Chapitre 12 : la bonne nouvelle
Ecrit par Nifêmi
Chapitre 12 : la bonne nouvelle
Comme prévu, j’étais à Abuja à gérer les commandes de ma mère. Elle avait une importante clientèle dans cette ville. Ses clients passaient les commandes, j’allais les récupérer à l’aéroport pour les livrer. Je vivais chez ma tante, une gentille dame. Mais je travaillais presque tous les jours. Le début n’était pas facile.
Un mois après ma venue à Abuja, j’étais enceinte de Rokan. J’étais affolée, mes parents allaient me tuer. Je ne leur ai jamais parlé de Rokan. J’appelle Rokan pour l’informer, j’avoue que je n’avais pas besoin de son avis pour avorter. Mais je devrais l’informer qu’il m’avait mis enceinte. Apparemment il n’était pas prêt, il ne voulait pas que ça se passe ainsi. La venue d’un enfant est une bénédiction, mais dans notre cas c’était un mauvais plan. Ce n’était pas un souci, alors je me fis avorter sans informer ma tante. Je n’avais pas cette audace. Quelques jours après j’ai informé Shalewa qui m’avait bien insulté et elle me coupa au nez. Elle avait raison. Je lui ai envoyé des mails et sms pour m’expliquer sans réponses.
Six mois après mon avortement, Rokan est venu passée cinq jours à Abuja. Il ne m’avait jamais abandonné, il était aux petits soins. Shalewa ne demandait plus de mes nouvelles, je la comprenais. Les cinq jours avec Rokan étaient un cadeau du ciel. Cet homme m’aime vraiment, il est très correct. Il me donna des nouvelles de Shalewa. Elle se portait super bien, et à ce qu’il paraît son ventre était très remarquable. Surement mes jumeaux prenaient de la place. Son mari et elle étaient fréquents dans le restaurant de Rokan, selon ses dits. Mais j’ai eu à constater qu’il avait perdu un de poids. Les cinq jours se sont passés si rapidement, et on a continué le reste au téléphone et par mails.
Rokan est l’homme que toutes les femmes peuvent rêver. Il est très posé, gentil attentionné. Je lui faisais confiance. Certes c’est un homme, mais tous les hommes ne sont pas pareils. Tous les soirs on s’appelait. J’en avais pas besoin mais il m’envoyait de l’argent régulièrement, il en avait besoin plus que moi pour meubler chez lui et s’occuper de sa mère. Je recevais l’argent, je les mettais dans mon compte.
Les jours passaient, mes parents étaient fiers de moi. Ils n’entendirent aucune mauvaise histoire sur mon compte. J’étais très sage, c’était l’amour de Rokan qui était le nord de ma boussole. Son amour me guidait à mieux faire les choses.
J’étais dans mes courses et livraison quand je reçu l’appel du mari de Shalewa pour m’annoncer la bonne nouvelle. Shalewa avait eu une fille. J’étais en joie pour elle. Elle chargea son mari de m’inviter au baptême de leur fille qui aura lieu le huitième jour chez eux à Cotonou. Son mari m’avoua qu’il y a une surprise pour moi. Mais quelle surprise ? J’étais tellement curieuse. C’est dans cette joie que j’appelai mes parents pour leur informer de la nouvelle.
Maman : Shalewa nous a appelés pour nous informer déjà et ton père et moi on compte y être.
Moi : sérieusement ?
Maman : bien sûr, elle comme une fille pour moi mon absence serait un peu ingrat, avec tout ce qu’elle te fait. Tu es devenue assez responsable ces derniers mois, et c’est grâce à Dieu et elle.
Moi : hum maman, moi aussi j’y vais, dans deux jours je serai à Badagry, pour prendre départ pour Cotonou.
Maman : ah pourquoi tu es pressée ? C’est dans une semaine !
Moi : je ne suis même pas pressée, sinon demain maman, tu me verras. Si j’ai dit deux jours c’est parce que je dois voir certains de tes clients qui devraient solder.
Maman: well done! That’s my baby! Pas de soucis ma chérie.
Deux jours après j’étais chez Shalewa, il sonna 19h quand le taxi me déposa chez elle. L’agent de sécurité m’aida à faire rentrer mes valises remplis d’accessoires pour bébé. Grande fût ma surprise de voir la voiture de Rokan dans la maison. Pourtant personne n’était informé de mon arrivée à Cotonou.
J’entendis des rires et des voix venant du salon, la voix de Rokan et d’Abdel se mélanger à d’autres voix masculines. Je poussai doucement la porte et Rokan s’écria en yoruba devant tout ce monde :
Rokan : iyawo mi (ma femme)
Tous les regards se tournaient vers moi, c’était la fête ici. Je saluai tout ce beau monde assis. J’étais intriguée, depuis quand Rokan et Abdel sont amis ? Peu importe, je dévalai les marches d’escalier pour aller dans la chambre de Shalewa. Elle y était avec la petite dans ses bras. La petite dormait apparemment. Shalewa était visiblement heureuse me voir. Je le pris la petite des mains. C’était beau ça sentait bon, je la déposai délicatement dans le berceau. Je revenais pour m’expliquer avec Shalewa.
Moi : shalé !!! Tchoooo ! Ne me déteste pas
Shalewa : je ne le suis plus. Toi aussi tu m’annonces que tu as avorté et tu connais mon état. J’ai cru mon enfant en danger. Rassure toi que je n’ai rien dit ni à tes parents ni à Abdel. Je n’en ai pas parlé aussi à ton gars. Mais j’étais très fâchée.
Moi : merci beaucoup ma sœur pour ta compréhension. Quand ton mari m’avait appelé, il m’a parlé d’une surprise, c’était quoi ? Parce que j’ai vu Rokan avec Abdel au salon comme si ils se connaissaient depuis longtemps.
Shalewa : effectivement, ils se connaissent depuis longtemps, presque 9 mois. Après ton départ, on fréquentait assez souvent le restau et ils se sont liés d’amitié. Abdel l’a trouvé courtois, depuis ce temps ses collègues amis et frères vont diner là-bas. J’ai voulu me rapprocher de lui pour qu’il sente toujours ta présence dans sa vie malgré la distance.
Moi : ooooh ma sœur, vraiment pour une surprise c’en était une.
Shalewa : va te rafraichir, la chambre d’ami est toujours disponible, pour la surprise attends demain. On se verra plus tard, va discuter ou passer du temps avec ton chéri, toi et moi on se verra après. Bye
Je refermai doucement la porte pour ne pas réveiller la petite. Je suis allée me rafraichir j’ai mis un jean et un t-shirt. La ménagère est venue me souhaiter la bienvenue et m’annonça que Rokan demandait à me voir. J’allai le rejoindre à la sortie de la villa, près de sa voiture.
Rokan : quelle surprise ! Je m’attendais à te voir mais pas aujourd’hui. Tu me suis au restaurant ce soir ? Pas en tant qu’invité mais en tant qu’assistante.
Moi : j’informe shalé et je te suis.
Rokan : déjà fait, son mari l’a déjà informé
Waouh ! Si rapide. Je suivais monsieur dans sa voiture. Sur la voie je ne pouvais pas m’empêcher de lui demander la raison pour laquelle il m’avait caché sa fréquentions avec Abdel, le mari de Shalewa. Tout ce qu’il trouve à me dire c’est qu’il n’a pas besoin de m’informer quand il prenait soin de sa belle-famille en mon absence. Et qu’il n’a rien fait de mal.
Au restau, je constatai que Mouna n’est plus là. Selon Rokan, elle a démissionné quelques mois plus tôt. Tant mieux. C’était un homme, un autre chef qui la remplaçait. Il y avait déjà des clients qui attendaient qu’on les serve. Pour un mardi soir, il y avait du beau monde dans son restaurant. Toutes les tables étaient occupées, les clients attendaient que des tables se libèrent. Son restau est très connu.
Au fur et à mesure que les heures passaient, j’aidais pour les commandes et j’installais les clients. Avec mon accent anglophone c’était intéressant, je m’occupais mieux des clients anglophones. Rokan était heureux de me voir m’affairé. Il n’hésitait pas à me présenter à ses connaissances en tant que sa petite amie. C’était une soirée riche expérience.
Vers 2h, après le départ du dernier, Rokan insistait pour que je passe la nuit chez lui. Je lui expliquai que ce n’était pas trop correct, et je lui promis que le lendemain soir je serai tout à lui. Il était déçu et j’entendis un truc du genre « c’est quand toi tu veux on le fait». Il me déposa devant la maison et m’embrassa, une larme coula du coin de mon œil, ce goût m’avait manqué.
Le lendemain matin, la ménagère est venue me réveiller pour m’informer que le couple de la maison voulait me rencontrer. Je me rafraichissais le visage pour aller les rejoindre au salon. Ces deux avec leur sourire malicieux avaient quoi de bons pour moi.
Shalewa : bonjour, et ta soirée, bien dormie ?
Abdel : en fait je voulais t’informer que j’ai trouvé une affaire qui pourrait t’intéresser, afin que tu puisses rester ici à Cotonou.
C’était un cri de joie qui sortit de ma bouche.