CHAPITRE 13 : Retournement de situation
Ecrit par delali
Cotonou, une semaine plus tard
Kenji n’en revient pas de ce que son ami est en train de lui annoncer. Assis sur le lit dans la chambre de son ami, il s’attendait à tout sauf à une nouvelle pareille. Son ami de toujours est sur le point de devenir papa.
Non Kenji, je ne peux avoir un enfant avec cette fille ! C’est pas possible.
Et comment tu feras maintenant ? Mais je pensais que tu te protégeais, comment tu t’es arrangé ?
Vraiment, cette fille-là, il faut que je m’en débarrasse.
C’est quoi le problème mon gars ?
Mais je ne suis pas prêt à avoir un enfant, encore moins avec cette fille, je ne ressens rien pour elle.
Et puis tu grimpais sur elle ?
ôh laisse ça frangin, toi-même tu connais l’affaire, ça n’a pas besoin de sentiment.
Qu’est-ce que tu feras maintenant ?
Y’a pas 36 solutions, on va enlever ça, c’est un mois et demi seulement.
Hum !
Tu n’as pas un peu d’économie à me passer là ? Il faut que je fasse vite, ça fait déjà une semaine qu’elle m’a annoncé la nouvelle.
Tu es sérieux là Malik ?
Mais ce n’est pas de l’amusement Kenji. Comment, sans travail, je veux gérer une famille ?
Hum ! En fait, moi mes parents ont eu à me dire qu’il ne faut pas faire ce genre chose, c’est contre nature, et ça peut se retourner contre toi.
Si tu étais devant le cas, tu allais faire comment ?
C’est pour cela j’évite mon gars, ou quand je ne peux pas me retenir je me protège, raison pour laquelle, je ne me suis jamais retrouvé dans situation pareille.
Malik commence à arpenter nerveusement la pièce.
Il faut que tu m’aides frangin.
Et elle, qu’est-ce qu’elle dit ?
Je ne sais pas, et je ne veux même pas savoir. Tout ce que je sais, c’est que je ne veux pas de ça avec elle.
Kenji soupir et dit :
Frangin, voilà ce que je te propose, reconnais ton enfant, tu peux le récupérer même à la naissance si tu veux, et puis dit lui gentiment que tu ne veux plus d’elle.
Ah Kenji, je ne peux…
Malik, moi je ne peux pas t’accompagner dans ta décision de meurtre hein.
Tu racontes quoi même ? lâche-t-il exaspéré.
Faire un avortement, c’est empêcher un enfant de voir le jour Malik, et je ne veux pas être ton complice sur ce coup-là. Je te laisse réfléchir, peut-être même que c’est cet enfant qui te portera chance afin que tu sois le plus haut gradé de la douane, qui sait ? déclare-t-il d’un air taquin en se levant.
Très drôle ! Je t’attends au tournant hein Kenji, chacun à son tour.
***
Quelques heures plus tard, Cotonou
Marianne vient de garer sa nouvelle et luxueuse voiture Lamborghini, fraichement acheté chez CFAO MOTORS sur les pavés du quartier JAK de Cotonou. Adeline et elle viennent chercher Stella pour une ballade dans la ville.
Grande sœur ! dit Adeline en grimaçant. On est obligé de trimballer ta copine là avec nous ?
Adé, essaie de te comporter comme une grande fille pour une fois. Si tu n’aimes pas ma copine, au moins fait semblant de la supporter pour moi.
Pfff ! Ça va aller ! lâche-t-elle en se laissant aller contre le siège.
A ce moment Stella sort de la demeure de ses parents et aperçoit le rutilant véhicule. La surprise se lit tout de suite sur son visage. Elle s’avance vers son amie qui elle est descendue du véhicule pour l’attendre :
Donc ! Tu étais sérieuse Ria ?
Surprise ! Répond cette dernière
C’est pas croyable ! dit-elle en se tapant les deux mains l’une contre l’autre. Tu as vraiment repris avec Samir, pour ça ?
Oh Stella, je sais que tu es fâchée, mais laisse tomber, je lui fais payer ça à ma manière.
Non, moi je dis que tu dois l’envoyer balader un point c’est tout !
Hum !!! Si c’était aussi facile. Faut te calmer, c’est pour cela je ne suis même pas venue te chercher pour aller choisir la voiture.
Mais je n’allais pas t’accompagner, comme il a l’argent, il se croit tout permis quoi ?
Laisse ça ma chérie, ne t’inquiète pas, il regrettera ce qu’il m’a fait, parce que son compte en banque va sentir. Allez, monte, on va à Erevan faire des achats.
Hum !
Sans plus perdre du temps, elles arrivent devant l’hyper marché de la ville. Elles ne se font pas prier pour descendre dévaliser les rayons du magasin. Au bout de trois bonnes heures, elles sont de retour de leur balade-shoping. Marianne dépose son amie Stella chez elle et rebrousse chemin pour le domicile de ses parents au quartier Sainte Rita en compagnie de sa petite sœur. Durant le trajet de retour, les deux sœurs bavardent entre elles.
Mais il y’a des gens qui n’ont pas honte hein !
Pourquoi tu dis ça Adé ?
Ta copine là, avec la bouche qu’elle faisait, pourquoi tu t’es remise avec Samir, pourquoi ci, pourquoi ça ! Je pensais qu’elle n’allait pas monter dans la voiture.
Hum Adeline ! La personne qui cherchera ton palabre aura problème hein !
Ha haha ha ! Non, mais Ria, toi-même regarde, avec toute la bouche qu’elle faisait. Au super marché même, c’est elle qui a acheté plus que tout le monde.
Moi, je n’ai même pas fait cette remarque.
C’est normal, c’est Samir qui paie.
Lol.
En tout cas, je reconnais qu’elle a un peu de goût. La montre qu’elle a achetée en dernière position est très belle.
Ah ça oui, c’est pour cela que moi-même je me suis empressée d’en prendre aussi.
Après une quinzaine de minute en voiture, les sœurs BONOU arrivent au domicile de leur parents. Adeline descend pour ouvrir le garage à sa sœur quand leur mère fait son apparition. Elle dit à l’égard de Marianne :
Viens dans ma chambre, il faut qu’on parle.
Marianne après avoir stationné son véhicule se dirige vers la chambre de sa mère, en se demandant bien de quoi veut encore lui parler cette dernière. Sans perdre une seconde, elle la rejoint dans sa chambre et la trouve assis sur le bord de son lit, feuilletant un magazine :
Entre et assois-toi. Lui dit sa mère
Marianne s’exécute :
On dit quoi avec Samir maintenant ?
Tu sais déjà tout maman.
Il se décide à t’épouser quand ?
Je ne sais pas maman. Et moi-même je ne suis pas pressée.
Tu es trop bête ! Quand tu as suivi mon conseil et que tu roules en voiture de luxe maintenant, tu n’es pas contente ?
Marianne détourne le regard, en faisant la moue.
Je dis oh Ria ? Tu ne veux pas porter robe de mariage tout blanc comme tes camarades ? Et être aussi madame ?
Oui, je veux, dit-elle comme si elle a été forcée.
Alors on va accélérer les choses. Tu le laisses déjà un peu trop seul. Demain déjà, je veux que tu ailles le voir.
Aïïë maman ! Il était ici déjà ce matin, il est parti à peine quand je suis sortie.
Ça ne suffit pas. Toi aussi, fais vite pour tomber enceinte, sinon une autre finira par te le prendre !
Marianne ne répond plus rien. Elle a fini par comprendre qu’avec sa mère, mieux valait de faire le béni-oui-oui pour avoir la paix. Pour le moment, la stratégie qu’elle a trouvé de jouer avec l’argent de Samir, la calme un peu. Elle espère gagner du temps afin que sa douleur passe.
***
Pendant ce temps à La Línea,
C’est le weekend et Mélina s’ennuie à mourir. Pour pallier à cela, elle a tout de suite pensé à Alexandro. Mais elle a été surprise lorsque ce dernier lui a répondu :
Oh désolé Méli. Mais là, je ne peux pas. Je viens d’avoir un emploi du temps un peu chargé…
Ok, pas de soucis, je comprends.
Merci ma grande. Prend bien soin de toi.
Promis.
Il a raccroché. La voilà seule devant son téléphone dans son appartement. Elle entreprend donc d’écrire à Marcus via WhatsApp. Il met du temps mais fini par répondre. Ces derniers jours d’ailleurs, il l’ignore presque. Elle ne comprend pas pourquoi. Cinq minutes plus tard, elle reçoit sur son WhatsApp.
« Salut » Lui répond-t-il
« Tu vas bien ? »
« Oui super »
« Ok. Moi aussi je vais bien »
« Super ! »
« Je peux te poser une question ? »
« Oui vas-y »
« Je te sens distant, qu’est ce qui ne va pas ? »
« Distant ? Bof, ça doit être le boulot »
« C’est pour cela que tu ne m’écris plus également ? »
« En fait, c’est que je n’ai plus assez de temps, tu vois »
« Ok. Mais ne serait-ce qu’un petit coucou les matins, cela fait plaisir »
« C’est noté. »
Puis elle remarque qu’il ne lui écrit plus un bon moment et disparait. Elle pousse un soupir et se demande encore une fois, qu’est ce qui peut bien se passer. Son téléphone se met à sonner et cette fois ci, c’est Marianne. Rien que le fait de voir son prénom affiché sur l’écran de son téléphone, la gonfle de joie. Elle s’empresse de répondre :
Allô Ria ?
Oui dada Méli.
Laisse ton affaire de dada, dis Méli tout simplement.
Ok. On dit quoi ?
Tranquille ma petite, je suis là.
Hum ok ! les nouvelles vont vite ici hein. Tu comptais m’informer quand ?
Tu parles de quoi ?
Mais, de mon beau !
Ah ! Tu es déjà au courant. Faut pas te fâcher ma petite, ce sont nos tralalas qui ont fait que je ne t’ai pas informé.
Parle-moi un peu de lui…
Mélina se met à parler avec entrain de son compagnon. Elle ressent une certaine estime de pouvoir dire qu’elle a quelqu’un avec qui elle peut construire sa vie. Marianne l’écoute parler et lui demande :
Tu dis il est où actuellement ?
Au Maroc.
Pour combien de temps ?
Le temps d’asseoir ses affaires et il revient.
Et ses deux enfants sont où ?
Au Bénin.
Avec qui ?
Sa belle… son ex belle famille.
Hum Méli ! Tu sais pourquoi il n’est plus avec la mère de ses enfants ?
Infidélité de cette dernière m’a-t-il dit.
Lol ! Et lui, est ce qu’il a jamais été fidèle ? Oups ! Désolée, je ne voulais pas dire ça !
Pas grave, je connais la chanson, les hommes fidèles, ça n’existe pas. C’est si une femme l’est que ça devient une affaire d’Etat.
D’ailleurs, ce n’est bon, ni pour l’un, ni pour l’autre. Le meilleur moyen de préserver un foyer, c’est d’être soudés et qu’aucun des conjoints n’ouvre la porte aux dégâts par l’infidélité.
Tu l’as bien dit Ria.
Soit, dis-lui, qu’il ne m’a pas encore rencontrée hein, donc qu’il n’a encore rien fait.
Je ne manquerais pas, dit-elle en riant. Et toi, de ton côté, le beau et richissime Samir SOUROU t’épouse quand ?
Hum ! Je ne sais pas hein. Je ne t’ai pas raconté la dernière.
Non.
Marianne fait à Mélina l’état des lieux de sa relation avec Samir. A la fin de son récit, Mélina lui dit :
Prends patience ma chérie. Ils sont tous les mêmes.
Hum Méli ! Toi aussi, tu tiens ce discours-là.
Ah, on va faire comment ?
Pardon, parlons d’autres choses plus intéressantes.
Puis elles passent à d’autres sujets qui leur tiennent à cœur, du moins plus à Marianne qu’à Mélina.
***
Pendant la soirée, à Cotonou
Malik vient de couper le moteur de son engin deux roues à quelques mètres de la maisonnée presque déjà endormie. Il veut tout, sauf se faire repérer. Il sort son téléphone et compose un numéro :
Allô Priscille ?
Oui. Bonsoir Malik.
Je suis dehors, viens me voir.
Ok. J’arrive.
Mais sors sans que personne ne te voit.
Ok.
Malik, encore assis sur sa moto, attend seulement une dizaine de minute, et la jeune fille fait son apparition de la façon la plus discrète qu’il soit comme il le lui avait demandé :
Pourquoi tu restes ici ? Viens, on rentre, dit-elle.
Non ! Restons ici.
Tu te caches de mes parents ou quoi ?
Bien sûr que non. Mais ce n’est pas une heure pour venir derrière la fille des gens.
Hum !
C’est vrai. Mais ne reste pas loin de moi. Viens dans mes bras.
Sans hésiter, elle se rapproche de lui et il l’enlace. Elle reste blottie contre lui un moment, puis il lui aménage une place sur le siège de la moto. Malik se dit bien que pour obtenir ce qu'il veut d’elle, il faut qu'il joue la carte de la sensibilité, puisqu'il est convaincu qu'elle a un grand faible pour lui. Il lui demande tout bas :
Tu ne l’as encore dit à personne hein ?
Non, à personne.
C’est bien. Pour le moment on va garder ça pour nous.
Mais jusqu’à quand Malik, ça ne se cache pas une grossesse.
Chérie écoute moi. Tu ne penses pas que ce n’est pas le moment d’avoir un enfant ?
Elle reste silencieuse.
Regarde, je me débrouille, d’ailleurs depuis un certain temps, c’est toi qui me prend en charge. Et ça c’est parce que tes parents t’en donnent. Mais quand ils vont l’apprendre, ils ne vont plus continuer. Comment on fera ? Le lait, les couches, sans compter les médicaments ! Toi qui n’est pas en état de travailler, et moi qui ne fait rien… On sera mal barré.
Et on fait comment maintenant ?
Il resserre son étreinte autour d’elle avant de lui dire :
On va attendre que je réussisse au concours d’abord.
Hum …
Oui ma puce, on n’a pas le choix. On ne peut pas garder celui-là. Quand j’aurai le boulot, il n’y aura pas de problème, tu pourras faire autant que tu veux. D’ailleurs ce sera avec raison, puisque tu m’as aidé à avoir le travail.
Tu es sûre de ce que tu me dis Malik ?
Bien sûr, pourquoi te mentirais je ?
Hum. Moi j’ai peur hein…
Non, il ne faut pas, je suis là.
Comment on fera ça.
Ne te dérange pas, je m’en occupe. Tout ce que tu as à faire, c’est de prendre soin de toi, parce qu’il faut que tu sois en pleine forme. J’ai vu un docteur pour ça, il va te faire une échographie pour voir comment procéder, mais en attendant tu peux être en train de prendre ça.
Il lui tend un sachet de pharmacie qu’il a sortie de son sac à dos. Elle lui demande :
Qu’est-ce que c’est ?
Le docteur a dit que ce sont des fortifiants et quelques antibiotiques. Je te ferai signe pour le jour j.
Priscille respire un bon coup avant de récupérer le sachet à elle tendu. Elle le regarde dans les yeux et dit :
Malik, tu sais que je t’aime n’est-ce pas ?
Ouiiii je le sais ma chérie.
C’est pour ça j’accepte hein, sinon on ne fait pas ça dans notre église.
Moi-même, on ne fait pas ça dans notre famille, mais c’est parce qu’on n’a pas le choix.
Il la met debout à présent, de sorte qu’elle lui fasse face, et ensuite il lui caresse le visage, avant de l’embrasser tendrement. Puis, il lui préconise de rentrer. Pendant qu’elle obtempère, Malik l’observe s’éloigner, elle est presqu’a son portail. Malik est tellement content de sa victoire, qu’il se murmure à lui-même :
Ouf ! Et voilà un problème de moins, comme une lettre à la poste !
Sans plus perdre de temps, il enfourche sa moto, quand il entend encore derrière lui :
Malik !
Il se retourne, et c’est Priscille qui revient dans sa direction. Son cœur se met à battre à tout rompre. Il se dit :
« C’est cuit, je suis fait comme un ras. Elle m’a entendu ! Cette fille va refuser maintenant de coopérer »