Chapitre 11 : Déception amoureuse
Ecrit par Auby88
Dix ans plus tôt
Mélanie DALI
Le lendemain, comme prévu, Charles et moi nous nous voyons après les classes. C'est à contrecœur que David a accepté de nous laisser seuls.
Sur le tableau noir, je commence à résoudre un exercice de physique. Pendant que je m'efforce de lui donner des explications, je sens son regard plutôt posé sur moi que sur le tableau.
- Tu me suis vraiment ? finis-je par demander.
- Tu veux que je sois franc avec toi ?
Je hoche la tête.
- En réalité, j'ai prétexté avoir besoin de ton aide pour me retrouver seul avec toi. Car j'ai remarqué que t'as tout le temps la tête dans les cahiers.
- Je crois qu'il est préférable que je m'en aille.
Je sors ces mots sans même y croire.
Il retient mon bras.
- Je suis amoureux de toi, Mel !
Il prononce un diminutif de mon prénom avec tellement de douceur. Je m'efforce de ne pas laisser paraître mes émotions. Sans voix, je reste.
- Sache que je t'admire beaucoup pour ton assiduité exemplaire, ton intelligence débordante et ta simplicité.
Je l'écoute d’une seule oreille, mon esprit étant concentré sur son visage, sur ses fossettes qui se dévoilent encore plus quand il sourit. Dieu, qu'il est beau !
- Je ne … suis pas intéressée, Charles. dis-je en bégayant presque. Tout ce qui m'importe, ce sont mes études.
- Tu ne crois même pas ce que tu dis ! reprend-t-il en plongeant ses yeux perçants dans les miens. Je sais que tu ressens la même chose pour moi. J'ai bien vu la manière dont tes yeux sont rivés sur moi en classe. Et je sais qu'actuellement, tu trembles intérieurement.
En parlant, il approche ses lèvres des miennes. Je détourne mon regard et quitte précipitamment la salle. Je l'entends rire de ma stupidité. Dehors, je m'arrête contre un mur. Je repense à ses mots et je souris. "Il m'aime". Je regrette n'avoir pas répondu à son baiser.
Le soir au dortoir, le sommeil tarde à veni car mon âme est trop enthousiaste. Je repense aux propos de Charles. Combien précieuse, je me suis sentie près de lui ce matin ! Moi, que les autres filles critiquent, ridiculisent, traitent de "pas branchée" à cause de mes vêtements trop pudiques, qui, selon elles, me donnent l’air d’une religieuse ou pire d’une vieille fille.
Deux jours plus tard…
Je suis derrière le collège avec lui. Nous sommes dans un coin assez isolé, occupés à nous embrasser. Moment magique que ses lèvres posées sur les miennes. Baiser délicieux. Le premier de ma vie.
- Merci Charles, lui dis-je.
Il me sourit. De sa poche, il sort un joli bracelet.
- Tiens ceci, en gage de notre amour.
- C'est tellement beau !
Il m'aide à porter le bracelet puis m'embrasse à nouveau. Je suis aux anges. Il m'invite à monter derrière son scooter et nous partons faire une promenade romantique. Ensuite, il me dépose à quelques pas du foyer.
C'est ainsi que l'idylle qui demeurera secrète entre nous a commencé. Deux semaines plus tard, un samedi, il m'invitait à déjeuner chez lui. J'accepte d'autant plus qu'il m'a assuré que ses parents seraient présents. Aux responsables du foyer, je dis que je vais travailler en groupe.
Charles m'attend pas loin de là. Je monte derrière sa moto et nous finissons devant une belle maison à Fidjrossè. Je rêve moi aussi de pouvoir un jour vivre dans un lieu aussi splendide. Tout sent le luxe. Il m'introduit dans une grande dépendance à deux pièces qui semble être à lui et s'éclipse dans la pièce voisine. Il en ressort avec des cannettes de sucrerie bien fraîches. J'en prends une et l'ouvre. Des posters d'artistes, de femmes et de sportifs jonchent le mur du salon où nous sommes. Il me prie de m'asseoir dans le canapé et prend siège près de moi. Il m'explique que ses parents sont absents mais qu'ils ne devraient pas tarder. Je ne suis pas trop à mon aise, avec lui si proche de moi et nous deux seuls dans cette pièce.
Il entame avec moi une discussion sur tout et rien. Il me regarde avec des yeux coquins, des yeux qui me déshabillent. Très intimidée, je suis.
Vingt minutes plus tard, je me lève et demande à partir car tout commence à "brûler" en moi. Je n'ai point envie de faire une bêtise avec lui. Il se lève à son tour.
- Mais pourquoi veux-tu t'en aller ?
Je balbutie.
- Je ne pense pas que ce soit décent que nous soyons tous seuls ici.
- Mais nous sommes ensemble, Mel et nous nous aimons.
- Je dois m'en aller.
Il me retient par la taille et m'attire contre lui. Mes pieds semblent fondre sous moi.
- J'ai envie de toi, Mel !
- Laisse-moi partir, Charles.
Pour toute réponse, il approche ses lèvres des miennes et les y colle. Une décharge électrique me parcourt le corps. Je réponds à son baiser.
A l'oreille, il me murmure.
- Suis-moi dans ma chambre.
Je reste indécise, partagée entre l'envie de ressentir ce plaisir décrit dans les romans d'amour et les avertissements de David. Finalement, je cède et je le suis dans la chambre.
- Charles, je n'ai jamais eu de relation intime auparavant.
- Je sais. Il faut juste que tu te détendes et tout ira bien.
En parlant, il me sourit. Je lui souris en retour.
En quelques secondes, je me retrouve sur son lit, nue sous lui, ses mains se baladant sur mon corps, ses lèvres mordillant, titillant mes tétons. La douce sensation que je ressens ne sera que très brève. Ce loup affamé est plus pressé de me posséder que de faire durer les préliminaires. De toute façon, la naïve que je suis ne comprend pas grand chose à l'art de faire l'amour.
Il est sur le point de s'introduire en moi quand je l'arrête, lui rappelant de mettre un préservatif.
- Non, Mel. Tu n'as pas à t'inquiéter par rapport à cela. Tu ne risques rien la première fois. Détends-toi.
J'acquiesce. Je l'aime et j'ai confiance en lui.
Je m'ouvre doucement à lui. L'instant d'après, une douleur vive s'empare de moi. Mon entre-jambes semble en feu. Je le prie de s'arrêter mais il ne m'écoute pas. J'essaie de me dégager de lui, mais il semble plus fort. Au contraire, excédé d'entendre mes cris, il me presse une main sur ma bouche et continue de plus belle. Ses coups sont plus profonds, plus rapides, plus violents...
J'ai l'impression d'être déchirée de toutes parts. Figée sous lui, je reste attendant qu'il finisse. Mon calvaire n'aura duré que cinq minutes tout au plus. Mais pour moi, c'était une éternité. Il pousse un grogrement rauque et se retire de mon intimité. J'ai encore très mal et je sens que je saigne encore.
- Tu ferais mieux d'aller prendre une douche ! On dirait que tu as beaucoup saigné ! me lance-t-il.
- Je saigne encore, lui dis-je le regard comme vide.
- Arrête de faire cette triste mine, Mel. La première fois est toujours très douloureuse, tu sais !
- Je suppose mais cela semble tellement beau et plein de douceur dans les romans d'amour.
- Tout cela n'est que pure fiction, crois-moi. Allez, va te doucher. Je ne veux pas que mes parents te trouvent dans ma chambre. Je sors te prendre des serviettes intimes.
Tout doucement, je me lève du lit, le sexe encore en feu et me rends dans la salle de bain. Tout en laissant l'eau couler sur mon corps, je verse des larmes me demandant ce que je venais de faire. Je venais juste de me défaire de ma précieuse virginité, de la plus vile des manières.
Charles se ramène plus tard avec les serviettes intimes. Il ne me demande même pas comment je me sens. Il me presse juste. Il craint vraiment que ses parents me voient là. Je me dépêche autant que je peux, titubant quelque peu en marchant tellement j'ai encore mal. Il me dépose près du foyer et s'en va sans même me dire aurevoir. J'ai tellement honte de moi, honte de m'être donnée à lui si facilement. Dieu, que je l'aime !
Le lendemain, je saigne encore, même si c'est moins qu'hier. Charles reste distant de moi. Il semble beaucoup plus proche de Chimène, une allumeuse de la classe. Je ne comprends pas trop pourquoi il agit ainsi. David, quant à lui, semble fâché contre moi.
Deux jours plus tard, je saigne encore même si très peu. La situation entre Charles et moi ne s'améliore pas. Je me décide à aller lui parler. Les mots qu'il prononce résonnent comme un poignard dans mon cœur.
- Qu'est ce que tu as à me courir après, Mel ?
- Je veux juste…
Je n'ai pas le temps de finir ma phrase.
- Entre toi et moi, c'est fini ! me lance-t-il.
- Mais…
- Qu'est-ce que tu croyais ? Tu ne penses quand même pas que je me serais amourachée d'une mocheté comme toi. Regarde-toi.
- Alors tout n'était qu'un jeu pour toi ! "Mon soleil de minuit", "la prunelle de mes yeux" et toutes tes autres belles phrases n'étaient que du leurre, que des bla-bla-bla pour me mettre dans ton lit et éprouver ta virilité !
- Enfin, tu t'en rends compte. Eh bien oui, je voulais juste savoir ce que cela faisait de dépuceler une vierge naïve comme toi. Si tu veux, on s'y remet ce soir. Tu es tellement facile à baiser !
Je suis tellement bouleversée que je ne sais quoi lui faire. Je reste juste prostrée devant lui, les larmes coulant de mes yeux. Moi je l'aime de tout mon coeur, tandis que lui s'est simplement moqué de moi.
- Arrête de pleurer ! Tu n'es pas perdante dans l'histoire. Tu as eu des présents de ma part, grâce à moi tu as su ce que c'était d'embrasser un garçon et tu pourras à loisir te vanter d'avoir été dans le lit du beau et séduisant Charles da MATHA. Bonne journée !
Il s'en va. Je me laisse choir sur un banc près de là et fonds en larmes. De mon bras, j'enlève le bracelet qu'il m'a offert et le jette à terre. Je baisse la tête.
J'entends des ricanements autour de moi. Je lève la tête et vois un groupe de filles autour de moi.
- Regardez-la, commence Chimène. Elle joue à la fille modèle alors que ce n'est qu'une fille facile. Figurez-vous qu'elle est passée dans le lit de mon copain, Charles. Cette ringarde, nulle au lit, pensait pouvoir me le prendre.
De moi, elles continuent par se moquer. Je les regarde sans dire mot.
David passe parmi elles et vient s'asseoir près de moi.
- Bande de vautours ! Vous n'en avez pas assez de la martyriser !
- Monsieur son toutou, son garde du corps, avoue que toi aussi tu as un faible pour elle ! A présent que Charles est passé par là, tu peux te contenter des restes.
- Allez vous-en ! vocifère-t-il. Je me demande comment des filles de votre âge peuvent être si méchantes !
Elles finissent par s'en aller.
- Tu aurais dû m'écouter Mélanie. J'espère au moins que votre rapport était protégé.
Je secoue la tête.
- Il m'a dit qu'on ne risquait rien la première fois.
- Et tu as cru à cette bêtise malgré les sensibilisations sur la sexualité ainsi que nos cours sur la procréation et la contraception ? Je te rappelle qu'un seul contact sexuel suffit pour que tu contractes une maladie sexuellement transmissible ou une grossesse. Et il me semble trop tard maintenant pour que tu prennes la pilule du lendemain.
Je le regarde hébété. David est un homme, mais semble en savoir beaucoup plus que moi sur la vie et la sexualité. Sa passion pour le métier de docteur doit y être pour beaucoup dans tout cela.
- J'espère vraiment n'avoir ni l'un ni l'autre sinon je suis foutue, David.
- Ne dis pas cela. Tu pourras toujours compter sur moi. Il y a toujours solution à tout. Les amis sont faits pour s'entraider. Ne l'oublie jamais !
Je hoche faiblement la tête.
- Merci David.
- Allez viens.
Tout contre lui, je me blottis.