CHAPITRE 113: PARLER AUX ENFANTS.
Ecrit par L'UNIVERS DE JOLA
CHAPITRE 113 : PARLER AUX ENFANTS.
**LESLIE OYAME**
Mfoula vient de rentrer de sa sortie et il nous a trouvés devant l’écran avec les enfants. Il m’a embrassée sur la bouche avant de s’asseoir sur le canapé à côté de ma chaise roulante et il l’a légèrement décalé pour que je me retrouve de profil.
Moi : (Souriante) Tu aimes la provocation Mfoula et ce devant témoin.
Arsène : Les témoins sont où ? Qui a vu ?
Les enfants : (En chœur) Personne.
Moi : Regardez moi des traitres comme ça.
Amour : (Riant) Papa ne t’a rien fait maman.
Moi : (Souriant) Continuez hein, je trouverai bien des alliés dans cette maison un jour.
Arsène : (Souriant en caressant mon ventre) Tu peux toujours courir mon cœur.
Moi : Hum. Ça a été ta sortie avec les gars ?
Arsène : Oui. Ils vous passent d’ailleurs le bonsoir.
Moi : D’accord. Tu as mangé dehors ? On t’attendait pour passer à table.
Arsène : Ma femme est à la maison mais je mange dehors ?
Moi : (Souriant) Ça c’est pour dire non ?
Arsène : Femme nourrit ton homme.
Les enfants ont éclaté de rire devant l’expression théâtrale qu’il a pris. J’ai apprêté la table avec les enfants et nous avons dîné dans la bonne humeur. Lucrèce a débarrassé et fait la vaisselle avec ses frères qu’on essaie de plus en plus à impliquer dans les tâches ménagères. Arsène et moi nous sommes allés dans notre chambre.
Arsène : (Tirant mon fauteuil en face de lui) J’ai l’intention de prendre contact avec le professeur NDZAMBA par rapport à ce qu’il nous avait dit à l’hôpital. Depuis là je n’en ai pas reparlé parce que je voulais prendre le temps de digérer cette information puis réfléchir à la bonne démarche à suivre. Je n'avais pas envie de prendre une décision à la hâte et prendre le risque de nous exposer avec les enfants. Je ne te cache pas que je suis toujours complètement dépassé par cette situation mais je suis prêt à faire ce qu’il faut, pour toi, pour moi, pour les enfants et pour nos familles respectives. Alors si pour ça, il faut qu’on aille voir cet homme qui a l’air de s’y connaître dans ces choses, nous le ferons si bien-sûr tu es d’accord.
Moi : Je le suis. Et vraiment merci pour tout.
Arsène : (Caressant mon visage)Tu n’as pas à me remercier, on est dans le même bateau. Si tu cognes ton orteil, c’est moi qui ai mal.
Je lui ai souri.
Moi : Tu veux faire ça quand ?
Arsène : Après que tu aies réglé tes comptes avec les NGUEMA, je veux que nous commencions ce travail en étant libéré de tout fardeau pour être pleinement concentré.
Moi : D’accord. Et je vois les NGUEMA quand ?
Arsène : Si tout va bien, cela se fera le weekend prochain. J’en ai parlé avec Ebouma ce soir et j’attends son retour. Dès que je serai fixé dessus, je vais te confirmer ça.
Moi : De mon côté je pourrai en parler avec Kelly.
Arsène : Oui, c’est une bonne idée. Essaie de caler le truc pour le samedi prochain.
Moi : D’accord. Il faudra prévenir tes parents.
Arsène : Tu veux qu’ils assistent à cette réunion ?
Moi : Oui. Tu sais que depuis cet incident, c’est assez tendu. J’ai envie de régler ça.
Arsène : D’accord.
Moi : Tu crois qu’on devrait aussi en parler avec les enfants ? Avant les jumeaux parlaient énormément de Derreck et Lucrèce de Sasha mais depuis l’incident plus rien.
Arsène : Je n’y avais pas pensé mais c’est possible qu’ils éprouvent un ressentiment à leurs égards et à celui de leurs parents. Si j’ai pu le ressentir, il se peut que cela soit aussi leur cas. On peut toujours chercher à savoir ce qu’ils en pensent et voir comment recadrer les choses par derrière si jamais il faut le faire.
Moi : On le fait ce soir ?
Arsène : Oui, allons-y.
Il s’est levé et a retourné mon fauteuil avant de me pousser vers la sortie. Lucrèce s’apprêtait à rentrer dans sa chambre.
Moi : Lulu où sont tes frères ?
Lucrèce : Ils sont en train de se brosser les dents dans leurs chambres.
Moi : Quand ils vont finir, venez tous les trois en bas, ton père et moi on vous attend.
Lucrèce : D’accord.
Nous avons continué jusqu’au salon et nous nous sommes installés pour les attendre. Ils nous ont rejoint 5 minutes plus tard.
Arsène : Asseyez-vous. (Ce qu’ils ont fait) Maman et moi on aimerait vous parler de l’accident qu’elle avait eu.
Les jumeaux : Là où elle a failli mourir ?
Arsène : Oui.
Aimé : À cause de tantine Kelly, tantine Jennifer et l’autre monsieur là qui avaient dit les mauvaises choses sur maman l’autre jour.
Arsène et moi on s’est regardé
Amour : Je ne les aime plus.
Arsène : (Regardant Lucrèce) Toi aussi c’est la même chose ?
Lucrèce : Oui. À cause d’eux maman a failli mourir et elle est obligée d’être bloquée sur ce fauteuil (Coulant des larmes) Je les déteste tous, tous autant qu’ils sont. Et j’espère qu’une voiture va aussi les tamponner.
Elle parlait en tremblant et on pouvait lire de la colère dans ses propos. Je l’ai tiré à moi pour la serrer dans mes bras pendant un long moment en pleurant jusqu’à ce que nous nous calmions toutes les deux.
Moi : (Essuyant son visage) Écoute ma puce, je ne veux pas que tu gardes de telles sentiments en toi car ce n’est pas bien. Ce qui s’est passé ce jour était un accident, personne ne savait que cette voiture allait me cogner, personne ne voulait ça.
Lucrèce : S’ils ne t’avaient pas insulté tu ne devais pas fuir et la voiture ne devait pas te cogner.
Moi : C’est vrai. Mais tu sais, j’avais fui ce jour parce que j’avais honte. J’avais honte de moi, honte de ce que j’avais fait, honte parce que je savais que ce qu’ils avaient dit ce jour était vrai.
Amour : Tu n’es pas une sorcière maman.
Aimé : Et le diable.
Moi : (Souriant faiblement)Non, mais j’ai fait beaucoup de mauvaises choses avant. Vous vous rappelez quand on habitait encore tous à Atsimi-Tsoss, avant que votre père n’arrive ?
Eux : (En chœur) Oui.
Moi : Comment est-ce que j’étais ?
Eux : (Silence)
Moi : Ne vous inquiétez pas vous pouvez parler, je veux juste vous faire comprendre quelque chose.
Aimé : Tu criais beaucoup.
Amour : Tu insultais les autres et puis tu nous tapais aussi.
Lucrèce : Tu étais toujours fâchée et on avait peur de toi. Tout le monde disait du mal de toi.
Moi : Est-ce que ces gens avaient tort de dire ça sur moi ?
Eux : (Silence)
Moi : Vous savez que même s’ils ajoutaient beaucoup de choses sur moi qui n’étaient pas vrai, il y a d’autres qui l’étaient, n’est-ce pas ?
Eux : Oui.
Moi : Durant cette période je n’étais pas bien et je ne me sentais pas bien c’est pourquoi je me comportais mal. Malheureusement, je ne me suis pas mal comportée seulement avec les gens du quartier, j’avais commencé bien avant avec tantine Kelly, tantine Jennifer et leur famille. Avant, Kelly et moi on était des meilleures amies. On avait grandi dans le même quartier et j’étais devenue comme un membre de sa famille, tout le monde me connaissait chez elle et on était comme des sœurs. Mais à un moment j’ai fait beaucoup de mauvaises choses à Kelly et sa famille. À cause de moi, tantine Linda et tonton Benjamin, vous les connaissez n’est-ce pas ?
Eux : Oui.
Moi : Ils ont tous les deux failli mourir par ma faute et leur bébé est mort. J’ai fait beaucoup d’autres choses pour leur faire du mal et un jour ils ont tous découvert. Ils ont découvert que c’était moi qui faisait ça et ils m’ont appelé pour me demander pourquoi je leur avais fait toutes ces mauvaises choses alors que eux ils m’aimaient comme leur sœur. Vous savez ce que j’avais fait ce jour ?
Eux : Non.
Moi : Je les avais insultés. Au lieu de m’excuser je les avais insulté avant de partir de chez eux. Si vous étiez à la place de tantine Kelly et que vous aviez votre amie que vous aimiez de tout votre cœur et qu’après vous apprenez que votre amie faisait des choses pour faire du mal à votre famille, qu’est-ce que vous devriez faire ?
Lucrèce : Je devais être fâchée contre elle et ne plus lui parler.
Moi : C’est ce qui s’est passé. Kelly et sa famille s’étaient fâchées contre moi et on ne s’était plus jamais revus jusqu’à l’anniversaire de Sasha la dernière fois. Vous comprenez maintenant pourquoi ils avaient réagi de la sorte en me voyant ?
Eux : Oui.
Moi : Ils pensaient que j’étais toujours mauvaise comme avant.
Aimé : Mais tu n’es plus mauvaise maman.
Moi : Je sais mais eux ils ne le savaient pas parce qu’on ne s’était plus jamais revus.
Lucrèce : Pourquoi tu leur as fait du mal ?
Moi : (Essuyant une larme de mes yeux)Parce que j’étais jalouse et je voulais avoir tout ce qu’ils avaient. Eux ils étaient riches et avaient tout ce qu’ils voulaient alors que moi je n'avais rien (essuyant une autre larme) alors j’ai commencé à avoir des mauvaises pensées et j’ai fait des mauvaises choses. Aujourd’hui je le regrette et je sais que ce n’était pas bien. Que ce n’était pas bien d’envier les autres, ce n'était pas bien d’être jalouse et ce n’était pas bien de penser à mal sinon on devient très vite une mauvaise personne et on fait des mauvaises choses. Vous comprenez ?
Eux : Oui.
Moi : C’est pourquoi je ne veux pas que vous soyez fâchés contre eux ou leurs enfants parce qu’ils ne m’ont rien fait, au contraire c’est moi qui leur ai fait du mal avant, d’accord ?
Eux : D’accord.
Moi : Votre père et moi les avons invité à la maison et ils viendront certainement la semaine prochaine. Je vais profiter pour leur demander pardon pour ce que j’ai fait avant. Quand ils seront là je ne veux pas que vous vous comportez mal envers eux mais que vous les voyez comme avant parce que ce sont de bonnes personnes.
Eux : D’accord.
Moi : Vous me promettez de ne plus être en colère ?
Eux : Oui.
Ils sont venus tous les trois me faire des câlins et je leur ai fait des bisous sur le front en les gardant près de moi. Les bébés se sont mis à bouger dans le ventre et ils l’ont ressentis.
Aimé : (Souriant) Maman ton ventre a bougé.
Moi : Je sais. Vos petites sœurs sont contentes parce que vous n’êtes plus fâchés.
Les jumeaux : C’est vrai maman ?
Moi : Oui. Touchez et vous allez voir comment elles sont contentes.
Ils ont mis les mains et les petites ont donné d’autres coups, les laissant totalement émerveillés. Nous sommes restés une heure de plus avant qu’ils n’aillent dans leur chambre. Arsène est allé avec les garçons et moi avec Lucrèce. Elle s’est assise sur le lit et moi en face d’elle. Nous nous sommes fixées en silence pendant un bon moment avant que ses larmes ne se remettent à couler. Je l’ai attiré dans mes bras et l’ai laissé pleurer le temps qu’il fallait jusqu’à ce qu’elle se calme toute seule.
Moi : (Lui caressant la tête) Ne t’inquiètes pas pour moi ma puce tout va bien se passer pour moi et je vais me lever de ce fauteuil d’accord ?
Lucrèce : (Reniflant) D’accord maman.
Moi : Et par rapport à ce que les gens ont dit au quartier cette journée, je ne veux plus que ça te touche, laisse les parler. C’est la jalousie parce que tout le monde s’attendait à ce que tu n’aies aucun avenir et que tu restes la petite fille qui a fait des erreurs avant, voilà pourquoi ils continueront à dire des conneries mais tu sais quoi ?
Lucrèce : (Bougeant négativement la tête)
Moi : On s’en fout de ce que les gens pensent de nous, nous on va vivre notre vie et continuer à briller. Tu es notre fille et tu auras la vie que tu mérites en tant que telle, est-ce que tu comprends ?
Lucrèce : Oui.
Moi : Tu vas continuer à avoir de beaux vêtements, rouler dans des grosses voitures et même voyager. Tu auras toutes ces choses parce que c’est Dieu qui l’a voulu ainsi. Si je suis allée vivre à Atsimi-Tsoss c’était pour récupérer ma fille que Dieu avait laissé là-bas, c’était pour te récupérer parce que ta vie n’était pas dans ce quartier, tu comprends ?
Lucrèce : Oui.
Moi : Tu n’as pas à te sentir coupable de quoique ce soit. Ce n’est pas de ta faute si c’est toi qui vit ça et non les autres, tu n’es pas responsable de la vie que tes frères et tous les autres enfants du quartier ont décidé de vivre, toi vis ta vie et devient quelqu’un. Tu comprends ?
Lucrèce : Oui.
Moi : Pour ce qui est de Benoît, même si ça fait mal de le voir comme ça mais ne t’inquiètes pas, Dieu lui-même sait ce qu’il fera de lui. Continue toi à faire ta part, celle d’un enfant. D’accord ?
Lucrèce : D’accord maman.
Moi : Quand tu seras en voyage, je veillerai à ce qu’il ait toujours de quoi manger.
Lucrèce : Merci maman.
Moi : De rien chérie. Vide ta tête et sois tranquille. Je t’aime.
Lucrèce : (Resserrant son étreinte) Je t’aime aussi maman.
Moi : Allez, va rincer ton visage et te brosser, tu vas te mettre au lit. Demain on va recevoir des invités à la maison et tu vas m’aider à tout préparer.
Lucrèce : D’accord.
Moi : Bonne nuit ma puce.
Lucrèce : Bonne nuit maman.
Je suis sortie de sa chambre pour la mienne et Mfoula y était déjà en serviette, il m’attendait pour aller ensemble à la douche.
Arsène : Elle va mieux ?
Moi : Oui.
Arsène : Je suis content que tu aies eu cette discussion avec eux, cela nous aurait certainement causé des problèmes plus tard.
Moi : Je sais.
Arsène : Et je suis fière du fait que tu aies pu te mettre à nu devant eux pour qu’ils comprennent les choses, tu es une grande femme Leslie.
Moi : (Souriant légèrement) Merci.
Arsène : On va se laver ?
Moi : Oui mais avant j’aimerais te dire que demain Lauria et Loyd seront là avec les enfants, ils viendront après l’église.
Arsène : Il n’y a pas de problème.
Moi : Lauria viendra avec son mari.
Arsène : Il est de retour ?
Moi : Oui. Quand tu es sorti tout à l’heure , Lauria m’a appelé pour me le dire. Apparemment il est rentré depuis presqu’un mois maintenant et ils se sont revus par hasard mardi dans un restaurant.
Arsène : Et la relation a repris ?
Moi : Je ne sais pas trop. Elle m’a dit qu’il a eu un souci avec sa famille et que pour l’instant ils sont tous au Beauséjour.
Arsène : (Silence)
Moi : Je ne sais pas vraiment ce qui se passe mais elle a dit qu’elle m’expliquera tout demain.
Arsène : Je vois.
Moi : J’aimerais profiter de cette occasion pour m’entretenir avec Princy par rapport à ce qui s’est passé entre nous. Je ne sais pas si tu as envie d’être présent ou non.
Arsène : Je pense que c’est quelque chose qui vous concerne tous les deux et il serait plus juste que vous le fassiez ensemble, je ne prendrai pas part à cette discussion.
Moi : D’accord. J’espère que cela ne te dérange pas ?
Arsène : Non. Mettez les choses au clair, c’est mieux pour tous.
Moi : D’accord .
Arsène : On peut maintenant aller à la douche ?
Moi : Oui.
Il m’a aidé à me déshabiller avant de me porter jusqu’à la douche. Nous avons pris notre bain et nous nous sommes mis au lit.
Arsène : (Derrière moi) Bonne nuit ma douce.
Moi : Bonne nuit Archy .
Nous avons sombré dans les bras de Morphée (…)
Ce matin nous nous sommes levés très tôt et après le petit déjeuner, Lucrèce et moi sommes passées en cuisine pour tout apprêter. Arsène a fait quelques courses avec ses fils pour la boisson et quelques petits condiments dont on avait besoin avant de revenir. Tout était prêt pour 14h et ils sont venus trente minutes après. Princesse a directement couru dans les bras d’Arsène en l’appelant papa à l’instant où ils sont rentrés dans la maison. À l’expression de visage qu’avait Princy, ça se voyait qu’il était très surpris par cette scène…