Chapitre 10 : La décision

Ecrit par La Vie d'Ielle

Chapitre 10 : La décision





*** Chidi ***



*Une semaine plus tard*



Depuis la réunion à la maison Cécile est retournée chez ses parents. Quant à moi, mes oncles qui étaient là ont décidé qu'on aille au Nigeria pour régler tout ça une bonne fois pour toute parce que malgré la réunion maman continuait dans son entêtement nonobstant les mots de ses frères. Étant très traditionaliste comme communauté, il fallait donc qu'on retourne au Nigeria pour parler avec le chef du village qui était un grand Ami à papa. Je pense qu'il peut bien gérer ça et de toute façon, je ne reviens pas avec elle sur Libreville donc je termine avec une bonne fois. Je voulais que Cécile vienne d'ailleurs mais son père a refusé, il a dit qu'elle restera avec eux et que je ne reviendrai la chercher qu'à mon retour si seulement il n'y a plus aucune tribulation dans sa maison. Je n'ai pas tellement le choix donc je fais ce qu'il faut et je sais aussi très bien que pour aller la récupérer chez ses parents je n'irai pas les mains vides et seul. Je connais assez bien les traditions gabonaises donc je vais remonter avec un oncle et Ik qui rentreront au Nigeria juste après ça. Je ne veux pas vivre avec la famille, c'est bien pour cela que j'ai décidé de vivre au Gabon. Je ne sais pas comment Ik fait pour supporter les vas et viens de maman ou de tel ou tel parent chez lui. De toute façon, c'est l'aîné donc il est un peu obligé de supporter.


La réunion s'est bien passée et en conclusion, maman a interdiction de monter sur Libreville si seulement je ne lui ai pas donné l'autorisation. La décision vient du chef, l'Igwe et je répète qu'on est très traditionaliste comme communauté donc il n'aura nul autre choix que de s'y faire.

Ils sont restés dans la grande salle et moi je suis allé marcher avec lui.


Moi : Merci Igwe ! Je pense qu'ainsi elle restera dans son coin.


Uncle Chukwu : Je vous ai déjà dit que quand on est juste nous mêmes vous ne devez pas m'appeler Igwe, tous autant que vous êtes dans cette famille.


Moi : Désolé.


Uncle Chukwu : Tu es sûr que ma décision te va ? Je n'ai pas été dur ?


Moi : Si, tu l'as été mais je pense que c'est ce qu'il fallait à maman. J'ai essayé d'être dur avec elle mais ça lui faisait pas entendre raison vu que je suis son fils.  


Uncle Chukwu : Et pour le reste , ça te va qu'elle ne puisse plus venir sans ta permission ?


Moi : C'est ma mère, ses petites surprises ne m'ont jamais dérangé parce que parfois je suis tellement lancé dans le travail que j'en oublie que j'ai une famille et même Cécile y passe souvent, c'est quand maman vient que je reviens un peu sur terre mais je n'ai pas tellement le choix. Elle est certes ma mère mais ce n'est pas elle que j'ai épousé et j'ai un foyer à garder en bonne santé. 


Uncle Chukwu : Tu as tout compris alors mais ne la garde pas éloignée trop longtemps… Chinedum est comme elle est mais elle demeure et demeurera toujours ta mère, elle est juste très maladroite dans ce qu'elle fait.


Moi : J'attendrai simplement qu'elle se calme un peu avant de la faire venir. Là, je ne peux même pas m'éterniser  devant elle sinon je vais recevoir toutes les malédictions du monde.


Uncle Chukwu ( rigolant ) : C'est bien ta mère. Ton père a eu du boulot, crois moi.


Moi ( souriant ) : Je n'ai pas besoin de preuves mon oncle, elle nous montre ça tous les jours.


Uncle Chukwu : Et je suis fière que vous ayez pris le comportement de votre père ton frère et toi. 


Moi : Heureusement mais j'ai peur pour Esther, maman ne lui rend pas service.


Uncle Chukwu : Ne t'inquiète pas, ta tante va gérer cet aspect. 


Moi : D'accord.


Uncle Chukwu : Tu m'invite chez toi quand ? Tu viens presque pas ici, y'a longtemps j'ai vu ma bru aussi.


Moi : C'est toi qui as des obligations ici mon oncle, à toi de me dire quand tu voudras. Je ne peux déplacer l'Igwe ainsi.


Uncle Chukwu : Tu n'as pas tort.


Moi : Par contre, maintenant que j'y pense, j'aimerais bien que tu viennes avec moi quand je vais remonter. Je t'ai dit que Cécile est chez ses parents, n'est-ce pas ?


Uncle Chukwu : Oui.


Moi : Leur tradition exige que si ton épouse est retournée chez ses parents du fait de ta faute, tu te dois d'aller t'excuser auprès de sa famille avec un de tes aînés et pas les mains vides. Ce sera maintenant à eux de décider si, oui ou non, elle peut retourner dans son foyer. Connaissant son père, il ne permettra jamais que j'aille la chercher sans cela.


Uncle Chukwu : On partage les mêmes traditions apparemment.


Moi : Oui, quelques points de ressemblance. Je pense que ce sera bien que tu viennes avec moi en plus Ik.


Uncle Chukwu : Tu remonte quand ?


Moi : Je comptais faire deux jours de plus mais si tu as besoin de temps je peux décaler le voyage, si tu accepte de venir aussi. 


Uncle Chukwu : Je peux bien me déplacer pour toi… On fera comme ça alors, garde en tête que le voyage est décalé et demain j'enverrai quelqu'un te donner la date à laquelle on partira. 


Moi : Ça me va. Cécile sera certainement heureuse de te revoir.


Uncle Chukwu : Moi donc… Ta tante sera par contre fâchée parce qu'elle ne la verra pas.


Moi : Ça ne concerne que les hommes malheureusement. Elle pourra venir plus tard aussi. Vous êtes la bienvenue chez nous tu sais, nos portes ne seront jamais fermées mais toutefois il vous faut nous avertir.


Uncle Chukwu : Évidemment ! D'accord mon fils, on fera comme Ça. Bon, il faut qu'on retourne maintenant.


Moi : D'accord.





*** Chukwu ***





Nous sommes retournés retrouver les autres et cette fois-ci j'ai pris Chinedum à part pour parler avec elle.


Chinedum : Qu'est-ce que tu veux ?


Moi : Attention à tes mots Chinedum sinon je ne te parlerai en tant que membre de la famille mais en tant que Igwe.


Chinedum : …


Moi : Est-ce que tu peux un peu te poser et peser le pour et contre.


Chinedum : Quel pour et quel contre ? Toi-même tu penses que c'est bien que mon fils accepte de ne plus me voir à cause de sa femme ? Donc je passe maintenant après elle ?


Moi : Mais c'est évident que tu passe après elle Chinedum, c'est normal. Est-ce que c'est toi qu'il a épousé ? Est-ce que c'est sur toi qu'il monte ? Est-ce que c'est toi qui le rendra père ?


Chinedum : Pffff !!



Moi : Arrête de faire la têtue, c'est sa femme et c'est normal s'il veut préserver son mariage. Essaies de voir les choses autrement et regarde à quel point ton fils est un homme et vrai. Tes fils sont des hommes qui ne jouent avec des femmes et qui se battent pour ce qu'ils veulent et aiment. Combien d'hommes de ce genre existent ? Regarde Esther, quel genre voudrais tu pour elle ? Le genre de tes fils ou un qui fera n'importe quoi ou qui sera entêté par sa mère ? Pourquoi tu te comporte ainsi ? À cause d'un enfant ? Lui-même ne s'inquiète pas pour on foyer, pourquoi tu le fais ? Arrête de réfléchir comme avant et laisses le vivre comme il veut, c'est un homme maintenant. Ton rôle de mère est incomplet et mal pris actuellement parce que tu le dissocie de celui de belle-mère parce que tu mets à l'écart Cécile. Tu dois la considérer comme ta propre fille et non comme celle qui veut du mal de ton fils parce que ce n'est pas du tout le cas. Est-ce que tu comprends ? 


Chinedum : …


Moi : Mon frère n'aurait jamais été fier de toi , tu le sais aussi. J'espère que la décision que j'ai prise te fera réfléchir un peu, c'est pour cela que j'ai l'ai prise d'ailleurs. Si malheureusement tu ne comprends , je vais prendre plus radical que ça même si tu m'en veux. Je t'estime peut-être mais tes enfants qui sont aussi les miens, de par la relation que j'ai eu avec leur père, passent avant toi donc ce serait bien que tu prenne du recul sur tout ça.


J'espère qu'elle comprendra.

Ik, Chidi et Esther je les considère tout autant que je considère que leur père a été mon frère donc c'est évident que leur bien-être est important pour moi. Chinedum, je ne sais pas ce qu'elle a mais j'espère qu'elle va très vite. Quelqu'un ne peut pas être la persécution de ses propres enfants.




*** Chidi ***




Quand je suis rentré je me suis directement mis sur mon téléphone pour faire un compte rendu à Cécile.


Cécile : Donc tu mettras encore plus de temps alors ?


Moi : Je ne saurai te dire exactement parce que, comme je t'ai dit, j'attends que mon oncle me réponde puisqu'il doit venir avec moi pour voir ton père.


Cécile :  D'accord.


Moi : Il a hâte de voir aussi.


Cécile : Je serai ravie de le voir aussi. Sa décision te va ?


Moi : Oui, c'est bien ce qu'il faut.


Cécile : Elle doit être très fâchée là.


Moi : Elle l'est plus que très même. Elle a parlé avec lui après, je ne sais ce qu'il lui a dit mais ça ne lui a pas plu apparemment.


Cécile : On laissera quelques mois puis on la fera monter d'accord ?


Moi : Franchement, je ne cesserai d'être étonné par ta façon de penser.


Cécile : Je suis bien heureuse qu'elle ne puisse plus venir comme elle veut mais je ne vais jamais accepté d'être celle qui t'éloigne de ta mère quoique normalement elle sera elle-même responsable si cela arrive mais j'espère toutefois que cela lui permettra de vraiment y réfléchir.


Moi : J'espère tout aussi.


Cécile ( petite voix ) : Bon maintenant dépêche toi de venir chercher , je n'en peux d'être ici.


Moi : Je te manque ?


Cécile : Non, j'ai juste envie de rentrer chez moi.


Moi : Tu es sûre qu'il n'y a que ça ?

 

Cécile : Oui.


Moi : Sûre ?


Cécile : Oui, sûre !


Moi : Donc ça ne te dérangerait pas si je raccroche maintenant alors.


Cécile : N'ose pas.


Moi : Pourquoi ?


Cécile : Parce que je ne veux pas.


Moi : Pour…


Esther : Chidi ?


Moi : Oui !


Esther : Puis-je te parler ?


Moi : Je suis occupé, tu vois bien que…


Cécile : Chidi ?


Moi : Oui Cécile.


Cécile : Écoute ce qu'elle a à te dire, tu pourras me rappeler plus tard d'accord ?


Moi : D'accord


Cécile : Surtout, ne l'écoute pas avec colère. Elle n'a fait qu'écouter votre mère , okay ?


Moi ( soupirant ) : D'accord chef. 


Cécile : À tout à l'heure.


Je raccroche puis je demande à Esther de venir s'asseoir près de moi


Moi : Je t'écoute


Esther : …


Moi : Tu es muette ?


Esther : …


Moi : Oncle Chukwu t'a fait un reproche, c'est ça ?


Esther ( petit voix ) : Non.


Moi : Tanti Geneviève ?


Esther : Oui.


Moi : Tu n'es pas obligée de venir me parler de suite, tu peux très bien prendre ton temps. Elle vouait simplement que tu comprenne que tu ne dois pas encourager maman. Tu es très loin d'être une femme , tu es encore une petite fille pour moi mais je te pensais plus sage Esther. Voir que tu cautionne ce que maman fait m'a peiné quoique je peux comprendre que c'est maman, elle sait convaincre donc tu n'as pas eu le choix mais saches que tu es appelée à être une femme et que tu iras en mariage. Si tu vis ça, je ne le souhaite pas, tu penses que j'aurais un mot à dire ? Cécile, tu l'aimais bien au début, Pourquoi tu as changé avec elle ? Elle t'a fait quelque chose que je ne sais pas ?


Esther ( la voix tremblante ) : Non.


Moi : C'est quoi alors ce comportement ?


Esther : …


Je connais ma sœur, ce qu'on lui a dit l'a troublé et elle est très mal là… tant mieux d'ailleurs !


Moi : Viens là ( ouvrant mes bras ).


Esther ( s'exécutant / pleurant ) : Je m'excuse Chidi, maman disait que…


Moi : Shuuut !! Je ne suis pas fâché contre toi.


Esther : Tu es sûr ?


Moi : Si je te le dis !? Par contre, tes excuses, je n'en veux pas. Tu sais pourquoi ?


Esther : Non.


Moi : Regarde moi ( ce qu'elle fait )… Ce n'est pas à moi que tu dois les présenter mais à Cécile ( essuyant ses larmes ).


Esther : Elle ne va jamais accepter.


Ik : Elle va le faire.


Elle s'est retournée pour le regarder.

Moi, je l'avais vu arriver


Ik : Tu vas venir avec nous et tu iras t'excuser auprès de Cécile. Il ne t'en veux peut-être pas mais moi si parce que j'estime que tu es une grande fille et que tu sais faire la différence entre ce qui est bien et ce qui est mal. Tu vas non seulement aller t'excuser auprès de Cécile mais à notre retour tu viendras rester à la maison, tu as besoin d'être recadrée un peu et je suis bien placé pour le faire. As-tu compris ce que je viens de dire ? 


Esther ( baissant la tête ) : Oui.


Ik : Maintenant laisses nous, il faut que je parle avec Chidi.


Un goût amer