Chapitre 11

Ecrit par Chrime Kouemo


Rachel apposa une touche de blush sur ses joues, parachevant son maquillage. Observant son reflet dans le miroir, elle fut satisfaite du résultat. Elle avait appliqué une ombre à paupières couleur cobalt, qui approfondissait son regard sans l’effet œil charbonneux dont les filles raffolaient et qu’elle trouvait parfois too much. Elle sourit, s’assurant que le nouveau rouge à lèvres effet velours qu’elle venait d’acheter ne craquelait pas, puis elle éteignit la lumière et sortit de sa minuscule salle de bains.

Elle se dirigea ensuite dans sa chambre, vérifia une dernière fois son sac à mains. Sa carte bleue et sa pièce d’identité y étaient. Elle était donc prête. Regardant sa montre, elle fut surprise de constater qu’elle avait vingt bonnes minutes d’avance. Ce qui constituait une grande première pour elle qui était constamment en retard. Ses pensées se mirent à dériver. Elle n’en revenait pas de la nuit qu’elle avait passée avec Seba. Elle qui se trouvait si timorée parfois, ne se serait jamais imaginé faire l’amour avec quelqu’un dès le premier soir. Alexandre avait dû attendre deux mois avant qu’elle soit fin prête. Et là avec Seba, l’étincelle qui s’était allumée au BizzArt avait grandi au point de devenir une énorme flamme qui l’avait littéralement consumée. Elle repensa à leurs ébats empreints de sensualité et de passion. Elle s’était totalement livrée à lui. Se remémorant comment il l’avait prise au cours de la nuit pour la deuxième fois, elle sentit un frisson lui remonter le long de l’échine.

Dans son sommeil, elle avait senti une main se faufiler entre ses cuisses, pour caresser le bouton sensible de son clitoris. De nouveau excitée, elle s’était retournée vers Seba qui avait capturé sa bouche dans un baiser avide et dévastateur. A son sexe tendu contre sa cuisse, elle avait deviné qu’il était déjà partant pour un second round. Et ce second round avait été carrément bestial. A un moment, il l’avait fait glisser au bord du lit, puis lui avait demandé de se mettre à quatre pattes. Il l’avait alors pénétrée jusqu’à la garde d’une seule poussée et elle se souvenait avoir crié de plaisir. Elle s’était mise ensuite à onduler du bassin, ce qui avec les va-et-vient de son partenaire les avait menés en un temps record à la jouissance suprême. Ils s’étaient effondrés en sueur sur le lit, complètement vidés, et avaient sombré dans un sommeil réparateur. Elle s’était réveillée plus tard toute seule dans son lit, avec un petit mot sur un post it sur l’oreiller vide à côté d’elle.

Elle n’avait jamais rien connu de tel avec Alex. Etait-ce le piment de l’inconnu, de l’imprévisible? Le fait qu’ils ne sortaient même pas ensemble? Elle n’aurait su le dire. Tout ce qu’elle savait, c’est qu’il avait su la mettre à l’aise, et la faire sortir de la coquille dans laquelle elle se retranchait souvent. Son cœur se pinça quand même à la pensée de son ex. Elle avait du mal à croire que cela ne faisait que deux semaines seulement qu’elle s’était cru au fond du trou après sa deuxième trahison. Elle commençait à se faire à l’idée que leur situation était désormais irréversible. Elle continuait toutefois de s’en vouloir de lui avoir pardonné et offert une seconde chance. Maintenant c’était encore plus difficile de recoller les morceaux de son cœur en lambeaux.

Elle n’avait aucune idée de ce que cette relation naissante avec Seba allait donner, mais pour une fois, elle ne se projetait pas. Tout ce dont elle était sûre c’est qu’elle voulait explorer cette aventure sensuelle avec lui.

A 21h15, Seba n’était toujours pas arrivé. Elle vérifia une nouvelle fois son téléphone mais il n’y avait rien, aucun appel manqué, aucun message. Elle avait pourtant cru comprendre qu’il était quelqu’un d’extrêmement ponctuel. Elle alla allumer la télé dans le séjour, en regardant sans vraiment s’y intéresser une émission de divertissement. Une demi-heure plus tard, toujours rien. Elle commençait à trouver ça bizarre. Que faire? L’appeler? Lui envoyer un sms?

Elle saisit son portable, composa son numéro et tomba directement sur sa messagerie. Au bout d’une autre demi-heure, elle réessaya et ce fut encore la messagerie qui lui répondit. Passablement déçue, elle décida de se changer. S’il n’était même pas fichu de lui envoyer un message pour décommander... Elle s’interdit mentalement de penser qu’il avait eu un problème. Après tout, c’est comme cela qu’elle s’était mis à chercher des excuses à Alex quand il avait commencé à être fuyant au téléphone.

♣♣♣

Le lendemain matin Rachel s’éveilla d’un sommeil agité, peuplé de rêves où apparaissait tour à tour Alexandre et Seba. Elle ne se rappelait plus exactement ce qu’ils y faisaient, mais c’était assez révélateur de ses émotions actuelles. Son cœur était égratigné par le mariage coup de théâtre de l’un, et son corps lui rappelait sans cesse ses ébats torrides avec l’autre. Elle soupira et se força à sortir de son lit. Une bonne matinée de ménage et de rangement l’attendait. Elle devait ensuite retrouver Gabrielle en milieu d’après-midi pour une séance de cinéma. Depuis sa débâcle amoureuse, ses amies avaient mis un plan d’action pour qu’elle ne se retrouve jamais toute seule le week-end. Elle sentait qu’elle aurait droit à un interrogatoire musclé quand elle leur raconterait l’épisode après le BizzArt.

La jeune femme était occupée à faire briller les carreaux de la salle de bains quand la sonnerie de la porte d’entrée la fit sursauter. Etrange, elle n’attendait personne. Ça devait certainement être son voisin du dessus qui venait lui demander de baisser le volume de sa chaîne HiFi. En sortant de la salle de bains, elle prit la télécommande de l’appareil et mit le volume au plus bas avant d’ouvrir la porte. Quelle ne fut sa surprise de découvrir sur le seuil de sa porte son amant de l’avant-veille tenant dans ses mains une boîte de chocolat enrubanné. Complètement interloquée, elle observa le jeune homme sans rien dire.

- Je sais que j’ai quatorze heures et environ trente-deux minutes de retard. Est-ce que tu pourras me pardonner ? Demanda-t-il avec un sourire penaud sur le visage et en lui tendant la boîte de chocolats.

Rachel ne répondit pas tout de suite, mais s’effaça pour le laisser entrer dans l’appartement. Elle était peut-être contrariée par le faux bond qu’il lui avait fait, mais ce n’était pas une raison pour le laisser s’expliquer sur le pas de la porte. En fermant la porte, elle se souvint qu’elle avait attaché sur sa tête son vieux foulard à la couleur indéterminée due aux multiples lavages et qu’elle ne portait uniquement que lorsqu’elle était chez elle à l’abri des regards. Elle voulut l’enlever un moment, puis se ravisa. L’opération-séduction n’était pas du tout à l’ordre du jour pour le moment. Il s’avança dans le salon, mais hésita à s’asseoir, comme s’il attendait son accord. Elle lui fit donc signe de s’installer.

- Comment vas-tu?

- Très bien! Mais c’est plutôt moi qui devrais poser la question étant donné le lapin que tu m’as

posé hier.

- C’est un stupide concours de circonstances, commença t’il en s’asseyant sur le canapé. Mon

téléphone s’est complètement cassé et comme tout est enregistré dans la mémoire du téléphone, je n’ai plus aucun numéro. Je n’ai donc pas pu te joindre pour te redemander ton adresse.

- Ah Ok... Et comment as-tu donc fait pour te retrouver ici?

- J’ai envoyé un message à Ousmane via Facebook pour qu’il me repasse ton adresse, et il ne

m’a répondu que ce matin.

Elle pencha la tête sur le côté, un brin sceptique. Il poursuivit :

- Ce n’était vraiment pas de chance. Je t’ai également envoyé un message sur Facebook mais j’ai

constaté par la suite que tu étais rarement connectée à Messenger.

- Ah oui, Facebook Messenger ! J’évite de m’y connecter parce qu’il y a toujours des farfelus qui

m’écrivent pour ne rien me dire d’intéressant.

- J’espère que je ne fais pas partie de la bande des farfelus alors... fit Seba en se levant pour la

rejoindre sur le coin de la petite table à manger contre laquelle elle s’était appuyée. Elle secoua la tête en guise de réponse. Son odeur citronnée qu’elle commençait à reconnaître envahit ses narines en lui montant doucement au cerveau. Il continua de se rapprocher d’elle, puis mit les mains de part et d’autre de la table, l’emprisonnant dans le cercle que formait ses bras.

- Tu n’as pas encore accepté mes chocolats, murmura-t-il en désignant de la tête la boîte

enrubannée posée sur la table basse. Est-ce à dire que tu m’en veux encore?

Le cœur de Rachel se mit à pulser plus rapidement dans sa poitrine quand il se pencha pour lui déposer délicatement un baiser dans le creux du cou.

- Non... pas du... tout répondit-elle d’une voix rendue hachée par le désir de s’abandonner contre lui. Il se pressa encore contre elle, tout en continuant à déposer une pluie de petits baisers sur sa nuque, derrière ses oreilles. Il allait la rendre folle avec cette façon de la taquiner avec ses lèvres. Comment parvenait-il à la mettre au supplice si rapidement? Elle avait de plus en plus de mal à respirer. Ses bras qu’elle gardait le long de son corps dans une vaine tentative de maîtrise étaient comme soumis à une volonté autre que la sienne. Ils remontaient maintenant vers la taille du jeune homme pour l’enserrer.

- Tu m’en vois ravi, continua Seba dont la bouche était maintenant dangereusement proche de la sienne.

De quoi était-il ravi? La jeune femme avait complètement perdu le fil de la conversation. Alors que ses lèvres effleuraient lentement sa joue, elle décida de mettre fin à son supplice et tourna légèrement la tête, puis colla avidement sa bouche à la sienne dans un murmure rauque. Comme s’il n’attendait que ce signal, Seba répondit passionnément à son baiser, l’embrassant à en perdre haleine. Ses mains se saisirent de sa nuque qu’il inclina, accentuant ainsi la pression de ses lèvres. Il était comme fou, ensorcelé. Il ne se rappelait plus quand il avait ressenti de telles sensations en embrassant une fille. Rachel le rendait littéralement fou : elle éveillait à la fois en lui un désir à la limite de l’incontrôlable et une envie de l’entourer de tendresse et de la protéger. Il plongea sa langue dans sa bouche se délectant de son goût. Elle lui répondit en enroulant sa langue à la sienne. Il gémit. C’était magique, indescriptible. Les pointes tendues des seins de Rachel se pressaient contre son torse, intensifiant son plaisir, et il sentit son membre se durcir. Il avait maintenant une envie impérieuse d’elle. Mais en même temps, son cerveau qui fonctionnait encore le rappela à l’ordre. Il avait prévu tout un programme pour elle. Il voulait mieux faire connaissance avec elle, discuter avec elle. Il avait bien évidemment aussi envie de lui faire l’amour, mais il souhaitait donner une autre orientation à cette relation naissante.

Se faisant violence, il détacha ses lèvres de sa bouche, colla son front au sien et essaya de reprendre son souffle.

- Tu as prévu quelque chose aujourd’hui? lui demanda t’il en passant tendrement sa main sur sa

joue

Légèrement désorientée, la jeune femme mit quelques secondes à lui répondre. Son corps criait sa frustration de l’interruption de leur baiser.

- J’ai une séance de cinéma avec Gabrielle cet après-midi.

- Ah ! Fit-il déçu.

- Pourquoi ?

- Ça m’aurait fait plaisir que tu m’accordes un peu de temps, étant donné notre rendez-vous raté

d’hier soir.

Rachel fit mine de réfléchir mais au fond d’elle, elle savait qu’elle brûlait d’envie de passer le reste de la journée avec lui. Dès qu’elle l’avait vu sur le pas de sa porte, elle avait déjà envisagé de changer ses plans.

- Je pense que c’est possible, aussi gentiment proposé, finit-elle par répondre avec un sourire.

L’expression du visage de Seba se rapprochait de celle d’un enfant à qui on venait d’offrir un cadeau longtemps convoité. Ce qui la fit sourire encore plus parce que ça faisait du bien de se sentir aussi désirée.

- Merci, conclut-il et il déposa un dernier petit baiser sur sa bouche, puis recula en la libérant de l’emprise de ses bras.

Elle repoussa dans un coin de sa tête la sensation d’abandon qu’elle ressentit sur le moment. Pour se donner une contenance, elle arrangea le foulard qui avait commencé à glisser de ses cheveux pendant leur torride baiser.

- Tu peux être prête dans combien de temps? Questionna t’il en jetant un coup d’œil à sa montre.

- D’ici une petite heure, je pense.

- La vraie heure ou l’heure à la camerounaise? La taquina-t-il avec une lueur espiègle dans le

regard.

- Tchip! Pardon, dépose-moi hein? Lui retourna t’elle en levant les yeux au ciel. Au fait, nous allons où? Rajouta-t-elle.

- Tu verras bien...

- Pourquoi ce mystère?

- Pour le suspens, répondit-il en lui faisant un clin d’œil.

- Juste un indice ! Je dois m’habiller en conséquence, insista-t-elle.

- Décontractée, fit-il laconique.

Sans plus insister elle alla dans la cuisine, ouvrit un placard et se saisit de son bocal d’arachides grillées. Elle disposa ensuite deux petites coupelles sur la table basse près de son canapé, et versa les arachides dans l’une d’elle.

- Je te sers quelque chose à boire ? J’ai du jus de mandarine et du jus de pomme, lui proposa

t’elle en ouvrant son frigo.

- Non, un verre d’eau ça ira merci.

- Ok. En attendant que je finisse le ménage dans ma salle de bains et que je me prépare, je te

laisse la zappette. A moins que tu ne veuilles écouter de la musique?

- Ça me va la télé. Il y a Téléfoot qui va bientôt passer.

- C’est à croire qu’il n’existe pas de Camerounais que le foot n’intéresse pas! Ironisa-t-elle.

- Que veux-tu? C’est notre sport national.

Et l’instant d’après, son attention était toute centrée sur l’émission dans laquelle un joueur qu’elle ne reconnaissait pas était interviewé.

Elle entra dans sa salle de bains et ferma la porte. En observant son reflet dans le miroir, elle eut du mal à reconnaître l’image qui lui faisait face. Ses yeux brillaient d’un éclat particulier. Elle avait encore du mal à croire qu’il y avait de cela deux semaines exactement, elle se trouvait au trente- sixième dessous. Elle se rappelait comment elle s’était effondrée en larmes devant ce lavabo, et qu’elle était restée couchée sur le sol froid du carrelage jusqu’à ce que Gabrielle s’inquiétant de pas la voir sortir de la salle de bains, était venue toquer à la porte. Comme à chaque fois qu’elle repensait à sa rupture avec Alexandre, son cœur se serra douloureusement dans sa poitrine. Chassant les pensées moroses qui menaçaient de l’envahir, elle ouvrit grand les robinets et entreprit de rincer les carreaux de la salle de bains.

Un peu plus d’une heure plus tard, Seba et Rachel déambulaient dans les galeries majestueuses du Musée du Louvre. C’était la première fois pour Rachel d’y aller, et elle régala ses yeux de l’architecture datant de la fin du Moyen Age.

Alors qu’ils s’attardaient devant les expositions de l’Egypte Antique, il avait glissé sa main dans la sienne et ne l’avait plus lâché jusqu’à la sortie du Musée. Durant leurs échanges lors de la visite, elle avait pu se rendre compte à quel point il était cultivé, et passionné de l’Afrique. Non pas qu’elle ne l’était pas mais c’était bien la première fois qu’elle rencontrait quelqu’un comme lui, résolument optimiste sur le devenir de leur cher continent. Beaucoup de jeunes africains qu’elles connaissaient et qu’elles côtoyaient parlaient de l’Afrique avec un certain détachement. Ils aimaient certes la Terre Mère, mais il y’avait comme une sorte de défaitisme qui transparaissait dans leurs propos quant au futur du continent si longtemps pillé. Elle devait avouer qu’elle-même n’avait pas ce regard si positif et si confiant en l’avenir de son continent. Elle voulait retourner vivre au pays bien sûr, mais c’était encore comme une sorte de vœu pieu, auquel on pense certes, mais sans réellement poser les bases concrètes sur les actions à mener pour y parvenir. Le départ d’Alexandre au pays l’avait obligée à s’interroger plus précisément sur son éventuel retour, mais à cette époque-là, elle était tellement engluée dans ses problèmes de papiers qui pour elle constituaient une garantie incontournable et indispensable que cet objectif avait quelque peu été occulté. Elle y avait repensé plus sérieusement quand elle était retournée au Cameroun et avait repris sa relation avec Alexandre.

Durant toute l’après-midi, ils discutèrent de choses et d’autres comme s’ils se fréquentaient depuis longtemps. Elle lui découvrit un grand sens de l’humour et un esprit taquin assez poussé dont lui avait souvent parlé Gabrielle quand elle essayait de la brancher avec lui. Il s’amusait à la faire tourner en bourrique et cela ne l’horripilait plus comme auparavant.

Après le musée du Louvre, ils flânèrent dans les allées du Jardin des Tuileries en admirant la floraison d’été. Apercevant une roulotte de vendeur de glaces, Seba commanda deux cornets qu’ils dégustèrent assis sur un banc métallique.

- Tiens, tu as encore un peu de glace là, lui dit-il en désignant le coin de sa bouche alors qu’elle

jetait son mouchoir en papier après s’être essuyé les des doigts.

Rachel prit un mouchoir dans son sac qu’elle tamponna délicatement sur la commissure de ses lèvres pour ne pas effacer son rouge à lèvres.

- C’est mieux là? Lui demanda-t-elle une fois qu’elle eût fini.

- Non, attends je vais t’aider.

Et il se pencha et marquant une pause, il accrocha son regard au sien avant de lécher tranquillement la commissure de ses lèvres. Rachel ressentit une décharge électrique à cette caresse inattendue. Il se redressa et elle vit brûler au fond de ses yeux la lueur ardente du désir et en même temps quelque chose de plus doux. Il l’observa encore quelques secondes puis réduisit à nouveau la distance qui les séparait et s’empara de sa bouche avec une tendresse qui la bouleversa. Elle l’entrouvrit les lèvres sans se poser plus de question. Leurs langues s’emmêlèrent instantanément, jouant, se cherchant, se dérobant. La jeune femme avait perdu la notion du temps et de l’espace, toute chamboulée qu’elle était par ce baiser envoûtant.

A un moment, elle passa ses bras autour de son cou et pressa encore plus son corps contre celui de Seba. Le jeune homme n’était pas en reste non plus. Une de ses mains montait et descendait le long de sa colonne vertébrale tandis que l’autre lui massait délicatement la nuque. Combien de temps restèrent-ils enlacés là sur ce banc public? Elle n’aurait su le dire. Elle qui avait toujours été embarrassée par les démonstrations d’affection en public, la voilà qui était en train de se laisser embrasser langoureusement en plein jour, au vu et au su de tous les passants. Ce furent les gloussements d’une petite fille qui les tirèrent de leur nuage.

- Hé papa, regarde! Il y a des amoureux qui s’embrassent là-bas sur le banc ! s’écria t’elle d’une voix fluette en pointant le doigt dans leur direction.

- Emmeline! Je t’ai déjà dit mille fois qu’il était impoli de pointer les gens du doigts! La réprimanda son père en leur adressant un sourire contrit.

Rachel essaya de reprendre contenance en regardant la petite fille s’éloigner en sautillant avec son père qui essayait tant bien que mal suivre son rythme en lui tenant la main. Elle se surprenait décidément depuis le début de ce week-end à laisser ainsi ses désirs et ses émotions s’exprimer sans y exercer un contrôle absolu comme elle avait l’habitude de le faire. Sa méfiance envers les hommes, qui s’était amplifiée après sa première rupture avec Alexandre, n’avait apparemment pas sa place avec Seba. Sans savoir comment, il était parvenu à faire tomber bon nombre de ses défenses et automatismes.

Ils se levèrent du banc puis reprirent en silence leur balade à travers le parc. Il lui proposa ensuite de faire la grande roue en face du Grand Palais.

- Euh... non, pas pour moi. J’ai le vertige

- Tu as le vertige ? S’étonna-t-il. Et comment tu fais sur tes chantiers?

- Eh bien, je serre les dents quand je dois emprunter des échafaudages extérieurs pour accéder

aux étages, fit-elle en grimaçant. Et puis ce n’est pas pareil. Il y'a très peu de chances que je me

retrouve suspendue dans les airs à plus de trente mètres de hauteur.

- Mmm... dommage alors. J’aurais pu le cas échéant te faire oublier ta peur du vertige avec mes

baisers quand nous aurions été là-haut, dit-il en haussant nonchalamment les épaules.

- Dis donc... ce n’est pas la modestie qui t’étouffe hein ??

- C’est ce que vous aimez vous les filles non? Les mecs sûrs d’eux.

Et il bomba le torse en faisant semblant de resserrer une cravate imaginaire autour de son cou. Cela lui rappela tellement certains frimeurs qu’elle avait déjà eu l’occasion de rencontrer lors des soirées et qu’elle avait trouvées suprêmement ridicules. Elle éclata de rire, et il l’accompagna lui aussi de son rire franc.

- Ça me rappelle les soirées camerounaises où tu croises des gens engoncés dans leur costume avec un cigare non allumé à la bouche. Si c’est ça être sûr de soi pardon, laisse tomber.

- Je t’avoue que je ne suis jamais parvenu à comprendre en quoi consistait le projet de ce type de personnes. Je me dis seulement que ce sont les comportements à la camerounaise.

- Mmmm... Tu as raison, c’est vrai que j’ai rarement observé ce type de comportements dans d’autres communautés africaines.

Il hocha la tête en signe d’assentiment.

- Tu as fréquenté quelle autre communauté ici? Demanda-t-il.

- J’ai une bonne amie gabonaise que j’ai rencontrée à la fac qui me traînait régulièrement à leurs

soirées. Et toi?

- Ivoirienne, Nigériane, Centrafricaine et Sénégalaise bien évidemment. J’ai aussi pas mal d’amis

Antillais mais bon, certains d’entre eux ont du mal à être assimilés à une communauté africaine.

- Wow! Tu es vraiment international alors ?! S’exclama t’elle, admirative.

Rachel trouvait tout d’un coup son expérience bien pauvre comparée à la sienne. Etant timide de nature, elle avait toujours eu du mal à aller vers les autres. C’est ainsi qu’à la faculté, s’étant retrouvée dans la même filière que ses trois anciennes camarades de Vogt Ariane, Gabrielle et Marina, elle n’avait pas vraiment fait l’effort de se faire d’autres amies. Seule l’exubérante Charmelle avait réussi à craquer sa carapace.

- J’ai toujours pensé qu’il fallait tirer avantage du fait que nous vivions hors de chez nous pour faire la connaissance d’autres communautés. C’est une opportunité qu’on a en vivant en France d’apprendre d’autres personnes. Je trouve dommage que certains d’entre nous soient toujours cantonnés au microcosme camerounais. Quelle est finalement notre valeur ajoutée si en étant ici, on reste entre nous sans essayer de découvrir ce que les autres ont à nous apporter ?

La jeune femme resta silencieuse quelques instants. Elle ne pouvait s’empêcher de faire la comparaison avec son propre entourage qui était majoritairement Camerounais.

- Tu as complètement raison, conclut-elle simplement.

L’après-midi passa en flèche si bien que lorsqu’à 20 heures, ils se retrouvèrent sur le pas de sa porte, Rachel eut du mal à réaliser. Elle hésitait à lui proposer d’entrer même si elle en mourrait d'envie, mais elle n’eut pas l’occasion de se poser plus avant la question. Une fois la porte ouverte, Seba était entré naturellement à sa suite et l’avait refermée derrière lui.

- Merci pour cette journée, j’ai vraiment passé un bon moment, commença-t-elle.

- Je t’en prie. Le plaisir était pour moi.

Il y eut un silence. Seba l’observait comme s’il essayait de deviner ce qui se passait dans sa tête. Elle soutint son regard sans ciller et, naturellement, ses pas la portèrent vers lui. L’instant d’après, ils s’enlaçaient fougueusement et s’embrassaient à en perdre haleine.

Ils basculèrent sur le canapé toujours soudés l’un à l’autre. Seba entreprit d’effeuiller savamment la jeune femme. À chaque partie de peau découverte, il déposait un baiser. Quand il libéra ses petits seins ronds et fermes, il marqua une pose. Les pointes noires fièrement dressées appelaient des caresses plus précises. Il lécha et aspira goulûment chaque pointe et entendit Rachel gémir de plaisir. Il continua son effeuillage en débouclant la ceinture de son pantalon jean, puis fit glisser le vêtement sur ses hanches. Il se décolla un instant d’elle pour l’aider à se débarrasser du vêtement. L'étroitesse du petit canapé rendait la tâche un peu ardue.

Elle était maintenant uniquement vêtue d’une culotte rouge au liseré en dentelle. Il parcourut du regard le corps de la jeune femme qu’il trouvait harmonieux et bien proportionné. Elle tendit les bras vers lui, l’invitant à la rejoindre mais il secoua la tête. Il voulait encore profiter du spectacle. Et surtout, il n’avait pas fini. Il lui écarta légèrement les cuisses pour se mettre à genoux au-dessus d’elle. Il commença par lui caresser le creux du genou, puis ses mains remontèrent sur ses cuisses et enfin, ses doigts se faufilèrent sous le fin tissu qui protégeait encore son intimité de son regard. Une fois la petite culotte enlevée, la toison noire lui apparut dans toute sa splendeur. Son érection qui s’était réveillée un peu plus tôt s’amplifia au point de devenir carrément douloureuse.

Il serra les dents pour juguler son désir. Il voulait prendre un peu plus son temps cette fois ci. Prenant appui sur ses coudes, il se pencha de nouveau vers la jeune femme et captura ses lèvres dans un baiser fougueux. Elle lui répondit avec une ardeur égale à la sienne en ondulant sous lui. Il délaissa sa bouche pour explorer de nouveau son corps. Après avoir titillé ses seins, sa bouche glissa le long de son ventre, puis sur son nombril, et enfin sur son mont de Vénus. Il la sentit retenir son souffle et alors, il écarta les pétales de sa fleur intime et donna un premier coup de langue. Un son étranglé s'échappa de la gorge de la jeune femme. Elle se mit ensuite à se tortiller dans tous les sens pendant qu’il s’appliquait à l’honorer de sa bouche. À peine quelques instants plus tard, le corps secoué de spasmes, Rachel jouissait en poussant un long cri ressemblant à un sanglot.

Pendant qu’elle reprenait ses esprits, il se déshabilla en vitesse puis s’allongea de nouveau contre elle. Ses petites mains glissèrent sur son torse et s’emparèrent de son sexe tendu. La caresse l’électrisa, il n’allait pas tenir longtemps s’il la laissait faire. Elle l’interrogea du regard quand il repoussa doucement sa main.

- Tu me tues ma chérie. Si je te laisse faire, je jouirai dans ta main, lui souffla-t-il en l’embrassant sur le bout du nez.

- Ne me dis pas que tu es un petit joueur? Le taquina t’elle d’un sourire sensuel. 

- Quoi? Gronda t’il faussement menaçant. Tu veux me mettre au défi on dirait.

En guise de réponse, elle haussa négligemment les épaules et prit à nouveau son membre, puis passa le bout de son ongle sur son gland humidifié. Seba était au supplice. Une simple caresse de Rachel le mettait à la torture. Il récupéra rapidement la protection qu’il avait eu la bonne idée de poser sur la table basse avant de se déshabiller et la déroula sur sa verge. Il marqua alors un temps d'arrêt, souda son regard au sien puis s'enfonça en elle d’une simple et longue poussée.

Elle poussa un cri de plaisir en fermant les yeux.

- Je veux que tu me regardes pendant que je te pénètre, murmura t’il. Ouvre les yeux pour moi.

 La jeune femme rouvrit ses yeux dans lesquels il put lire un plaisir aussi immense que le sien. Comme gonflé à bloc, il entreprit alors par des va-et-vient rythmés de les emmener vers les cimes de la jouissance. Sous lui, Rachel ondulait à chaque poussée en gémissant. Ses muscles intimes se resserraient autour de son membre, augmentant ainsi la pression. Il n’allait pas tenir longtemps à ce rythme songea t’il.

Il cessa ses mouvements et, de ses deux mains, plaqua le bassin de la jeune femme contre le matelas pour l’empêcher de bouger. Il s’efforça de reprendre son souffle pendant quelques instants, mais son amante ne l’entendait pas de cette oreille. Elle glissa une main entre eux et s’empara de ses bourses qu’elle fit rouler entre ses doigts. Le jeune homme eut le souffle coupé.

Pour se soustraire à ses caresses traîtresses, il lui empoigna les mains et les garda au-dessus de la tête. Les seins de la jeune femme s’offraient librement à lui, et il en tourmenta les pointes dressées de la langue sans pitié. Ce fut autour de Rachel de chercher son souffle en haletant comme un petit chien.

Avec habileté, Seba la fit pivoter de telle sorte qu’elle se retrouva au-dessus de lui, le chevauchant. La jeune femme posa alors les mains sur son torse et se mit à se soulever puis à redescendre en rythme avec lui d’abord lentement, puis de plus en plus vite. La voir ainsi au- dessus de lui telle une amazone sur sa monture amplifia son plaisir. Il observa Rachel qui les yeux fermés, se figea au-dessus de lui en poussant un long râle. L’instant d’après, il la rejoignait dans l’extase dans un dans grognement sourd.

Entre deux coeurs