***Amina Sidibé ***

Depuis quelque temps, Amina sentait Idriss lui échapper.

Il ne lui envoyait plus de messages comme avant, leurs discussions étaient brèves, et lorsqu’ils se voyaient, il semblait ailleurs. 

Et pire encore : elle avait appris que son attitude envers Fatima avait changé.

— Il ne peut pas l’aimer, pas elle… murmura-t-elle avec rage.

Sa jalousie devenait insupportable. 

Elle refusait de perdre Idriss à cause de cette fille insignifiante.

C’est alors qu’une de ses amies, une certaine Soraya, lui parla d’un marabout réputé pour « ramener les maris égarés ».

 Amina, d’abord sceptique, finit par céder.

Quelques jours plus tard, elle se rendit dans une maison discrète en périphérie de la ville.

Un vieil homme en boubou blanc l’accueillit dans une pièce enfumée d’encens.

— Que veux-tu ? demanda-t-il d’une voix grave.

— Je veux qu’Idriss soit à moi, totalement.

Le marabout la fixa longuement avant de sourire.

— Très bien. 

Mais attention, forcer le destin peut avoir des conséquences.

Amina haussa les épaules. 

Elle n’avait pas peur des conséquences, elle voulait juste Idriss.

Le marabout lui donna un petit flacon contenant une potion.

— Verse ceci dans son verre, et il sera à toi, murmura-t-il. 

Mais sois prudente.

Amina rangea la potion dans son sac et quitta l’endroit avec détermination.

Quelques jours plus tard, une occasion se présenta. Idriss avait accepté une invitation à dîner avec quelques amis communs, dont elle. 

C’était une réunion informelle, dans un restaurant chic de la ville.

Amina s’arrangea pour s’asseoir près de lui.

À un moment, elle profita d’un instant où Idriss était distrait pour verser discrètement le liquide dans son verre. 

Son cœur battait à tout rompre, mais elle maîtrisait son geste à la perfection.

Elle était certaine que personne ne l’avait vue.

Mais le destin joua contre elle.

Juste avant qu’Idriss ne prenne son verredeson meilleur ami, Karim, l’interpella en plaisantant :

— Hé, Idriss, tu veux essayer mon cocktail ? 

Il paraît qu’il est incroyable !

Sans y prêter attention, Idriss échangea son verre avec celui de Karim.

Amina eut un frisson d’horreur, mais elle ne pouvait rien faire sans se trahir. 

Elle regarda Karim boire, les secondes s’étirant comme des heures.

Quelques minutes plus tard, il porta une main à sa gorge, son visage se crispant.

— Je… je me sens bizarre…

Le malaise s’intensifia rapidement. 

Karim eut des sueurs froides et s’effondra presque sur la table. 

Pris de panique, ses amis l’aidèrent à sortir.

— Il faut l’emmener à l’hôpital ! cria quelqu’un.

Idriss, préoccupé, aida à transporter Karim dans sa voiture.

Amina, tremblante, savait que tout s’écroulait.

À l’hôpital, les médecins annoncèrent que Karim avait été victime d’une intoxication suspecte. 

Idriss, troublé, chercha à comprendre comment cela avait pu arriver.

Il se rappela l’échange de verres et sentit un frisson glacé lui parcourir l’échine.

Son regard se posa sur Amina.

— C’est étrange… Mon verre devait être le sien.

Amina força un sourire.

— Tu insinues quoi ? 

Que j’aurais voulu t’empoisonner ?

Idriss ne répondit pas, mais un doute s’installa en lui.

Ce soir-là, il se coucha avec une étrange sensation d’inconfort.

Et Amina comprit que son plan avait non seulement échoué, mais qu’elle avait semé la méfiance dans l’esprit d’Idriss.

A suivre .