Chapitre 11 : Face à la réalité
Ecrit par Sandy BOMAS
VANESSA
Tout au long du trajet les paroles de Cynthia résonnaient en écho de ma tête :
« …. Fouiller dans les affaires d’Olivier pour trouver des preuves… »
L’idée de fouiner ne m’enchantait pas trop car je trouvais cela irrespectueux. Mais si je voulais tirer toute cette histoire au clair, il fallait bien faire une petite exception à la règle et mettre mes grands principes de côté pour une fois.
J’arrivais à la maison avant Olivier. « Le champ est libre ! » Je vais pouvoir inspecter les lieux rapidement.
Je me déchaussai à la hâte et me dépêchai de tronquer mon tailleur contre un débardeur et un pagne que je nouai à la taille. « Je serai plus à l’aise dans cette tenue pour jouer à l’inspecteur Colombo ».
Une fois dans la chambre je me demandais par où commencer. La pièce me paraissait soudain immense. « Allez ! On se motive Vanessa ! Tu as juste les deux penderies à retourner et quelques recoins à explorer » Olivier et moi avions chacun notre penderie, comme ça on pouvait ranger nos vêtements et y faire notre bazar sans déranger l’autre. Il avait également une mallette noire avec un digicode. Il m’a toujours dit que c’était des documents du travail qui s’y trouvaient. Et je le l’avais cru et n’y avais jamais touché.
« Bon je commence par regarder dans sa penderie …. »
La peur au ventre, je soulevais les vêtements empilés, regardais dans les housses de costumes, dans les boites à chaussures. J’avais au moins une trentaine de cartons à vérifier. « Comment un homme peut-il avoir autant de paires de chaussures ? » Je regardais bien dans chacune des boites, en prenant soin de soulever les chaussures une par une et en regardant bien à l’intérieur. « On ne sait jamais… »
Mon intuition m’ordonnait de creuser de ce côté. Après un quelques minutes d’investigation à fouiner dans les chaussures de monsieur, quelque chose retint mon attention au dernier carton : Un boite de préservatifs et de sous- vêtements féminins neufs. J’eus soudain trop chaud. Je me mis à trembler nerveusement.
Je saisis la télécommande du climatiseur qui était sur la table de chevet et mis le split en marche. « J’ai besoin d’air frais sinon je sens que je vais faire un malaise. Allez ! Ce n’est pas le moment de flancher. Et puis ils sont peut-être à moi ces sous -vêtements ? Olivier me prépare peut être une surprise... Qui sait ? »
Ce brin d’espoir qui venait de germer dans ma tête et dans mon esprit me fit penser que mon gars me préparait peut- être une soirée en tête à tête.
Je me précipitai sur les étiquettes des strings, soutiens gorge et shorties pour vérifier la taille. Je pouvais lire. « T .42 »
« Taille 42 ???!!! Ce n’est pas ma taille ! Je fais du 38 ! »
Je sentis mon sang se glacer dans mes veines. Je dégoulinais de sueur malgré la climatisation. Mon cœur cessa de battre quelques secondes. Puis se mit à cogner douloureusement dans ma poitrine. « J’ai mal, j’ai horriblement mal … » Mes yeux s’embrumèrent comme pour m’empêcher de voir la vérité en face. Folle de rage, je balançais toutes les boites à chaussures et leur contenu contre les murs. Déchainée je hurlais ma douleur, ma colère et ma déception.
« Des preuves ! Des preuves ! Il me faut d’autres preuves ! »
Comme une furie je me jetai sur la mallette noire, en essayant tous les codes que je jugeais plausibles. La date d’anniversaire d’Olivier, sans succès, ma date d’anniversaire « rien ! » le jour de notre rencontre « au vide ! ».
« Calme-toi Vanessa ! Réfléchis bien. Quelle combinaison de chiffres peut-il avoir utilisée ? »
J’essayai alors une autre combinaison : la date d’anniversaire de sa mère. « Bingo ! »
La mallette s’ouvrit sans se faire malmener une seconde plus. Fébrile, je farfouillais nerveusement, j’étais pressée de trouver des preuves accablantes et en même temps j’espérais ne rien trouver. « Au moins je pourrai prouver à Cynthia que ses soupçons étaient infondés… »
D’une main hésitante, je m’emparais de la grande enveloppe beige qui se trouvait dans la mallette noire. Le cœur battant je sortis le contenu de l’enveloppe. A l’intérieur de la grande enveloppe se trouvaient d’autres enveloppes plus petites. «Je ne suis pas d’humeur à jouer aux poupées russes, ce n’est pas le moment ! ». A cet instant je n’avais qu’une seule envie celle de déchirer toutes ces enveloppes pour accéder au contenu plus rapidement. Je renonçais à cette idée inspirais profondément, j’essayais de me maitriser tant bien que mal. J’ouvris la première enveloppe et en sortis un papier qui ressemblait à document médical. Du revers de la main j’essuyai machinalement les larmes qui faisaient une course endiablée sur mes joues. Le cœur battant à tout rompre je reconnu une …. Une échographie. « C’est une échographie !!! Oh Mon Dieu ! Le nganga avait donc raison il y a bien un enfant ! »
Le sol se perdait sous moi, mes jambes refusaient de me porter, mon corps entier était en proie à des spasmes que je n’arrivais pas à maitriser : j’éclatai en sanglots.
En pleurs, je continuai à ouvrir les enveloppes. Chaque découverte supplémentaire me faisait l’effet d’un poignard que je recevais en plein cœur. Lettre d’amour, carte d’anniversaire…
Sueur froides, chaleur, larmes.
Je ne me maitrisais plus. Je m’effondrai sur le sol et laissai ma tristesse s’exprimer à souhait.
« Et moi qui me disais que j’allais attendre encore un peu, que j’allais attendre encore un peu avant de faire un enfant à Olivier …. »
Les paroles de ma mère vinrent raisonner en échos dans ma tête : « Vanou qu’est -ce que tu attends pour me faire un petit fils ? »
Je n’avais pas entendu la voiture se garer dans le parking. Je n’avais pas non plus entendu la porte d’entrée s’ouvrir et encore moins celle de la chambre.
-Qu’est ce qui se passe ici ? C’est quoi tout ce bazar- là ?
Du haut de son mètre quatre- vingt dix, Olivier se tenait devant moi le visage fermé et l’air menaçant.
Sans attendre ma réponse il se précipita sur la mallette et m’arracha les enveloppes ainsi que leur contenu que je tenais encore dans les mains.
-Tu arrives trop tard Olivier, j’ai eu le temps de tout voir…dis-je d’une voix marquée par l’émotion.
Avec un calme que je ne saurai expliquer, je sortis de la chambre. J’avais à peine franchi le pas de la porte qu’Olivier me retint fermement par le bras.
-Tu vas où comme ça Madame ? Tu fouilles dans mes affaires et tu penses t’en tirer sans me donner d’explications ?
« Non mais je rêve ?! C’est le monde à l’envers là ?! Mais qu’est qu’il est en train de faire ? Il essaye d’inverser la situation ? »
-Olivier s’il te plait lâche-moi tu me fais mal. Tu me demande de te donner des explications mais tu es sérieux ? Quelles explications veux-tu que je te donne ? C’est plutôt à toi de me dire ce que ces préservatifs, ces sous- vêtements taille 42 cette échographie signifient. Dis-moi ce que tout cela signifie Olivier. Que dois-je comprendre ? Dis-je en brandissant le tout sous son nez. Peux-tu me donner une explication valable ? Peux-tu me dire ce que tout cela signifie ? Fis-je non sans trembler.
© PLUME 241
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