Chapitre 12 : Séparation
Ecrit par Néfi
Les jours
suivants ressemblèrent clairement à nos débuts. Avec Alex, nous vivions une
belle histoire d’amour. On se découvrait encore plus. Vu qu’il était passionné
de moto, nous faisions de longues balades en dehors de Cotonou, moi perchée à
l’arrière de sa bécane. J’adorais quand il venait me chercher et qu’il me
disait : « Prépare-toi bb, nous allons nous promener ».
J’enfilais alors rapidement un vieux jean, un tee-shirt, des tennis et je
m’installais joyeusement sur sa moto. Une fois, nous avions même roulé jusqu’à
Ouidah et avions improvisé un pique-nique sur la plage. Le « Alex
mystérieux » semblait avoir totalement disparu. Je n’avais toujours pas
compris la partie de notre discussion au restaurant où il m’avait paru
soucieux. Mais il n’avait rien voulu me dire. « Ça ne devait pas être
bien grave » pensai-je.
Le temps
passa très vite. Nous fûmes bientôt au jour du départ d’Alex pour ses études en
France. La séparation fût très douloureuse. Je m’interdis de le raccompagner à
l’aéroport, de peur de m’écrouler. Je n’aimais pas les aéroports. Voir mes
proches partir me rendait vraiment triste. Encore plus, quand il s’agissait
d’Alex. Il passa donc me voir, juste avant de s’apprêter. Je n’arrêtais pas de
pleurer, malgré le fait que je m’étais pourtant promis d’être forte. Il sonnait
19h, et il faisait déjà nuit. Sur la terrasse donnant sur le salon, il se retourna
une dernière fois vers moi :
-
Tu es la plus belle chose qui me soit arrivée
ces dernières années tu sais Dona. Ne l’oublie jamais bb.
J’étouffai un sanglot. Il me prit la tête entre ses 2 mains.
-
Non stp, ne pleure pas, bb. Ecoute, on essaiera
d’être régulièrement en contact. Sois forte et rends-moi fort stp.
Là, je craquai totalement. Les larmes
sortirent soudainement de je-ne-sais-où. Il me fit un bisou sur le front tout
en me chuchotant :
-
Je t’aime Dona. A très bientôt.
-
Je t’aime aussi Alex. Tu vas me manquer.
-
Tu me manques déjà bb.
Il prit ma main et me fit un sourire,
celui-qui-me-rend-dingue. Je le lui rendis. Il lâcha ma main tout en
s’éloignant. Mais je retins sa main.
-
Stp Dona, laisse-moi y aller, dit-il en revenant
vers moi et en me donnant un baiser. Je t’en supplie mon amour.
-
Non Alex, non, je ne veux pas que tu partes.
-
Dona….
Je
lâchai alors sa main, et je le vis s’éloigner. Il se retourna une dernière
fois, m’envoya un baiser du bout des doigts et disparut dans l’obscurité.
9 longs mois s’étaient écoulés depuis
le départ d’Alex. La douleur était encore présente. Nos échanges étaient
fréquents au début, mais depuis quelques semaines, je n’avais plus de nouvelles
de lui. Je recevais au moins un mail par semaine d’habitude. Je me posais
tellement de questions. Que faisait-il, avec qui était-il, était-ce si
difficile d’avoir accès à Internet, en France en plus ? C’est vrai qu’on
était à l’époque où Internet se vulgarisait en Afrique, mais en Europe, chaque
famille y avait accès. Alex me disait souvent qu’il n’avait pas le temps avec
ses cours et qu’il n’avait pas Internet chez lui. Je comprenais au début, mais j’en
avais marre à la fin. Les mêmes travers recommençaient. Sheila n’en pouvait
plus de me voir triste :
-
Nana, je te l’ai déjà dit, cet homme ne t’aime
pas.
-
Mais si Lala, quand je suis avec lui, j’ai
l’impression d’être la plus belle femme au monde.
-
Rho, arrête tes conneries. On est en plein 21eme
siècle. S’il tenait réellement à toi, il t’appellerait beaucoup plus souvent.
Tant bien que mal, je tenais le coup.
Je continuai sans nouvelles de lui, pendant encore 2 ans. Je n’en pouvais
plus. Il me manquait, mais j’avais besoin d’un grand bol d’air frais. Je
voulais rigoler, prendre plaisir à la vie, me réveiller avec le sourire aux
lèvres. Je passais le clair de mon temps dans mes cours. J’étais en Terminale
et j’avais l’examen du baccalauréat à passer. Une fois les compositions faites,
ma meilleure amie Lisa, m’invita à aller prendre un verre dans un bar climatisé
de Parakou. Elle était passée me chercher et vu l’accoutrement que j’avais mis,
elle avait décidé de me relooker. Je me retrouvais donc maintenant dans ce bar,
avec une jupe mini, un tee-shirt blanc et des ballerines bleues. Mon maquillage
se composait d’un gloss bien rouge et d’un trait d’eye-liner. Lisa me parlait
de son petit ami Marc. Elle paraissait si heureuse.
-
Nana, Marc m’a offert un superbe collier.
-
Encore ? Mais il met la barre très haut ton
Marc.
-
Tu vois ça ? J’ai vraiment de la chance. Il
est vraiment parfait cet homme-là.
-
Oh tu en as de la chance ma Lili. Je suis
contente pour toi, lui lançai-je joyeusement.
-
Oui j’espère que ça durera encore longtemps.
-
J’espère aussi.
Un sujet en amenant un autre, elle me
posa la question que je craignais.
-
Alors Alex ?
-
Quoi Alex ?, lui demandai-je, feignant la
surprise.
-
Tu sais bien de quoi je parle Nana ? Des
nouvelles de lui ? ça fait bientôt 2 ans qu’il est parti. Jusqu’à quand
vas-tu l’attendre ?
-
Je l’aime vraiment ce mec Lisa !
-
Je sais, mais visiblement lui ne t’aime pas. Tu
devrais tourner la page désormais. Je ne veux plus te voir aussi malheureuse.
Soudain, son visage s’éclaira. Elle
se leva de sa chaise et se dirigea vers l’entrée.
-
Hey, mais où vas-tu ? la questionnai-je.
-
Je reviens Dona.
Un bon quart d’heure passa. Elle
m’avait planté là comme ça. J’avais l’impression que tout le monde me regardait
désormais. Je pianotais sur mon téléphone quand j’entendis à nouveau sa
voix :
-
Je suis de retour Dona, me dit-elle.
-
Il n’est pas trop tôt, répondis-je en levant les
yeux de mon téléphone.
Elle n’était pas seule. Mon sang fit
un tour dans mon corps. Je me figeai, incapable de bouger.