Chapitre 10 : Cybèle

Ecrit par Alexa KEAS


**** Cybèle ****

-Léo, Léo, Léo ! Mon Dieu, qu'ai-je fait ? Léo, Léo réponds moi je t'en prie ! J'espère qu'il n'est pas mort mon Dieu, je ne peux pas l'avoir tué ! Après le coup que je lui ai donné, il a perdu connaissance. Heureusement qu'il ne saigne pas beaucoup, il n'y a qu'une blessure apparemment pas grave...


Calmes toi Cybèle, Calmes toi ! Je ne cesse de me répéter. Il faut que je me calme et réfléchisses.
D'abord je vais m'habiller. Une fois fait, je cherche les clés de la voiture de Léo que je trouve dans sa chambre. Je veux courir dehors pour chercher de l'aide pour pouvoir le transporter à l'hôpital quand je me rends compte que... Merde, j'ai jeté les clés de la porte principale à l'extérieur. Bon sang, où avais-je la tête?!

Je prends mon téléphone, heureusement que j'avais déjà acheté un kit d'ici et mis des unités ! Mais qui appeler ? Je n'ai plus d'ami ici et le portable de Léo je l'ai brisé. Impossible de joindre ses connaissances à lui. Aidez-moi mon Dieu !

Les larmes ruisselaient à présent sur mon visage, je ne me rends compte de ma bêtise que maintenant.

-Léo, Léo, Léo ! Je tentai de l'appeler encore une fois et toujours rien.
Il me reste une chose à faire, pourvu que je trouve de quoi le faire dans la cuisine.
Après cinq minutes de recherche, je finis par trouver une mini machette qui sûrement m'aidera à défoncer la porte. Désespérée et apeurée, je frappais de toutes mes forces jusqu'à ce que la serrure ne cède. Ouf ! Je me précipitai alors à l'extérieur de la maison criant à l'aide. Heureusement que nous sommes en Afrique et surtout au Togo où l'esprit de solidarité règne dans les cœurs. Deux jeunes hommes suite à mes supplications me suivirent à l'intérieur et m'aidèrent à transporter Léo jusqu'à la voiture sans trop me poser de questions. L'un deux se proposa même de m'accompagner jusqu'à la clinique la plus proche. Ce que j'acceptai.

J'ai conduit comme une folle jusqu'à la clinique où heureusement ils prirent très vite Léo toujours inconscient en charge. Je payai ce qu'il faut et avec le jeune qui m'a accompagné nous attendions à la salle de réception quand une infirmière vint à ma rencontre me demander ce qui lui était arrivé. D'un coup j'étais prise de panique, si je disais la vérité, ils allaient peut être appelés la police et bonjour les problèmes ! Je me décidai à lui dire que je l'avais trouvé comme ça chez lui et que j'avais juste eu le temps de l'amener ici à la clinique. Sans trop chercher à creuser, elle s'en alla. Le jeune à côté de moi se doutait bien que l'état de Léo a dû être le résultat d'une dispute de couple mais il s'abstint de me poser des questions, se contentant de m'offrir son aide.
Une demi-heure plus tard, celui qui était le médecin vint vers nous et je me précipitai à sa rencontre pour avoir les nouvelles de l'état de Léo.
-Docteur, comment va-t-il ?
-Il est toujours inconscient mais ça va aller, la blessure est légère. Néanmoins nous avons fait faire des examens pour voir si tout va bien à l'intérieur car on ne sait jamais... Nous aurons les résultats d'ici peu.
-Ok, merci.

Je m'affalai sur le siège après le départ du médecin et mes larmes recommencèrent par couler. J'aurais pu le tuer ! Apparemment nous avons eu de la chance. J’espère que ses examens ne révéleront rien de grave ! Dans le cas contraire je ne pourrais jamais me le pardonner... Snif Léo, snif...

-Calmez-vous, je crois que votre mari va s'en sortir ! Me dit le jeune homme à côté de moi.
Mon mari! Je me répétai intérieurement, comme j'aurais aimé que ce soit le cas ! Mais ce ne sera plus possible, plus rien ne pourra être possible entre Léo et moi après ce que je viens de faire. Je prie juste qu'il s'en sorte, je prie juste que ce cauchemar se termine.

-Merci ! Je réussis à dire à mon bon samaritain.

Je décidai de retourner à la maison me changer et aussi ranger les lieux que j'ai dû laisser en catastrophe. Aussi je remerciai le jeune homme pour son aide et lui proposai de le déposer au quartier. Après tout il m'avait assez aidé et je ne voulais pas en abuser même s'il semblait ne pas en être du tout gêné.
Une fois au quartier, je lui demandai où je devais le laisser et il me dit que devant chez Léo lui convenait parce qu'il habitait à deux pas de là. A destination, je le remerciai pour son aide et au moment de descendre, je pris un billet de dix milles que je voulu lui glisser entre les mains mais il refusa catégoriquement et vu l'expression de son visage, il en était presque indigné.
Je me confondis en excuses, le remerciai une fois encore et rentrai chez Léo.

**** Naomi ****

Je me suis réveillée ce matin avec une terrible migraine mais cette douleur n'est rien, comparé à ce que je ressens là dans mon cœur. La réalité est là et je ne peux que l'accepter, Léo s'est moqué de moi, encore une fois je me suis faite avoir par les belles paroles et le beau corps d'un homme.

Me voilà brisée et très mal en point... Il faudra encore lutter, lutter pour oublier, se battre pour se reconstruire, faire semblant d'aller bien, que ça ne m'affecte pas et pleurer seule dans mon coin la nuit. C'est sûr que ça ne sera pas facile, cet homme j'en suis tombée amoureuse...

Aujourd'hui au moins, au lieu de rester enfermer à pleurer pour quelqu'un qui n'en vaut pas la peine, je vais sortir pour me changer les idées. Rien de mieux que d'aller voir ma meilleure amie Flora, elle saura me réconforter.

**** Bertrand ASSOGBA. ****

-Doucement les enfants, vous allez finir par tomber et vous blesser !

-Oui Papaaaa ! Dirent-ils en chœur

-Vous allez-vous laver les mains avant d'attaquer vos hamburgers, compris ?
Ça fait longtemps que je ne me suis pas senti aussi bien dans mon rôle d'époux et de père. Après être passé à la clinique réconforter ma femme, je suis allé récupérer les enfants et nous sommes allés faire un tour à la plage et au fast-food.

J'avais du mal à soutenir le regard de Béa à la clinique, mal être que j'ai mis sur le compte de la fatigue du boulot. Je ne pouvais m'empêcher de repenser à la scène de ce matin. Penser que c'était elle qui me trompait avec un autre homme dans ma propre maison m'a fait l'effet d'un poignard dans le cœur. Je me rends juste compte que de ce grand amour que j'ai ressentis pour elle, il en restait encore quelque part au fond de moi. Je n'aurais pas pu supporter de voir un autre homme-là toucher, l'embrasser... Non, il vaut mieux arrêter d'y penser.

Flora, ma douce Flora... J'ignore comment ça finira nous deux mais je suis conscient que je ne peux pas garder les deux femmes. Ça m'a si bien réussi jusqu'ici mais ce ne sera plus pour très longtemps. Voilà que Flora demande plus que ce que je lui ai toujours offert, cette nuit j'ai cédé et je sais que je céderai encore et encore si elle me le demandait ! Je n'arrive juste pas à lui résister et ça me rend malade. Béa souffre bien plus qu'elle ne me laisse le voir. Seul une intervention divine pourra me faire sortir de ce guêpier dans lequel je me suis fourré.
Dans ma chambre, je m'assieds sur le lit et sans m'y être préparé d'avance, je me mis à réciter la prière que Jésus nous avait appris. ''Notre père qui est aux cieux, que ton nom soit sanctifié, que ton règne vienne... Délivres nous du mal et ne nous soumets pas à la tentation...'' Amen.
Je me sentais étrangement bien après cette prière. J'appelai ma femme pour voir si elle n'avait besoin de rien à la clinique et m'endormis après.

**** Naomi chez Flora ****

Flora : Eh ma chérie c'est à cause d'un homme que tu veux mourir ? Pardon il y en a pleins rien qu'à Lomé ici, ne parlons pas des autres villes du Togo et puis il y a ma mère qui dit toujours que les bateaux provenant de l'occident en regorge pleins dans leurs containers. Donc ''don't worry'', nous irons au port t'en prendre un.
Naomi : Ne me fais pas rire Flora

Flo : Je te fais rire, c'est déjà ça ! Tu as tellement pleuré, regardes ton visage ?!

Nao : Hummmm, et quand je pense que...

Flo : Chuuuuut, ne dis plus rien, mais j'avoue que j'ai du mal à croire que Léo ait pu te faire ça ! Après avoir tant galéré pour t'avoir !

Nao : ça tu l'as dit, pour m'avoir et il m'a bien eu !

Flo : Je suis désolée ma chérie, je t'ai aussi poussé à lui donner une chance.

Nao : ça va, tu n'aurais pas pu deviner... Bon assez parlé de choses déprimantes ! Justement si je suis ici avec toi c'est pour parler d'autre chose que de Léo.

Flo : Alors, on se fait une petite sortir entre fille ? Je t'inviter manger un truc en ville

Nao : Je vois que ton Bertrand t'a encore bien gâté !

Flo : Ah oui, j'y veille. Bon viens avec moi dans la chambre, je me change et on y va.

Se rendant dans la chambre, Naomi se heurta à la table basse du salon, ce qui fit sauter un fil de la tapette qu'elle portait. Naturellement, Flora lui proposa de se trouver une autre paire de chaussures parmi les siens qu'elle rangeait au-dessus de son armoire. Perchée comme un oiseau sur une chaise, Naomi cherchait des chaussures pouvant lui aller quand bousculant les choses elle fit tomber un objet qui se brisa instantanément au sol sous le cri d'horreur de Flora et l'étonnement de Naomi qui promenait son
regard de l'objet brisé sur le sol à son amie.

Nao : Qu'est-ce que... C'est... mais Flora que fais-tu avec ça ?

Flora : Mon Dieu Naomi comment tu as fait pour le briser ?! Je suis foutue

Nao : Comment ça foutue ? Qu'est-ce que tu fais avec un truc pareil ?
Flo : Je n'ai pas d'explications à te donner là maintenant Flora. Je dois plus tôt trouver un moyen d'arranger ça sinon tous mes plans tombent à l'eau. Excuses moi mais la sortie ce sera pour une autre fois, je dois filer, nous parlerons après.

Nao : Tu me fais peur Flora ! Bon, je rentre. A plus tard

Une fois que Nao prit congé de son amie, tout en s'habillant elle se disait : J'espère qu'il ne sera pas tard pour tout arranger, ce n'est vraiment pas le moment que tout chamboule, pas maintenant que je suis si près de mon but. D'abord je dois ramasser tout ça, le mettre dans un sachet et retourner voir Baba. Pourvu qu'il arrange les choses.

Naomi une fois chez elle
Comme quoi on ne finit jamais de connaître une personne. Depuis quand Flora s'adonnait-elle à ce genre de pratiques ? J'ai la chair de poule en repensant à ce que je viens de voir. Seigneur ! Pauvre homme, ça lui apprendra aussi à courir derrière des jeunes filles et négliger sa femme.

**** Bertrand ASSOGBA ****

Je me réveillai brusquement de mon sommeil, je venais de faire un cauchemar où une femme me poursuivait et je n'ai pas pu voir son visage ! Ça fait si longtemps que je n'avais pas fait ce genre de rêve ! Je me levai, me rendis dans la salle de bain où une bonne douche froide me fit un grand bien.
L'effet de la douche ou un effet extérieur ? Je ne saurais le dire, je me sens tout d'un coup léger, si bien dans ma peau comme si l'on m'avait enlevé un grand fardeau.

Le coeur ce traître