Chapitre 10: Passer à l'offensive

Ecrit par MTB

C’est souvent l’homme pour qui tu es allé puiser l’eau dans la rivière qui a excité le léopard contre toi. Et ce n’est pas parce que le mouton n’a pas de dent qu’il faut mettre le doigt dans sa bouche. Richard a beau faire confiance à son ami et frère Hervé, mais les derniers échanges entre eux ne lui inspiraient pas confiance. Déjà par le passé, il s’était fait taper dans le dos avec Jessica. Qui pouvait lui faire croire qu’ils étaient ensemble mais que son ami couchait avec sa petite amie ? S’il ne les avait pas surpris, il serait toujours là comme un con certainement. Mais comme Dieu sait faire ses choses en prenant partie pour les faibles qui sont justes, il s’en est bien sorti même si cet épisode l’avait profondément marqué. C’est vrai qu’ils avaient l’habitude, Chantal et lui de se voir assez souvent, mais rien de concret ne s’était encore passé. Il surveillait aussi de près Hervé qui n’hésitait pas à faire des blagues à Chantal quand ils étaient ensemble. Cela ne lui plaisait pas vraiment mais il était décidé à mettre les choses au clair. Il donna rendez-vous à Chantal au Parc Naturel de Kpodjiville. C’était non loin d’Adidoville. Il suffisait de rouler juste pendant un quart d’heure pour y être. Il avait choisi un hôtel près du bord du lac. C’était un vendredi et il avait insisté pour obtenir de Chantal la permission d’y passer tout le week-end et était venu la chercher à la maison. Elle avait mis une petite jupe ovale qui flottait au vent comme le font souvent les joueuses de tennis. Il l’a toujours trouvée magnifique mais là elle ressemblait à une lycéenne qui aimait jouer à la majorette. Son cœur battait déjà mais il garda son sang-froid et démarra. Il roulait à vitesse modérée pour profiter de la beauté du paysage qui défilait sous leurs yeux. Lui-même était surpris de voir tous ces arbres et ces jardins de salade, de betterave, d’oignons. Il avait pris l’habitude de prendre plutôt l’avion car tout autour d’Adidoville ne l’intéressait plus vraiment.

Le trajet était court mais intéressant. Ils arrivèrent à l’hôtel où Chantal fut surprise de voir que Richard avait réservé deux chambres. C’est vrai qu’elle était légèrement déçue car la nuit, chacun se coucherait de son côté. Alors qu’elle rêvait secrètement de pouvoir se serrer contre lui. Bref, ce n’était pas grave. Si l’envie lui prenait très fort, elle va prétexter qu’elle faisait des cauchemars pour pouvoir s’incruster chez lui. Elle prit possession de sa chambre et demanda la permission de se changer. Mais Richard s’empressa d’ajouter :

-          Je te trouve magnifique comme tu l’es. Pas besoin de te changer.

-          Oh petit coquin. Dis plutôt que tu as envie de voir ce que je porte sous cette jupe.

-          Ce n’est pas tout à fait faux mais c’est juste que le temps que tu te changes, tu rateras le coucher de soleil que je voulais te montrer.

-          Sérieusement ? Coucher de soleil ? Et comment le sais-tu ?

-          J’ai lu dans la brochure pour être honnête. En espérant que ce n’est pas juste de la publicité.

-          Allons vérifier dans ce cas.

Elle déposa juste ses effets et referma la porte puis main dans la main, ils avancèrent sur la plage. C’était un spectacle magnifique. Sans s’en rendre compte, elle posa sa tête sur l’épaule de Richard et de sa douce main droite lui caressait la poitrine. L’instant était magique. Richard l’enlaça doucement en la tenant par la taille après avoir pris soin de se positionner derrière elle. L’instant était encore plus magique. Cela faisait un sacré moment qu’elle n’avait vécu pareille sensation. Doucement, et tendrement, Richard déposa un baiser dans son cou. Elle ne protesta pas. Puis un autre s’en suivit de l’autre côté et quelques secondes plus tard, elle était dans les bras de Richard cette fois-ci de face. Leurs lèvres étaient collées et en parfait union comme un seul être. Ils ressemblaient à deux êtres touchés par des flèches de cupidon. C’était leur premier baiser. Il ne dura pas mais fut assez bon pour provoquer une petite gêne quand ils finirent de s’embrasser.

-          Euh, excuse-moi, je pense que je ne devrais pas.

-          Richard, je te rappelle que nous sommes des adultes.

-          Oui, mais je ne t’ai pas demandé la permission et je ne voudrais pas que…

-          Chut !

Elle lui coupa la parole en posant son index sur sa bouche et prit elle-même les choses en main en lui roulant une pelle qu’il n’était pas prêt d’oublier. Elle avait rêvé pendant très longtemps de ce moment mais ne pouvait pas s’imaginer comment c’était délicieux. Richard aussi avait apprécié. Mais comment savait-elle embrasser si bien si elle était vraiment une sainte ni touche comme elle le montrait ?

-          Richard ?

-          Oui, ma belle.

-          On peut y aller ? Je commence par prendre froid et je sens un petit creux.

-          Ah oui, tu as raison. Je ne savais pas que le temps avait filé si vite, renchérit Richard après avoir consulté sa montre. Et comme tu as froid, tiens, prend mon t-shirt, il devrait t’aider.

Richard n’hésita pas à ôter son polo pour lui permettre de l’utiliser comme un pullover. Par ce geste, il exposa certaines parties nues de sa poitrine. Un frisson parcouru Chantal qui garda son sang-froid et prit possession de sa chambre. Une demi-heure plus tard, ils se retrouvèrent pour dîner et passèrent une bonne partie de la soirée au bord du lac sur le ponton, les pieds immergés.

-          Alors, Richard, pourquoi sommes-nous ici ?

-          Juste pour le coucher de soleil et le dîner.

-          J’apprécie ton sens de l’humour mais je doute fort que ce soit ce qui nous a emmenés ici.

-          Oui tu as raison. Il y a plus que cela.

-          Dois-je me faire du souci ?

-          Que dirais-tu de travailler dans l’entreprise de mon père ?

-          Tu m’offres un emploi ? Qui te dit que je suis qualifiée pour le poste ?

-          L’expérience.

-          Ah je vois. Merci d’être confiant. Je pense qu’il est temps d’aller se coucher. Merci pour le boulot.

-          Non, attends.

Richard venait d’agripper son bras.

-          Pour être franc,  Chantal, ce n’est pas pour t’offrir du boulot que je t’ai invitée  pour passer du temps ensemble.

-          Ok je vois. J’étais sûre que tu préparais un truc. Et laisse-moi deviner.

En réalité, elle s’était déjà faite une idée : Richard voulait la séduire et coucher avec elle. Mais Richard l’interrompit et ajouta :

-          Non, s’il te plait, n’essaie pas de deviner au risque de travestir mes pensées.

-          Là, j’avoue que tu me fais flipper. Mais dis-moi alors, si ce n’est pas pour me séduire et me proposer de faire l’amour avec toi, alors pourquoi sommes-nous ici ?

-          Il n’y a pas que la séduction et le sexe dans la vie. Il y a aussi les sentiments. Et c’est pour en parler que nous sommes là.

-          Le grand Richard qui parle de sentiments.

-          Oui. Même un lion a un cœur. Tu te rappelles de cette question que tu m’avais posée une fois sur ce que les femmes m’ont fait ?

-          Ah oui ! Merde. C’était donc cela ? Une fille t’a brisé le cœur ?

-          Oui. Pas n’importe laquelle. C’était mon premier amour.

-          Et tu en veux à toutes les femmes ?

-          Oui. J’en voulais à toutes les femmes. Et je n’hésitais pas à les draguer juste pour me venger.

-          Donc, je suis la prochaine sur la liste ?

-          Non. Je dirai plutôt que tu es celle qui m’a fait voir la vie autrement.

-          Donc tu vas rentrer au Séminaire ?

-          Non. (il ne put s’empêcher d’esquisser un petit sourire).

-          Tu comptes faire quoi alors ?

-          Je veux que tu joues un rôle plus important dans ma vie. Je ne te veux plus comme une amie comme tu l’es actuellement mais je te veux comme, disons, ma moitié.

-          Waow ! Quelle demande !

-          Et oui, je sais que ça en jette.

-          Et tu attends une réponse tout de suite ?

-          Je sais que cela me soulagerait que la réponse soit affirmative mais je veux aussi que tu prennes ton temps.

-          Oui, tu as raison. C’est une décision délicate.

-          Allez, je pense que ça en fait beaucoup pour ce soir. Allons nous reposer. Une dure et longue journée nous attend.

-          Bonne nuit Richard. J’aurais aimé te donner un câlin mais je préfère m’abstenir.

-          Bonne nuit Chantal. A demain.

Ils se séparèrent et chacun referma sa porte derrière lui. Que leur réservait demain ? Chacun se posait la question, en regardant le plafond de sa chambre. Dire que Chantal ne ressentait rien pour lui serait mentir. Il pouvait sentir qu’elle brûlait de désir en se ressassant le baiser qu’elle avait osé lors du coucher du soleil. Mais de l’autre côté, il se culpabilisait de la manière dont les choses se passaient car Chantal risquerait de penser que c’est à cause du baiser qu’il avait fait la demande. Chantal aussi eut la même réflexion et finit par prendre sa décision. Une décision qui risquait de changer à tout jamais sa vie et celle de Richard. Car il n’y a pas de doute, son cœur battait pour lui.



à suivre...
ENTRE DEUX AMOURS