Chapitre 14

Ecrit par EdnaYamba

         


Raïssa MAVOUNGOU

Quand je me gare devant les locaux des entreprises SIMA, mon téléphone sonne. On me signale que le processus éliminer les obstacles est lancé. Tant mieux ; la fin de cette semaine, notre médicament sort et on veut être sûr que tout se passera comme convenu. Les obstacles nous les éliminons tout comme avec Damien SIMA.

Je me rappelle encore comment il était venu en furie dans le bureau d’Innocent quand il avait appris que la composition pharmaceutique du produit contenait des produits dangereux.

-         On ne peut pas poursuivre ! avait-il lancé !

-         Calme-toi Damien ! lui avait dit Innocent

-         On parle de la vie des gens Innocent, je ne vais certainement pas laisser ma famille être associée à ça ! avait-il fulminé, on se retire du projet !

-         Tu sais que si vous le faites, je suis ruiné ! a protesté Innocent

-         Crois-moi, je suis désolé pour toi ! mais c’est impossible qu’on s’engage dedans !  je te laisse 3 jours pour l’annoncer aux autres sinon je m’en chargerais.

Il s’était levé et quelques minutes après il était parti.

Innocent est resté silencieux. Il avait investi beaucoup d’argent dans ce projet et il n’était pas le seul, si la famille SIMA se retirait, les autres aussi le feraient, et c’était la ruine assurée pour lui. Il ne pouvait pas laisser faire une telle chose.

-         A quoi penses-tu Innocent ?

Je connaissais ce regard.

-         Tu sais !

 

Le mot d’ordre était passé. Je travaillais avec Innocent depuis des années déjà, je connaissais ses méthodes, ce n’est pas pour rien que je suis son second depuis autant d’années, je suis certes intelligente mais je suis aussi très ambitieuse et prête à tout pour réussir et c’est ce que j’avais dit au responsable des ressources humaines lors de mon entretien d’embauche.

Innocent était là.

«  J’aime ta détermination » m’avait-il dit

Et quand j’avais fini. Il avait dit au chef du personnel de m’engager, je n’ai pas commencé à la basse échelle comme les autres, j’ai été d’abord son assistante personnelle avant de devenir son second.

Je reviens de loin, ma famille n’était pas ce qu’on appelle une famille aisée, les jours où il y avait un peu d’argent on mangeait, les jours où il n’y en avait pas on mourrait de faim. Et quand j’allais à l’école j’enviais tous ceux qui avaient une vie agréable, en me disant qu’un jour je ferais tout pour ne jamais manquer de rien. Je me suis lancée premièrement dans les études, et quand j’ai fini j’ai vite compris que le système était telle qu’il ne suffisait pas d’être intelligent…. Et j’étais prête à tout pour ne plus revivre une vie merdique.

Je me regarde au travers du rétroviseur et remet  mon rouge à lèvres. Quand j’estime que c’est parfait, je descends enfin de la voiture. J’arrange mon soutien pour essayer de faire sortir ma poitrine rebondie.

La secrétaire de Peter m’annonce et me fait rentrer dans son bureau.

Je le trouve assis, charismatique.

Quand je pense que je l’avais encore dans mon lit, il y a peu. Et que maintenant cette avocate, est tout ce qui retient son attention.

Oui, j’ai menti quand je disais que ce n’est pas grave. Quelle femme ne voudrait pas de Peter SIMA ? Une folle peut-être !

Il est beau, intelligent et suffisamment aisé. Un 3 en 1.

 

Tia JACKSON

Je me suis laissée convaincre par maman et Linda qui m’ont trainée enfin pas tant que ça dans des boutiques en ville, pour regarder les robes de mariées qui me plairaient. C’est avec sourire que je vois défiler toutes les robes devant moi, Peter et moi, sommes réellement ensemble alors qui sait si ça n’aboutira pas vraiment au mariage. Je me prends au jeu sans problème de conscience. D’ailleurs quand je l’ai dit à Peter il m’a dit :

Vas-y et choisis la plus belle qui sait si réellement ce mariage n’aura pas lieu bébé?

J’ai souri.

Au lieu que ça me fasse peur, je me suis retrouvée à relire ce message plusieurs fois, comme une adolescente devant le tendre petit mot de son amoureux. Je souris en pensant au fait que toutes les journées je reste rêveuse devant les messages que je reçois de lui. On s’écrit à tout le temps sauf quand l’un ou l’autre est réellement occupé.

-         Pour quelqu’un qui ne voulait pas se voir en couple, tu es bien heureuse maintenant de te marier, remarque Linda souriante alors que je réponds à un message de Peter. J’aime ce que je vois.

Ça se voit tant que ça, que je suis heureuse ?

Heureuse.

C’est le mot.

Je ne regrette pas d’avoir fait confiance à Peter, il me le rend bien. Il me rend vraiment bien, je me sens belle à ses côtés, désirée…ce que j’apprécie le plus, on discute. Il a toujours ses airs de macho fangs mais c’est gérable, il s’en sort plutôt pas mal.

J’enfile toutes les robes que maman me présente, c’est plaisant mais c’est lassant à la longue, elles sont tellement belles que tu ne sais pas laquelle choisir surtout que maman insiste avec son histoire de déclic.

Ne prends celle que pour laquelle tu auras un déclic particulier, spécial.

Et justement je ne l’ai pas encore trouvée.

On finit de tourner les magasins sans succès ce qui n’est pas plus mal non plus. Quand j’arrive à la maison, Peter est déjà là. Je vais me blottir dans ses bras.

-         Ta journée ?

-         Lassante, qui l’aurait cru que choisir une robe de mariée serait si difficile ?

-         Moi volontiers si choisir une simple bague est un exercice difficile, je n’imagine pas ce qu’il en est pour la robe. Tu as trouvé une qui plait ?

-         Non et puis c’est tant mieux on n’en est pas encore là , n’est-ce pas ?

Il me fixe.

-         Oui mais on s’en approche n’est-ce pas ?

-         Oui, dis-je troublée, alors ta journée ?

-         Pas terrible.

-         Tu n’as pas oublié que tu rencontres Harry aujourd’hui j’espère ?

-         Excuse-moi

Il décroche son téléphone dont la sonnerie nous interrompt.

Je me lève pour retirer mes chaussures et me diriger vers la chambre, me changer.

-         Oui Armande, tu l’as aperçu en ville toute à l’heure, c’est donc qu’elle est rentrée alors. Pour l’instant ne dis rien aux parents s’il te plait laisse-moi régler ça.

Il se lève et va se placer en face de la fenêtre, une main dans la poche de son pantalon alors que l’autre tient son téléphone, poursuivant sa conversation alors que je vais retirer mes habits. Je me dirige vers l’armoire pour prendre une robe à enfiler avant d’aller à la cuisine. Harry va rencontrer Peter aujourd’hui pour la première officiellement. C’est mon meilleur ami et c’est important  pour moi.

L’expression faciale de Peter quand je reviens ouvrir à Harry , me montre que quelque chose ne va pas. Je me demande si c’est l’appel avec Armande.

Qui est en ville et dont il faut cacher la presence à leurs parents, je n’ai pas pour habitude d’etre curieuse mais là son expression me fait me poser des questions. Heureusement il se détend quand Harry lance aussitôt qu’ils se serrent la main :

-         Je plaide non coupable, je n’ai jamais pour Tia d’autres sentiments que des sentiments fraternels.

-         Harry tu es bête ! lui dis-je  en riant.

-         Non mais il a raison parce que je lui aurais posé la question, dit Peter en riant à son tour alors qu’ils se serrent la main.

Je lève les yeux au ciel , et vais dans la cuisine les laissant faire plus ample connaissance et aux sons des rires qui me parviennent ça se passe plutôt bien.

Je les apporte deux bières alors que Peter met un match de la champions League Paris saint-Germain – Barcelone. Un match important. Je laisse ma marmite au feu pour les rejoindre.

-         J’aimerais bien qu’on batte cette équipe barcelonaise, soupiré-je alors que les deux hommes se retournent vers moi ahuris.w

-         Je commence à douter de tes talents de footballeuse, lance Peter

-         Tu as vu les trophées chez moi, c’est déjà suffisant et  j’ai Harry comme témoin !

-         Je ne suis témoin de rien, je ne peux pas comprendre que tu sois contre la plus grande équipe de tous les temps ! lance Harry soutenant Peter

-         Pff , ce n’est pas ce que le résultat de ce match laisse supposer

-         On ne veut pas manger bruler chérie, il est préférable que tu ailles regarder ta marmite, me chasse Peter soutenu par Harry

Ce qui me fait rire. Je les laisse en paix subir l’humiliation de leur équipe qui vient d’encaisser le 3e but. J’aurais le temps de les chahuter tout à l’heure.

Les mines qu’ils affichent une heure trente plus tard alors que nous dégustons le canrd au citron que j’ai cuisiné, m’amusent. Je ne peux m’empecher de les emmerder.

-         Quand elle s’arrête, elle ne s’arrete pas ! dit Harry

-         Je verrais sa face au retour quand le barça infligera à ces petits une belle remontée !

-         On verra bien, souris-je

Le diner se passe bien et le courant est plutôt bien passé entre Peter et Harry pour mon plus grand bien.

-         Qu’est-ce qui te tracassait tout à l’heure ? lui demandé-je après le départ d’un Harry qui par le regard m’avait donnée sa bénédiction.

Il soupire.

-         Il s’agit de mon neveu. Le fils de mon frère défunt.

Il me parle avec émotion de son frère décédé en même temps que son épouse quelle triste histoire et ce pauvre petit garçon qui se retrouve entre deux feux. La meilleure chose à faire ce serait de voir un juge des tutelles, je pense le code civil en parle, c’est ce que je lui conseille avant de lui conseiller un ami avocat de ce genre d’affaires qui pourrait les aider.

 

Mireille KAKOU

C’est la sortie de Drax le produit censé apporté beaucoup de soulagement pour la population Gabonaise Mais qui en réalité va en tuer plus d’un. J’ai été étonnée de voir maître Jackson à qui j’ai présenté Sylvain, elle s’est montrée heureuse de le voir sur pied.

-         Je suis venue avec mon fiancé, il est quelque part je vais le rejoindre !

Elle s’est éloignée alors que j’expliquais à Sylvain quelle avocate compétente et altruiste elle est.

-         J’ai soif chéri, dis-je à Sylvain alors qu’il se déplace pour me chercher un peu d’eau et discuter avec quelques collègues.

 Tous les employés que nous sommes avons été invités à etre là , à afficher des sourires de satisfactions. Je me demande si ceux qui savent les dessous de toute cette affaire comme nous dorment bien et sont aussi mal à l’aise que nous, moi en tout cas. Parce que Sylvain après son entretien avec les patrons est rentré à la maison et a dit : « Maintenant on va vivre comme si tout cela n’avait jamais existé ».

-         Eh ma co, tu fais quoi là ? ça va ?

-         J’ai été emmené par un gentil-là qui voulait se promener au bras d’une jolie femme, sourit-elle en me faisant un clin d’œil ; Moi ça va mais toi par contre ça n’a pas l’air d’aller bien !

-         Ah ma chérie c’est la grossesse, mentis-je alors que la seule chose que j’ai envie de lui dire c’est oui tu as raison ça ne va pas fort.

J’ai soudainement envie de vomir, je me dirige précipitamment dans les toilettes suivie par Prisca qui me retrouve la tête dans les toilettes, elle m’aide à me lever et m’accompagne, me rincer le visage. Et là je me laisse aller à pleurer quand je me regarde dans le miroir, je n’en peux plus. Garder ça pour moi toute seule, je n’en peux plus.

Y a des erreurs qu’on ne ferait jamais si on pouvait prévoir et mesurer à l’avance les conséquences.

Je n’ai pas trompé Sylvain par plaisir, je l’ai fait pour le préserver lui.

Tout s’emmêle dans ma tête.

-         Qu’est-ce qu’il y a ?

En sanglots, je me mets à lui raconter tout doucement les péripéties de ma vie, j’ai besoin de me libérer. Je lui parle de tout de l’affaire d’Innocent jusqu’à la découverte de la toxicité du produit et combien tout ça me pèse Puis un bruit de la porte nous interrompt. C’est Sylvain. Mon cœur bat, depuis quand est-ce qu’il est là ? Prisca aussi semble paniquée, elle qui n’a pas eu le temps de placer un mot mais quand je le vois s’approcher.

-         Chérie, je te cherchais. Qu’est-ce qu’il y a !?

La pression descend.

Il s’approche pour vérifier que tout va bien.

-         Ce sont les hormones , ment Prisca.

Elle me regarde avec compassion avant de nous laisser.

-         Si tu veux on peut rentrer ?

-         Non c’est bon chéri, on va rester !

 

Tia Jackson

Je suis avec mes beaux-parents, Armande et son mari, Mitch aussi et sa fiancée Layla sont là. Je discute gaiement avec tout le monde alors que Peter est avec MAGANGA et Raïssa MAVOUNGOU. Seulement quelques minutes qu’on est séparés et il me manque déjà. Je les regarde la famille SIMA, ils ont tous l’air fier d’avoir porté jusqu’à son terme un projet de leur fils décédé. Ça doit être dur de perdre un fils, un frère. Je n’imagine pas la douleur que je ressentirais moi à leur place, cette option n’est pas envisageable. Oui Peter monte sur l’estrade, je regarde mon fiancé  fier, élégant et si beau qu’un  sentiment de fierté m’étreint dès qu’il commence à porter avec éloquence son discours.

-         Je suis particulièrement ému ce soir parce qu’il s’agit d’un projet qu’avait commencé Damien, mon grand frère….

 Il commence l’hommage à son frère, c’est tout simplement émouvant encore plus quand une photo de son frère et de son épouse est projetée. On observe une minute de silence après laquelle, je peux voir Peter essuyer rapidement une larme.

Sur la table, Monsieur et Madame SIMA se tiennent la main et Armande n’ose pas fixer l’image. Cette perte a dû être tragique pour la famille. C’est un discours émouvant que tout le monde applaudit quand c’est fini. Quand il descend, il est agrippé par Raïssa, particulièrement ravissante, elle peut m’agacer comme je veux mais on ne peut pas lui nier son charme.

Quand elle revient, elle offre des sourires à tout le monde sur la table, prend quelques minutes pour apprécier Madame Sima, sinon lui cirer les pompes.  Je frotte doucement l’épaule de Peter en signe de réconfort, il m’adresse un sourire chaleureux  qui fait gonfler mon cœur d’amour et là ça m’apparait comme un coup de tonnerre dans un ciel serein, je suis amoureuse de Peter. Ça m’apparait comme une évidence ce qui me trouble, je m’excuse et me lève de la table.

Quand je vais devant le miroir, je me regarde en me répétant intérieurement.

Je suis amoureuse de Peter SIMA. Vraiment amoureuse.

La porte des vestiaires s’ouvre , je souris en me demandant si Peter oserait sa folie de la dernière fois, mais mon sourire se fige quand je vois Raïssa MAVOUNGOU.

-         Ça va ? me demande-t-elle

-         Oui, oui, lui dis-je en espérant qu’après ça elle me fiche la paix.

Mais apparemment ce n’est pas le cas, elle vient réajuster son maquillage à côté de moi.

-         Tu n’es pas la première, tu sais ! il se lassera bien vite de toi !

Je n’ai pas besoin de lui demander à quoi elle fait référence, qu’elle complète…

-         Il a déjà été fiancé une fois avant de l’envoyer paitre. Fais donc gaffe profite ça ne durera pas longtemps. Voilà c’est parfait !

Elle se regarde satisfaite et sort de la salle. Décidemment Miss beauté est également une peste… quand je reviens, elle me fait un clin d’œil avant de toucher la main de Peter et de s’en aller

-         Maitre Jackson

Je me retourne pour faire face à celui que j’ai rencontré plus tôt comme étant le mari de Mireille.

-         Mr KAKOU ?

-         S’il vous plait maitre, j’aimerais pouvoir vous parler mais pas ici, me chuchote-t-il, pourrais-je passer à votre cabinet ?

-         Quand vous voulez, lui dis-je

Il me remercie avant de s’en aller rapidement…..

Justice et Amour