Chapitre 14

Ecrit par Annabelle Sara


   

Stéphane gardait la tête baissée, il ne savait même plus ce qu’il ressentait ; dans un premier  temps il était en colère contre Victoire pour ce qu’elle avait fait dans sa vie par amour pour sa mère, d’ailleurs pour lui vendre son corps n’a aucune raison assez valable pouvant le justifier. Ensuite c’était contre ses frères, qui se permettaient de lui accorder leur soutien devant le monde entier, qu’il était en colère. Pire encore il se détestait pour ne pas avoir assez de volonté et de force pour croire les mensonges qu’elle racontait.

Dieu seul pouvait savoir à quel point il avait envie de croire que toute cette histoire n’était rien d’autre qu’un coup monté contre Victoire Esso, mais il ne voyait pas trop pourquoi ? Mais surtout qui voudrait tant faire du mal à ce mannequin pour s’attaquer ainsi à son nom et à son image. Ce serait décidément trop tordu !

Ce n’est rien d’autre qu’une sale menteuse !, pensa-t-il en ramenant une nième fois son verre de whisky à ses lèvres déjà brulées par des centilitres du liquide orangé.

Et dire qu’il y’a encore quelques temps ce sont les lèvres pulpeuses de Victoire qui grisaient son corps entier. Il repensait encore à ce baiser à la foire, il avait eut envie d’elle, de sa chaleur. Elle avait une bouche à en faire pâlir tout homme normalement constitué.

Il fallait qu’il essaie d’oublier cette femme et toutes les réactions chimiques de son corps, dont elle était la cause… mais comment y arriverait-il? Tout en lui criait l’innocence de la belle, seule sa raison lui dictait de rester en dehors de cette agitation, et sa raison était le seul sens qu’il suivait, contrairement à Ron qui se laissait guider par l’instinct de Cassie.

  « Si tu es autant inquiet peut-être c’est parce que tu as peur de te tromper et de perdre quelque chose de très important si jamais c’est le cas ! »

Stéphane sursauta en entendant la voix de Johanne s’élever derrière lui. Il se retourna et vit les grands yeux marrons de sa tante se poser sur lui, elle avait l’air d’aller mieux que la dernière fois qu’il l’avait vu, la thérapie avec son époux semblait marcher.

  « Ta sœur ma raconté ce qui s’est passé il y’a deux jours avec l’égérie de La Crête, apparemment pour la première fois dans votre vie Cassie et toi n’êtes pas d’accord… Non, je crois qu’Ingrid était la première… »

  « Tu veux dire que cette fois encore elle à raison au sujet de Victoire ? »

  « Non, mais je ne crois pas que ce verre te dira si toi tu as raison de ne pas croire en cette femme ! », dit-elle en lui prenant son verre des mains.

  « Elle… n’est pas le genre de femme en qui on peut avoir confiance ! » 

  « Pourquoi ? »

Bizarrement il n’avait pas la réponse à cette question, pourquoi n’avait-il pas confiance en Victoire au juste ? Il avait découvert que c’est une femme tout à fait respectable avec un grand cœur, un sens inné des affaires, et surtout c’est une personne avec une vraie éthique professionnelle et morale.

  « Est-elle à ce point perfide pour que tu refuses de lui accorder le bénéfice du doute ? Ou alors préfères-tu la condamner sans qu’elle ne puisse apporter des éléments pour se défendre ! »

Stéphane soupira en prenant sa tête dans le creux de ses mains.

  « Je ne sais pas si je peux croire en ce qu’elle raconte, c’est la première fois que… je ressens quelque chose que je m’interdis …et il a fallu que ce soit pour elle ! »

  « Moi je pense que quand on a vendu son âme au diable on ne peut pas le racheter ! Réfléchis à ce que tu ressens en ce moment et demande toi si elle aurait réellement pu faire ce dont on l’accuse. »

     

Victoire n’en revenait pas, comme on le dit c’est pendant les mauvais moments que l’on reconnait les vrais amis. A peine elle préparait la meilleure façon de se défendre contre, les horreurs dont elle était accusée que son agent décide de la laisser tomber en lui annonçant que sa carrière était finie.

D’abord c’était sa sœur qui avait décidé de ne pas lui faire confiance en lui tournant immédiatement le dos sans lui donner la possibilité de s’expliquer, lui interdisant même d’approcher de chez elle et de Cathy Ly. La réaction de sa sœur l’avait brisée, elle l’avait rejeté comme si elle portait la peste ou le SIDA.

Ensuite l’homme qui lui avait avoué son désir, l’avait abandonné au moment où elle avait le plus besoin d’une épaule sur laquelle s’appuyer, Stéphane avait tout simplement choisi de la laisser se débrouiller toute seule pour retrouver le peu de dignité qu’elle avait.

 Victoire avait le cœur brisée malgré que Cassie, Ron  et sa vieille amie, Julia qui s’était mariée avec un de ses ex-maris, soient restés auprès d’elle pour l’aider à survivre à ce remue-ménage. Julia qui était avocate comme son mari s’occupait des questions et du volet juridique de la conférence de presse qu’elle allait devoir donner, Cassie l’aidait à garder la tête froide en lui prodiguant des conseils tandis que Ron s’occupait de leur sécurité.

 On la traitait de tous les noms sur la toile, Facebook, Twitter, Instagram ne lui faisaient aucun cadeaux. Toutes ses pages perso étaient envahies par des messages d’insultes et de haine ! Au point où Cassandra lui avait arraché son téléphone pour qu’elle ne puisse plus lire tout ce qu’on écrivait à son sujet !

Les pires ce sont les femmes qui étaient les plus impitoyables avec elle !

Deux jours… sa vie avait basculé en deux jours !

Le regard perdu dans la brume qui couvrait le parc devant sa maison, elle essayait de retrouver une image de son enfance, une de celles qui lui permettrait d’oublier tout ce qui était en train de lui arriver.

Mais elle tombait toujours sur sa mère en train de mourir avec son sourire à toute épreuve. Elle la regardait avec ces grands yeux sombres qui trahissaient le déchirement qu’elle ressentait en abandonnant ses filles.

  « N’ai pas peur je serais toujours là mon enfant, où que vous alliez quoique vous fassiez je serais avec vous ! », avait-elle murmuré.

Avait-elle oublié sa promesse, se demandait Victoire en levant les yeux au ciel, une supplique dans le regard. Pourquoi ne venait-elle pas l’assister quand elle traversait une si mauvaise passe. Lui tournait-elle aussi le dos ?

On gratta à la porte, ne donnant aucune réponse cette dernière s’ouvrit laissant le passage à la petite tête de Cassie qui n’entra pas dans la pièce.

  « J’ai une bonne nouvelle, tu as le soutient de la communauté des mannequins du Cameroun… tu ne le croiras pas mais c’est Ingrid qui a lancé le mot d’ordre de soutien… »

  « Ah ! », murmura Victoire qui n’avait pas assez de force pour exprimer une quelconque joie à son amie qui semblait très contente d’apprendre une si bonne nouvelle.

  « Et… tu as de la visite ! »

  « Ange… », s’exclama Vicky en se retournant vivement comme si elle avait une poussée d’adrénaline qui lui coulait subitement dans les veines.

Mais sa joie fondit comme neige quand elle distingua celui qui lui rendait visite.

   « Medou ! »

  « Bon ! Je vous laisse ! », déclara la sœur du visiteur en s’éclipsant.

Un lourd silence régna dans la pièce qui déjà baignait dans la semi obscurité.  Victoire sentit son cœur faire un raté à chaque fois que son visiteur s’approchait d’elle, pire, lorsqu’il alluma une veilleuse  et qu’elle vit chaque ombre sur son visage. Il semblait las, il portait une barbe légère et sa bouche était gonflée par ce qui semblait être du vin. Il ne ressemblait pas au Stéphane Medou qu’elle avait l’habitude de voir et de côtoyer. Beau et surtout maitre de lui, là il faisait plus peur qu’autre chose… mais il arrivait quand même à mettre tous ses sens en alerte rouge, tellement il diffusait son sex-appeal. Tout de même sa présence chez elle éveilla la curiosité de Victoire.

  « Bonsoir Victoire ! »

Elle ne dit rien alors il continua.

  « Je ne sais pas suivre mon cœur et mes sentiments comme Ron et encore moins comme Cassie, ma raison à toujours été mon seul guide… », commença-t-il en se servant un verre de cognac avant de se diriger vers le canapé qui se trouvait au milieu du salon.

Victoire le regardait sans broncher, qu’aurait-elle pu dire ?

  « Mais cette fois mon cœur et mes sentiments… prennent peu à peu le dessus… et cela me fait très peur… vous comprenez Victoire j’ai peur… peur de vous faire confiance, peur de laisser mes sentiments troubles pour vous prendre le dessus sur ma raison ! »

Le cœur de Victoire battait encore plus fort en l’entendant parler ainsi, et se fendait chaque fois qu’elle pensait que ce n’était pas réel, qu’il était venu pour mieux l’humilier.

  « Et que voulez vous que je vous dise ? », s’enquit-elle en croisant les bras sur sa poitrine pour cacher les battements désordonnées de son cœur, mieux, se protéger. « Que je suis effectivement cette femme vile et débauchée qu’ils décrivent partout sur internet ?… »

  « Dites moi que ce qui se passe depuis deux jours n’est rien d’autre qu’un complot monté contre vous ! »

La jeune femme eut un rictus qui surprit l’homme d’affaires qui était assis, mais il comprit très vite qu’il s’agissait d’un sanglot. Elle se ressaisit aussitôt.

  « Si je vous le disais vous ne me croirez pas, comment pourriez vous me faire confiance ? Vous avez toujours pensez ce genre de choses de moi, une femme facile et dangereuse… si on vous avait dit que pour travailler j’avais couché avec une équipe de football vous ne feriez aucune objection en quoi cette situation est-elle différente ? »

  « C’est vrai que je n’apprécie pas cette façon dont vous avez de changer d’avis en ce qui concerne vos sentiments pour les hommes de votre vie… mais cette fois j’ai envie de savoir…j’ai besoin de savoir ! », dit-il en élevant la voix et se redressant sur son siège. 

  « Puis-je savoir en quoi cela est important pour vous… »

Stéphane vida d’un trait le reste de  son verre et le posa bruyamment sur la table.

  « Il y’a quelque temps je vous ai dis que je vous désirais… »

Le souffle de la jeune femme s’arrêta une seconde.

  « …Eh bien, c’est encore le cas et  c’est pire de jour en jour ! Je veux que cette histoire soit tirée au clair, surtout je veux que vous me disiez de quoi il en retourne Victoire ! Parce que c’est votre version des faits qui compte pour moi à la fin… et je ne bougerais pas d’ici tant que vous ne m’aurez pas tout raconté. »

Il semblait décidé à rester, à entendre toute l’histoire, car il se carra dans le canapé. Résignée Victoire décida de tout lui raconter, n’était-ce pas ce qu’elle attendait ? Qu’on l’écoute et qu’on croit en elle. Il est vrai que c’était déroutant que ce soit Stéphane Medou qui s’intéresse à la vérité, et étrangement cela faisait plaisir à la jeune femme.

Elle s’assit sur un fauteuil en face de son interlocuteur.

  « Ma… je venais de quitter la maison de mes parents, nous vivions à Mvog-Ada j’avais quinze ans et j’ai dû aller vivre dans un foyer pour jeune, mais comme je n’étais pas une pensionnaire régulière il fallait que je paie le loyer, j’ai enchainé les petits boulots dans un magasin jusqu'à ce que je me fasse repérer par un agent qui m’a trouvé des petites séances photos avec des petits magazines pour adolescentes, mais… »

Stéphane semblait très concentré sur chacune de ses paroles.

  « Au bout de quelques séances il à essayer  de me faire … de coucher avec moi en prétextant que c’était le seul moyen si je voulais un jour passer professionnel dans le milieu, et j’ai refusé conséquence je n’ai plus eu de contrat. Pendant près de trois ans je vivais de très peu, n’ayant plus de lien avec mon père, je devais me débrouiller toute seule… j’ai tout fait Medou, fille de course, serveuse, j’ai même vendu dans une cantine dan un collège privé… » 

Stéphane sourit à cette déclaration il semblait  imaginer la belle Victoire Esso’o vendant des pains chargés à de élèves de son âge.

  « Et puis j’ai rencontre Nigel Ndem », elle fit une grimace en prononçant le nom de son agent qui venait de la laisser seule face à son destin après plus de dix ans de collaboration. « Il m’a donné un nom en me décrochant des petits contrats assez juteux, et puis brusquement, mon père débarque, m’annonce que ma mère est malade et qu’il a perdu sa maison ! Donc ma sœur n’a plus où loger, à peine m’avait-il donné ces nouvelles qu’il disparaissait dans la nature me laissant ainsi une adolescente à ma charge mais surtout une mère mourante… »

Sa voix mourut dans sa gorge comme sa mère il y’a quinze ans.

  « Et vous n‘étiez pas encore payée ? », demanda-t-il en se penchant dans sa direction.

  « Non, je n’avais pas vraiment de contrat et je ne défilais pas encore, les petits gains que je faisais en apparaissant dans des articles appartenait en grande partie à l’agence… les ordonnances de ma mère s’accumulaient de jours en jours et les médecins me mettaient la pression pour son opération. Sans parler d’Ange, j’avais trop de charges pour mes petites épaules…et une amie m’a parlé d’un moyen facile de se faire de l’argent…»

Victoire toussa pour se donner du courage pour poursuivre son histoire, tant les yeux de Stéphane lui brulaient la peau.

  « J’ai retrouvé Jacques à son hôtel je l’ai attendu au restaurant et nous sommes partis au mont Fébé… il était censé me raccompagner à la fin de la réception, mais il m’a emmené dans une chambre où il m’a proposé de coucher avec lui, j’ai refusé et il m’a sauté dessus essayant de me forcer… il était plus fort… »

Sa voix se coupa comme si, elle était en train de revivre cette expérience qui semblait l’avoir marqué à vie.

  « Je me suis battue autant que j’ai pu mais j’étais faible… sans l’intervention de cet homme, Mbassa aurait accompli sa besogne, il m’a sortit de ses griffes et il m’a emmené dans un restaurant où je lui ai raconté la même histoire qu’à vous… généreux qu’il était, il a pris en charge les soins de ma mère, il m’a aidé à voyager pour obtenir mon premier grand contrat au Etats-Unis, il a même fait la démarche d’évacuer ma mère… mais il était trop tard, ma mère est morte de suite de complications… »

  « Qu’avait votre mère ? »

  « Une tumeur qui s’est métastasée… ma mère est morte parce que je n’ai pas pu lui payer un traitement à temps… »

  « Ce n’est pas votre faute Victoire ! »

Leurs yeux s’accrochèrent, et Victoire sut qu’une question brulait la bouche de Stéphane mais pour ne pas la froisser il ne la lui posait pas.

  « Je vous jure que si je pouvais vous dire qui est mon généreux bienfaiteur je le ferais mais je ne veux pas que son nom soit inclus dans une histoire aussi grotesque, je le respecte trop pour risquer sa réputation. »

  « Je l’avais compris, Victoire et… sachez que mon cœur pèse moins… car sans me forcer… je vous crois ! »

Il s’était levé et maintenant il se tenait debout devant elle, il la souleva de son siège et la regarda droit dans les yeux en tenant ses deux mains dans les siennes, leurs doigts entrelacés.

  « Pardonnez-moi, je vous ai fait mal…nous allons vous sortir de cette situation je vous le promets ! », susurra-t-il en l’attirant à lui pour la serrer dans ses bras.

Victoire sentit leurs cœurs battre à l’unisson, parfaite communion !

 

 En sentant les larmes de la jeune femme couler sur son épaule, Stéphane resserra son étreinte, elle avait besoin de lui, il pouvait le sentir dans chacun des mouvements de ses bras dans son dos, comme si elle cherchait à s’accrocher à lui. Elle était meurtrie, c’était écrit sur son visage quand il avait allumé la veilleuse. L’absence de sa sœur était surement plus douloureuse pour elle, d’une part ce qu’elle vivait aujourd’hui était à cause d’elle.

Victoire avait tout donné pour que sa famille survive et la seule personne qui comptait plus que tout, lui tournait le dos en temps de détresse. Mais lui il était revenu vers elle, et il allait essayer de combler le vide qu’elle ressentait.

 Il le savait maintenant, il voulait qu’elle ait besoin de lui autant que lui avait besoin d’elle.

Il la repoussa doucement, chercha ses lèvres, en tenant sa tête entre ses mains. La douceur de ses lèvres se confondait à la faiblesse qui tenaillait son corps entier, alors il lui insuffla autant de force que possible en pressant sa bouche contre la sienne, elle aura besoin de cette force pour affronter le monde, et lui aura besoin de la savoir forte pour se tenir à ses cotés. Elle gémit en se serrant plus fort contre lui.

Il essuya chacune de ses larmes avec ses doigts avant de couvrir chacun de ses yeux de baisers.

  « Victoire, je vais aller à la recherche de ce Jacques Mbassa ! »

Victoire se crispa et eut un mouvement de recul.

  « Ce n’est pas pour vérifier tes dires mais il nous faut sa version de cette histoire pour comprendre d’où ça vient ! Parce que pour monter cette histoire de cette façon il faut que l’un de vous en ait parlé… Et comme je suppose que ce n’est pas toi… »

  « Vous allez vous attirer des ennuis ! »

Qu’elle s’inquiète pour lui le fit sourire car c’est elle qui passait de très mauvais moment, mais il fut touché par  cette sollicitude.

  « Non, tout ira bien, je t’ai promis que je ferais tout pour te sortir de cette situation ! Tu as une idée sur ou je devrais chercher ? »

  « Je… non je ne le connaissais pas, mais c’étais une conférence de médecin si je m’en souviens bien… Medou… »

  « Stéphane, à partir de maintenant c’est Stéphane ! »

Elle lui fit un sourire, un peu crispé.

  « D’accord ? », demanda-t-il en lui caressant la joue. « Je vais sortir avec mon frère pendant ce temps, Charlie un de mes gardes du corps va rester veiller sur vous, soyez sage surtout… »

  « Et ma sœur, elle… »

  « On en reparle à mon retour, d’accord ? »

Elle hocha ostensiblement la tête.

Il allait s’en aller quand il se retourna vers elle  l’embrassa du bout des lèvres et quitta précipitamment la pièce de peur de ne pouvoir en sortir.

Il tomba sur Cassie et sur Ronald qui attendaient près de la porte dans l’attente d’un bruit alarmant ou tout simplement en train de les espionner.

  « Vous écoutez déjà aux portes ? »

  « Non… non nous… », commença sa sœur visiblement gênée.

  « Ronald, viens avec moi nous allons faire un tour, j’ai besoin de localiser quelqu’un… On ne sait jamais tes muscles peuvent être utile ! »

  « Quoi ? », s’écria Victoire qui l’avait suivit, Cassie la retint par le bras, une manière de lui dire que ses frères savaient ce qu’ils faisaient.

 « Nous serons de retour dans une heure ou deux », annonça Ronald en suivant son frère.

Stéphane donna des ordres à Charlie, et s’engouffra dans sa voiture où son frère l’attendait déjà.

  « On va où grand patron ? », railla Ronald.

  « Chez Martin notre informaticien… tu connais sa piaule non ? »

  « Et comment ! », lança Ronald.

  « Ok allons-y pendant ce temps je vais demander à un ami policier s’il peut me donner des infos sur ce fameux Jacques Mbassa ! »

Ronald scruta son frère tandis qu’il conduisait dans la nuit avec une dextérité effrayante, faisant presque glisser la voiture sur le goudron.

  « Tu crois finalement à son histoire ? », s’enquit-il en brisant le silence.

Stéphane ne répondit pas, il garda les yeux sur la route ne sachant pas trop comment répondre à son frangin.

  « Cette femme à quelque chose qui pousserait un prêtre à plier les genoux devant elle, elle à ses défauts, Seigneur, elle en a une tonne, mais la supercherie n’en fait pas partie… je crois en elle … »

  « Quand l’amour nous tient ! »

Stéphane se tourna vers son frère et lui jeta un regard noir.

  « Conduits au lieu de raconter des histoires ! »

Ronald éclata de rire.

  « Allez, avoues chaque fois que tu poses les yeux sur cette femme c’est comme si la pièce allait prendre feu et en plus c’est réciproque ! »

  « D’accord, j’avoue je désire Victoire, plus que je n’ai désiré une femme de toute ma vie, mais de là à parler d’amour ! »

  « Alors que crois tu que tu ressens, quand tu la vois en larmes, quelle est ta première réaction, la serrer dans tes bras pour soustraire cette peine de son corps de son cœur et le ressentir à sa place, quand elle est heureuse tu ne veux pas que ce moment s’arrête pour rien au monde…alors ne me dis pas qu’il ne s’agit pas d’amour, ce grand sentiment ! » 

Stéphane regardait son frère un peu perplexe, d’où lui venait toutes ses émotions ? Il était très intrigué et curieux de savoir qui avait piégé son frère.

  « Je crois que tu parles de toi là…je la connais ? »

Ronald éclata de rire.

  « Non je ne crois pas que tu la connaisses… elle est anglophone, elle est à la recherche d’une personne d’après ce qu’elle dit ! »

  « Son nom… »

  « Justine… »

  « Jolie ? »

Ronald regarda son frère avec un sourire espiègle.

  « Hum… tu me connais ! »

Stéphane secoua la tête, et se concentra sur la route, Victoire avait réussi à le convaincre de son innocence il ne savait pas trop comment, mais une partie de lui plaidait en sa faveur. Et c’était plus apaisant de croire en elle !

 


Un Nouveau Souffle