Chapitre 12

Ecrit par EdnaYamba

 

Chapitre 12

-         Y a une chose que je ne comprends pas, pourquoi si tu es si jolie tu te négligeais comme ça la dernière fois ?

Il est sourd ou il fait  exprès de n’avoir pas écouté ce que je lui ai dit. A quel moment lui ai-je dit que je voulais continuer la conversation avec lui et lui donner même des explications, Franchement. Et il ne s’arrête pas.

-         Franchement tu es très belle comme ça ! comparé à la dernière fois, rien à voir vraiment rien à voir !

-         Tu peux te taire ! lui dis-je, et t’en aller !

-         En tout cas, ne change pas !  

Il tourne les talons et s’en va.

Ya vraiment que les gabonais pour être aussi arrogants. N’importe quoi ! il se prend même pour qui ?

C’est Lydie qui en rigole quand je lui raconte la scène.

-         Tu as le cœur qui pique hein ? me dit-elle

-         Arrête –ça, lui dis-je ce n’est pas drôle !

-         Désolée, mais avoue quand même qu’il a raison, tu es très belle comme ça. on peut donc lui dire merci car grâce à lui tu as ouvert les yeux !

-         Pfff .  Sinon j’étais venue te donner l’argent pour la tontine.

Je lui tends ma part.

-         C’est toi qui prends bientôt. Me dit-elle,

200000Fcfa pour la première fois de ma vie, c’est certes peu pour ce qu’on veut entreprendre mais on va mettre de côté et refaire une autre tontine pour amasser, ce qu’il faut. Je ne pense plus qu’à ça, je croise les doigts.

Quand j’arrive à la maison, une surprise m’attend. C’est ma petite sœur Mireille qui est là. Je suis tellement contente de la voir. On s’embrasse en pleurs. Je la regarde et j’ai l’impression d’avoir non pas une jeune fille de 16 ans mais plutôt  de 17-18 ans, on croirait qu’on a le même âge. Qu’est-ce qu’elle a mûri en si peu de temps.

C’est comme si ça faisait une éternité qu’on avait été séparées.

Je l’entraine dans la chambre où nous pleurons un moment la mort de mamie, elle qui n’avait pas pu être là à ses obsèques.

Elle essuie les larmes, en m’expliquant que la tante lui avait permis de monter pour sur Libreville vu qu’elle n’était pas en classe d’examens, et qu’elle avait brillamment réussi en classe. Je suis fière d’elle, e savais qu’elle y parviendrait, je suis d’autant plus contente de ce qu’elle est bien traitée.

-         Ce n’est pas tous les jours facile, mais ça va, elle me traite bien !

-         Tu as tellement grandi Mireille, lui dis-je

-         Et toi, tu n’as plus rien à voir avec l’Isabelle du village, tu es tellement belle ! elle est où ma nièce que je n’ai pas encore vu.

Grace arrive au même moment en pleurs et vient  s’agripper à mon pied.

-         Elle pleure pourquoi ? demandé-je à mon neveu.

-         Elle pleure parce que papa a soulevé junior et ils sont sortis !

Je regarde les larmes qui coulent des yeux de mon enfant. Se rend-t-elle compte que Richard bien qu’il l’aime ne la traite pas comme il traite junior son dernier à peine plus âgé qu’elle de deux ans. Je la prends dans mes bras pour la calmer un peu.

Quand je pense que son père est quelque part dans Libreville à faire la java. Mais le second nom de Dieu c’est le temps.

-         Donne –la-moi !

Mireille tend les bras vers Gracie qui n’a jamais été une enfant difficile , à refuser tout le monde. Elle accepte et passe de moi à Mireille qui lui chante une berceuse qui la calme, elle dépose sa tête sur sa tante et met son pouce à la bouche en reniflant.

-         J‘imagine que quand ils verront cet enfant, ils comprendront qu’ils t’ont maltraité pour rien, dit Mireille qui constate, elle aussi que la petite a tout pris des BOUMI.

-          Ce sera à leur honte, mais je ne veux plus en parler ! dis-je, ne voulant pas me rappeler tout ce par quoi je suis passée.

-         Je comprends mais y a une chose qu’il faut que tu saches yaya, je ne sais pas si tu le sais.

-         Quoi ? demandé-je alors qu’elle éveille ma curiosité.

-         Je suis dans le même lycée qu’une cousine à BOUMI qui en voulant me narguer, m’a dit figure-toi que BOUMI est en France maintenant

-         En France ?

-         Oui, et ce n’est pas tout, elle se vantait partout qu’il sort avec la jolie Mélanie BOMO.

Mélanie BOMO ?

Si j’ai fini par me demander si je les avais vraiment vus ce jour-là ensemble, si je n’avais pas finalement halluciné parce que ça me paraissait impossible qu’ils soient ensemble. Maintenant j’ai bien la réponse. C’était bien eux. Donc il s’est alors vraiment bien moqué de moi, tout ce temps il la voyait, ils avaient une relation, comment ai-je pu être aussi sotte ? Comment ?

En France avec elle, en amoureux. Je pensais bêtement qu’il était dans Libreville et qu’un jour on se reverrait et que je le confronterais à la vérité.

Même ça, je n’y ai pas droit. Je ris nerveusement chassant mes larmes. Je les réprime. Non, je ne pleurerais pas pour lui, je refuse de verser encore une seule larme pour lui.

Pour toutes les larmes que ma fille verse, pour toutes celles que j‘ai fini de verser pour toi BOUMI, tu le payeras !

Mireille s’approche et met sa main sur mon épaule.

 

Mélanie BOMO

On retrouve nos amis dans le sud de la France, nous nous sommes réunis pour passer quelques Jours ensemble, tous assis au salon, nous débattons de la politique Gabonaise, parmi nos amis d’autres ne désirent pas rentrer au pays sitôt leurs études finies, ils ont commencé à envisager l’option de travailler ici. Et quand on demande à Antoine son avis, je m’empresse de répondre :

-         Nous aussi, nous allons rester ici, il y a plus d’opportunités ici qu’au pays !

-         Mélanie, on sait que vous ne formez plus qu’un mais laisse quand meme ton gars répondre seul, lance Alain

C’est l’ami d’Antoine que j’aime le moins et apparemment c’est réciproque. D’ailleurs c’est lui qui couvre les bêtises d’Antoine qui heureusement ont bien cessé depuis. Je le toise bien.

-         BOUMI est d’accord avec moi, dis-je en passant mes bras sur ses épaules

-         Pas sur ce coup-là, réplique Antoine, moi je ne me vois pas rester ici en France. Je veux dire la France c’est bien et tout, il y a toutes les infrastructures qu’il faut mais quand je marche dans les rues je ne me sens pas chez moi ! La France pour les études et Le GABON pour m’établir.

-         Tu vois ? me lance Alain comme pour me narguer.

Tchipps.

-         Il nous reste encore du chemin ici bébé, lui dis-je, peut-être que tu changeras d’avis.

-         Non, je ne crois pas non.

Il n’est pas question qu’on retourne au GABON, là où il y a plus de chances qu’il la revoie quand on sait que la dernière fois, il s’en est fallu de peu pour qu’ils se voient.

-         Peut-être que ce sera à toi de changer d’avis Mélanie, lance Alain moqueur alors que mes yeux lui lancent des éclairs.

-         Et puis moi vos saisons là, l’hiver c’est la mort ! rigole Antoine, chez nous c’est plus simple grande etb petite saison de pluie, grande et petite saison sèche. Le reste ce sont les longueurs. Barré, je suis pas dedans, après mes études je retourne au Bled.

-         Mais man, tu n’es pas sûr que là-bas tu auras le taff, intervint Van alors que d’un mouvement la tête j’approuve ses dires

-         Je n’ai pas choisi ma filière au hasard, tout est calculé depuis le début dit-il en touchant sa tête, moi je ne reste pas ici !

-         Quand DEFUNZU a dit que vous les gabonais vous êtes dans la bouteille, il parle de toi hein BOUMI, sourit Van

-         Carrément , rigole-t-il , en plus y a pas la nourriture de chez moi ; les paquets de ma mère !

-         C’est clair ! dit Alain avec qui ils se tapent la main.

Pff, je me lève.

-         C’est à la femme de suivre le gars hein Marlène, m’embête Alain.

-         Fous-moi la paix Alain ! lui crié-je

-         Laisse-moi le bébé tranquille, lui dit BOUMI.

Il n’est pas question qu’on retourne au GABON, il ne rentrera pas au GABON mais ça il ne le sait pas encore. Parole de Mélanie.

On va rester ici, fonder notre famille et vivre paisiblement sans l’ombre d’Isabelle qui planerait au-dessus de ma tête.

Je ne peux pas prendre le risque de rentrer sachant qu’ils pourraient la voir, elle ou l’enfant.

 

René NGODET

-         Je suis sûr que tu m’emmènes encore chez toi, pour que je voye ta voisine.

-         Dis que ça te déplait ? me défie Rémy.

Il guette ma réponse.

J’avoue que ça ne me déplait pas du tout. Après la dernière fois, je suis rentrée à la maison en repensant à elle, elle est plutôt jolie, très jolie même, et encore plus, elle est au moins est mature alors pas de risque d’avoir de ce côté-là, un quelconque problème ni avec la police, ni avec qui que ce soit.   j’ai repensé à son visage , je me suis même demandé quand est-ce Rémy m’inviterait à nouveau chez eux, pour que j’aie une occasion de la voir à nouveau.

Je préfère nettement ça que la folle option à laquelle je pensais.

-         Tu vois, tu ne dis rien. c’est que finalement elle t’a tapé dans l’œil !

-         On ne peut pas nier qu’elle est très jolie quand elle ne porte pas ses haillons.

-         Je t’ai dit qu’elle est passée par des moments difficiles.

-         Humm, des problèmes de quels genre ? ça ne m’encourage pas trop à me lancer ça.

-         Ce n’est pas d’ordre mystique en tout cas, me rassure-t-il, c’est juste qu’elle a un enfant et ça dû être difficile avec le père. Tu vois le genre .

Je vois bien le genre ils sont nombreux dehors ces irresponsables qui engrossent ces pauvres filles et prennent la poudre d’escampette.

Mais une fille avec un enfant, est-ce vraiment ce dans quoi je veux me lancer ? Est-ce que j’ai ce cœur paternaliste comme Rémy à m’occuper d’un enfant qui n’est pas le mien ? Je ne sais pas ! En même temps la probabilité de tomber sur une jeune fille sans enfant est très faible.

Mais quand je la vois sourire assise dehors avec Lydie, et une jeune fille adolescente que je n’avais pas bu là avant, je me dis ça ne coûte rien d’essayer de la connaitre. Elle fronce les sourcils aussitôt qu’elle me voit. Elle ne doit pas m’aimer beaucoup.

-         Défroissez le visage Isabelle, vous aurez les rides très tôt ! lui dis-je.

-         Tu pourrais dire à ton invité de ne pas me parler Lydie, dit-elle à Lydie qui parait amusée.

-         Je suis là, tu pourrais me le dire directement ! l’embêté-je. Voilà que j’oublie les bonnes manières Bonsoir !

-         Bonsoir, me répondent les deux autres

-         René, je te présente Mireille la petite sœur d’Isabelle.

-         En tout cas, elle est beaucoup plus souriante que sa sœur.

Tchppps.

C’est ce que me vaut ma pique alors que la petite Murielle me sourit. Je contourne sa chaise sui fait dos à la porte et suis Rémy dans la maison, les laissant dehors. Il ne faut pas pousser le bouchon trop loin non plus.

 

Isabelle MOUKAMA

-         Il est plutôt mignon René, sourit Mireille quand Lydie se lève pour aller jouer son rôle d’hôtesse. Et sympa en plus ! c’est Lydie qui avait raison.

Il faut dire que depuis que Mireille est arrivée, elle s’est faite l’alliée de Lydie. Il n’est pas question qu’Isabelle reste avec le cœur brisé, c’est leur crédo. Et c’est dans cette optique que Lydie lui a parlé de René, ce qui a suscité l’intérêt de Mireille MIKAMA et  maintenant qu’elle l’a vu, on dirait qu’elle est sous le charme.

-         Chut, il pourrait nous entendre….Si tu savais il m’a traitée de saligote la première fois qu’on s’est vu…

-         Si le résultat a conduit à ce que je vois depuis que je suis ici, je ne vais pas le blâmer ! me dit Mireille amusée.

-         Mireille, les hommes paraissent toujours gentils et une fois qu’ils ont fini tu te rends vraiment compte de ce qu’ils sont…

-         Isa, tu n’as eu qu’une seule expérience ! tu veux finir vieille fille !?

 Pff, une seule expérience qui suffit à ce que je ne veuille plus retomber dans le panneau. On ne m’y prendra pas deux fois. J’anticipe un échec au cas où.

-         Mais sinon, il est quand même beau n’est-ce pas ?

-         Mireille, soupiré-je alors qu’elle rit. Oui, il n’est pas mal dans son genre.

-         C’est déjà un bon pas je pense, on avance, dit la voix de René derrière moi.

Mireille une lueur amusée sur le visage se lève prétextant apporter de l’aide Lydie.

-         Il n’y a pas de pas. et ‘’on’’ n’avance pas. regarde René tu es bien gentil mais si tu veux me draguer je vais t’aider à gagner en temps ! c’est non !

Il ne semble pas vexé, ni offusqué. Il me fixe par contre.

-         C’est bien dommage ! disons que tu perds à apprendre à me connaitre.

-         Parce que j’aurais gagné quoi ? répliqué-je devant sa prétention

-         Tu le saurais si tu étais moins aigrie, et frustrée

-         Je ne suis pas frustrée !

-         Si c’est le cas, tu accepteras alors que je t’invite !

L'orpheline