Chapitre 13
Ecrit par Meyroma
Depuis que maître Djibril m'a avoué ses sentiments, les choses sont restées constantes. Notre relation ne s'est ni dégradée, ni améliorée.
Il m'a demandé du temps pour faire les choses dans les normes et je lui en ai accordé.
Combien de temps exactement ?
Un jour? Une semaine? Un mois? Une année?
Ce dont je suis sûre, c'est que pour l'amour de maître Djibril, je serais capable d'attendre toute une vie, jusqu'à l'éternité.
Malgré que je sois sur un petit nuage douillet, Je n'ai pas perdu toute ma lucidité. Je me voue à mon travail corps et âme, sans qu'aucune émotion ne vienne entraver mes compétences.
D'ailleurs, s'il y'a une chose que j'admire dans ma relation avec maitre Djibril, c'est cette faculté que nous avons de faire la part des choses entre vie privée et vie professionnelle.
Pour preuve, depuis notre épisode à la "Roméo et Juliette", nous avons su mettre de côté nos sentiments, en nous consacrant exclusivement au travail. Nous n'avons ni évoqué l'amour, ni fait aucun geste qui compromette la trêve que nous nous sommes accordés pour élucider notre relation. Nous sommes restés chastes.
Aujourd'hui, nous avons eu une journée des moins encombrantes au boulot. Il y'a pas eu de nouvelle affaire.
Je suis concentrée sur la lecture d'un roman d'amour sur wattpad lorsque je reçois un appel en provenance du bureau de maitre Djibril sur le téléphone fixe.
-Yasmine, ce soir à la descente du boulot, je voudrais te raccompagner chez toi si tu le permets. J'ai à te parler.
Mon coeur tambourine dans ma poitrine et je m'entends prononcer d'une voix réceptive:
- Avec plaisir Maître. A toute à l'heure alors.
Depuis cet appel, je n'arrête pas de compter les minutes. Je suis sûre que même la grosse horloge murale placée en face de moi ne s'est jamais sentie aussi sollicitée. Jamais, journée ne m'a parue aussi longue que celle d'aujourd'hui.
A présent, mon esprit occupé par les spéculations sur mon fameux RDV ne peux plus être captivé par aucune des romances de wattpad. Je range soigneusement mon portable et m'évade de plus belle dans mes pensées.
****
Enfin, le moment tant attendu arrive. Installée sur le siège passager avant de la voiture de Maitre Djibril, j'observe la nature défiler à travers la vitrine.
On a usage de dire que l'intérieur d'un véhicule reflète la personnalité de son propriétaire. L'hygiène et le confort d'intérieur mettent fidèlement en exergue le caractère propre et ordonné de Maître Djibril. Je jette un coup d'œil furtif en sa direction et lui découvre un côté terriblement séduisant. Le volant lui sied tellement bien que je lui donnerai volontiers le rôle d'acteur principal dans le film fast ans furious.
Pour atténuer la gène qui commence à résulter du silence régnant, il allume la radio et tombe directement sur la chaine RFI. Ils annoncent un attentat terroriste au Pakistan, puis un tremblement de terre en Iran.
Je ne peux m'empêcher de songer que ce monde est plein de problèmes. Tandis-que certains vivent dans l'opulence, d'autres survivent à la misère.
Ainsi va la vie, pensé-je en soupirant de désolation pour ces pays en détresse.
Enfin, nous arrivons chez moi. Je l'invite à rentrer et il ne se fait pas prier.
- Salam Aleykoum, salut maitre Djibril dès qu'il pénètre notre maison
- Wa aleyk salam, sois le bienvenue mon fils, répond ma mère, si chaleureusement que j'en suis fière.
Je laisse Maitre Djibril aux bons soins de ma mère et rentre dans ma chambre me décharger de mon sac à main et changer rapidement de tenue.
J'enfile un pantalon slim noir et un haut décolleté beige, qui j'en suis consciente soulignent parfaitement mes courbes.
Maitre Djibril n'arrête pas de me dévorer des yeux lorsque je réapparaît dans la véranda.
Je m'assieds a côté de lui et comme par magie, ma mère disparait de la circulation.
- Alors Maître, je suis toute à vous.
- Si vous permettez, j'aimerai que nous commencions à nous tutoyer. J'estime que nous avons dépassé le seuil des formules de politesse.
- Le fait, c'est qu'il m'est un peu pénible de vous tutoyer, mais j'essaierai quand même. Je vois constamment en vous ce patron intransigeant. Lui avoué-je en faisant la mou.
- Vois plutôt en moi l'homme, le tendre, l'amoureux...me rassure t-il d'un ton incitateur.
Finalement convaincue, je fini par capituler.
- Bon, si tu insiste je te prend au mot.
Satisfait, il se lance enfin:
- Voilà, Comme je te l'ai promis, J'ai fait un pas de géant vers la rupture de mes fiançailles. j'ai fait part à mon père adoptif de ma volonté de rompre avec sa fille. Mieux, je lui ai même parlé de toi.
- Comment a-t-il réagi? Lui demandé-je sans même le laisser terminer son discours, impatiente et stressée.
- Comme un vrai père. Il n'a émis aucune objection à ma décision. J'ai vu dans ses yeux la déception de voir son rêve échouer, mais son amour pour moi a été plus fort que la force de ses désirs.
Il se tait un instant et je comprends qu'il y'a un "Mais" dans l'histoire. Sans lui donner le temps de me ménager, j'exige qu'il m'en dise plus.
- Le hic, c'est que Fati n'est pas encore au courant. Mais mon oncle m'a promis de s'en charger personnellement.
Je savais que c'était trop beau pour être vrai. Si l'actrice principale n'est même pas au courant qu'elle a perdu sa place, rien n'est joué.
Autant Maitre Djibril parait confiant, autant je suis sceptique. Mais pour ne pas paraître trop pessimiste à son goût, je m'abstient de m'attarder sur ce détail ou plutôt cet essentiel.
Nous discutons pendant un bon moment durant lequel il essaye tant bien que mal de me rassurer. Mais quelque part dans mon coeur, un grains de doute et de réticences germe secrètement.
En raccompagnant maître Djibril, nous nous arrêtons sur le pallier de la porte, dans un coin obscure qui échappe de justesse à la lumière des lampadaires. Il m'attrape fermement par la taille et me plaque contre le mur en s'agrippant à moi comme un couple de lézards en plein accouplement. Il m'embrasse d'un baiser brûlant auquel je répond avec fougue. Ses mains téméraires s'aventurent en plusieurs aller-retour sur l'axe entre mes seins et mes fesses endurcies par l'excitation. Une fontaine jusque là endormie commence à ruisseler de mon entrejambe et je sens qu'elle va bientôt monter comme une marée océanique si je ne l'arrête pas.
Malgré mon appétit culminant, je met fin à nos ébats car le lieux et le moment ne sont hélas pas propices.
-On remet ça à plutard, me chuchote maitre Djibril à l'oreille.
Quand je rentre à la maison , je trouve ma mère bouillonnant d'impatience, d'avoir un compte rendu détaillé de toute l'histoire.
Je lui raconte presque tout, en faisant abstraction des épisodes érotiques pour lui éviter un infarctus. Ma mère aime tellement les ragots qu'elle s'est endormie dans ma chambre tandis que je répondais à la millième question de curiosité qu'elle me posait.
Finalement, nous nous endormons ainsi, blotties l'une contre l'autre comme au bon vieux temps.