tu m’as entendu au téléphone parler de licenciement…
-
Donc que certains d’entre nous vont être
licenciés ?, me demanda-t-il.
-
Oui ! Et tu devras t’assurer cette fois
que tu as toutes les infos nécessaires pour moi… Tu as trois jours pour me
faire ton rapport.
Il fit oui de la tête.
-
D’accord Madame ! fit-il en se
levant. Je vous tiens au courant !
-
Ah oui, comment va ta maman ?
-
Elle réagit plutôt bien au traitement…
merci de nous avoir recommandé à ce médecin !
-
C’est rien du tout ! N’oublies pas
de faire ce que je t’ai dis… Attends je vais te faire un OM pour les enfants tu
leur achèteras un jus pour demain, ils ont des cadeaux au moins ?
-
Oui, je m’étais occupé de cela depuis
longtemps…
-
Ok ! Tu peux partir !
-
D’accord Madame !
Je savais déjà ce que
cette rumeur allait provoquer parmi mes employés et je n’attendais plus que de
voir ce que ça allait donner.
Surtout que Sylvain est
champion pour grossir un problème, sur ce domaine même une femme hystérique ne
voit pas son carreau.
Je mettais de l’ordre
dans mes affaires quand mon téléphone sonna, c’était Miriam.
-
Bonjour ma belle, me dit-elle quand je
décrochais.
-
Bonjour Tata…
-
Joyeux Noël ma belle !
-
Joyeux Noël…
-
On dirait que ce n’est vraiment pas
joyeux de ton coté !
-
Non, cette fin d’année est trop bizarre
pour moi, lui ai-je répondu. Je viens de découvrir que mes employés conspirent
contre moi ! Ils veulent couler mon restaurant !
-
Pardon ? Et tu les as virés ?
-
Non… Tata écoutes il y a trop de choses
qui arrivent en ce moment dans ma vie pour que ce soit isolé… j’ai le sentiment
que quelque chose fonce sur moi ! D’abord mon mari, maintenant le
restaurant… C’est bizarre !
-
Je crois que tu as raison… Je peux
t’aider ?
-
Non ! Non Rodrigue est sur le coup j’attends
justement qu’il m’appel pour me dire ce qu’il à découvert…
-
Depuis là ?, fit-elle. En tout cas
dès que tu as des nouvelles tu me tiens au courant !
-
Bien entendu !
-
Et pour tes employés ? Tu vas faire
quoi ?, me demanda-t-elle.
-
Je leur ai préparé une petite surprise
juste après le 25 ! Je vais les laisser profiter de la naissance de Jésus
demain pour leur rappeler qu’il est né pour sauver les pécheurs de
l’enfer !
Miriam éclata de rire.
-
Vévé, tes expressions et toi !,
dit-elle. En parlant de fêtes là tu as prévu quoi pour le réveillon ?
-
Je sens que j’ai un bon nombre de choses
à confesser cette année alors je vais passer le réveillon à l’église !
Cette fois nous rions
toutes les deux.
-
Non en fait Paul a demandé que nous allions
tous au réveillon pour la traversée.
-
Je vois, dit Miriam. Moi j’ai organisée
une rencontre du club, une soirée masquée…
-
Tata tu sais que je ne suis pas fan de
ces choses !, lui ai-je répondu.
-
Je sais c’est pour cela que je ne te
propose pas d’y participer ! Tu es bien trop connu pour risquée d’être vue
dans ce style de rencontre…
-
C’est surtout peu hygiénique pour
moi ! Cela dit c’est le kif de certains donc je respecte… Amuses toi bien
lors de ta soirée !
-
Merci ma belle ! Encore Bonnes
fêtes, on se retrouve l’année prochaine !
Miriam raccrocha, cette
femme à son âge ne se lassait pas de la luxure. Je ne lui jetais pas la pierre,
chacun a des envies qu’il aime assouvir. Les miens sont intimistes, un peu
comme avec Oluwa qui était retourné dans son pays dernièrement.
Même si en ce moment je
dois avouer ma curiosité avec mon amant n’était pas encore complètement
assouvie. Olu comme je l’appelle, réussi encore à me surprendre. Il a tout de
l’amant parfait, il ne fait absolument rien pour remettre en question ma
relation avec mon mari au contraire il m’encourage à toujours être disposée
pour Paul, même après une longue nuit tous les deux.
Il me parlait très peu
de lui et encore moins de sa femme, même s’il faut avouer que lorsqu’on se
retrouve tout les deux nous ne parlons pas beaucoup.
Il était 19 heures
lorsque nous avons fermé ce 24 décembre, et je suis retournée chez moi, où
m’attendaient les enfants ainsi que le neveu de Paul qui était resté chez nous
pour les fêtes juste après sa compétition. Je n’avais rien dit à Paul lorsqu’il
m’avait annoncé cela. Je ne dormais plus sur le canapé de la chambre mais je
n’étais pas non plus participative dans le lit conjugal.
J’espérais le pousser à
la faute pour que Rodrigue puisse me donner enfin cette information.
Je n’étais pas étonnée
de ne pas le retrouver à la maison en arrivant, la dispute que nous avons eue
ce matin avant que je quitte la maison trottait encore dans ma tête.
-
Bébé j’ai besoin de toi, m’a –t-il dit
alors que je lui tournais le dos.
-
Mr Nana, j’ai besoin de dormir, ma
journée sera longue !, lui ai-je répondu.
-
Véronique cette situation a assez
durée !
-
Quelle situation ?
-
Tu me tournes le dos à cause des
broutilles, alors que tu fais pire que ça mais je suis toujours disposé pour
toi, me dit-il.
J’ai failli éclater de
rire en entendant cela.
-
Mr Nana, j’ai besoin de sommeil !
-
Et moi j’ai besoin de ma femme… Tu n’es
pas croyable de me faire ainsi du chantage sexuel ! Tu es plus mûre que
ça…
-
Je ne te fais aucun chantage ! Et
comme je viens de te le dire j’ai sommeil !
-
Véro…
Il avait posé les mains
sur moi alors je me suis dégagée.
-
Si tu préfères je retourne sur le
canapé…
Il se rappela qu’il
avait supplié pour que je consente à revenir dans le lit conjugal, il se
retourna et me laissa tranquille. Juste le temps de me dire ce qui me tira de
mon calme.
-
Ne te plains pas si demain je vais voir
ailleurs !
-
Pardon ? Mr Nana… vas où tu
veux ! Je t’ai mis une laisse au cou comme à un chien ? Fais tout ce
que tu voudras si tu imagines que c’est mon problème !
-
Ah bon ?
-
On ne t’a pas circoncis pour moi !,
ai-je déclaré.
Il resta bouche bée
tandis que j’ajustais ma position sur le lit pour bien me coucher et dormir. Je
savais que mes paroles était blessantes mais j’étais énervée qu’il vienne me
dire qu’il ira voir ailleurs alors qu’il le fait déjà et ce sur une base
régulière.
Alors qu’il ne soit pas
là ce soir pour le réveillon de noël avec les enfants ne m’étonna pas vraiment.
Nous avons passé la nuit tous les quatre, les enfants ont appréciés les jouets,
la nourriture de Ma’a Josiane. Et à plus de minuit pendant que les enfants
allaient chacun se coucher, j’ai reçu un message de Rodrigue.
Il me donnait
rendez-vous et je ne pouvais pas ne pas y aller. Alors j’ai confié la maison à
Ma’a Josiane.
Rodrigue était dans son
salon et il m’y attendait, à peine j’entrais qu’il m’entrainait à l’extérieur.
-
Nous allons avec ma voiture, me dit-il
en me poussant dans le siège passager de sa voiture.
-
Tu sais où il se trouve ?, lui
ai-je demandé.
-
Oui… Ils sont dans un hôtel et le gars
de la sécurité c’est ma personne. Véro la femme que tu m’as demandé de pister
là vraiment c’est bizarre mais on ne sait rien d’elle… on dirait qu’elle est
tombée du ciel !
Hum c’est bizarre, ça
comment cela une personne n’a aucun background. Nous avons tous un background
sauf si on nous a fabriqué une identité.
-
Tu as une photo d’elle ?
-
J’ai mieux, j’ai une vidéo d’elle avec
ton mari, me dit-il en conduisant comme si les routes désertes de Yaoundé
étaient une piste de rallye. Elle se trouve chez mon ami de l’hôtel !
-
Donc depuis tu n’as jamais pu avoir une
photo d’elle ?, ai-je demandé surprise.
-
On aurait dit qu’elle savait que nous
les suivions durant ces deux semaines ! Elle ne se montrait jamais donc
que je réussisse à avoir une image claire d’elle aujourd’hui est presqu’un
miracle !
-
Ok, je comprends donc elle sait à qui
elle a à faire !
-
Oui elle te connaît bien ! Véro il
y a quelqu’un qui veut t’atteindre, dit-il.
Je le savais et
d’ailleurs je le sentais depuis un certains moment. Une fois à l’hôtel nous
nous sommes rendu dans le bureau du responsable de la sécurité qui tendit à
Rodrigue une clé USB.
-
Vous pouvez regarder la vidéo maintenant
mais pour monter dans la chambre ça va être compliqué !, nous
annonça-t-il.
-
Mon pote s’il te plait… Ma… Cette dame
est la femme du Monsieur donc !
-
Elle pourra les attendre dans le hall
mais je ne peux pas vous donner le numéro de la chambre…
-
En tout cas regardons d’abord la
vidéo !, ai-je dis. On avisera après !
-
Ok !
Rodrigue installa la
clé dans un ordinateur qu’il avait sorti de son sac à dos. En lançant la vidéo
de la clé mon cœur se mit à battre. Je voulais voir qui était cette femme qui
couchait avec mon homme. A quoi elle ressemblait, si elle était juste une
passade ou plus encore.
-
Les voilà, lança le responsable de la
sécurité en pointant le doigt sur l’écran.
Rodrigue appuya sur
pose au moment ou la femme faisait face à la caméra de sécurité.
A l’instant où je vis
ce visage, j’entendis le chant des oiseaux de mauvais augures qui hantaient mes
rêves.
Michelle !