CHAPITRE 11: M'EN ALLER.

Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA

CHAPITRE 11: M’EN ALLER.


**CHARLY NANDA**


Je rentre dans ma chambre que je ferme derrière moi puis je vais m'enfermer dans ma salle de bain avant de glisser le long de ma porte et m'asseoir à même le sol en pleurant. Qu'est-ce que je croyais même ? Qu'il m'aimait pour moi ? Bien sûr que non, il ne voit en moi que sa femme morte, je ne suis rien d'autre que son sosie, une pâle copie. Il couchait avec moi et il pensait à elle. Mon Dieu que ça fait mal, j'ai tellement mal au cœur que j'ai l'impression que quelqu'un est en train de le piétiner . Je me tiens la poitrine et je presse un peu pour essayer d'atténuer la douleur mais rien n'y fait , au contraire la douleur semble s'accentuer. Je ressens l'envie de crier pour me libérer, alors je mets la main à ma bouche et mors dessus. Quand cette sensation se termine, je me remets à pleurer en silence pendant je ne sais combien de temps au point de m'endormir à même le sol sans m'en rendre compte. 

C'est la lumière qui entre par ma fenêtre qui me réveille et me montre qu'il fait déjà jour. Je me lève avec difficulté et je vais me poser devant le miroir. Je ne ressemble à rien, j'ai les yeux bouffis et rouge avec des cheveux en bataille. J'ai des maux de crâne qui ne disent pas leur nom et tout mon corps est courbaturé. Lorsque je regarde mon cou, je vois que j'ai des traces de succions, ce qui me rappellent la raison de mon état actuel. je me suis remise à pleurer. 


Je me suis mise à me déshabiller puis je suis allée dans la cabine de douche, j'ai ouvert le robinet et j'ai laissé l'eau froide couler sur mon corps pour se mêler à mes larmes. Je suis restée dans la douche un bon moment avant de sortir m'habiller puis me mettre sous les draps. Après quelque temps j'ai entendu des légers coups qu'on frappait à ma porte. 


Karly:  Maman, tu ne viens pas prendre ton petit-déjeuner ? 


Moi: ( Voix enrouée) Non ma chérie. Je n'ai pas faim. Va manger avec papa. 


Elle est partie rapporter la nouvelle à son père qui certainement l'avait envoyée. Je suis restée dans mes draps et j'ai continué à pleurer encore pendant une heure avant de me calmer. Je me suis mise à réfléchir à ce que j'allais faire. J'ai couché avec Bradley ça veut dire que ce n'est plus possible avec Kenji, de toutes les façons cette relation allait tout droit dans un mur. Comment vais-je faire pour le regarder en face ? Et tout ce monde qui me critiquait, comment vais-je pouvoir tenir face à eux en sachant que tout ce dont on m'accusait s'est finalement réalisé ? Et Karelle, mon Dieu, j'ai trahi notre amitié en couchant avec son mari. Et Bradley, comment vais-je encore pouvoir rester dans la même maison que lui après ce qui s'est passé entre nous ? Je ne pourrai pas me contenir et faire comme s'il ne s'était rien passé. Il faut que je m'éloigne d'ici pendant quelque temps et ça tombe bien parce que je dois justement faire un voyage la semaine prochaine. Ça me permettra de prendre un peu de recul et de voir clair surtout. Je suis restée à réfléchir pendant près de 2h quand Karly est venue frapper à ma porte.


Karly : Maman ? 


Moi: Oui ma puce. 


Karly: Je peux venir rester avec toi stp ? 


Je me suis levée et je suis allée lui ouvrir. Ensemble, nous sommes revenues sur le lit. Je me suis allongée alors qu'elle est restée assise à me regarder.


Karly: Maman, tu as pleuré ? 


Moi: Oui trésor.


Karly: Pourquoi? 


Moi: Parce que maman ne se sent pas bien. Elle est triste. 


Karly: Je te fais un câlin pour que tu ne sois plus triste ? 


Moi: Oui mon bébé j'ai besoin d'un câlin. 


Elle est venue me prendre dans ses petits bras, j'ai resserré l'étreinte tellement j'en avais besoin. 


Karly: Je t'aime maman. 


Moi: (Émue) Je t'aime aussi mon bébé, je t'aime tellement si tu savais, n'en doute jamais tu m'entends ?


Karly: Oui maman. 


Je lui ai fait un bisou sur le front. J'aime tellement cette petite, je l'aime plus que ma propre vie. Elle est mon point d'ancrage, la petite lumière dans les ténèbres de ma vie. Nous sommes restées l'une dans les bras de l'autre jusqu'à ce que le sommeil nous surprenne.


 Je suis réveillée par des bisous sur mon visage. J'ouvre les yeux et je rencontre les yeux rieurs de Karly au-dessus de mon visage et je me mets aussitôt à sourire. 


Moi: Tu t'es réveillée depuis ? 


Karly: Non. Je me suis réveillée parce que mon ventre a gargouillé. 


Et comme pour confirmer ses dires, il se remet à faire du bruit et le mien le suit automatiquement. Nous nous mettons à rire simultanément. Je jette un coup d'œil sur la montre et je constate qu'il est déjà 13h c'est donc normal que nous ayons faim, en plus je n'ai rien avalé depuis la veille.


Moi: Viens, on va aller trouver quelque chose à manger. 


J'avais un peu peur de croiser Bradley dans la maison mais Dieu merci, il m'avait laissé un mot au salon disant qu'il faisait une course rapide et qu'il voudrait que nous parlions lui et moi. J'ai rangé le papier et nous avons continué jusqu'à la cuisine où le repas était déjà prêt. Il avait cuisiné des blanquettes de poulet dans les haricots blancs et des aubergines dans le maquereau fumé. Comme accompagnements, il y avait du riz blanc, de la banane mûre et des tubercules de manioc. Au frigo il y avait une salade de fruits. Je ne l'avais peut-être pas mentionné mais Bradley savait cuisiner. Il ne le faisait pas souvent mais le jour où il le faisait c'était toujours bon. 

Nous nous sommes assises avant de manger dans la bonne humeur. Il est venu nous trouver à table, il nous a salué avant de s'asseoir pour manger lui aussi. Je sentais son regard sur moi mais je n'ai pas osé lever mes yeux dans sa direction jusqu'à ce que nous nous quittions la table. J'ai fait la vaisselle toute seule et je suis allée au salon où je l'ai trouvé assis avec Karly. J'ai voulu les dépasser pour aller dans ma chambre quand il m'a interpellée. 


Bradley : Charly stp attend, il faut que nous parlions. Nous devons clarifier la


Dring, dring, dring ? 


C'était son téléphone qui sonnait. Il a regardé l'appelant avant de décrocher. 


« Bradley : Oui Tony, tu dis quoi ? »


« …. »


« Bradley : Je suis à la maison. C'est pourquoi ? »


« ……….. »


« Bradley: Oh merde, j'avais complètement oublié cette réunion. C'est vrai qu'aujourd'hui c'est dimanche. Vous y êtes déjà ? »


« …… »


« Bradley : Ok, accordez nous quelques minutes, on arrive. Trouve nous une excuse là-bas pour justifier notre retard stp. On se met en route. »


« ……… »


« Bradley : D’accord. »


Après ça, il a rangé son téléphone en soupirant. C'est vrai qu'il y a la fameuse réunion chez les parents de Karelle aujourd'hui. J'avais aussi oublié cette histoire. Il avait dit 14h et il était déjà 14h15 nous sommes donc déjà en retard.


Bradley : La réunion, nous sommes 


Moi: (Le coupant) Je prends mes affaires et je reviens. 


J'ai entraîné Karly avec moi, je l'ai rapidement apprêtée, j'ai pris une sacoche où j'ai balancé mes papiers, un peu d'argent et mon téléphone et nous sommes redescendues. Il nous attendait dans sa voiture. Nous sommes montées et il a mis le cap pour Angondjé, précisément la deuxième cité où vivent les parents de Karelle . C'est également là que ma tante et sa famille habitent. Ce quartier me rappelle plein de mauvais souvenirs et revenir ici me met mal à l'aise, mais je n'ai pas trop le choix.

 Quand nous sommes arrivés dans la concession très grande mais pas totalement clôturée, il a garé et nous sommes descendus. Nous avons croisé un neveu de Karelle, le fils de Dimitri, son grand frère à la cour, ce dernier nous a salué chaleureusement et nous a informé que nous sommes attendus au salon. Nous nous sommes dirigés donc vers la porte qui était ouverte, avons cogné et sommes rentrés dans la salle où nous attendait une quinzaine de personnes visiblement contrariées par notre retard. 


Quand j'ai regardé cette assemblée, j'ai su automatiquement que rien de bon pour moi ne sortirait de cette réunion, alors je me suis mentalement préparé à encaisser les coups durs et essayer de protéger mon cœur dont les remparts avaient déjà été fissurés il y avait quelques heures seulement.

 Il y avait là le père et la mère de Karelle, ses deux sœurs, ses deux frères ainsi que deux de ses oncles; les parents de Bradley, un oncle à lui et Tony. Mais chose étrange que je ne comprenais d'ailleurs pas c'était la présence de ma tante, son mari et Ornie leur fille. Nous avons salué, nous nous sommes excusés de notre retard avant de nous asseoir sur les places qui nous étaient réservées c'est-à-dire au milieu. Tantine Chantal (TC) , la maman de Karelle a demandé à Karly d'aller dehors jouer avec les autres. Cette dernière m'a regardé pour avoir mon assentiment avant d'y aller. J'ai acquiescé en bougeant la tête et elle est partie. On a entendu des *Hum* bien sonore émaner de plusieurs endroits à la fois. 


Un des oncles de Karelle a pris la parole, il nous a remercié d'avoir pris le temps de répondre présent à cette réunion en dépit de nos programmes personnels et nous a dit que si nous étions là c'était à la demande de la maman de Karelle qui avait quelque chose d'important à nous dire ensuite il lui a donné la parole.


Tantine Chantal : Merci Roger et bonsoir à tous. Si je vous ai appelé aujourd'hui, c'est pour vous faire part d'une situation que je n'apprécie pas du tout. Je me rappelle que lors de la réunion après l'enterrement de ma fille  Karelle, Dieu ait son âme, Bradley mon beau-fils ici présent s'était catégoriquement opposé lorsqu'on lui avait dit que l'une des sœurs de Karelle viendrait s'installer dans sa maison pour s'occuper de la petite qui était encore trop jeune et avait besoin de l'amour d'une mère. Il avait dit qu'aucune femme n'allait rentrer dans la maison de sa femme et que lui-même pourrait s'occuper de sa fille. Nous avons tous boudé mais nous avons fini par le laisser faire parce que nous avons pensé qu'il avait certainement besoin de se retrouver tout seul avec sa fille pour faire son deuil. Je suis alors surprise d'apprendre qu'il a fait venir une femme dans la maison où il avait juré que jamais personne n'allait rentrer là-bas pour remplacer sa femme, une étrangère.


Bradley : (Intervenant) Sauf votre respect madame, jamais je n'ai envoyé une femme ou une étrangère dans ma maison.


M. NZIENGUI: Bradley tais-toi et attend ton tour pour t'exprimer. 


TC: Tu n'as pas envoyé une étrangère dans ta maison, celle qui est à tes côtés c'est qui ?


Bradley : Charly? Mais ce n'est pas une femme, en plus c'est la meilleure amie de Karelle. 


J'ai senti un "crack" dans ma poitrine, et le mur que j'avais érigé venait de subir une autre fissure. Donc pour lui je ne suis pas une femme. Ok !


TC: Ce n'est pas une femme, donc c'est un homme ? Ce n'est pas une étrangère ? 


Bradley : Mais elle 


M. NZIENGUI: (Grondant) Bradley. 


Ce dernier s'est tu et a laissé TC poursuivre dans sa lancée. 


TC: C’est la meilleure amie de Karelle et alors? On t'a dit que c'est mon enfant ? J'ai fait 5 enfants avec mon mari, deux garçons, trois filles dont l'une nous a quitté les autres sont là, tu as vu cette fille dedans ?



Karly: (Apparaissant) Maman? J'ai soif. 


TC: Vous voyez ce que je disais ? Vous croyez que c'est normal qu'elle appelle une étrangère maman alors que les sœurs de sa mère sont là? Elle a le titre de maman pour ma petite-fille par rapport à quoi ? Ma fille n'avait-elle pas de parents pour que ma petite-fille soit élevée par cette inconnue ? Et c'est même arrivé au point où elle chasse mes filles de la maison de leur propre sœur parce qu'elle est allée s'accrocher là-bas. (Me regardant) donc c'est ça que tu attendais ? Que ma fille meurt pour t'approprier sa maison, son mari et sa fille ? Cette fille, du vivant de ma Karelle, a causé beaucoup de disputes entre mes enfants, allant même jusqu'à entêter Karelle pour la pousser à se rebeller contre nous comme elle-même le faisait avec ses parents et c'est elle qui va élever ma petite fille, je dis jamais, moi vivante une chose pareille n'arrivera jamais. Vous ne la connaissez pas, ne suivez pas son visage d'ange là, elle est dangereuse. La preuve en est que dès que ma fille a tourné le dos, elle a sauté sur la première occasion pour coucher avec le mari de celle qu'elle appelait meilleure amie. Qui me dit même qu'elle n'a rien à voir avec la mort de ma fille ? Avec ce qu'on a entendu ici sur cette fille je parle là en présence de ses parents ils peuvent témoigner.


J'étais déjà touchée par les paroles de cette femme, mais quand ma tante a pris la parole pour enfoncer le clou mon mur n'a pas pu tenir. 


TS: Je suis d'accord avec ce que dit Chantal. La fille que vous voyez assise là est un véritable démon. Tout comme sa sorcière de mère avant elle, partout où elle met les pieds, elle emmène toujours les disputes et la division. À la mort de ses parents, feu mon pauvre grand frère que sa mère avait déjà entraîné dans les sectes à cause de son goût  poussé pour l'argent , je suis allée chercher cette petite à Port-Gentil, malgré le refus de mes autres parents qui m'avaient averti que cet enfant n'était pas simple, je l'ai ramenée ici dans ma maison et l'ai élevée comme mon propre enfant. Ce que cet enfant est venue me montrer ici à Niambiè Rera, les choses de la sorcellerie. Elle a semé la zizanie entre ma fille ici présente et son frère, ensuite entre mes enfants et moi pour finir avec mon mari (montrant mon oncle) et moi. Elle est allée jusqu'à l'accuser de viol alors qu'elle s'était faite coucher par les petits du quartier avec qui elle traînait. Non contente de tout ceci, elle a essayé un jour de le poignarder avec un couteau parce qu'il avait refusé ses avances avant de disparaître dans la nature pendant près de 2 ans. Entre-temps ma fille avait rencontré un homme bien avec qui elle cheminait, un jour elle était rentrée à la maison en pleurant me disant que le jeune homme en question lui avait dit que c'était fini sans aucune raison valable. Une semaine après, cette petite revenait à la maison un bon matin pour nous dire que quelqu'un viendrait avec sa famille pour faire les présentations. Malgré tout ce qu'elle nous avait fait subir avant, nous avons quand même accepté de recevoir l'homme en question et sa famille. Quelle ne fut pas notre surprise en constatant que le fameux Fiancé était alors l'ami de sa sœur. On ne savait pas par quelle magie elle avait fait pour le rencontrer, le convaincre de laisser sa sœur jusqu'à le persuader de l'épouser . Si ce n'est pas de la sorcellerie, c'est quoi ? Entre-temps on a appris par les gens que l'avocat de ses parents, un rosicrucien, avait repris contact avec elle pour lui remettre les affaires de son père et comme par hasard son fiancé meurt 2 semaines après qu'elle ait repris contact avec lui dans des conditions bizarres. Elle était restée enceinte du pauvre monsieur et après son accouchement elle a aussi sacrifié son enfant avant de fuir hors du pays. Donc ça ne peut même pas m'étonner d'apprendre ici que c'est elle qui a tué Karelle et si j'étais vous je ne laisserais pas ma petite fille entre les mains de cette sorcière. Si même son propre enfant, elle l'a sacrifié, ce n'est pas l'enfant de quelqu'un d'autre qu'elle ne fera pas. 


C'était plus que ce que mon cœur pouvait supporter, les larmes que j'avais essayé de retenir se sont mises à couler le long de mes joues. j'ai relevé ma tête et le seul regard compatissant que j'ai croisé était celui d'Antony. Je me suis levée et je suis sortie en courant de la maison. J'ai entendu derrière moi. 


TS: Oui c'est ça, fuit comme toujours, espèce de suppôt de Satan. 


Karly: (Pleurant) Maman. 


Mme NZIENGUI: Bradley rassois-toi sur cette chaise immédiatement. 


Je suis arrivée à la route, j'ai arrêté le premier taxi qui passait et lui ai proposé une somme astronomique pour qu'il me dépose chez Bradley. Une fois sur place, j'ai essuyé mes larmes , je suis montée dans ma chambre, j'ai ramassé une petite valise, j'y ai mis tous mes papiers importants, quelques tenues, j'ai ramassé mes clés de voiture et je suis partie de là-bas sans destination fixe. 


J'ai roulé pendant longtemps avant d'aller garée devant le portail de Tonton Étienne, l'avocat de mes parents, mon avocat qui est devenu avec la force du temps mon oncle. Je suis descendue et je suis allée sonner. Le gardien qui m'a reconnu m'a laissé entrer sans difficulté. Je suis allée frapper à la porte et c'est tantine Henriette, sa femme qui a ouvert. Dès que je l'ai vu je n'ai pas pu m'empêcher de m'écrouler sur elle en pleurant.


TH: (Me tenant de toutes ses forces pour me faire rentrer) Eh ma puce, que t'arrive t'il ? (Criant) Étienne ? Étienne ? 


TE: Oui ? 


TH: Viens vite stp. 


Elle m'a conduit jusqu'à sur les fauteuils et m'y a assise. TE est venu me trouver assise dans son salon en train de pleurer comme si on m'avait battu, ils étaient tous les deux dépassés. Je ne parlais pas et je n'arrêtais pas de pleurer. Ils savaient que dans cet état ils n'obtiendraient rien de moi. Tantine Henriette m'a alors conduit dans la chambre que j'occupais avant quand j'habitais ici avant de ressortir.

 Je me suis assise sur le lit et je me suis recroquevillée sur moi-même en continuant de pleurer. Ces gens sans même me toucher m'avaient fait beaucoup plus de mal que les fois où ils me battaient . Mon cœur était profondément meurtri et toutes les émotions que j'avais refoulé toutes ces années sont remontées à la surface et sont venus me compresser la poitrine. 


Je pleurais à nouveau la mort de mes parents, je les haïssais d'être morts tous les deux dans cet accident en me laissant à la merci de tous ces gens qui m'avaient insulté, battu, violé et malmené alors qu'ils étaient censés me protéger d'eux. Je pleurais et haïssais Colt, mon fiancé qui m'avait redonné goût à la vie avant de m'abandonner lui aussi à une semaine de notre mariage avec un bébé dans le ventre puis d'être revenu le prendre après sa naissance. Je pleurais et haïssais Karelle de m'avoir forcée à devenir son amie, d'avoir mis un peu de sel dans ma vie et de me lâcher elle aussi en me livrant à sa famille.


 Une douleur indescriptible est partie de mes entrailles pour venir se bloquer à ma gorge, il fallait que je crie pour me libérer sinon j'allais mourir. Alors je me suis allongée et j'ai enfoncé ma tête sur deux oreillers que j'avais superposés afin de crier ma peine, ma frustration, ma colère, ma douleur et ma solitude dessus. Je l'ai fait encore et encore jusqu'à ce que je me calme. Je me suis retournée et j'ai continué à pleurer en silence jusqu'à ce que le sommeil m'a emporté.


 Quand j'ai ouvert les yeux, j'avais des migraines atroces et il faisait nuit noire. J'avais une couverture posée sur moi et mes affaires que j'avais laissées dans la voiture étaient posées près du lit et sur la tablette. Le téléphone s'est d'ailleurs mis à sonner, j'ai regardé et c'était Bradley. J'ai coupé l'appel et j'ai constaté que j'avais près de 100 appels en absence et les messages de Bradley, Kenji, Anthony, Jenny et même de James. Je les ai tous ignorés et j'ai éteint mon téléphone non sans regarder l'heure, il était 21h. J'avais dormi pendant 4 heures de temps. Je me sentais vidé de toute émotion, de toute volonté. 

Je suis descendue du lit, j'ai fait un tour à la douche pour me rincer le visage et je suis allée au salon. Je les ai trouvés tous les deux assis devant la télévision. Quand ils m'ont vu ils l'ont éteint et m'ont demandé de m'asseoir ce que j'ai fait. 


TH: Ça va mieux? 


Moi: ( Voix à peine audible) Oui. 


TH: Tu veux en parler ?


Moi : Non. 

TH: (Soupirant ) Tu veux au moins manger quelque chose ? 


Moi: Non. 


TH: Alors que veux-tu ?


Moi : Je veux partir d'ici. 


TH: Tu veux qu'on aille te déposer à la maison ? 


Tonton Étienne qui jusqu'alors était resté silencieux ait intervenu. 


TE: Elle veut voyager Henriette.


TH : (Surprise) Oh. Comment ça ?


TE: Ne pose pas trop de questions, sache juste qu'elle a besoin de partir d'ici. (À moi) Demain à la première heure tu partiras d'ici. 


Il s'est levé et a quitté la pièce, laissant une tantine Henriette confuse. J'aimais ce monsieur d'une soixantaine d'années, il me comprenait sans que je n'ai besoin de dire quoi que ce soit. Il savait se taire et parler quand il le fallait. C'était une oreille attentive lorsqu'il fallait écouter. Il savait que je ne voulais pas parler, il respectait mon silence et je l'en remerciais. Le lendemain à la première heure, comme il l'avait dit, j'étais dans l'avion en route pour le Canada...


LE MARI DE MA MEILLE...