Chapitre 15

Ecrit par EdnaYamba


Tia Jackson

-         Tu m’as l’air contrariée ! remarque Layla quand je les retrouve sur notre table

-         Oui, je viens de me rendre compte qu’il est important de toujours avoir sur soi un insecticide. On ne sait jamais là où on peut voir des cafards !

Elle pose sur moi, un regard incrédule.

-         Il y a des insectes ici ? me chuchote-t-elle craintive

-         J’en ai juste vu un tout à l’heure dans les toilettes, lui dis- je à l’oreille mon regard fixé sur Raïssa en face de moi.

Quand elle suit mon regard, elle me comprend.

-         C’est vrai que ce genre d’insecte, on ne leur laisse pas une seule chance. Je suis là au besoin !  me chuchote-t-elle à son tour.

Elle me jette une œillade complice et  esquisse un sourire qui ne laisserait pas deviner derrière son visage d’ange une once de brutalité.  D’ailleurs Layla, la fiancé de Mitch est une jeune femme charmante et chaleureuse avec laquelle j’ai tout de suite accroché une fois que nous avons été présentées. J’apprécie son soutien même si je doute que dans son état actuel, elle puisse m’aider. Si j’en crois le volume de son ventre, elle doit être à 4 ou 5 mois de grossesse.

Peter dit qu’elle et Mitch ça dure depuis le lycée, c’est beau à voir. Que ça tout de suite été une évidence pour Mitch lorsqu’il l’a vu !

Mon regard se reporte sur un Peter discutant avec miss Parfaite. Ne suis-je pas en train de faire une erreur ?

J’ai dû mal à penser à autre chose tout au long de la cérémonie. Elle a réussi à semer le doute dans mon esprit. Personne ne peut nier à Peter  son charme pour conquérir n’importe quelle femme. Et Raïssa ne semble pas avoir échappé à la liste sinon comment expliquer son comportement. Cela suscite en moi  une onde de jalousie.

La véritable question reste pour moi, la nature de leur relation qui m’apparait pleine d’ambiguïté.

-         Merci d’avoir été là, me dit Peter en venant derrière moi m’enlacer alors que je retire mes boucles devant le  grand miroir.

-         C’était beau ton discours pour ton frère ! lui dis-je en m’arrêtant.

Il resserre son étreinte et on reste comme ça un moment et je lui demande.

-         Je ne sais pas si c’est le bon moment mais…

Je m’interromps, partagée entre l’envie de lui demander et celle de me taire.

-         Quoi ? me demande-t-il en posant un baiser sur mes cheveux.

-         Tu as eu une liaison avec Raïssa ?

Je le fixe à travers le miroir.

-         Oui, m’avoue-t-il sans détour.

Nos regards restent plongés l’un dans l’autre.

-         Je vois !

J’aurais peut-être préféré qu’il me dise non, mais l’évidence était là.

-         Tu vois quoi Jackson ? elle et moi c’est terminé !

Il enfoui son visage dans mon cou, reniflant mon odeur.

-         Tu sens bon !

-         C’est terminé pour qui, pour toi ou pour elle ?

Il relève la tête, un sourire provocateur dessiné sur ses lèvres.

-         Pour nous deux !  serais-tu jalouse ?

-         Moi ? fais-je en riant, non ! c’est juste que je vous trouve trop tactile c’est tout ! ça aurait été moi avec Aaron…

-         Cette éventualité n’y pense même pas, me coupe-t-il fermement.

Oh le macho.

-         Aucune chance qu’un autre que moi soit tactile avec toi. Bon maintenant si tu m’expliquais un peu mieux ce que tu entends pas être tactile peut-être que je saurais imposé les limites avec elle….

Il me retourne face à lui, prend ma main et m’invite à le toucher et à délimiter mon espace personnel avant de me jeter sur le lit.

                                                      ***

C’est toute fatiguée mais heureuse que j’arrive au boulot, le lendemain. On ne devrait jamais faire ce genre de sortie les jours de semaine.  Pour une casanière comme moi, ma vie devient de plus en plus mouvementée depuis que Peter y est entré.

Je pose à peine mes fesses sur le fauteuil que la porte de mon bureau s’ouvre sur Agathe.

-         Mlle Jackson, il y a un monsieur qui désire vous rencontrer  mais il n’a pas de rendez-vous.

-         Ai- je un rendez-vous important dans les heures qui vont suivre ? lui demandé-je.

Elle fait sortir son agenda électronique et vérifie.

-         Pas dans les 45 prochaines minutes, m’annonce-t-elle attendant mon aval.

-         Faites-le donc entrer !

Quand Agathe s’éclipse, la porte s’ouvre quelques minutes plus tard sur Monsieur KAKOU. Je ne l’attendais pas de sitôt. Je l’invite à s’installer, il me semble préoccupé un peu comme la plupart de ceux qui foulent pour la première fois mon bureau.

Je  l’invite à s’asseoir.

-         Je ne sais pas si c’est une bonne idée, d’être venu vous voir, commence-t-il stressé.

Il entremêle ses doigts entre eux. Je reste silencieuse attendant qu’il se décide.  Il ne vaut mieux pas le brusquer mais plutôt le laisser se remémorer pourquoi il a pensé à moi pour potentiellement l’aider. Il soupire.

-         Ce que je vais vous dire est extrêmement important et j’ai besoin que vous me juriez que vous pourrez me défendre et surtout assurer ma sécurité et celle de ma famille.

-         Je ne sais pas si je suis en mesure de vous faire ce genre de promesse, dis-je honnête  mais une chose est sure je ferais ce qui est en pouvoir !

Il soupire longuement et quand il se met à parler, mon corps se durcit à l’évocation de ce projet dans lequel Peter est impliqué.

Quelle horreur !

Je ne peux pas croire que Peter soit un personnage horrible, dont le seul intérêt n’est que l’argent au détriment de la vie de plusieurs humains. Non pas l’homme dans les bras duquel je me suis endormie hier.  Pas cet homme-là ! Toute cette histoire me parait surréaliste.

-         Avez-vous un moyen de prouver ce que vous dites ? demandé-je prudente.

-         Malheureusement, il n’y a que ma parole !

Tapotant nerveusement, le stylo que je tiens sur un coin de mes lèvres j’essaie bien qu’avec l’esprit troublé de réfléchir. Je le regarde, je vois un homme perturbé. Si je trace les précédents évènements avec son épouse, c’est logique. Mais si j’en crois mon cœur Peter ne peut être associé à un projet aussi macabre.

-         Il nous faut des preuves ! vous continuez à travailler là-bas, si j’en crois votre témoignage !

-         Oui, je n’ai pas trop eu le choix c’était ça ou la mort !

Je me lève.

-         Ça nous sera utile, essayez d’avoir le maximum de preuves que vous pouvez et revenez me voir !  en attendant je connais quelqu’un à la police je vais lui en parler !

-         Ces gens ont de l’argent, ils peuvent avoir la police de leur côté, dit –il craintif !

-         Pas ce policier-là, le rassuré-je en me rassurant également moi-même.

S’il était possible que je me sois trompée sur la nature de Peter, je pouvais également m’être trompée sur l’intégrité et la justice que m’inspirait Aaron.  Mais je préférais croire que non.

Deux heures plus tard après le départ de Sylvain KOUAKOU, mon esprit était toujours autant perturbé. Il fallait que je réussisse à me contenir, il ne fallait pas que je dévoile mes émotions face à Peter. D’ailleurs, il était certainement préférable que je ne  le voye pas aujourd’hui sinon je serais tentée de lui poser des questions et de mettre en péril la vie des KOUAKOU. Maintenant je n’aurais plus l’esprit tranquille tant que cette affaire ne sera réglée.

  «  Beaucoup de travail à faire, je dors chez moi aujourd’hui » envoyé-je à Peter  avant de m’affaler sur la chaise.

Je reste comme ça un moment, avant de me donner corps et âme dans les dossiers que j’ai négligés ces derniers temps-ci. Le travail a toujours été pour moi un moyen d’évacuer mon stress. Il me permettra sûrement le temps qu’il faut de chasser au loin toutes ses questions qui fusent dans ma tête.

Je refuse même à la pause-déjeuner, d’aller manger avec Harry qui n’insiste pas.

«  Besoin de te parler ! »

 Assise dans un café, à quelques mètres du commissariat central, j’attends Aaron qui a bien voulu m’accepter de me rencontrer. J’ai besoin de son conseil avisé de policier sans entrer dans les détails. Je porte la tasse de thé que vient de m’apporter la serveuse à mes lèvres quand la porte du café s’ouvre sur Aaron.  Sa démarche élégante et assurée vers moi, ne laisse pas deux jeunes filles à trois de moi, indifférentes. Elles le relookent et se penchent pour se murmurer quelque confidences et glousser.  C’est vrai que son crâne le rend encore plus séduisant.

Quand il est enfin proche de moi, il se penche pour me faire la bise. Je jette un coup d’œil vers les deux filles qui nous surveille de loin.

-         Merci d’être venu, lui dis-je alors qu’il s’assoit !  dis donc tu fais de l’effet  dans la gente féminine!

Il sourit.

-         Si cet effet n’a pas réussi à atteindre celle qu’il fallait, on va considérer que ça ne fonctionne pas vraiment.

Il retire sa Ray ban aviator doré  et me fait un clin d’œil. Je me sens aussitôt gênée. Peut –être que c’est encore trop tôt pour déjà le taquiner sur ce sujet.

-         J’ai cru comprendre que tu avais besoin de moi, me dit-il en faisant signe à la serveuse.

-         J’ai été approchée pour une affaire, mais elle relève plus de la compétence de la police à mon avis.

-         J’imagine que tes derniers rapports avec la police t’ont découragé, se moque-t-il en me rappelant mon altercation avec le grossier inspecteur.

La serveuse s’approche. Elle affiche son plus beau sourire alors qu’Aaron lui demande une tasse de café.

-         Oh ne me rappelle pas cet impoli ! lui dis-je avant de murmurer. C’est surtout que l’affaire est délicate Aaron.

Il prend maintenant un air sérieux.

-         Il s’agit de la sortie d’un produit dangereux mais la personne qui m’a informée n’a pas de preuves suffisantes si ce n’est sa parole et sa vie et celle de sa famille serait en danger si jamais cela vient à être su, murmuré-je en prenant bien soin à ce que personne n’écoute ce que je lui dis.

-         Sans preuve tu comprends que c’est difficile d’intervenir !

-         Je sais, je lui ai demandé m’en fournir. Maintenant je veux savoir si je peux compter sur toi dans l’option où il m’apporte une preuve de tout ce qu’il m’a avancée.

Il recouvre ma main posée sur la table de la sienne et me dit :

-         Tu pourras toujours compter sur moi !

Justice et Amour