
Chapitre 14
Ecrit par Josephine54
Beverly
- Que se passe-t-il ici ?
J'avais immédiatement rejoint ma sœur dans la chambre. J'avais mille questions qui me brulaient les lèvres. Depuis quand maman et elle étaient aussi proches ? Qu'avais-je perdu en l'espace de cinq jours ?
- Pardon ? demanda innocemment Virginie.
- Virginie, ne te moque pas de moi. Tu as très bien compris ma question.
- Beverly, nous aurons le temps de parler plus tard. Je dois donner un coup de main à maman à la cuisine. Nous avons de la visite ce soir.
- Qui est-ce ? demandai-je à ma sœur.
Nous ne recevions presque jamais personne ici. Maman ne prenait jamais la peine de préparer pour qui que ce soit, même pas pour ses propres enfants.
- Tu le verras bientôt, répondit Virginie d'un air énigmatique en enlevant sa robe.
Elle enfila ensuite un ensemble de jogging et sortit de la chambre sans plus m'adresser le moindre regard. Je me laissai tomber lourdement sur lit. Pourquoi tant de mystère sur l'identité de notre visiteur ?
Je m'étendis sur le lit un bref moment et fus rapidement emportée par le sommeil. La fatigue de ces derniers jours se faisait ressentir plus que jamais.
Je fus tirée de mon sommeil par les bruits que faisaient mes frères dans la chambre. Je me redressai péniblement en ouvrant les yeux. Je jetai immédiatement un regard à ma montre et je me rendis compte qu'il était 17 h 30. J'avais dormi près d'une heure.
- Vous ne pouviez pas rester au salon ? demandai-je d'une voix sévère. Pour une fois que je peux me reposer, il a fallu que vous fassiez du bruit.
- C'est Virginie qui nous a chassés du salon, lança Kylian, des pleurs dans la voix.
- Mais pourquoi donc ? demandai-je en me redressant brusquement.
- Elle m'a dit qu'elle doit ranger le salon. Nous avons de la visite.
Encore ce mystérieux visiteur.
- Qui est-ce Arnaud ? demandai-je en me tournant vers mon frère.
Peut-être était-il dans la confidence. Il était très lié à Virginie. Il était celui qui la suivait directement.
- Je n'en sais rien, répondit Arnaud en haussant simplement les épaules.
Je le regardai dans les yeux un bref moment, mais il semblait être sincère.
Je me levai du lit et allai aux toilettes pour me vider la vessie et me débarbouiller. Je me rendis ensuite au salon et eus du mal à reconnaitre cette pièce de la maison. Virginie qui ne faisait jamais rien dans cette maison l'avait nettoyée de fond en comble. Elle avait même acheté une nappe pour la petite table et y avait même déposé un petit bouquet de fleurs artificielles.
Je me rendis ensuite à la cuisine pour prendre un verre d'eau et vis maman qui s'activait joyeusement, tout en chantonnant. Je pris ce dont j'avais besoin et rejoignis Virginie au salon. Elle m'ignora et continua sa besogne.
Je retournai à la chambre et pris mon téléphone. J'allais ensuite m'installer sur le divan au salon et envoyai un message à Arthur.
" Bonsoir chéri" écrivis-je en m'attendant déjà à sa réplique.
" Hum... on prend déjà les bonnes habitudes, je vois. Bonjour bébé, ça va ? ", répondit-il en ajoutant une émoticône de cœur rouge.
" Oui, assez bien et toi ? "
" Pas du tout, je m'ennuie, j'ai besoin de voir ma petite femme".
" Haha, as-tu passé la bague au doigt de quelqu'un ? " demandai-je en riant.
" Haha, ce n'est qu'une question de temps, ma chère".
Sa réponse me fit sourire bêtement.
" Que fais-tu ?" demandai-je, préférant tout de même changer de sujet. Bien que cela me fasse plaisir, c'était bien trop tôt pour nous de parler de ce sujet.
" Rien du tout. Je regarde un documentaire en attendant le match de ce soir, le derby Juve-Inter, et toi ? "
" Je suis en train de causer avec un mec qui fait battre mon cœur", répondis-je, me mettant carrément les mains sur le visage, comme s'il était en mesure de me voir à travers le téléphone.
" C'est vrai ?" demanda Arthur.
" Oui"
On resta un long moment sans plus échanger de messages.
" Au fait, nous avons un mystérieux visiteur ce soir. Ma mère et ma sœur sont en train de mettre les petits plats dans les grands."
"Ah bon ? Qui est-ce ? "
" Si seulement je le savais. De toute façon, je vais le découvrir d'un moment à l'autre."
" Je suis bien curieux tout de même" écrivit Arthur.
" Papa kongossa (commérage) avait brulé sa maison, à cause du kongossa", répondis-je en me rappelant cette chansonnette que nous chantions quand nous étions enfant, quand quelqu'un était bien trop curieux.
" Haha, ta tête", répondit Arthur.
" La tête que tu aimes bien" rétorquai-je.
" Je l'avoue".
Sa réponse me fit chaud au cœur. Mon chéri, aujourd'hui, avait apparemment envie de me montrer à quel point je comptais pour lui.
Roman écrit par Justine Laure (page Facebook Plume de Justine Laure)
- Virginie, j'entends une voiture garer, essaie de voir de qui il s'agit, hurla maman depuis la cuisine.
Virginie qui était en train de dresser une nappe sur la table à manger, la disposa rapidement et se rendit précipitamment à la porte.
Je rangeai immédiatement mon téléphone dans la poche de mon caba (robe en pagne) et fixai la porte sans masquer ma curiosité.
Virginie ouvrit la porte et sortit de la maison. Je me penchai légèrement pour lorgner quand mon regard tomba sur une grosse voiture 4X4. À qui appartient-elle ?
La porte du côté chauffeur s'ouvrit et je sentis mon sang se liquéfier quand mon regard se posa sur le profil du chauffeur. De ma position et avec le soleil couchant, je n'étais pas certaine de son identité. J'écarquillai les yeux quand je vis Frédéric sortir de la voiture.
Virginie se précipita vers lui et se jeta dans ses bras.
- Bienvenu chéri, crus-je entendre.
Ce n'était pas possible. J'étais certainement en train de rêver, plutôt en plein cauchemar, dirai-je. Frédéric, ici ? Un homme marié, d'une trentaine d'année, en couple avec une gamine de 18 ans. Il se présentait naturellement chez elle, et la maman de la fille qui s'activait à la cuisine afin de recevoir son invité d'honneur.
- Merci, répondit Frédéric en la serrant brièvement dans ses bras. J'ai rapporté de petits présents pour ta famille. Pourrais-tu appeler tes frères pour un coup de main ?
Virginie courut vers la maison.
- Frédéric est dehors, lança-t-elle d'une voix naturelle. Pourrais-tu nous donner un coup de main ?
Elle se rendit ensuite vers notre chambre.
- Arnaud, Kylian, James, venez m'aider s'il vous plait.
Elle ressortit et me lança un regard surpris quand elle réalisa que je n'avais bougé d'un iota. Elle poursuivit son chemin, suivie de ses frères. Annaella les avait aussi suivis.
- Chéri, je te présente mes frères : Arnaud, James, Kylian et Annaella.
- Enchanté les enfants, répondit Frédéric en échangeant une poignée de main avec les plus grands. Il prit ensuite Annaella dans ses bras.
Mes frères firent plusieurs tours de la voiture à la maison, transportant des vivres de tout genre : farine, lait, sacs de riz, boites de sardines, pain, sucre et même de la viande. Frédéric verrouilla sa voiture après que celle-ci ait été vidée par mes frères.
Virginie fit finalement son entrée avec Frédéric, qui tenait toujours Annaella dans ses bras.
- Bonjour Beverly, me salua Frédéric d'un ton neutre, me tendant la main.
- Bonjour Frédéric, répondis-je simplement en lui prenant la main.
Maman sortit à cet instant de la cuisine, un large sourire aux lèvres.
- Bonjour mon fils et bienvenue, lança-t-elle d'une voix chaleureuse en venant à la rencontre de Frédéric.
- Merci maman, répondit Frédéric avec un large sourire.
Ils échangèrent ensuite deux bises.
- Prends place mon fils, dit maman. Je finis rapidement avec les préparatifs et je vous rejoins.
- D'accord maman.
Maman retourna à la cuisine, nous laissant tous les trois au salon. Un silence chargé d'intensité régnait dans la pièce.
- Tu vas bien, Beverly ? demanda Frédéric d'un ton poli, en se tournant vers moi.
- Je vais bien, merci, répondis-je sur le même ton, sans lui retourner sa politesse.
Il se tourna ensuite vers Virginie, qui affichait une expression embarrassée sur le visage.
- Ça va ? lui demanda-t-il.
- Ça va, chéri, répondit-elle.
Ils commencèrent à parler de tout et de rien. Je me sentis très vite de trop. Je décidai donc de me lever et de me rendre dans la chambre.
Je m'assis sur le lit et me perdis un bref moment dans mes pensées. Je me rendis compte à cet instant que j'avais sacrifié ma soirée avec mon copain dans le but de faire entendre raison à ma petite sœur, mais là, je réalisais simplement que c'était peine perdue. Elle irait de l'avant, et cela, avec le soutien de sa mère.
Je décidai de ne pas rester dans cette maison, à être témoin de cette mascarade. Je pris un bain et décidai de faire une surprise à mon chéri. Il avait tellement râlé sur le fait de devoir passer la soirée tout seul que je suis certaine qu'il sera heureux de me voir.
Je me rendis donc aux toilettes pour une douche rapide, emportant avec moi, mes vêtements de rechange. Partageant la chambre avec mes cinq frères et sœurs, je n'avais pas vraiment le choix. J'en ressortis déjà habillée et maquillée.
J'entrai dans la chambre pour ranger ma robe en pagne et pris mon sac à main. Virginie entra dans la chambre sur ces faits et me regarda d'un air surpris.
- Tu sors ? demanda-t-elle d'une voix dépitée. Je venais t'appeler pour te dire que nous t'attendions pour passer à table.
- Je ne mangerai pas avec vous. Je n'étais pas au courant de sa venue. J'avais déjà un programme.
Virginie me regarda longuement, essayant de lire dans mes pensées.
- D'accord, soupira-t-elle en sortant de la chambre.
Je me jetai lourdement sur le lit. Mon Dieu, que faire ? Je décidai de sortir de tout même. Je pris mon sac et ouvris la porte de la chambre. La voix forte de maman me fit m'arrêter brusquement.
- Merci mon fils de ta visite. Je suis vraiment très contente de te rencontrer. Virginie m'a longuement parlé de toi. Tu sais, ce n'est pas toujours évident pour nous ici. Le père de Virginie est au chômage depuis des années et je suis la seule à soutenir cette famille avec mon petit commerce. Il passe son temps à boire. Je me demande où il trouve même l'argent pour le faire. Actuellement, je ne saurai dire où il se trouve en ce moment, certainement dans un bar à se soûler la gueule.
- Je vois, répondit Frédéric.
- Je te remercie déjà pour ce que tout ce que tu as apporté. Cela nous aidera énormément. Il nous arrive parfois de dormir…
C'était plus que je ne pouvais entendre. Je refermai brusquement la porte, obligeant ainsi maman à interrompre son discours de mendicité.
- Ah ma fille, ta sœur m'a dit que tu avais déjà un autre programme, lança maman d'une voix maternelle.
- Oui, maman. Je dois réviser avec des amis.
- D'accord, répondit-elle en souriant.
- Euh... bon Frédéric, à la prochaine alors, lançai-je en sortant précipitamment de la maison.
Maman... maman... maman... que ne ferait-elle pas pour quelques billets de banque ! Je n'aurais jamais imaginé qu'elle puisse aller aussi loin. C'était tout simplement honteux. J'avais simplement envie de vomir.
Je hélai rapidement un moto-taxi et donnai la destination d'Arthur. Quelques instants plus tard, je toquais, le coeur battant, à la porte d'Arthur. Cette dernière s’ouvrit et le visage surpris d'Arthur se matérialisa devant moi.
Il me regardait d'un air émerveillé.
- Je peux ? demandai-je d'une petite voix.
- Bien-sûr bébé, se reprit-il en ouvrant grandement la porte.
J'entrai dans sa chambre et Arthur referma la porta. Il m'y colla ensuite et prit possession de mes lèvres avec avidité.