Chapitre 13
Ecrit par Lady_miinash21
Kayni Gueye
Mon sixième sens ne me trompait jamais. Mes intuitions ne s'avéraient jamais fausses, pour cause, j'en avais ce jour-là la totale certitude.
Je m'étais réveillée comme d'habitude à l'aube sentant mon coeur battre plus que la normale. Après ma prière où j'ai imploré le seigneur de me protéger, de me guider et de m'aider à surmonter tous les épreuves qu'il m'était sur mon chemin, j'ai enfilé une robe *thioub casamançaise* toute délavé avant de descendre pour commencer ma routine. Je balayais, je lavais, je frottais, j'essuyais avec beaucoup d'ardeur juste pour faire disparaître ces battements frénétiques de mon coeur mais rien. Dans d'autres circonstances plus joyeuses, j'aurais fredonner cette chanson de Zouk machine et Maldon:
???? nettoyer, balayer, astiquer ????, mais hélas s'en était tout autre.
J'avais préparé le petit déjeuner et l'avais servi au moment où il descendait déjà prêt. J'avançais pour lui donner la main accompagné d'une génuflexion, et comme d'habitude il touchait ma main à peine avant de me contourner pour aller s'asseoir.
Après son départ, je partais dans la buanderie pour prendre son linge sale. Il y avait bien une machine à laver mais monsieur m'interdisait de l'utiliser même si je n'ai jamais pensé à le faire. Je remplissais les seaux d'eau en tenant ma poitrine qui limite me faisait mal et m'asseyais sur le petit banc pour laver les habits en prenant soin d'écarter mes deux jambes. Le savon, l'omo, l'eau de javel, la gomme, le *bouleu* (poudre de lavage) étaient tous au rendez-vous, tous utilisés pour que les vêtements de monsieurs soient impeccables. Plus tard je les rincais avant de les accrocher sur la ligne pour qu'il sèche. Tous les matériaux de linge rangés, je retournais en cuisine pour me préparer mon déjeuner, oui parce que depuis l'incident avec le sel, il m'avait clairement fait comprendre qu'il ne mangerai plus jamais mes plats, comment dois-je le prendre, soulagement d'avoir cette corvée en moins, ou honte qu'à mon âge je ne puisse toujours pas cuisiner un repas digne de ce nom ? Bien que ce jour là je me rappelle avoir bien doser la salinité du plat comme chaque fois d'autant plus que mon médecin m'interdit de manger beaucoup de sel et de sucre, ce que je respecte depuis longtemps.
Vers 17h et demie j'avais finis tous mes corvées ainsi que de repasser et plier ses habits que j'ai mis dans le panier à linge et déposé au pas de sa porte. Je m'étais lavée pensant que la fraîcheur de l'eau atténuerait les douleurs de mon moteur de vie et de ces courbatures qui me tuaient à petit feu mais rien. Ensuite je m'étais vêtue et installée dans le salon pour l'attendre. Et tout comme ces deux derniers jours, il était rentré le visage renfrogné, presque en feu. Il était rentré dans le salon et après son internel regard terrorisant qu'il me lançait tout le temps, il était monté dans sa chambre.
Fatigué et surtout le corps en compote, je me levais difficilement pour préparer son massage. Il m'avait exigé un massage des pieds tout les soirs à sa descente devant un match de foot et des petits apéros. J'espère aujourd'hui que ça va détourner son attention pour qu'il ne me touche pas, parce que depuis la dernière fois qu'il m'avait violé, j'avais des douleurs insoutenables dans mon entrejambe et je ne supporterai pas la douleur s'il essayé de faire quoi que ce soit surtout avec la violence qu'il y exerce.
Ensuite je montais dans ma chambre pour récupérer les huiles et le pot de karité, en redescendant, il était déjà installé. Je m'approchais et m'asseyais à une distance raisonnable. Pendant tout le massage, j'ai essayé de le faire le plus mediocrement possible pour ne pas réveiller la bête. Et je crois que ça à marcher puisque qu'il était calme et concentré sur la télé. C'est donc soulagé que j'avais terminé de manicurer ses pieds et de débarasser tout le désordre que j'avais fait. À mon retour, il n'était plus dans le salon et croyant qu'il était parti dîner je ne sais où, je suis retournée dans la cuisine manger quelque chose avant d'aller me coucher. Entrain de chercher des couverts, j'ai entendu du bruit et en me retournant, je l'ai vu à l'encadrement de la porte adossé au mur. Il me regardait sévèrement en avançant vers moi. Et là j'ai compris où il voulait en venir, j'ai pris peur mais aussi bien décidé à ne pas le laisser.
-Non, non...s'il te plaît non...pas aujourd'hui s'il te plaît...
Sans tenir compte de ce que je disais, il continuait de s'avancer, les yeux braqués sur les miens. À un moment, j'étais bloquée par le comptoir derrière moi mais je pris en vitesse la première chose que je vis et c'était un couteau.
-N'approche pas, sinon je te tue, lui criais je en brandissant l'arme devant son visage.
Il recula d'un pas et me regarda avec de gros yeux.
-Tu n'oserais pas...écoute dépose ce truc et arrête de faire la folle
Les rôles s'inversaient, lui reculait et moi j'avançais. À ce moment là je n'avais plus peur de lui, au contraire j'avais de la haine, de la colère et de la rage.
-Tu ne m'en crois pas capable c'est ça ? Et bah sache que tu as tout faux. Je ne vais pas hésiter à t'enfoncer ce couteau dans les entrailles pour enfin vivre en paix. Tu as gâché ma vie, mis la vie des deux personnes qui me sont les plus chers au monde en péril comme chantage pour que je te revienne et tout cela pour faire de moi une esclave domestique et sexuel, tu m'as détruit physiquement et mentalement, et tu crois que maintenant que j'ai l'occasion d'en finir avec toi, je ne vais pas la saisir. JE VAIS TE TUER SALE MONSTRE.
-Écoute...écoute leïla tu es juste en colère...on...on va discuter calmement d'accord...dépose ce truc leïla
-Leïla, mais tu es fou, je ne m'appelle pas Leïla.
-Mais si regarde là, elle est tellement belle, dit-il en regardant quelque chose derrière moi.
Il me désigne un point derrière moi. Je me retourne lentement et constate qu'il n'y a rien, mais à peine ai-je compris son piège qu'il m'attrape par derrière et essaie de m'arracher le couteau des mains. Je me débat tant bien que mal même s'il est beaucoup plus fort que moi. J'arrive à me retourner et nos deux mains sont suspendues en l'air, moi tenant le couteau et lui serrant mes mains pour que je le lâche mais je résiste. J'avance la lame très difficilement vers son coup mais sans que je ne m'y attende, il me donne un violent coup de pied dans le ventre ce qui me fit valser en arrière et bim, je cogne violemment le comptoir derrière moi avant de tomber.
Ma vision devient flou et je sens un liquide coulé près de mon oeil avant que le noir ne m'enveloppe totalement.
Betty Bâ
Mes recherches sur mon père avancent bien. J'ai en quelques sortes la moitié des preuves dont j'ai besoin sur lui, je connais aussi son adresse et son soit disant lieu de travail, ainsi que son numéro privé.
En temps normal, oui je devrais être en possession de tous ses coordonnées vu que je suis sa fille mais, comment vous dire ? Mon père a complètement...couper les ponts avec nous, je peux même oser dire qu'il nous a renier.
Et ne croyez pas qu'aller le retrouver m'enchante, non. Au contraire ce qui m'enchanterai, c'est de le détruire comme il a fait avec ma mère et avec toutes ces autres femmes qui ont souffert à cause de lui. Je déteste l'injustice, tellement que je ne supporte pas de voir ma mère souffrir à cause de ce monstre, même si elle ne me le montre pas et essaie tout le temps de garder une certaine carapace de sérénité, je sais qu'à l'intérieur, elle est bouleversée. J'en ai marre, j'en ai marre de la sentir souvent ailleurs quand je lui parle, j'en ai marre de l'entendre pleurer la nuit quand je passe devant sa chambre, j'en ai marre qu'elle continue à l'aimer même après 15 ans sans l'avoir vu, ni entendu.
Je venais de quitter Malick, d'ailleurs c'est grâce à lui que j'ai pu avoir tous ces dossiers sur mon père, il m'est d'une très grande aide et je le remercierais jamais assez pour cela
J'étais arrivé dans mon quartier et j'allais garé ma voiture devant ma maison quand je vis un homme sortir d'une maison qui est à deux pâté de chez nous. Il était comme effrayé et portait un t-shirt blanc rempli de tâches de sang. Il a couru jusqu'au trottoir avant de rebrousser chemin. J'étais sous le choc et toutes sortes d'idées se bousculaient dans ma tête, et s'il avait tué quelqu'un ? Et si c'était un Serial Killer qui vit dans le même quartier que moi? Oh mon Dieu j'en ai même des frissons. Par contre, il avait éveillé ma curiosité, je voulais savoir qu'est-ce qui se passait dans cette maison. J'ai laissé mon sac dans la voiture et j'ai pris mon téléphone avant de sortir. Je me suis avancé lentement puis soudain, j'ai vu le garage s'ouvrir et une voiture noire en sortir avec au volant le même homme. Je me suis précipité vers un arbre où je me suis caché. J'ai vu la voiture passé et le conducteur tapait sur le volant comme un fou. Avant qu'il ne s'éloigne, j'ai eu le réflexe de noter la plaque d'immatriculation du véhicule sur mon portable pour en cas, on ne sait jamais.
Lorsque je me suis assurée de ne plus avoir la voiture dans mon champ de vision, j'ai couru vers la maison dont la porte était grandement ouverte. Je suis entré comme un voleur en marchant sur la pointe des pieds et à un moment j'ai vu des traces de sang par terre, j'avais tellement peur, mais ma curiosité a pris le dessus. J'ai donc suivi la ligne de sang. La maison était silencieuse, on aurait dit un film d'horreur tellement on entendait que le bruit de mes pas. Je traversais une sorte de salon puis les traces de sang me menèrent vers la cuisine, et là j'aperçus une marre de sang derrière l'hilot. En m'approchant, je découvris l'horreur, oh mon Dieu, c'est atroce. Une jeune fille était là inerte, gisant au sol. Ses cheveux recouvraient son visage ensanglanté, j'étais t tellement choquée que j'avais les larmes aux yeux. Je saisis mon téléphone en tremblant et composa le numéro d'un hôpital.
15mn plus tard, j'ai entendu la sirène des ambulances. J'étais recroquevillée près du corps de la jeune fille, les jambes ramenées vers ma poitrine, toujours en état de choc, les larmes aux yeux. C'est donc dans cette position que les ambulanciers m'ont trouvé accompagné d'un brancard où ils ont déposé la jeune fille, avant de la sortir. L'un d'eux est venu vers moi pour me poser des questions auxquelles je ne pouvais même pas répondre, la seule chose que je savais c'était que je ne pouvais pas laisser cette fille toute seule.
Ma Aïcha Gueye
Des sueurs froides, une gorge sèche, le coeur qui bat à mille, c'est comme cela que je me réveillais après avoir fait le même rêve depuis ce qui est arrivé à ma fille. Je ne me lève plus un jour sans ressentir que ma fille souffre.
Lorsqu'elle est sortie de l'hôpital, je voulais qu'elle vienne vivre à la maison quelque temps pour se reposer mais elle a refusé catégoriquement disant que sa place était au près de son mari, que même malade, elle avait le devoir de s'occuper de son mari, j'étais fière de l'entendre parler comme cela. Elle me montrait par là que je n'avais pas failli à mon rôle de mère. J'ai donc accepté de la laisser avec son mari à condition d'aller la voir régulièrement.
La première semaine, j'y allais tous les jours, mais à moment j'ai arrêté sous la demande de Kayni mais aussi de mon mari.
-Mais arrête d'aller les importuner comme cela, kayni va mieux maintenant et elle est entre de bonnes mains.
-Je ne les importune pas, je vais voir ma fille qui est en convalescence.
-Mais elle va mieux, je l'ai vu, donc arrête de te fatiguer
J'avais donc cessé d'aller l'importuner comme disait mon mari. Mais par contre je l'appelais souvent pour voir comment elle allait et à un moment c'est juste Ismaïla qui répondait car soit elle dormait soit elle révisait, du coup je n'arrivais même plus à lui parler. Et pourtant, le rêve persistait, je le fais chaque nuit et toujours avec ce même pressentiment. Mais j'essaie de me rassurer à chaque fois, me disant qu'elle est comme le dit Abdel entre de bonnes mains.
Je trouvais qu'il faisait chaud dans la chambre, je suis donc descendu à la cuisine pour boire un peu d'eau. En y allant, je suis passée près de l'ancienne chambre de Kayni et je me suis arrêtée pour y entrer. La chambre n'avait pas changé, elle est restée intact. Sur le lit, il y'avait la grande peluche que lui avait offert son père à son cinquième anniversaire, elle était toute contente et ses yeux brillaient tellement, j'avais même pleuré face à sa réaction quand elle a regardé la peluche longuement avec un sourire avant de la déposer et de venir nous prendre dans ses bras avec un bisou sur la joue pour tous les deux et un petit *merci*, elle avait cinq ans et je ne même pas qu'elle en ait plus. Elle me manque tellement.
-Elle me manque aussi
Je me retourne et découvre Abdel, debout au pas de la porte. Il s'avance vers moi et me prend dans ses bras.
Abdel: tu te rappelles...
Flashback
Kayni: Man, moi quand je serais grande, j'aurais beaucoup, beaucoup beaucoup d'enfants
Ma Aïcha: Mais bien sûr ma chérie, quand tu seras grande, tu vas trouver ton prince charmant, vous allez vous marier et vous aurez beaucoup, beaucoup de bébé.
Elle se retourna vers Abdel.
-Moi quand je serai grande, je me marierai avec toi, papa
Ma Aïcha: Mais mon bébé, tu ne peux pas te marier avec ton papa
Kayni: Je sais mais...je voudrais un prince charmant comme lui et je suis sûre qu'il n'y a pas deux comme lui.
Flashback end
Abdel: c'est le meilleur souvenir que j'ai d'elle tu sais, dit-il au creux de mon coup
-Moi j'étais jalouse je crois
Il éclata de rire et se redressa.
-Elle t'aime beaucoup.
Abdel: Oui je sais mais j'ai peur qu'elle ne puisse pas me pardonner
-Mais non, ne dit pas ça, c'était pour son bien et elle le comprendra tôt ou tard.
Abdel: Tu sais même si je ne suis pas son père biologique, je l'ai toujours considéré comme ma fille et elle a la même place que toi dans mon coeur, vous êtes mes rayons du soleil à jamais.
-Hey mais, je dois avoir beaucoup plus de place qu'elle moi
Il rigole et me reprend dans ses bras.
Abdel: Je t'aime ma chérie
-Je t'aime aussi mon amour