Chapitre 123

Ecrit par Jennie390

⚜️Chapitre 123⚜️


2 jours plus tard… 


Irène et Régis discutent avec le médecin dans son bureau. 


Régis : Alors Docteur, il a l’air plus apaisé depuis hier. Est-ce qu’il est sur la bonne voie pour guérir de son addiction aux drogues ? 


Docteur : Bonne voie pour la guérison ? Non pas du tout. Vous avez certainement pensé que son addiction a diminué parce qu’il paraît plus calme, plus stable. Il ne fait plus de crise, etc. 


Irène : Donc, qu’en est-il exactement ?


Docteur : On lui donne du Valium. Ce qui fait qu’il est moins agité. Mais ce médicament est un anxiolytique, donc on devient vite accro. Mais c’est la solution provisoire que j’ai trouvée pour le calmer un peu, le temps pour vous de l’emmener à l’étranger.


Régis : Quand est ce qu’il pourra sortir ? 


Docteur : Aujourd’hui. Je vous ferai une ordonnance pour le Valium, des vitamines, des remontants. Il faut qu’il mange correctement, qu’il boive beaucoup d’eau, qu’il se repose. Dès que vous allez arriver à l’étranger, placez le dans une clinique spécialisée dans la désintoxication et arrêtez de lui donner le Valium. 


Irène : C’est entendu Docteur. Merci beaucoup. 


Régis : Merci beaucoup. 


Docteur : Je vous en prie. 


Ils sortent du bureau du Docteur et vont retrouver Ludovic dans sa chambre. Ce dernier lève la tête et les regarde à tour de rôle. 


Ludovic : Vous deux ? Et qu’est-ce que je fais dans un hôpital, je vous croyais à l'étranger. 


Irène : Tu ne te souviens donc de rien ? 


Ludovic : Me souvenir de quoi ? Aux dernières nouvelles, tu avais quitté le pays après l’arrestation de papa pour aller retrouver ton fils chéri. Vu que c'est le seul enfant que tu aimes et…


Régis : Tu devrais la fermer au lieu de débiter des inepties. 


Irène :Donc tu n’as aucun souvenir de ces 4 derniers jours, même pas un peu ? 


Régis : Comment va-t-il s’en souvenir ? Vu qu'il était dro*gué jusqu’à l’os ! 


Ludovic(perdu) : De quoi tu parles ?


Régis : De quoi je parle ? Je parle du fait que tu étais tellement dro*gué que tu ressemblais à une épave, d'ailleurs c'est toujours le cas ! Ta mère a eu tellement peur que tu me*ures un de ces 4 matins d'une overdose qu'elle a tenu à venir te récupérer. 

J’ai payé des billets d’avion aller-retour du Ghana pour venir jusqu’ici au Gabon. Puis de Libreville à Port-Gentil. Et d’ailleurs, à l’heure actuelle, on a raté nos vols vu ton état délabré de ces derniers jours. Il nous faut donc acheter de nouveaux billets et on n'a pas suffisamment de liquidité sur nous. 


Ludovic : Mais… 


Régis :Quand on est arrivé des jours plus tôt dans l'endroit où tu te terrais avec tes partenaires de dr*ogue. On t'a trouvé en pleine part*ouze et tu étais tellement stone que tu étais prêt à appuyer les s*eins de ta mère.


Ludovic(effaré) : Q-quoi ?


Irène :Régis, n’abuse pas il…


Régis(agacé) : Que je n’abuse pas comment maman ? Il était prêt à toucher ta poitrine, si je ne lui avais pas mis un bon coup de poing il l'aurait fait. Sans oublier toutes les saletés qu'il a dit sur toi, ça te gêne peut-être parce que c'est ton fils et que tu veux l'épargner. Mais maman vu l'état dans lequel il était, je suis convaincu qu'il t'aurait vio*lé s’il en avait eu l'occasion. 


Irène : Régis…


Ludovic : Je suis peut être un dr*ogué, mais j’ai des limites Régis. Tu n’as pas besoin de mentir sur moi.


Régis : Des limites, tu dis ? Tu as quelle limite, si tu oublies une grande partie de ce que tu fais à cause de ce que tu consommes. Est-ce que tu te rends compte de l’abo*mination que tu aurais pu commettre, tout ça à cause de la dro*gue. Si tu ne changes pas, si tu ne décides pas de laisser ces substances, tu vas finir par commettre l'irréparable un jour. Regarde toi, tu es une épave, tu n’as même pas encore 35 ans regarde déjà à quoi tu ressembles. Tu es un toxico jusqu’au bout des ongles. 


Tu n'as rien fait de ta vie, pas d'études, pas de travail, pas d'investissement. En pensant à tous les millions que Jean-François avait mis à ta disposition, tu aurais pu faire quelque chose. Ouvrir un business, un resto, un bar, une boîte de nuit, mettre des taxis en circulation. Quelque chose pour faire fructifier ce que tu avais. Tu n’as jamais cherché à te remettre en question. 


Non toi dans ta tête, il n’y a que la dr*ogue, l’alcool, les femmes, les potes, les virées aux 4 coins du monde et aujourd’hui que te reste t-il ? Rien du tout même pas 2 francs. Tu n’as même plus de quoi acheter un simple pain pour te nourrir. Que dire donc de la dr*ogue, avant tu étais friqué, tu pouvais même te permettre de t’acheter de la bonne qualité, mais maintenant tu avales tout ce qui te passe sous la main, à cette allure tu vas mourir dans pas longtemps si tu n’arrêtes pas. 


Irène(en larmes) : Tu as longtemps pensé que j'ai toujours préféré Régis, même Imelda aussi l’a toujours pensé, mais tous les 3 vous êtes mes enfants. Je vous ai porté 9 mois, je vous ai poussé dans la douleur, je vous aime au même titre, quand je vois que certains d'entre vous ont mal tourné l'un c'est la dr*ogue l'autre ce sont les meurtres, etc.


 Ça me fait mal parce que je suis votre mère, j'ai juste arrêté d'essayer de vous donner des conseils à Imelda et toi parce que vous m'avez toujours montré que mon avis ne comptait pas, vu que ce n'est pas moi qui donnais de l'argent, vu que ce n'est pas moi qui vous couvrais de cadeaux, de luxe et de privilèges. Jean François a toujours été celui qui avait le puit d’argent « entre griffes » donc c’est à lui que revenait votre respect automatiquement, moi je n'avais rien à dire surtout depuis que vous êtes devenus adultes. Vous aviez l'habitude de me parler n'importe comment, avec beaucoup d'insolence.


 À chaque fois que j'ai essayé de vous remettre à votre place, votre père me l'a fait payer, je ne devais rien dire sur votre style de vie “laisse mes enfants en paix tu les emmerdes à un moment donné, occupe-toi de ton fils chéri qui est si parfait à tes yeux“.

 Moi aussi je me suis donc fatiguée et j'ai commencé à vous regarder faire. Quand un enfant est petit on peut le redresser, chercher à justifier ses actes mais à des adultes on ne peut plus rien. 


Quand votre père a été arrêté je suis partie retrouver Régis parce que c’est le fils qui m’a toujours donné ma place de mère même quand il vivait avec nous et qu’il était couvert d’argent et de bijoux il écoutait mes conseils, ne m’a jamais manqué de respect.


 Donc oui je suis allée le retrouver vu que vous aviez déjà choisi votre camp, vos styles de vie. Je n’ai pas cessé de penser à toi, à comment tu t’en sortais maintenant sans argent et avec la drogue, je suis revenue pour te chercher parce que quoi qu’on dise tu n’es pas un méchant garçon. Je suis venue pour te donner une chance de t'en sortir.


Ludo a les yeux rouges, il passe les mains sur son visage, bousculé par les émotions que les phrases de sa mère font naître en lui. 


Régis :Comme elle t’a dit on est venu pour toi, pour te donner une chance de t'en sortir, dès qu’on va arriver au Ghana tu vas intégrer une clinique de désintoxication. C'est la condition pour venir avec nous, si tu te drogues encore une fois je te fous dans un avion pour Libreville. Chez moi ce sont mes règles qui sont la loi, tu n'es pas d'accord tu prends un avion pour Libreville. Si je décide de te renvoyer, même ta mère ne pourra pas plaider en ta faveur, tu as donc intérêt à bien réfléchir. 


Si tu sais que tu n'es pas sûr, que tu n'as pas envie de laisser la drogue, que tu ne comptes pas te plier aux exigences de ma maison, Ludovic autant rester ici dans la galère, sans un toit sur ta tête, sans rien à manger. Tu pourras ainsi continuer à vivre ta vie de toxico jusqu’à ce qu'on retrouve ton cadavre dans un caniveau ou une benne à ordures. Ta mère va pleurer mais ça finira par lui passer, elle ne sera ni la première ni la dernière à perdre un enfant, elle est forte, réfléchit bien. 


Régis regarde son frère un moment dans les yeux, puis jette un coup d’œil à sa mère avant de sortir de la chambre. 


Irène(se levant) : On va te laisser te reposer avant que les infirmières n’apporte ton petit déjeuner Ludo, s’il te plaît fais le bon choix on peut encore essayer de sauver quelque chose dans ta vie ne gâche pas tout. 


Irène prend son sac à main et se lève au moment où elle veut sortir. Ludo la retient. 


Ludo : Maman c’est vrai ce que Régis a dit ?


Irène : À propos de quoi ? 


Ludovic : Que j'aurais pu te…te vi*ol… 


Irène(sourire triste) : Bientôt ton petit déjeuner va arriver, mange et repose-toi. En milieu de journée, on va prendre un vol pour Libreville.


Elle se retourne et sort de la chambre en refermant derrière elle. Ludovic se passe les mains sur la tête et le visage.


Ludo : Toucher ma mère ? Oui là j'ai vraiment touché le fond ! 


Il soupire et s'allonge. Irène trouve Régis dans le parking de l’hôpital, en train de manipuler son téléphone. 


Irène :Ça l’a choqué que tu lui dises qu’il a essayé de me vio*ler, il me l’a encore demandé.


Régis : Bah j’espère que ça l’a bien choqué. Maman ce que j’ai dit à l’intérieur je le pensais vraiment. À la moindre incartade, je le mets dans un avion. Même de toi, je n’aurai pas pitié, il a intérêt à accepter d’aller en désintox.


Irène : Il va y aller…


Régis : Il a intérêt !!!


Irène : Tu m’as l’air bien préoccupé, que se passe-t-il ?


Régis : J'essaye de voir comment accéder à mon compte bancaire au Ghana, je veux joindre mon gestionnaire pour voir dans quelle mesure je pourrais recevoir de l'argent pour acheter des billets d'avion. Là on a encore un peu de sous pour les billets Port-Gentil-Libreville. Mais, comment on va quitter Libreville pour Accra ? Les biens ne sont pas à moins de 400.000 francs CFACFA actuellement. 


Irène : Ça ne va pas être évident que tu reçoives quoi que ce soit. Il nous faudrait trouver quelqu’un ici qui peut accepter de nous prêter de l’argent pour qu’on achète des billets. On remboursera dès qu’on va rentrer au Ghana. 


Régis : Bah justement, à qui va-t-on demander un prêt ? Je n’ai personne sous la main et toi, aux dernières nouvelles, tu n’as pas d’amis ici. 


Irène cogite pendant 5 minutes…


Irène : C’est vrai que je n’ai pas d’amis ici, mais il y a peut-être quelqu’un à qui je pourrais demander ce prêt. Même si je ne suis pas sûre à 100% qu’il va accepter de me donner quoi que ce soit.


Régis : De qui s’agit-il ?


Irène : Ne t’inquiète pas de qui il s'agit, toi vas plutôt acheter nos billets de tout à l’heure. Je vais essayer de passer un coup de fil et je vais déjà faire une réservation pour un petit hôtel pas cher où on va loger quand on va arriver à Libreville. 


Régis : Humm…ok.

             ♤~~~~~~~♤


Quelques jours plus tôt, Imelda avait quitté le temple de Pa Opanga. Ce dernier avait appliqué des mixtures sur sa main, et avait fait quelques rituels bien à lui. Les asticots avaient disparu mais la main était toujours pourrie. Une eau gluante suintait des parois des brûlures, ainsi que du pus. Une odeur nauséabonde se dégageait de sa main et des mouches venaient s’y poser régulièrement. Elle était donc retournée dans la ville de Mouila pour aller voir un médecin dans un hôpital du coin. 


Ce dernier avait été très étonné lorsqu’Imelda lui avait dit que c’est à la suite d’une brûlure de quelques petites minutes que sa main était devenue ainsi. Il l’avait examiné et après certains tests, il avait conclu que la main devait être amputée avant que la pourriture ne gagne tout le bras. Pour Imelda, il était hors de questions que sa main soit coupée. Elle est retournée à son motel et le lendemain, elle fouille dans ses affaires, il ne lui reste que 60.000FcFa, elle s’assoit sur le lit et se met à pleurer. 


Imelda : Voilà ce qu’il me reste, 60.000F. Qu’est ce que je vais faire avec ? Bientôt je n’aurais plus rien à manger, de toit sur la tête. Comme si ce n’était même pas suffisant, la main est de plus en plus pourrie. Je suis obligée de garder un bandage pour ne pas que les gens voit ça, mais l’odeur qui s’échappe de là est insupportable. 

Ma vie ne ressemble plus à rien actuellement, même moi-même je ne ressemble plus à rien. Je n’ai plus le temps ni les moyens pour bien prendre soin de ma peau, mes cheveux, mes ongles. J’ai d’énormes cernes sous les yeux à cause du manque de sommeil avec cette fille qui ne veut pas me laisser en paix. 


Elle ressent tout à coup comme des fourmillements dans la main, elle retire le bandage et elle voit les asticots qui se baladent à nouveau. 


Imelda(en larmes) : C’est pas possible, ça c’est quel cauchemar ? 


Désespérée, elle décide donc de retourner chez Pa Opanga. Peut-être qu’il pourrait l’aider à guérir sa main vu qu’il avait déjà réussi à faire partir les asticots. Elle prend le sac qui contient ses affaires et elle sort de la chambre. Quand elle arrive à la réception le gérant l’interpelle.


Gérant : Oh Mademoiselle, bonjour. 


Imelda : Bonjour… Je dois sortir. 


Gérant : Oui mais j’ai besoin que vous payiez votre facture. 


Imelda : Mais je vais payer lorsque je vais définitivement libérer la Chambre. 


Gérant : Je veux mon argent maintenant. Vous avez fait trois jours Hors d’ici, on ne vous voyait plus dans les parages. Vous avez débarquez et là vous voulez repartir avec votre sac. Qu’est ce qui ne me dit pas que vous n’allez plus revenir ? Et d’ailleurs c’est un commerce ici, on ne peut pas immobiliser une chambre pour vous. C’est un manque à gagner pour nous. Donc payez déjà ce que vous nous devez. 


Imelda : Mais je… 


Gérant(haussant le ton) : Oh oh ! J’ai dit de payer ! Ou ça va très mal se passer ! 


Imelda : Vous me menacez à cause d’une misérable chambre dans un motel miteux ? Vous savez le genre d’endroit dans lesquels j’ai dormi ? Pas vos saletés où… 


Gérant : Je m’en fou des endroits où vous avez dormi. Ma facture c’est 30.000 F. 


Imelda : Quoi ? 30.000F ? Que y a d’abord quoi ici ? La chasse des toilettes ne fonctionne pas, on doit verser de l’eau avec un seau qui est degeulasse. Il y a parfois des cafards qui sortent du lavabo de la douche. Le toit est percé au niveau du lit, donc quand il pleut, il y a des gouttes de pluie qui me touchent. C’est impossible de laisser la fenêtre ouverte, parce que les clients ivrognes de votre bar remplissent leurs ventres de bières et ils viennent pisser sous la fenêtre, d’autres viennent même faire leurs selles là.

Souvent il y a l’odeur immonde du poisson fumé qui entre dans la chambre à cause du bouillon répugnant que vous servez dans votre restaurant. La liste est longue et c’est vous qui demandez 30.000F ? Ça ne va pas ? Si vous pensez que moi je vais vous donner une telle somme, c’est que vous vous fourrez le doigt dans le c*ul ! Je… 


Imelda ne termine pas sa phrase que le gérant lui donne une grosse gifle et avant même qu’elle ne réalise, il se penche vers elle et lui attrape les cheveux très fort puis il lui cogne la bouche sur le rebord du comptoir. Sa lèvre inférieure se fend et se met à saigner.


Imelda(criant) : Aïe ! Mais Monsieur ? 


Gérant(grondant) : Essayez encore de m’insu*lter imb*écile ! Dépêchez vous de sortir mon argent ! 


Imelda a les larmes qui coulent, c’est avec des mains tremblantes qu’elle sort 30.000F de son portefeuille et les donne au gérant. 


Gérant : J’espère que vous avez enlevé toutes vos affaires de la chambre parce que je ne veux pas vous revoir ici. Vous sentez mauvais, comme une odeur de viande pourrie. Ça joue les filles distinguées mais si on vérifie, vous devez avoir les fes*ses sales, c’est sûrement là bas qui pourrit. Allez dégagez ! 


Pendant qu’il lui parlait, il y avait 4 clients présents, Imelda avait tellement honte. Elle s’est retournée et elle a commencé à marcher vers la sortie lorsqu’elle a entendu le gérant parler d’elle avec des clients. 


-Et elle a même l’audace de t’ins*ulter pourtant c’est elle qui sent mauvais à des kilomètres. 


-Mais une jolie fille comme ça, comment elle peut sentir mauvais de cette façon ? J’étais pas loin d’elle mais j’avais du mal à respirer, elle pue ! 


Le Gérant : Il y en a plein comme ça, tu les vois brillantes mais dès que tu vérifies bien c’est l’odeur de la poubelle qui te reçoit ! Tchuip ! 


Imelda monte dans son véhicule où elle reste assise un moment en larmes, elle n’arrive pas à croire que c’est d’elle dont on pouvait parler ainsi dans ce pays. Elle sait que c’est vrai pour l’odeur. Elle vient juste de monter dans le véhicule, mais l’odeur de pourriture est déjà répandue dans tout l’habitacle. Elle reste là pensive, puis au bout de quelques minutes elle démarre son véhicule en direction Chez Pa Opanga qui va lui trouver une solution pour les asticots et même l’odeur.


                   ♤~~~~~~~♤


Dès qu’ils arrivent à l’aéroport de Libreville, ils prennent un taxi qui les dépose dans un petit hôtel pas trop cher. Il y a une réservation pour deux chambres une pour Ludovic et Régis, l’autre pour Irène. Ils s’installent et 2 h plus tard, Irène frappe à la porte de leur chambre et Régis vient lui ouvrir. Ludovic est assis face à la fenêtre, il regarde les voitures qui circulent dans la rue Irène.


Irène : Bon j’y vais. 


Régis : Tu ne m’as toujours pas dit où tu vas maman.


Irène(amusée) : Tu me surveilles Régis ? 


Régis : Non mais au cas où quelque chose t’arrive, je dois pouvoir savoir où tu es. 


Irène : Ne t'inquiète pas je ne vais pas durer et en plus ce n’est pas dans un endroit dangereux où je vais. Je vais dans une entreprise pas un repère de gang. Prend bien soin de ton frère. 


Régis : Euh maman ce n’est pas un bébé, je ne suis pas sa nounou. Mais ne t’inquiètes pas, il ne sortira pas d’ici.


Irène : Merci Rédji. À tout à l’heure.


Irène sort de la chambre, elle prend un taxi qui la dépose à la Nziengui Firme. Elle arrive quelques minutes après devant la Secrétaire et elle se présente. Le téléphone de Lionel sonne alors qu’il est en train de rédiger un courrier. 


Lionel : Allô…


Secrétaire : Oui monsieur, il y a une dame qui est ici pour vous voir. Elle dit s’appeler Irène. 


Lionel : Irène ? Irène Mounguengui ? 


La Secrétaire pose la question à Irène. 


Secrétaire : Oui c’est ça. 


Lionel : Ok, laisse-la entrer. 


Secrétaire : D’accord monsieur.


Click ! 


Quand Irène entre dans le bureau, Lionel se lève automatiquement.


Lionel :Mme Irène ? Quelle surprise ! 


Irène : Bonjour monsieur Mebale. 


Lionel : Lionel, c’est suffisant. Vous n’avez pas besoin de me vouvoyer. 

 

Irène : Ok Lionel, comment vas-tu ? 


Lionel : Je me porte bien et vous ? 


Irène : La santé ça va Dieu merci. 


Lionel : Finalement vous étiez sortie du pays ?


Irène : Oui je suis à allée retrouver mon fils au Ghana. Depuis quelques temps je donne des cours de comptabilité dans une école supérieure. J'aime beaucoup le fait de pouvoir travailler, vu que je n'ai jamais eu l'occasion de le faire, je suis plus épanouie aujourd'hui. 


Lionel : Ça me fait plaisir d’apprendre que votre vie actuelle vous plaise. Mais je pensais que vous partiez pour ne plus revenir. 


Irène : Oui c’est vrai que j’avais dit que je partais pour ne pas venir mais mon cœur de mère a du mal avec cette décision. Je suis revenu pour mon enfant. 


Lionel(impassible) : Je vois ! 


Vu la tête de Lionel, Irène comprend qu'il pense qu'elle parle d'Imelda, elle décide alors de vite rectifier ce malentendu.


Irène :Je parle de mon fils Ludovic, d’Imelda. Elle a commis tellement de mauvais actes,il faut qu'elle subisse le retour de flamme. C'est ma fille mais c'est la verité.


Lionel :Ah et que lui est-il arrivé ? 


Irène : Il se drogue depuis des années. Lui aussi n'a rien fait de sa vie, maintenant qu'il n'a plus d'argent il traîne un peu partout. Il consomme tout ce qu'il trouve. Il est tellement mal en point que j'ai décidé de venir le chercher. J’ai dû le faire hospitaliser à Port-Gentil parce qu’il a fait une violente crise de manque à telle point qu’il ne nous reconnaissait pas son frère et moi. Mais Dieu merci il est un peu stable, on veut donc l’emmener au Ghana pour une désintox, Vu qu'il n'y en a pas ici. 


Lionel : Ah ça ! C'est une bonne chose qu'il soit stable maintenant, l’addiction aux drogues est un vrai fléau qui a détruit tellement de vies et qui continue d’ailleurs. S'il est aussi accro il faut vraiment le faire interner.


Irène : Oui, je le ferai. Seulement j’ai un problème. 


Lionel : Lequel ?


Irène : On a acheté des billets d’avion aller-retour Accra-Libreville et le retour était prévu pour mardi donc avant-hier. On a raté nos vols et on n'a pas suffisamment de liquidités pour prendre de nouveaux billets. Actuellement, on s'est pris des chambres dans un petit hôtel mais on a vraiment plus rien surtout qu'on a dû payer la facture de l'hôpital. Si j'avais quelqu’un d’autres, je ne serais pas venu te déranger mais je n'ai vraiment personne vers qui me tourner. Je suis donc venue te demander de me faire un prêt pour acheter des billets d’avion, dès qu’on arrive au Ghana, on va te rembourser.


Je sais que te demander de nous aider est impensable, vu ce que tu reproches à Jean-François et surtout à Imelda, à tout le mal qu'elle a fait à ta famille. J’ai appris pour ta fille, ton frère, ta belle sœur, vraiment les mots me manquent tellement j'ai honte et j'ai mal. Je suis profondément désolée pour ce qu'elle vous a fait. Quand j’ai appris ça, j’ai voulu t’appeler mais je ne savais pas quoi te dire, tellement ce qu’elle a fait est très grave. 


Lionel(froid): Madame Irène, Imelda nous a fait beaucoup de mal qui ne pourra jamais être réparé. Je lui en voudrais toute ma vie, jamais je ne lui pardonnerai, je la déteste profondément. Elle fait naitre en moi tous les sentiments les plus sombres qui puissent exister. La police n'a toujours aucune nouvelle d'elle, je lui souhaite tous les malheurs possibles et surtout qu'elle crève comme la chienne qu'elle est. C'est votre fille mais je ne vais retirer aucun de mes mots parce que c'est un monstre. 


(Visage neutre) : Toutefois, je suis quelqu'un de juste, du moins j’essaye de l’être au maximum. Je suis de ceux qui pensent qu’on ne peut pas mettre les fautes d’un adulte majeur sur un autre. Je ne pourrais pas vous en vouloir ni à vous , ni à vos fils qui ne m'ont rien fait. Donc je ne verrais aucun inconvénient à vous aider. 


Et je n’ai pas oublié l’aide importante que vous nous avez apportée pendant nos recherches. Yvette et vous avez fait le plus gros du boulot, au péril de vos vies. Quand Yvette partait, on lui a donné de l’argent mais vous, on n’a pas pu le faire. Pourtant toutes les 2 vous dépendiez de l’argent de Jean-François, du moment où il a été arrêté toutes les 2 vous êtes retrouvées sans rien. 


Irène : Je savais parfaitement que lorsque Jean-François serait arrêté moi aussi je perdrais l’argent de mes comptes. Mais je n’ai pas reculé pour vous aider et en plus il n’a jamais été dit que vous deviez nous payer quoi que ce soit. Donc vous ne nous devez rien.


Lionel : Oui mais vous le méritiez.


Lionel sort un chéquier, il écrit, déchire et remet le chèque à Irène qui est choquée par le montant.


Lionel : Avec ça vous pourrez acheter vos billets, régler la factures de vos dépenses quotidiennes(l’hôtel, la nourriture,etc) et même couvrir les frais pour cette clinique de désintox. 


Irène(choquée) : Tout ça ? Mais c’est beaucoup trop, pour rembourser ça il nous faudra des mois et…


Lionel : Madame Irène ce n'est pas un prêt, je vous donne cet argent. 


Irène : Ah non ! Je ne peux pas accepter, c’est une…


Lionel : Écoutez, j’insiste ! Vous êtes quelqu’un de bien. Je sais que vu les circonstances, vous avez dû mettre votre fierté de côté pour venir me demander un prêt tout ça pour votre fils au finish. Moi aussi j’ai une mère et je sais qu’elle serait prête à aller très loin pour ses enfants. Prenez cet argent et puis si ça vous dérange de le prendre comme un don, considérez ça comme votre salaire pour votre boulot avec Jean-François. Yvette a été payée voilà votre part vous ne pouvez pas refuser.


Irène : Tu peux venir avec moi à l’hôtel pour voir que je n’ai pas menti, j’y suis vraiment avec mes fils. Je n’aimerais pas que tu penses que j’ai inventé toute cette histoire pour venir te soutirer des sous. 


Lionel : Je n’ai pas besoin de venir vérifier, vous ne ressemblez pas à une personne qui mentirait sur ses enfants pour de l’argent. Sauf si je me trompe. 


Irène regarde le chèque puis regarde Lionel, elle a les larmes qui lui montent aux yeux. Lionel lui tend un mouchoir en papier. 


Lionel : Ne pleurez pas s'il vous plaît. 


Irène : Ta mère doit être fière de toi. D’avoir un enfant qui a non seulement réussi dans la vie en partant de rien mais qui a aussi un grand cœur, des valeurs, un homme bien. Il faut vraiment avoir un bon cœur pour prendre son argent et remettre à la mère de celle qui a causé tellement de tort à sa famille. Je ne pourrai jamais te remercier suffisamment. Je souhaite que ta famille et toi trouviez la paix et que vous puissiez vous reconstruire. 


Lionel : La famille est sur la voie de la guérison, tout ira bien. 


Irène : Et comment elle va Angèle ? Il faudra la saluer de ma part. 


Lionel : Elle va bien merci. Je lui passerai vos salutations sans faute. 


Irène : Bon je vais te laisser travailler. Merci encore, du fond du cœur.


Lionel :Je vous en prie. Mais au fait, vous avez gardé le nom Mounguengui ? 


Irène : Au Ghana j’utilise mon nom de jeune fille « Bignoumba » mais je reviendrai ici pour lancer la procédure de divorce. Normalement vu qu'il est en prison pour toujours, le tribunal va nous déclarer divorcés très vite. Je pourrai enfin être totalement libérée.


Lionel : C'est une bonne chose, vous pourrez peut-être vous remarier.


Irène(sourire) :Ah non, je ne pense pas. 


Lionel : Autant d’années auprès de Jean François, vous aussi vous méritez d’être heureuse après tout ça. Et il n’y a pas que des Jean François Mounguengui là dehors,il y a des hommes bien.


Irène : Ah on verra. 


Irène se lève Lionel le fait à son tour et l’accompagne jusqu’au parking où elle prend un taxi juste après . 


         ♤~~~~~~~♤                                                       


Régis ouvre la porte à sa mère elle vient s’assoir sur une chaise. Ludovic est toujours assis à la fenêtre. 


Régis : Alors ? 


Irène : C’est bon j’ai l’argent pour nos billets d’avion.


Régis :La personne a finalement accepté de te prêter cet argent ? 


Irène : Non ce n’est pas un prêt, on me l'a donné. 


Elle lui donne le chèque qu’il regarde avec des yeux écarquillés. 


Irène : Ludovic par hasard tu ne saurais pas où est ton passeport ? 


Ludovic : Non. 


Irène : On va devoir aller à la mairie pour demander une copie de ton acte de naissance, puis avec ça, on ira lancer la demande pour un passeport. Et je pense qu’on sera même obligé de glisser une enveloppe pour que ton passeport sorte rapidement. 


Ludovic(regardant le chèque): Maman ça c’est beaucoup plus que ce dont on a besoin pour les billets. Il va rester un très grosse somme. 


Irène : En fait les frais d’hôtel, de nourriture et même la désintox de ton frère sont inclus à l’intérieur.


Régis : Mais maman…


Il froisse la mine quand il voit le nom qui est imprimé sur le chèque. 


Régis : Attend, Lionel Mebale ? C’est le même Lionel Mebale d'Imelda et de de Jean François ? 


Irène : Oui. 


Régis : Mais maman voyons ! Quel courage tu as eu d’aller lui demander de l’argent ? Après tout ce qu’il s’est passé ? Surtout ce qu'Imelda lui a fait ? 


Irène : Écoute je suis allée lui demander un prêt et c’est lui qui a insisté pour me donner ça. Il m’a dit de le voir comme ma récompense pour le boulot avec ton père. Il a insisté donc… 


Régis : Maman par dignité tu aurais dû refuser. Toi-même ça ne te gêne pas de prendre l’argent d’un homme qui a subi plusieurs coups à cause de ta fille ? À ta place moi j’aurais honte de… 


Irène(agacée) : Mais justement tu n’es pas à ma place Régis ! Tu n’es pas à ma place donc tu ne peux pas savoir ce que c’est de mettre la honte de côté quand on a des enfants. On est venu ici pour Ludo, j’ai dit que je ne partirais pas d’ici sans lui. Il s’avère aujourd’hui qu’on n’a plus un rond pour rentrer au Ghana. Même pour rester dans ce petit hôtel, acheter à manger, on n'a plus rien ! Le médecin nous a dit de nous dépêcher de le faire intégrer une clinique de désintox parce qu’il ne doit pas devenir accro aux anxiolytiques. 


Donc sans argent comment on fait ? On n'a personne ici, pas de famille, pas d’amis. Dans mes comptes bancaires ici j’avais environs 200 millions de FCFA mais que l’État a bloqué parce que c’est l’argent de ton père ! Si on avait encore nos bijoux, et iPhones, on les aurait vendus pour acheter nos billets. Mais je te rappelle que les cancrelats qui traînaient avec ton frère nous ont tout pris ! 


Donc on n’avait plus aucune solution pour trouver de l’argent et partir d’ici. J’ai dû mettre ma fierté de côté et demander de l’argent. Et Dieu merci c’est un enfant qui a un bon cœur, qui est respectueux. Il n’a pas cherché à me rabaisser, à me manquer de respect. Il m’a tendu ce chèque avec le regard clair et les yeux francs, dépourvus de jugement. Donc oui j’ai pris cet argent ! 


Irène se lève, lui arrache le chèque des mains et sort de la chambre. Régis soupire et la suit dans le couloir. 


Régis : Maman pardon. Je te demande pardon si mes paroles t’ont blessé. Je n’ai pas voulu te faire de la peine ou te mette en colère. Ça m’a fait bizarre d’apprendre la provenance de l’argent mais je n’aurai jamais dû te parler ainsi. 


Irène : Si j’étais toute seule peut-être que j’aurais fait les choses autrement. Mais ton frère a besoin d’être rapidement pris en charge dans une clinique parce que les anxiolytiques ne vont pas fonctionner éternellement. On a donc besoin de partir vite. 


Régis : J’ai compris maman… Pardon encore. 


Irène : Ok.. Bon je vais acheter des billets pour le plus tôt possible, on se voit tout à l’heure pour le dîner. 


Bonne lecture.

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