Chapitre 14

Ecrit par WumiRa

Le sang de Maya ne fit qu'un tour.


- Quoi ?!


- C'est l'unique condition si tu veux retrouver ta liberté, dit Malik. Un bébé.


- Mais t'es malade ! s'écria t-elle. Espèce de débile... !


Elle se tourna vers la portière et l'ouvrit.


Il la regarda sortir du véhicule et se diriger vers la maison. Sa réaction ne l'étonnait pas du tout ; il s'y était attendu. Mais peu importe, elle finirait par s'y faire, si elle tenait au divorce. Sur ce point, il allait être intraitable. La minute d'après, il descendit à son tour de la voiture et la suivit.


- Je n'aime pas la façon dont tu viens de me parler, la réprimanda t-il, une fois dans le grand salon. 


- Tu te fous de mal gueule hein ? assena t-elle à bout de nerfs. Un bébé ?!


Elle éclata ensuite d'un rire hystérique.


- Tu devrais commencer par te chercher une mère porteuse tant que tu y es.


- Je viens de t'intimer de baisser le ton Maya.


- À moi tu n'intimes rien du tout, d'accord ? Il était convenu que je t'épouse en échange de l'aide que tu apporterais à mon père. Ni plus ni moins.


- Ton père n'a rien à voir avec ma "condition", et nous n'étions pas censés nous marier pour ensuite divorcer. Mais vu que tu tiens tellement à retourner auprès de ton imbécile d'ex, je consens à te faire plaisir en échange d'un héritier.


Elle ouvrit grands les yeux, tandis qu'il s'asseyait.


- Pardon ? 


- À toi de voir ce qu'il te convient le mieux.


- Parce que tu crois que je compte me remettre avec Djibril ?


- Je me fous de ce que tu feras une fois divorcée. L'essentiel c'est ce que tu feras pour mériter cette liberté à laquelle tu sembles énormément tenir. 


- Jamais moi je ne porterai un enfant de toi, Malik. Tu peux m'enfermer dans une tour que cela ne se produira pas.


Il haussa les sourcils.


- Ne me défis jamais.


- Oh si que je le ferai.


- Dans ce cas j'espère que tu es prête à passer le restant de tes jours auprès du débile que je suis ?


- Tu...


Il se releva.


- Je suis dans mon bureau au cas où tu auras changé d'avis. Pendant ce temps, profite de la maison, elle est uniquement pour "toi" mon amour, ironisa t-il, avant de se diriger vers une deuxième porte.


Stupéfaite, Maya le regarda s'en aller. De sa vie, elle n'avait jamais été aussi choquée par les propos d'un homme. Dans quel pétrin s'était-elle fourrée ? Comment pouvait-on utiliser quelque chose d'aussi important pour faire du chantage ? Il était plus pire que tout ce qu'elle s'était imaginé le concernant. D'abord, il l'obligeait à l'épouser et maintenant...maintenant il exigeait d'elle un rejeton, comme s'il s'agissait de quelque chose de tout à fait banal. Un enfant alors qu'elle n'avait encore rien accompli de sa vie ! Mais bien sûr, tant que lui-même croulait sous le poids de l'argent, monsieur ne trouvait aucun inconvénient à exploiter qui il voulait. Il était tellement égoïste que le ressenti des autres lui importait peu.


Irritée au plus haut point, mais également très fatiguée à cause du long trajet et faute de n'avoir pas bien dormi, elle se laissa tomber sur le canapé. 


Il devait avoir une autre solution. Si elle refusait d'avoir cet enfant avec lui, il mettrait sa menace en exécution ; il la retiendrait pour toujours, du moins jusqu'à ce que la mort les sépare. Or rien ne pourrait lui arriver de pire que de devoir faire abstraction de tous les rêves qu'elle s'était promis de réaliser, comme avoir des enfants et fonder une famille avec un homme qu'elle aimerait réellement. Comment allait-elle pouvoir y parvenir quand un être arrogant doublé d'un sadique la retenait ? Si seulement elle n'avait pas fait irruption dans le bureau de son père quelques jours plus tôt...


***


Le regard rivé sur une photo de ses parents, accrochée au mur, Malik se demandait s'il avait pris la bonne décision. Était-ce vraiment raisonnable de se lier de cette façon à cette famille qu'il avait promis aux siens de détruire ? Après toutes ces années, c'était en connaissance de cause qu'il était revenu au pays, en connaissance de cause qu'il avait fait en sorte que Fall entre en contact avec lui. La seule décision qu'il avait prise sans réfléchir au préalable était d'épouser Maya. Il avait décidé de faire d'elle son passe temps, le mariage n'étant qu'accessoire, mais fallait-il sérieusement qu'il aille jusqu'à lui faire un enfant ? Qu'arriverait-il si après la garde de l'enfant revenait à la mère ? Non, il ne le permettrait pas. Même si les femmes ne lui disait rien et que ses parties de jambes en l'air avaient fini par tourner à « l'exercice de routine », il tenait à devenir père ; c'était quelque chose qu'il avait toujours secrètement souhaité, ayant même déjà songé à faire recours à une mère porteuse. Avec la fille d'Henri Fall, il avait la possibilité de faire d'une pierre deux coups, soit coucher avec cette petite insolente et y gagner un héritier qui le succéderait à la tête de tout ce qu'il avait amassé à la sueur de son front.


Refoulant toutes les autres questions qui lui venaient à l'esprit, il songea qu'il était temps de réellement prendre les choses en main. À commencer par elle ; l'HFL attendrait encore un peu, le temps qu'il réussisse à dompter sa ravissante épouse. Et d'autant plus que tous, excepté Umar les croyait en voyage de noces, il allait profiter des quelques semaines à venir pour mettre son plan à exécution. Enfin, ça c'était si elle acceptait le marché qu'il lui proposait. Dans le cas contraire, il prendrait d'autres mesures. 


***


Quelques heures plus tard...



- Alleeeeez, raconte ! s'écria Sonya au téléphone une fois que Maya eût décroché. 


- Quoi ! 


- Quelle rabat-joie tu fais, tchrum. Raconte comment ça s'est passé hier après que vous vous soyez enfuis de la soirée.


Dis donc.


- Euh... So ?


- Je vous reçois cinq sur cinq, chef.


Maya de pu s'empêcher de sourire et poussa en même temps un gros soupir. Si seulement sa cousine savait quel genre de macho elle avait épousé ! Sonya avait été séduite dès qu'elle l'avait vu et lui confier quoi que ce soit ne concorderait pas avec l'image qu'elle se faisait de Malik.


- Il t'a rendu muette ou quoi ! s'impatienta t-elle.


- Que veux tu savoir au juste ? Il ne s'est absolument rien passé.


- Hehe, petite menteuse. Je m'imagine déjà avec pleins de neveux aussi mignons les uns que les autres. 


N'importe quoi...


- Je suis très sérieuse.


- Quoi sur le fait que vous...


- Oui, nous n'avons rien fait. Et tu m'embarasses, là.


Il y eut un silence à l'autre bout, puis Sonya reprit en disant : 


- Bon j'imagine que tu étais très fatiguée et que le gentleman qu'est mon beau frère n'a pas voulu se montrer impatient. Quoique moi je suis impatiente que tu rentres ! Tu n'imagineras jamais ce qui s'est passé après votre départ. 


Maya se redressa lentement sur le canapé. 


- Dis moi ? 


- Tu te souviens de l'ami de Malik que j'avais déjà rencontré en boîte ? Et bien sa petite amie est venu foutre la pagaille, parce que mademoiselle aurait découvert qu'il la trompe, tu images ! Heureusement que vous soyez parti à temps.


Elle ne pensait pas si bien dire. Malik aurait été capable de foutre cette nana enragée dehors. En parlant du loup... Elle entendit une porte se refermer et il apparût dans son champ de vision, les bras chargés d'un paquet.


- Je te rappelle So. Embrasse tout le monde.


- Hey attends ! Vous rentrez quand au fait ? 


- Aucune idée Sonya, je te rappelle.


Elle raccrocha. 


Sans cet appel, il l'aurait trouvé endormie, ce qui aurait évité une nouvelle confrontation, songea Maya.


- Je viens en ami, déclara t-il, comme s'il avait lu dans ses pensées. 


Elle se frotta les yeux, tandis qu'il approchait. Il déposa l'énorme paquet à côté d'elle et alla s'asseoir dans le fauteuil qui faisait face au canapé. Avait-il enfin compris que plus il restait loin, mieux elle se portait ? 


- Je ne t'ai offert aucun cadeau pour notre mariage, commença t-il. Je voulais y remédier. 


Elle ne dit rien.


- Sois prête dans une heure, nous sortons.


- Désolée... Je ne veux pas sortir. 


Il la dévisagea pendant un moment.


- Je comptais t'emmener dîner ce soir. Tu ne te sens pas bien ? 


Comme s'il s'en souciait vraiment. 


- Je préfère dîner ici. 


- OK, conclut-il en se levant. Je nous commanderai quelque chose dans ce cas. 


L'instant d'après il retourna dans ce qui devait être son bureau. Décidant qu'il était temps, qu'elle visite sa nouvelle demeure, Maya se leva à son tour et monta les escaliers qui la conduisirent directement à l'étage suivant. Elle n'eut pas à faire beaucoup d'efforts pour trouver laquelle d'entre toutes ces chambre serait la "leur" car la deuxième porte qu'elle ouvrit lui renvoya un décor digne d'un film Hollywoodien. Et pas n'importe quel film ! 


La première chose qui attira son attention lorsqu'elle entra fut l'immense lit qui trônait au milieu de la pièce. C'était un lit à baldaquin, qu'elle devina pouvant contenir pas moins de quatre personnes. Des centaines de pétales de roses étaient éparpillées sur les draps, lui renvoyant l'image du mariage parfait, la couche nuptiale parfaite, la nuit de noces parfaite... Or rien dans tout ceci n'était parfait.


 Elle se retourna pour quitter la chambre lorsqu'elle tomba nez à nez devant Malik ; un cri de stupeur lui échappa.


- Je t'ai fait peur ? demanda t-il, amusé par son froncement de sourcils.


- J'ai failli avoir une attaque.


- Désolé. Mais à part le gardien, nous sommes seul. 


L'incident de l'hôtel lui revint en tête, augmentant sa nervosité.


- Si tu le dis.


Elle n'avait pas remarqué qu'il avait apporté avec lui le paquet qu'elle n'avait pas daigné ouvrir. 


- Tu n'as pas aimé le cadeau ? 


- Non. Je me sens achetée.


- Tu me vexes Maya. 


- C'est la vérité. Ne t'attends pas à ce que j'accepte des cadeaux après chaque dispute. 


- Mais chérie, je ne venais pas m'excuser. Dans ma famille, il est de coutume que le marié offre un cadeau à son épouse, c'est un acte symbolique. 


Elle leva les yeux aux ciel.


- Qu'y a t-il de symbolique dans tout ce cirque ? Tout n'est que mensonge et supercherie. Mais si tu insistes...


Elle tendit les mains et prit le paquet.


- Merci. Et dommage que je n'aie pas songé à acheter un cadeau, la comédie n'est pas mon fort.


Il dû comprendre qu'elle était toujours sur la défensive, car il déclara :


- Nous sommes adultes et nous finirons par nous entendre sur un point, c'est sûr.


- Pas quand je suis censée te demander la permission avant de faire le moindre pas.


- Je ne t'obligerai jamais à faire quoi que ce soit, tu as dû mal interpréter mes propos.


- Dans ce cas je veux travailler pour Lincoln. C'est important pour moi. 


Malik serra les poings dans sa poche, mais il savait bien qu'il devait accepter, au moins sur ce coup là. Pour parvenir à ses fins, il avait besoin qu'elle arrive à lui faire confiance, or depuis qu'il la connaissait il ne lui avait donné aucune raison de baisser la garde.


- OK.


Elle l'interrogea du regard, faisant mine de ne pas saisir. C'était exprès ou quoi ? 


- Tu pourras travailler pour Lincoln.


- Mais ? 


Ce fut à son tour d'être surpris.


- J'ai cru comprendre qu'il y avait une condition à tout, dit-elle.


- Il s'agit de ta vie professionnelle, tu fais comme bon te semble, à condition que cela ne t'empêche pas de remplir ton rôle de femme mariée.


- Cela dépend de ce qu'implique exactement ce rôle. Aussi pour qu'il n'y ait pas de malentendus, je vais devoir répéter que...


- Je n'ai rien contre le mariage platonique, coupa t-il. Mais vas savoir si nous tiendrons longtemps tous le deux.

Sensuelle Ennemie